Meeting de Limoges

Le replay du direct


 

Le discours d'Anne Hidalgo


- Seul le prononcé fait foi

            Chers amis,

            Cher François, merci pour ta présence, pour ton soutien, pour les paroles fortes que tu viens de prononcer. Elles me touchent et bien au-delà de moi elles font chaud au cœur à toute notre famille politique.

            Cher Jean-Claude, merci à la Haute-Vienne

Merci à la Corrèze, Merci à la Creuse, et aux militants, sympathisants, élus et citoyens présents ce soir à Limoges !

            Chers amis, je vous reconnais bien là !

Au cœur de ce Limousin libre, terre de fierté, de travail et de résistance, où flotte le souvenir de Georges Guingouin où vit le souvenir d’Ouradour terre martyre et terre des maquisards qui se sont libérés eux-mêmes en 1944, je retrouve le refus de la résignation qui nous a inscrits dans l’histoire de notre pays !

Il en va de même en politique : au plus fort de l’épreuve, vous êtes fidèles au poste, forts de vos convictions, sûrs de vos valeurs républicaines et sociales, certains que vos convictions sont plus fortes que tout.

Pour cette constance, pour cette fidélité, pour ce courage, soyez remerciés !

*

Mes amis,

Aujourd’hui, à 18 jours du premier tour de l’élection, je veux dire aux Français, je veux vous dire ma conviction.

Les commentateurs nous disent que c’est réglé, que l’élection est terminée, que c’est fait. A Macron I, « ni de gauche ni de gauche », succédera Macron II, « et de droite et de droite ». Eh bien non ! A tous ceux qui sont déconcertés par le matraquage des sondages et les torrents de désinformation, je le dis, tranquillement : vous pouvez choisir une autre issue à cette élection !

On veut vous contraindre à un non choix : Macron ou le chaos.

C’est oublier que tant que les urnes n’ont pas parlé, tous les choix sont ouverts en démocratie !

 C’est oublier un peu vite que face à la droite macronienne, il y a la gauche, non pas celle qui proteste toujours sans jamais ne rien changer, mais celle que nous incarnons, la gauche qui agit pour vraiment changer la vie ! C’est le message de Limoges !

L’histoire le montre : la gauche utile aux Français, c’est cette gauche qui connaît les réalités, qui accepte l’honneur difficile de gouverner, qui sait les contraintes, mais qui sait aussi les surmonter !

C’est la gauche héritière de Blum et des grandes conquêtes du Front populaire, c’est la gauche héritière du gouvernement de la Libération, qui a jeté les bases d’un nouveau pacte social et démocratique pour la France.

C’est la gauche de 1981, avec François Mitterrand, Pierre Mauroy, Jacques Delors et Robert Badinter.

La gauche qui a aboli la peine de mort, supprimé les tribunaux spéciaux, libéré l’audio-visuel, décentralisé le pays, mis fin à la discrimination des homosexuels, donné la priorité à la culture et à la création, instauré le prix unique du livre, accru les droits des travailleurs dans l’entreprise avec les lois Auroux, revalorisé les salaires, réduit le temps de travail, créé l’impôt sur les grandes fortunes !

C’est la gauche qui avec Michel Rocard, en 1988, a créé le revenu minimum, qui a ramené la paix en Nouvelle Calédonie, qui a rétabli cet impôt sur les grandes fortunes, a instauré la CSG qui fait contribuer les revenus du capital à la sécurité sociale, qui a instauré l’Aide médicale d’État pour les sans-papiers.

C’est la gauche qui avec Lionel Jospin et Martine Aubry, a créé les emplois-jeunes, la Couverture maladie universelle, réduit à 35 heures par semaine la durée légale du travail, instauré le PACS, réduit le chômage, revalorisé le salaire des enseignants, créé l’allocation de rentrée scolaire, la parité femmes-hommes pour les élections, le congé-paternité, la prime pour l’emploi, l’allocation personnelle d’autonomie pour les personnes âgées, et bien d’autres réformes sociales qui sont aujourd’hui de précieux acquis pour les travailleurs et pour le peuple français.

