Meeting de Perpignan

Le replay :

 

Discours d'Anne Hidalgo :

Perpignan, le 12 décembre 2021

Seul le prononcé fait foi

Chères Françaises, chers Français,

Mes chers compatriotes,

Chers amis,

Chère Hermeline, Chère Carole, Cher Michaël, Chère Valérie, Cher Olivier…

 

Vous êtes là !

Vous êtes là, nombreux, chaleureux, généreux ! 

Vous êtes là parce que vous êtes ce peuple de gauche qui retrouve l’espoir et l’enthousiasme ! 

Vous êtes là parce que vous êtes le peuple du progrès et de la fraternité !

Vous croyez aux valeurs de la République.

Vous croyez à la liberté qui est notre idéal.

Vous croyez à la justice et à l’égalité, sans lesquelles la liberté manque son but. 

Vous croyez à notre héritage, qui est celui du progrès et des conquêtes sociales, vous croyez à notre avenir, celui de nouvelles batailles pour l’émancipation, celui du mouvement, celui d’une France redressée, protectrice, réparée et réconciliée avec elle-même.

C’est-à-dire la France que nous voulons et qu’ensemble, nous allons construire !

Voilà le sens de ma candidature à la présidence de la République. Nous ne pouvons accepter un deuxième quinquennat d’amertume et de division. La France est trop fracturée, trop en colère. Il y a trop de mépris, trop d’arrogance, trop d’injustice.

Je suis la candidate d’une colère que je veux transformer en espoir. 

Tel est mon message, aujourd’hui, à Perpignan : je veux une France juste parce que réunie, une France réunie parce que juste.

 

*

L’union, mes amis, l’histoire le montre, c’est ce qui fait la gauche.

Cette grande République qui agit. Je l’ai dit mercredi, je le répète aujourd’hui : à quatre mois du scrutin, comment ne pas entendre les Françaises et les Français qui nous appellent à l’union ?

Comment ne pas entendre le désespoir et l’angoisse de celles et ceux qui ne peuvent se résoudre à un débat politique confisqué par deux candidats d’extrême droite et deux candidats de droite ?

Parce que sans union, il n’y a pas de destin pour la gauche, mais sans la gauche, ce n’est plus la France, ce n’est plus la démocratie.

Nous allons tout tenter pour réaliser cette union.

J’ai pris ma responsabilité. J’ai proposé, publiquement, sincèrement, le seul chemin qui permet de se rassembler, celui de la primaire avant le 1er tour.

Il nous reste le temps de débattre fraternellement devant les citoyens, de nous soumettre à leur verdict et de l’accepter, car là où les appareils politiques ont échoué, seuls les citoyens peuvent nous rassembler. 

C’est le sens du mouvement lancé par de jeunes militants de bonne volonté, ceux de la primaire populaire, qui ont recueilli déjà bientôt 300 000 signatures.

Une jeunesse qui espère en la gauche, qui croit en notre idéal et qui n’attend qu’une chose : que le drapeau de l’avenir soit relevé. 

Nous avons vis-à-vis des jeunes qui désespèrent une responsabilité et pour moi, c’est une obsession. Ce message, je l’ai entendu. Nous l’avons entendu.

La division, c’est la résignation, c’est l’impuissance, c’est l’abstention. Alors : réveillez-vous !

Mesurez le danger qui nous guette !

Si rien n’est fait, si personne ne réagit, si nous fermons les yeux, nous aurons un nouveau quinquennat Macron ou Pécresse, qui divisera encore plus le pays, qui accentuera encore les injustices, et les inégalités.

Dans un cauchemar ultime, une victoire de l’extrême droite reléguera la France au rang des petits pays xénophobes et racistes. Ce sera une déchéance.

On dira : elle cherche l’union ? Mais elle rêve ! 

Oui, je rêve, je rêve d’une gauche républicaine, une gauche populaire qui change la vie, une gauche écologique qui se hisse à la hauteur de sa mission historique. Et c’est parce que je porte ce rêve que j’ai pris la décision d’agir pour sortir du cauchemar qui nous guette.

Inspirons-nous de Jaurès, ayons le courage d’aller à l’idéal en comprenant le réel.

