Meeting de Lille, le discours d'Olivier Faure

Samedi 23 octobre se tenait à Lille la convention d'investiture de notre candidate.

Lors de ce meeting, notre Premier secrétaire, Olivier Faure a pris la parole pour apporter son soutien, et celui des militant·e·s du Parti socialiste, à Anne Hidalgo.

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Déclaration d’Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste

Seul le prononcé fait foi


Chers amis, chers camarades,

Chère Martine,

Combien de fois nos campagnes ont démarré ici, sur ces terres ouvrières du Nord, ces terres de labeur où la fraternité n’est pas un vain mot car la solidarité y est naturelle entre des êtres qui partagent un destin commun.

Autrefois nous venions entendre la voix profonde et chaleureuse de Pierre Mauroy. En entrant dans cette salle, je me remémorais ses intonations, son souffle court, ses tirades qui balayaient et soulevaient l’assistance. Pierre Mauroy aimait le Nord et le Nord aimait Pierre Mauroy.

Aujourd’hui, le Nord, c’est toi Martine. C’est toi qui occupes le Beffroi. Cette ville, Lille, tu as choisi de faire corps avec elle. Il y a plus de 20 ans, tu as quitté le gouvernement pour te consacrer à ses habitants et à faire de cette ville une capitale. Pierre avait souhaité que tu lui succèdes parce qu’il avait reconnu en toi l’énergie d’une femme aux convictions établies, la voix forte qui porterait après lui.

Si j’évoque cette transmission, c’est parce qu’elle résume à mes yeux ce que nous sommes les uns pour les autres. Des continuateurs et des passeurs. Il faut aimer l’histoire mais plus encore aimer la vie. Le socialisme n’est pas le culte du passé mais c’est celui de l’avenir, celui que l’on entend laisser à ceux qui nous suivent, comme nous avons nous-mêmes bénéficié des combats que d’autres ont menés avant nous. Nous sommes une longue chaîne, celle du progrès humain. Et aujourd’hui, c’est cette émotion-là que je ressens : Pierre Mauroy, Martine Aubry, Anne Hidalgo, l’histoire se prolonge. Elle n’aura pas de fin.
Je les vois, tous ces exploiteurs de l’homme et de la nature qui rêveraient que tout s’arrête là. Mais non, ça ne s’arrêtera pas ! Nous sommes là. 1 500 aujourd’hui à Lille. En avril, nous serons des millions !

Nous sommes ce peuple français, viscéralement attaché à la République et à l’esprit des Lumières. Ce peuple épris de liberté et rêvant d’égalité, ce peuple qui, comme celui de ton Espagne natale, celui de Dolores Ibarruri, « préfère mourir debout que vivre à genoux ».

Notre histoire est celle d’un peuple qui a conquis ses droits politiques, économiques et sociaux. Qui a inventé des droits humains universels. Qui a inventé ce bijou qu’est la laïcité pour nous permettre de vivre côte à côte et pas face-à-face.

Nous sommes ce peuple qui a conquis sa souveraineté contre le roi, l’a imposé à l’empereur, a élargi le droit de vote aux femmes, imposé la parité, nous sommes le peuple de l’égalité des droits. C’est dans ce pays-là qu’une femme noire, Christiane Taubira, a fait voter la fin de la discrimination qui frappait les couples de même sexe.

C’est ce peuple-là que tu représenteras demain, chère Anne. Ce peuple auquel il est possible d’appartenir, sans autre condition que d’en épouser les valeurs et les principes posés par la Révolution française.

Écoutez ce que Joséphine Baker en disait, de retour aux États-Unis qui pratiquaient encore la discrimination raciale : « quand j’étais enfant et qu’ils m’ont chassé de ma maison en y mettant le feu, j’ai eu peur et je me suis enfuie jusqu’à un endroit que l’on appelle la France. Je peux vous dire que dans ce pays qui semblait tout droit sorti d’un conte de fées, je n’ai jamais eu peur ».

Cet endroit, c’est la République Française. C’est cet endroit qui a accueilli un docker et une couturière avec leurs deux filles. C’est cet endroit qui t’a donné ta chance chère Anne. Cet endroit où une enfant du peuple peut devenir maire de Paris et demain présidente de la République !

Mais cette République est abîmée.

Elle s’abîme chaque fois qu’on en méprise la promesse.

Et la liste s’allonge de ces Français auxquels la République ne parle déjà plus.