Et c’est encore cette gauche qui a créé, à partir de 2012, sous la présidence de François Hollande, 60 000 postes dans l’éducation nationale, qui a ramené l’âge de la retraite à 60 ans pour ceux qui avaient commencé très tôt, instauré le compte pénibilité atrophié par Emmanuel Macron, qui a fait le mariage pour tous, qui a entamé la décrue du chômage, rééquilibré la Sécurité sociale, et réduit, comme en témoignent les statistiques, l’inégalité entre les revenus les plus hauts et les plus bas, laquelle s’est de nouveau accrue sous Emmanuel Macron.

Et c’est François Hollande qui a fait face, avec courage et humanité, chacun l’a reconnu et lui a rendu hommage, aux sanglantes attaques terroristes de Charlie et du Bataclan, en maintenant l’unité de la nation et en renforçant notablement, avec Bernard Cazeneuve, les moyens de lutte contre l’islamisme radical.

C’est enfin toi cher François, qui a réuni à Paris la COP 21, pour un accord historique qui sert aujourd’hui de référence à toutes les actions menées dans le monde par les nations.

Geste fondamental pour la lutte pour le climat, qui a cristallisé une prise de conscience planétaire et qui oblige maintenant tous les gouvernements, à commencer par celui d’Emmanuel Macron, qui a pris dans ce domaine un coupable retard.

Et ce sont tous ces responsables socialistes et républicains qui ont fait avancer, pas à pas, dans la difficulté, la construction européenne, que d’autres voudraient aujourd’hui défaire, alors qu’elle est si précieuse à l’action commune des démocraties, à la lutte pour le climat !

Alors, oui, il y a eu des erreurs, des difficultés, des déceptions. Mais, vous le savez, mes amis, c’est le lot de tous ceux qui s’attaquent au réel, qui assument les responsabilités de la conduite du pays, qui veulent changer les choses, ici et maintenant.

Cette gauche forte de ses valeurs historiques, cette gauche populaire et républicaine, cette gauche sociale et écologiste, cette gauche européenne, cette gauche qui veut changer d’avenir, c’est celle que j’ai l’honneur de représenter aujourd’hui, devant vous et avec vous !

*

Et cette gauche, je le pensais, je peux désormais l’affirmer sans risque de me tromper depuis qu’il a dévoilé son programme, cette gauche ne peut accepter un deuxième quinquennat Macron.

Alors, je veux m’adresser à vous militants, sympathisants et au-delà de vous, qui êtes ici, à tous ceux qui aiment la gauche dont je viens de parler, qui l’ont portée au pouvoir en 1981, en 1988, en 1997 et en 2012, mais qui aujourd’hui regardent ailleurs ou vers l’abstention.

En plus de quatre heures de conférence de presse, Emmanuel Macron a contredit, dénigré, affaibli, l’héritage du Conseil National de la Résistance, celui qui a créé la Sécurité sociale, accru les droits des travailleurs, organisé le développement ordonné et concerté de notre économie, ce programme essentiel à la France d’aujourd’hui, à la solidarité nationale, à l’équilibre social, à la solidité de notre République et qui mobilisait toutes les forces vives du pays.  En commençant par saper cette grande conquête sociale, le droit à la retraite !

*

Car vous le savez, Emmanuel Macron a décidé que, s’il est réélu, l’âge de la retraite serait repoussé à 65 ans.

Notre système de retraite, grand acquis des luttes sociales, serait, nous dit-il, « au bord de la faillite ».

Et de brandir, évidemment, le spectre du non-versement des retraites, prétexte à toutes les régressions, celles que réclament depuis toujours les hérauts du libéralisme financier. Je vous le dis, mes amis : c’est un mensonge ! Oui, un mensonge diffusé en boucle par tous ceux qui ne rêvent que de détruire notre État social.

Et qui le dit, qui le démontre ? Ce n’est pas seulement moi. Ce ne sont pas seulement nos amis des syndicats de salariés.

C’est un organisme neutre, indépendant des partis, le Conseil d’Orientation des Retraites, dont les travaux sont ouverts à tous et donc à toutes les vérifications ! Non, le système de retraite n’est pas en faillite !