Alors, je dis à mes partenaires de gauche et de l’écologie : écoutez la jeunesse, écoutez cette génération qui ne peut plus attendre, qui devra affronter les défis du siècle, qui veut à la fois la justice et le respect de la planète. Écoutez aussi la souffrance sociale qui s’exprime partout dans le pays. Écoutez-la !

Je ne me résignerai pas. De toutes mes forces, je défends avec vous nos idées, celles d’une gauche républicaine sociale-démocrate, écologique qui agit pour changer la vie. Cette gauche qui rassemblera la France pour gouverner.

Je le sais, mes amis, nos convictions, vos convictions, sont plus fortes que l’air du temps, nos idées l’emportent sur les préjugés, notre idéal et notre courage ne sont pas rebutés par l’intense campagne menée contre nous. 

Et comme moi, quoi qu’il arrive, vous gardez l’espérance !

*

Mes chers compatriotes, 

Nous, la gauche, cette gauche qu’on voudrait effacer, nous sommes les héritiers d’une force irrésistible, d’un mouvement historique né des injustices et des inégalités d’un régime social toujours en place. 

Je vous le dis : cet héritage est vivant, parce qu’il est né de luttes qui brûlent encore dans notre mémoire. 

Cet héritage fait la France, au-delà de la gauche, c’est l’histoire de notre pays.

Ceux qui rejettent cet héritage, nous les connaissons. Ils composent la conjuration des conservatismes et des intérêts, qui contrôlent la majorité des médias, et qui veut chasser la gauche comme un mauvais rêve. 

S’ils se sont toujours acharnés à nous dénigrer, et encore aujourd’hui, c’est qu’ils nous craignent toujours ! 

Nous avons affaire à des apprentis sorciers qui valorisent la radicalité à dessein, qui se servent des extrêmes comme d’un épouvantail. 

Mais leurs véritables adversaires, ils sont ici, dans cette salle !

Nous sommes les militants de la gauche républicaine, celle qui fait les réformes qui les paniquent, parce nous sommes la gauche qui défend les travailleurs, celle qui conquiert de nouveaux droits dont ces puissants ne veulent à aucun prix, celle qui défend les femmes et agit pour l’égalité avec la parité et le mariage pour tous, celle qui a mené les grandes réformes sociales, les congés payés, les droits syndicaux, l’abolition de la peine de mort, la libération de l’audiovisuel, le revenu minimum, les 35 heures, la retraite à soixante ans, celle qui change la vie, ici et maintenant ! 

Cette gauche-là, mes amis, c’est la nôtre : celle qui ne veut pas seulement rêver des « lendemains qui chantent », celle qui sait que les plus fragiles et les plus démunis ne peuvent attendre davantage que « cela change » ! Celle qui demain fera voter les lois sur le droit de mourir dans la dignité, sur les nouvelles protections sociales ou sur l’égalité réelle des salaires entre les femmes et les hommes.

*

Mes amis,

Au fond, vous êtes comme moi et je suis comme vous. Vous le savez : je suis une fille du peuple, venue d’ailleurs mais qui a choisi la France, dont les grands-parents furent des réfugiés. 

Je n’oublie pas mes origines. Je suis une fille de la République française, une fille qui n’avait rien mais à qui l’école laïque, cette école que la gauche a donnée à la France, a tout offert, une fille qui a formé sa conscience en lisant Voltaire, Hugo, Zola, Camus, Colette, Beauvoir. 

Mais aussi Léon Blum, l’un de nos grands maîtres, élu de cette belle région, préoccupé de l’émancipation des ouvriers et impatient de libérer les femmes. 

Sachez-le, je l’ai appris dès l’enfance : rien ne nous sera donné, rien ne nous sera passé, rien ne nous sera épargné. 

Et dans cette situation, je n’ai qu’un simple mot d’ordre à partager : le courage. 

Ils nous critiquent, ils nous dénigrent ? Ils pensent nous intimider ? C’est mal nous connaître. Ce courage est le mien, il est aussi le vôtre ! 

Et ensemble, forts de nos convictions, sûrs de notre idéal, nous l’emporterons !

 

*

Mes amis,

Je viens, disent-ils, dans un fief de l’extrême droite, dans un milieu hostile, dans une ville vouée au repli.