- Que vaut la République aux yeux de ceux qui ont le sentiment de payer des services que l’État ne leur rend plus ?
- Que vaut la République pour lesquels la police est absente et la justice trop lente ?
- Que vaut la République pour ce million et demi d’enfants pauvres dont le seul repas convenable est celui de la cantine ?
- Que vaut la République pour ces mères célibataires qui partent aux aurores et reviennent au crépuscule, pour travailler auprès des enfants des autres, des anciens des autres, sans plus pouvoir s’occuper correctement des leurs ?
- Que vaut la République pour ces familles qui voient leurs dépenses contraintes augmenter et doivent sacrifier leurs maigres loisirs ?
- Que vaut la République pour ceux qui devront emprunter cet hiver pour pouvoir simplement se chauffer ou aller travailler ?
- Que vaut la République pour ceux qui vivent dans des déserts médicaux ?
- Que vaut la République pour ces femmes de « première ligne », à peine célébrées, déjà oubliées, quand l’heure de la reconnaissance ne sonne pas ?
- Que vaut la République quand les plus riches le sont davantage chaque jour et que tous les autres s’échinent sans voir leurs salaires progresser ?

Ce ne sont là que quelques tristes exemples. Je voudrais en citer un dernier parce qu’il m’a bouleversé au cours de ces dernières années à sillonner la France. Chaque fois que j’ai pu trouver un moment dans mes déplacements, je me suis rendu dans les services hospitaliers. Chaque fois, j’ai rencontré des soignants en souffrance. J’ai recueilli leur colère mais aussi, souvent, leurs larmes. Ces médecins, ces sages-femmes, ces infirmières n’étaient « pas venus pour ça ». Pas pour mal traiter. Pas pour vivre avec la peur de mal diagnostiquer, faute de temps. Pas pour faire patienter dans les couloirs faute de lits. Pas pour courir d’un patient à l’autre sans prendre l’instant d’un regard, d’une attention, d’une main tendue.

Chère Anne, l’attente est immense. Je sais que tu le mesures. Je sais que c’est pour cela que tu t’es lancée dans cette aventure présidentielle avec l’irrésistible force de tes convictions.

Ce que notre peuple de France attend, c’est la justice.

Il est temps de dire que c’est une honte de voir qu’aujourd’hui, grâce à l’abrogation de l’ISF, la création de la flat tax, la suppression de l’exit tax, le capital est moins taxé que le travail. Il est temps de dire que c’est une honte de voir ces fortunés s’évader pour échapper à l’impôt, mais revenir se faire soigner dans nos hôpitaux dès lors que la maladie les rattrape. Ce que les plus riches, ce que les GAFAM, ne paient pas sur notre sol, ce sont tous les autres qui le paient. Et d’abord les classes moyennes sur lesquelles repose l’essentiel de la fiscalité.

Alors il est temps de dénoncer l’hypocrisie de ce gouvernement qui explique que les impôts n’augmenteront pour personne pour mieux protéger les immenses fortunes qui se sont scandaleusement enrichies quand tous les autres voyaient baisser leur pouvoir d’achat.
Il est temps de refuser que la facture COVID soit adressée par le président Macron aux classes moyennes, aux classes populaires, aux jeunes, aux précaires via la réforme de l’assurance-chômage et, demain, celle des retraites.

Il est temps d’opérer une transition écologique qui ne pèse pas sur les plus modestes. Fin du mois et fin du monde, même combat ! Le temps est venu d’un investissement massif dans les énergies renouvelables. Mais ce choix ne doit pas rendre aveugle sur les difficultés du présent. Tu as eu raison de demander une mesure provisoire et simple, directement applicable sur le prix du carburant. Les Français ne demandent pas l’aumône, mais la possibilité de vivre dignement de leurs salaires trop faibles !

Il est temps de réévaluer la politique salariale.
Ce n’est plus la peine de rendre hommage à ces « héros » qui tiennent le pays debout si l’utilité sociale n’entre jamais en ligne de compte dans la hiérarchie des salaires. Ce n’est plus la peine de se réclamer de l’égalité si les femmes, soit la moitié de la population, gagne 20 % de moins du seul fait de son genre. Les premières femmes ministres, ce fut l’œuvre du Front populaire de Léon Blum, le droit de vote, la conquête du Conseil national de la résistance, la parité, la décision de Lionel Jospin… L’application du principe simple : à travail égal, salaire égal, ce sera la grande conquête sociale du quinquennat d’Anne Hidalgo !

Chère Anne, c’est pour cela que les socialistes t’ont massivement investie par leur vote le 14 octobre. Pour réparer un pays fracturé. Ils t’ont choisie pour ce que tu portes depuis toujours avec nous. La récusation d’un ordre présenté comme naturel et éternel, dont l’objet réel est de maintenir une société de privilèges.

Les militants socialistes t’ont aussi choisie parce qu’ils connaissent ta constance, ta détermination et ton courage.

Ici, chacun connaît la difficulté de l’exercice du pouvoir. Ce qu’il faut de force d’âme et de caractère pour résister aux lobbys et aux puissants.