Le but réel de la réforme Macron n’est pas de sauver notre retraite, mais de la réduire ! Pourquoi ? Parce qu’Emmanuel Macron considère, ce sont ses mots, que la protection sociale coûte « un pognon de dingue » et qu’elle est inefficace.

Terrible aveu : la protection des Français coûterait trop cher, il faudrait donc l’écorner, la raboter, la faire reculer.

Eh bien, nous, nous pensons le contraire : c’est ce modèle social qui préserve la justice et qui protège l’équilibre de notre société !

Le président sortant invoque aussi la crise Covid pour justifier ses mesures antisociales. Deuxième aveu, donc : qui va payer cette crise et le quoi qu’il en coûte ? Qui va payer la facture des conséquences de la guerre en Ukraine ?

Ceux qui en ont bavé toute leur vie : voilà la réponse du candidat Macron. La retraite à 65 ans, c’est le sacrifice des classes populaires, et ce sacrifice, nous nous y opposons de toutes nos forces !

Oui, ceux qui souffriront de cette mesure, l’inspectrice du travail que je suis le sait, ce sont les salariés modestes, les femmes aux carrières discontinues, les travailleurs soumis à des tâches pénibles, dont l’espérance de vie est nettement plus courte que les autres, les seniors déjà exclus de l’emploi, qui devront tous attendre trois ans de plus pour bénéficier d’une pension à taux plein.

Tous ceux qui, au terme d’une dure vie de travail, souhaitent profiter un peu de la vie, réaliser des projets qu’ils avaient toujours remis faute de temps, s’occuper de leurs petits-enfants, aider leur famille dans la difficulté.

Tous ceux-là seront immanquablement les victimes de la réforme Macron.

Alors je dis non ! Alors nous disons non !

Alors, au nom de toutes ses femmes et hommes qui comme mes deux oncles ouvriers, sont morts avant d’avoir pu profiter de leur retraite, au nom de toutes ces luttes sociales qui ont humanisé notre société, au nom des acquis du mouvement ouvrier, je dis non à la retraite à 65 ans du programme Macron !

Paieront la crise ceux qui ont les moyens, avec le retour de l’impôt sur la fortune, la contribution des très hautes successions et la lutte implacable contre la fraude et l’évasion fiscale !

Et je le vous le dis : nous préserverons l’âge de la retraite, ce sera 62 ans, pas une année de plus ! Et nous permettrons le départ avant, à 59, 60 ou 61 ans, pour ceux qui ont exercé des métiers pénibles, en ajoutant aux critères actuels de la pénibilité  la prise en compte de l’exposition aux produits chimiques et aux vibrations, le port de charges lourdes ou encore les postures usantes !

Et nous irons plus loin dans la justice, avec un minimum vieillesse à 1000 euros net et un minimum contributif à 1200 euros net.

Voilà l’un des enjeux très concret du vote les 10 et 24 avril ! L’avenir de nos retraites ! Cette élection, même si elle n’en a pas le nom, c’est un référendum pour ou contre une vraie retraite pour tous !

Car ne croyons pas que le seul mouvement social aurait la possibilité ou le rapport de force le plus favorable pour ensuite arrêter dans la rue ce sombre destin pour nos régimes de retraites. Emmanuel Macron a minutieusement préparé son entreprise destructrice. Annonce au dernier moment. Refus des débats.

Et je vous le dis : il a prévu de dissoudre l’Assemblée nationale pour conduire l’un de ces simulacres de concertation, auxquels il nous a habitué, au mois de juin, de déposer le projet de loi en juillet et de le faire voter pendant l’été ! Le meilleur moyen de l’en empêcher, c’est le vote le 10 avril !

*

Mes amis,

Cette régression en annonce d’autres.

Le candidat Macron, son slogan, c’est « avec vous » ; mais son programme, c’est « contre vous » !

Contre ceux qui ont travaillé dur et qui devront travailler jusqu’à 65 ans !  Contre les chômeurs, dont il veut réduire l’indemnisation !

Contre ceux qui n’ont plus que les minima sociaux pour vivre, qu’il accuse de vivre sur le dos de la société !

Contre les enseignants, les élèves, les étudiants et leurs parents, avec cette école qu’il veut soumettre aux règles de l’argent et du profit, comme si instruction pouvait rimer  avec compétition !

            Contre les soignants, au bord de la rupture, à qui il mettra encore plus de pression avec ce qu’il appelle « les économies de gestion » !

            Vraiment, Macron II, c’est la droite décomplexée ! En Marche, c’est en marche arrière toute ! Le « en même temps », slogan hypocrite, c’est l’augmentation du revenu de ceux d’en haut et, en même temps, l’enfermement des classes populaires dans la culpabilité, la précarité, la baisse du pouvoir d’achat, l’espoir évanoui d’une bonne retraite.

Je l’ai déjà annoncé : mon adversaire dans cette élection, c’est l’injustice. C’est pourquoi je le dis à tous ces électeurs de gauche qui ont voté Macron ou qui envisagerait de le faire : vous avez été déçus, ne prenez pas le risque de l’être encore plus !

Vous avez été mécontents quand le gouvernement a réduit les aides au logement, quand la réforme de l’assurance-chômage a pénalisé plus d’un million de chômeurs quand la CSG a été augmentée pour les retraités et qu’en même temps, l’ISF a été supprimé. Ne prenez pas le risque de l’être à nouveau !

Vous avez été dépités quand 7500 postes d’enseignants ont été supprimés, soit l’équivalent de 166 collèges, quand les promesses du « grand débat » tenu après le mouvement des gilets jaunes ont été passées à la trappe, quand les mesures de la Convention citoyenne sur le climat ont été abandonnées, quand le rapport Borloo sur les quartiers populaires a été mis au rencart et qu’en même temps, on a supprimé les contrats aidés, si utiles à la vie de leurs habitants. Ne prenez pas le risque d’être à nouveau déçus !

Alors imaginons ce que serait un second quinquennat Macron ! Non pas 5 ans de plus, mais 5 ans de pire ! Imaginons la situation du pays le jour d’après, au lendemain de l’élection, s’il se retrouve pour cinq années de plus avec ce pouvoir. Imaginons un instant ce que sera le projet libéral et conservateur qui aura libre cours.

Toutes les réformes de régression tentées depuis cinq ans, nous les subirons, en pire, dans les cinq ans qui viennent !

Et nous subirons aussi le maintien des cadeaux fiscaux consentis aux plus nantis, le renvoi des réformes démocratiques de notre République à une fumeuse commission Théodule, le refus de toucher aux gros héritages, le prolongement de la logique du « ruissellement », qui n’existe pas, les 20 plus 15 milliards d’euros de soi-disant « économie de gestion » qui sont en réalité une baisse des crédits pour l’hôpital et les collectivités locales, et donc pour les services publics.

Et il faudrait se résigner à nouveau à voter au premier tour pour Emmanuel Macron sous prétexte qu’il servirait de rempart face à l’extrême-droite ? Cette question ne peut se poser qu’au deuxième tour. Mais la meilleure façon d’éviter qu’elle ne se pose, c’est d’exercer sa liberté de vote au premier tour !

 

Dès le 10 avril, lors du premier vote de la présidentielle, quand vous devrez choisir les finalistes du scrutin, rappelez-vous toutes ces tromperies, ces faux-semblants, qui ont déclenché une crise nationale, celle des gilets jaunes.

Ne vous résignez pas à cinq nouvelles années de pouvoir vertical, avec une armée de députés sans pouvoir réel issus d’un parti sûr de sa supériorité, et en même temps une opposition, celle du peuple qui souffre, qui s’exprimera immanquablement dans la rue !

Dès le 10 avril, si vous êtes de gauche, même si parfois vous n’osez plus le dire, ni même vous le dire, ou que vous pensez comme des millions de Français à vous abstenir, choisissez la gauche, la gauche républicaine, la gauche laïque, la gauche responsable, la gauche des vraies réformes, la gauche des vrais changements !

*

Mes amis,

Certains disent : la gauche, mais quelle gauche ?