Nous savons qu’avant tous les autres, à un moment où personne n’évoquait l’écologie urbaine, tu as pris des décisions courageuses. Tu ne t’es jamais contentée de mots, et ta marque de fabrique, c’est l’action. Et c’est pour cela que les Parisiens t’ont réélue magistralement.

Tes adversaires ne l’ont pas digéré et ils se rappellent à ton souvenir chaque jour. Mais tu n’as jamais fléchi. Tant d’autres que toi auraient jeté l’éponge, accepté la pollution continue de Paris contre quelques milliers de voix. Mais tu as tenu sur ce sujet, comme sur celui du logement. Tu as encadré les loyers et, pour la première fois depuis des décennies, les loyers ont moins augmenté dans la capitale que la moyenne nationale.

Dans cette campagne tout te sera reproché. D’être trop parisienne tout en n’aimant pas assez Paris. D’être pour les uns trop volontariste, et pour les autres pas assez.

Et pendant ce temps-là, les mêmes continueront de disserter doctement des saillies d’un polémiste condamné pour racisme, accusé d’agressions sexuelles par huit femmes que personne n’entend.

Je le dis avec colère : comment est-il possible que le bavardage médiatique tourne autour de ces monstrueuses thèses de la collaboration, où Pétain est présenté comme le bouclier qui a préservé les Français du malheur, où le masculin est légitimé comme prédateur sexuel, où la colonisation est présentée comme une bénédiction, comme s’il s’agissait d’opinions que l’on peut jauger sans prendre le risque de s’y brûler ?

Combien de temps accepterons-nous cette diversion qui interdit de poser les vraies questions, celles qui préoccupent ces parents qui désespèrent de pouvoir scolariser leur enfant handicapé, de cette famille qui ne sait pas comment elle se chauffera cet hiver, de ce chômeur qui ne sera pas indemnisé, de ce retraité qui demande un échéancier pour sortir du surendettement, de cet enfant qui attend le remplacement de son professeur absent, de ce malade renvoyé chez lui parce qu’il fallait faire de la place, de cet ouvrier qui attend sa lettre de licenciement…

Combien de temps faudra-t-il encore pour regarder en face cette horloge qui nous indique que l’heure du réchauffement climatique se rapproche ?

Combien de temps encore pour dire que notre démocratie a le souffle coupé à force de concentration des pouvoirs dans les mains d’un seul ?

Les Français n’en peuvent plus d’attendre. L’urgence nous appelle et nous oblige.

C’est vrai, dans cette période obscure, la lumière de l’espérance parait parfois insaisissable. `

Et pourtant, elle est là ! À portée de nous, à la condition d’avancer. Partout en Europe, en Espagne, au Portugal, dans tous les pays d’Europe du Nord. En Allemagne, le vent s’est levé pour balayer les conservatismes et sortir de l’illusion néolibérale. Aux États-Unis, Biden a remplacé Donald. Au Brésil, notre camarade Lula s’apprête à sortir le populiste Bolsonaro.

Alors, chère Anne, tu peux compter sur tous les militants du Parti socialiste, de Lhomme à Liévin, de Quimper à Avignon, de Saint-Vallier à Cintegabelle, de Saint Ouen à Charleville-Mézières, de Sarcelles à Sénart, des métropoles jusqu’aux plus petits villages, nous serons là ! Tu peux compter sur nos groupes parlementaires à l’Assemblée avec Valérie, au Sénat avec Patrick, au Parlement européen avec Sylvie, nous sommes avec toi et ensemble nous passerons les orages. Avec Martine, avec Bernard, avec Carole, nous persisterons quand tous les autres se résigneront. Avec Johanna, Mathieu, Mickaël, Nathalie et toute cette nouvelle génération de maires qui t’accompagnent, nous forcerons les obstacles placés sur notre route.

Il nous reste six mois pour que le jour se lève. Les Français attendent qu’enfin quelqu’un leur parle de justice, de progrès partagé, de fraternité. Ils attendent que quelqu’un réveille l’espoir ! Ce « quelqu’un », cette fois, ce doit être « quelqu’une ».

Alors levez-vous ! Ouvrez la voie ! La victoire appartient à ceux qui n’oublient pas d’où ils viennent et savent où ils vont ! Elle est toujours le fruit de la persévérance et de la volonté !

Ne laissez pas le renoncement l’emporter ! N’obéissez pas à ceux qui vous appellent à abjurer votre foi dans l’humanité ! Entrez en campagne comme on entre en mêlée ! Chassez ces idées noires qui voilent notre avenir ! Le moment est venu de vivre mieux ! Le temps est venu d’une République sociale et écologique !

Vive la présidente Anne Hidalgo ! Vive la République et vive la France !

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