La nouvelle petite musique du moment, savamment orchestrée, est celle d’un soi-disant vote utile à gauche autour de celui que les sondages du moment placeraient devant les autres candidats de gauche. Ne vous y trompez pas : cette musique émane de ceux-là même qui veulent que la gauche ne gouverne pas !

Et je vous le dis tout net : la gauche, pour être la gauche, ne peut jamais avoir de complaisance envers une dictature, elle ne peut jamais ne pas choisir son camp entre un peuple qui se bat pour sa liberté et les oppresseurs qui le bombardent.

Au-delà des profonds désaccords qui nous séparent, le conflit ukrainien a mis en évidence plus qu’une divergence : la question des valeurs de la gauche et de son rapport à démocratie.

On m’a dit que j’y allais fort, mais non, écoutons-le ! Je vous cite simplement les phrases de Jean-Luc Mélenchon, prononcées souvent et très récemment. Le 20 février 2016 : « êtes-vous pour ce que fait Poutine en Syrie ? » Réponse de Jean-Luc Mélenchon : « Oui. Il va régler le problème ».

Le 30 janvier 2022 : « Je considère que ce sont les États-Unis qui sont dans la position agressive et non pas la Russie ».  Le 10 février 2022, il y a donc à peine plus d’un mois : « l’agresseur, c’est l’OTAN et non la Russie ».

Autrement dit, pour Jean-Luc Mélenchon, le danger vient de l’ouest alors que l’agression est à l’est, ce qui tend à prouver qu’il a perdu le nord !

Et dans la droite ligne de cette vision géopolitique insensée, Jean-Luc Mélenchon critique l’envoi d’armes destinées à aider les Ukrainiens à se défendre. Est-ce vraiment ce vote que nous voulons à gauche dans la situation actuelle ?

Non, je vous appelle à voter pour la gauche qu’on aime, celle qui joint la parole aux actes pour défendre le peuple ukrainien, celle qui, comme je le fais en votre nom, soutient l’aide concrète à l’Ukraine pour se défendre face à l’offensive de l’armée russe, qui bombarde les villes et s’attaque délibérément aux civils. Pour la gauche qui sait que l’on n’impose pas la paix sans se donner les moyens de ne pas perdre la guerre. Et je réitère ici ma demande comme François Hollande, d’un renforcement des sanctions en arrêtant, dans un délai resserré, nos importations du gaz et du pétrole russe en France et en Europe.

Et qui peut croire « utile » le rassemblement dans les votes autour d’un candidat qui veut quitter l’Alliance atlantique, et préparer une sortie de l’Union européenne, comme cela transparaît du programme de la France insoumise ? Serait-ce la bonne orientation pour notre politique étrangère ? Je ne le pense pas.

J’ai pris position dans mon programme en faveur du maintien de notre présence dans l’OTAN, comme tous les présidents avant moi, je persiste et je signe, il en va de notre sécurité nationale.

Être membre de l’Alliance, ce n’est pas être, pour autant, inféodé aux États-Unis. Notre refus de la guerre en Irak l’a bien montré. Nous restons autonomes dans notre politique internationale. Mais quand l’essentiel est en jeu, nous restons fidèles à nos alliances historiques avec les grandes démocraties, et je le resterai. Sur ce point, comme tous les sociaux-démocrates d’Europe, je serai inflexible.

Chacun l’aura compris, mais je crois que cela va mieux en le disant, la gauche de M. Mélenchon, celle qui, il y a cinq ans n’a pas appelé à faire barrage à l’extrême droite, celle qui, pendant cinq ans a empêché toute reconstruction de la gauche, c’est l’impasse, c’est la gauche la moins utile du monde !

Et j’ajoute que si la gauche venait à être dominée par un mouvement livré à de tels errements, cela signerait, pour longtemps, la fin de tout espoir d’un gouvernent de gauche. Chacun doit méditer, son bulletin de vote en main le 10 avril, cette maxime élémentaire : sans gauche démocratique de gouvernement, il n’y aura pas de gouvernement de gauche !

Le vote utile, c’est le vote pour la gauche qui se coltine le réel pour aller à l’idéal, c’est le vote pour la gauche qui ne transige pas avec les valeurs de la République, cette gauche nouvelle que nous incarnons, la gauche sociale, écologique, laïque et européenne !

 Plus vous serez nombreux à mesurer cet enjeu, à en parler autour de vous, à l’exprimer par vos votes les 10 et 24 avril, et plus vite la gauche reviendra au pouvoir !

*

Je parlais de l’Europe, il y a un instant. Je veux y revenir.

Le message universel de la France nous oblige. Nous soutenons donc le peuple ukrainien, agressé par un tyran. Mais nous devons aussi nous préparer à affronter le nouveau chapitre de cette longue histoire.

L’urgence, c’est le renforcement de l’Union européenne, pour laquelle les sociaux-démocrates du continent ont œuvré. Passionnément. Inlassablement. Utilement.

L’Europe démontre dans la crise son unité, sa volonté de devenir une puissance sur l’échiquier mondial, sa détermination à défendre ses valeurs humanistes de liberté et de justice.

Elle doit resserrer ses liens, coordonner au mieux son action diplomatique, économique et militaire pour retrouver le chemin de la paix sur le continent.

De Léon Blum à François Mitterrand, de Jacques Delors à Lionel Jospin et François Hollande, les socialistes français ont toujours œuvré pour l’Europe, pour son indépendance et pour sa cohésion. Je revendique cet héritage et je veux poursuivre leur lutte historique.

Il faut franchir maintenant un nouveau cap, affermir l’unité politique de l’Europe et jeter des bases d’une défense commune.

Présidente, je favoriserai avec énergie la mise en partage de notre outil de défense, la recherche et la construction d’armements adaptés aux nouveaux défis, notre cohésion stratégique et notre volonté commune de protéger notre pays et les peuples du continent.

Présidente, avec nos amis sociaux-démocrates qui montrent, à la tête de nos grands pays partenaires, force et hauteur de vue, je militerai ardemment, pour la sécurité collective, pour l’action des organisations internationales, pour un désarmement nucléaire équilibré, pour que l’Europe devienne cet acteur qui compte pour la paix mondiale et la sécurité de tous.

Mais je serai, tout autant, inflexible dans la défense des peuples libres à travers le monde, contre le terrorisme ou l’impérialisme autoritaire, pour prévenir cette immense régression que serait la progression archaïque des tyrannies de la planète contre les démocraties.

L’Europe est un continent de paix. Pour le rester, elle doit s’armer militairement, mais aussi lutter, avec la même force, contre les inégalités et le réchauffement climatique.

A notre politique internationale doit s’ajouter, et c’est mon combat, la promotion d’une véritable diplomatie climatique.

Les guerres ont des causes et il en est une qui va inéluctablement monter en puissance dans les années qui viennent : le réchauffement climatique menace l’avenir de l’humanité et provoquera nombre de conflits à travers le monde, pour l’eau, pour la terre, pour l’espace restreint par la sécheresse et les catastrophes climatiques.

Là encore, alors que le temps nous manque déjà, le quinquennat Macron a été cinq ans de perdu. Au mandat de l’inaction climatique sanctionnée la justice, devra succéder un mandat de la responsabilité, de la détermination et de l’action pour nos enfants. Je le dis ici, à Limoges : je mettrai toute mon énergie dans cette lutte.

Je proposerai un Sommet Paris+10, dix ans après le succès de la Cop21, pour rehausser les ambitions des États, des organisations de la société civile, des acteurs de la finance et du secteur privé.

Nous sommes le pays qui a permis l’Accord de Paris en 2015, je reprendrai le flambeau !

Nous ne pouvons pas nous permettre d’attendre. Les effets du dérèglement climatique déstabilisent déjà les États et la paix dans le monde.

Je parlais du pétrole et du gaz tout à l’heure. Les amis, nous n’en serions pas là si la transition énergétique avait été au rendez-vous !

Alors nous mettrons fin à notre dépendance aux énergies fossiles, sans tomber dans celle à l’uranium nécessaire au nucléaire qui est une énergie de transition, en nous tournant vers la seule réelle indépendance énergique, celle des énergies renouvelables !

Oui, nous sommes attendus en Europe, oui nous serons au rendez-vous !

*

Mes amis,

L’urgence, c’est aussi de changer d’avenir. C’est mon slogan car c’est ma volonté la plus farouche. Ma candidature a ce sens : réunir notre pays autour des valeurs de la République sociale et laïque, pour que la France soit forte. Et pour qu’elle soit forte, pour qu’elle délivre son message au monde, elle doit être juste !

Si j’emploie ce mot, ce n’est pas seulement pour rappeler ce bel idéal qui est le nôtre, cette valeur qui sert de boussole à notre mouvement depuis le début de son histoire, la justice sociale. C’est parce que, je crois que la France n’est grande que dans la justice.

Je le crois parce que je l’ai vécu. Si je crois en la République, c’est parce qu’elle fut juste pour les enfants d’ouvrier comme moi. Je l’ai déjà dit : à cette République, je dois tout. Parce que cette République a permis à une fille d’immigrés espagnols, de recevoir l’éducation qui lui a permis de bâtir sa vie. C’est parce qu’elle a permis à une femme comme moi d’exercer le beau métier d’inspectrice du travail, et ensuite, élue à la tête de Paris, de diriger sa capitale et de contribuer ainsi à la réforme, à la transformation écologique, et au rayonnement de la France.

Le rêve français, il est là ! Offrir à chacune et chacun des enfants de la République de faire valoir son travail, ses talents, et de réussir sa vie.

Ce rêve même que les duretés d’une économie de marché injuste et d’une société trop hiérarchique obscurcit encore.

Cet espoir partagé, cet avenir ouvert à tous, c’est la source de la force de la France, c’est le levier du redressement du pays, qui suppose la mobilisation de tous, c’est l’origine du rayonnement de cette nation qui, parmi les premières, a proclamé que l’émancipation humaine était le vrai but des sociétés modernes.

C’est pourquoi je veux que notre pays, fort de son passé, change d’avenir, pour sa grandeur !

Changer d’avenir, c’est augmenter d’urgence les salaires pour faire face à la hausse des prix qui ronge le pouvoir d’achat. Un sujet sur lequel, en quatre heures de présentation de son programme, le candidat Macron n’a pas dit un mot.

Je l’ai dit dès le début de ma campagne, parce que je voyais bien, partout dans mes déplacements, que de plus en plus de gens n’arrivent plus à joindre les deux bouts. Avec la guerre en Ukraine, et la flambée des prix du pétrole, du gaz, du blé, la situation des familles populaires et des classes moyennes est devenue critique.

Alors, si les Français me font confiance, dès le mois de mai, je bloquerai les prix de l’énergie, je baisserai à 5,5% la TVA qui leur est appliquée, je relèverai immédiatement le point d’indice et les retraites de 3% pour rattraper l’inflation, je créerai un minimum jeunesse.

Et je revaloriserai le travail en augmentant le SMIC de 15% et en demandant aux partenaires sociaux d’ouvrir des négociations salariales dans toutes les branches professionnelles.

La revalorisation du travail, je la veux matérielle, pour rendre la vie quotidienne meilleure, mais aussi morale, par le respect et la considération dus aux travailleurs, par l’extension de leurs droits dans l’entreprise, dont ils sont les chevilles ouvrières.

Comme en Allemagne, les salariés deviendront administrateurs à parité avec les représentants des actionnaires !

Changer d’avenir, c’est investir dans l’école et, au premier chef, dans le travail de ses professeurs, qui sont les hussards de la République, les transmetteurs du savoir sans lequel il n’y a pas de vraie liberté. Ils sont les formateurs de l’esprit civique, sans lequel il n’y a pas de société unie.

Le candidat Macron leur dit aujourd’hui : si vous voulez gagner plus, il faudra faire des remplacements, ou de l’aide au devoir. Comme s’ils ne le faisaient pas déjà, comme s’ils se tournaient les pouces, comme s’ils étaient bien assez payés pour ce qu’ils font ! Mais quel mépris !

Alors que chacun connaît ici leur dévouement au service du savoir et de la République. Alors que chacun peut vérifier qu’ils sont parmi les moins correctement payés en Europe !

Je revaloriserai les salaires des enseignants, en commençant par les professeurs des écoles qui commenceront désormais, comme les cadres, à 2350 euros nets ! Et je leur permettrai de développer des pédagogies ouvertes et inclusives.

De même, le pays doit savoir que devant les menaces de tous les intégrismes, nous ferons respecter sans faiblesse les principes de notre laïcité qui est une loi de tolérance et de liberté religieuse, qui protège aussi la neutralité de l’État et l’intégrité des programmes scolaires.

Changer d’avenir, c’est annuler cette sélection par algorithmes qu’on appelle Parcoursup et qui inflige à nos jeunes l’anxiété d’une sélection impersonnelle.

Je supprimerai donc Parcoursup ! J’augmenterai les places dans l’enseignement supérieur. Je généraliserai la possibilité de se former dans des cursus en alternance, apportant rémunération et adaptation des temps scolaires.

 

Changer d’avenir, c’est instaurer l’égalité des salaires entre les femmes et les hommes, pour qu’il soit mis fin à cette inégalité qui défigure notre idéal de justice. C’est le droit à la sécurité avec plus de policiers sur le terrain et plus de moyens pour la justice.

C’est élaborer des directives pour faire baisser les insoutenables violences dont les femmes sont les victimes. C’est encore lutter énergiquement contre le cyber-harcèlement qui frappe tant d’adolescentes et d’adolescents.

C’est faire leur place à nos aînés, trop souvent relégués, en dépit des services rendus à la société, dans des établissements où l’on manque de bras, réduits à une condition humiliante.

C’est le droit à chacun, quand il est accablé par un mal inexorable et trop douloureux, de bénéficier de soins palliatifs accessibles en nombre suffisant et d’exercer dans l’humanité sa dernière liberté, celle de mourir dans la dignité.

C’est le retour de l’hôpital au cœur du système de santé, où les gens passent avant l’argent et donc débarrassé de la logique d’entreprise, et, aussi je sais que vous y êtes attachés, ici, dans le Limousin, des médecins qui viendront exercer dans les déserts médicaux lors d’une quatrième année d’internat.

Changer d’avenir, c’est prévoir les instruments qui nous permettront d’affronter, dans la justice, la grande affaire du siècle, la mutation écologique.

Je veux faire de notre République l’une des premières nations vraiment respectueuses de la planète !

Alors, oui j’instaurerai un impôt sur la fortune dédié à la transition énergétique, en mettant à contribution les plus nantis, qui sont aussi les premiers pollueurs.

Alors, oui je créerai un « tiers-payant » logement et un leasing social pour véhicule électrique pour que chacun puisse participer sans surcoût à ces transformations décisives pour le climat que sont l’isolation des habitations et les mobilités propres. Alors oui, je mettrai sur pieds un tribunal international qui combattra le crime d’écocide.

Changer d’avenir, c’est un nouveau souffle démocratique, des institutions qui font plus de place au parlement comme à l’expression directe des citoyens, qui pourront désormais amender les lois ou demander l’organisation d’un référendum, ce référendum d’initiative citoyenne, ce RIC voulu par les gilets jaunes, demande à laquelle nous ferons droit !

*

Ensemble, oui, nous changerons d’avenir !

Nous créerons par la réforme patiente et opiniâtre, la République laïque, sociale,  écologique et européenne à laquelle nous aspirons tous !

Nous mettrons en œuvre, tout de suite, dans la réalité de nos vies, les trois mots de notre devise républicaine, la liberté pour chacune et chacun, l’égalité pour chacune et chacun et la fraternité pour tous !

Changer nos vies : nous l’avons déjà fait, nous pouvons le refaire ! Retrouvons l’espoir et rendons-le à notre jeunesse !

Je vous appelle à la lutte, je vous appelle à la constance et au courage ! Croyons en nous, croyez en vous ! Croyez en une France juste ! Croyez à une République sociale et écologique !

Ensemble, nous pouvons changer d’avenir ! 

Vive la République ! Vive la France !

 

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