Mais il n’y a pas de fief en France, il n’y a pas de chasse gardée, de terre interdite. Il n’y a qu’une République ! 

Une partie des électeurs de Perpignan n’a pas voté pour l’extrême droite, il faut le rappeler.

Aux autres, je dis ceci : je respecte la démocratie, et je ne viens pas ici pour faire la leçon. Je viens pour débattre, je viens pour convaincre. 

Je viens pour porter la voix d’une gauche qui n’a pas peur de s’affirmer et de combattre, c’est-à-dire d’argumenter contre ces choix délétères et d’agir pour la justice et l’égalité. 

C’est cela, la France réunie : une France où les opinions sont libres, où les différences s’expriment, non pas par l’injure, mais en respectant celles et ceux qui ne pensent pas comme nous !

À la vérité, dans cette région de travail, d’histoire, de combats et de fières traditions, je viens surtout parler de la France. Cette France qu’un discours nationaliste et crépusculaire caricature à loisir. 

Non, la France n’est pas cette nation recroquevillée, tétanisée, allergique aux autres, dont les candidats de l’intolérance se réclament. Ces oiseaux de mauvais augure, ces prophètes de malheur, ces marchands de haine, je ne les laisserai pas s’accaparer la France. Je ne les laisserai pas l’entraîner au fond de leurs fantasmes morbides, l’étouffer sous leurs peurs et leurs lâchetés.

Car elle est tout ce qu’ils détestent : un pays de tolérance ouvert au monde, un pays dans lequel résonnent les valeurs de l’Europe. La France est aussi une flamme qui brille pour tous les opprimés. Cette flamme, il faut l’entretenir. 

Et qui le sait mieux que les habitants de cette région de mélange, d’ouverture et de glorieuses luttes sociales ? 

Une région où flotte encore le souvenir de la grande révolte paysanne de 1907 soutenue par Jaurès. 

Je n’oublie pas Marcelin Albert, le grand orateur de la terre, le souvenir des viticulteurs écrasés par un marché sans loi, les premières lois d’organisation de la culture de la vigne, qui annonçaient la régulation moderne et le souci, avant la lettre, d’une agriculture plus saine, et plus respectueuse de la terre, qu’on dirait aujourd’hui écologique. 

Nous sommes ici, à Perpignan, dans un vieux pays de travail et de lutte, d’indépendance et de fierté, héritière d’une culture multiple, plurielle, qui fut dans le cours du temps romaine, wisigothe, chrétienne, arabe, aragonaise, occitane ou catalane. Un pays de langues diverses, le français, le catalan, l’occitan, qu’il faut protéger. 

Par cette histoire riche et multiple, par la volonté de son peuple, par ses valeurs, par son idéal de liberté, d’égalité et de fraternité, nous sommes ici, à deux pas de l’Espagne, au cœur de la France, au cœur de l’Europe. 

La France est une terre. Mais la France est, surtout, un idéal !

Notre France, c’est celle des Lumières, celles des grandes Déclarations des droits humains.

Notre France, c’est aussi celles des grands républicains de l’école laïque, des lois sociales, des justes de l’affaire Dreyfus, des femmes qui ont revendiqué leurs droits, Olympe de Gouges, George Sand, Hubertine Auclerc, Marie Curie, Lucie Aubrac, Simone Veil, Gisèle Halimi ou Joséphine Baker et bien d’autres encore.

Notre France, c’est celle des clairvoyants qui ont dénoncé le colonialisme, René Maran, Albert Londres, Aimé Césaire, Édouard Glissant, Maurice Audin. 

Notre France, c’est celle des militants de la justice sociale et de la patrie indépendante, du Front populaire et de la Résistance, des Justes devant les nations, mais aussi de la décolonisation et de l'égalité. 

Notre France, ce n’est pas un petit pays rabougri qu’on nous vante dans le récit falsifié d’une histoire de faussaires qui trouvent des excuses à Pétain ! 

Ils sont les ennemis des Lumières, les adversaires de la Raison, les déserteurs de la République. 

Pour eux, les femmes et les hommes venus d’ailleurs sont prisonniers de leurs origines, enfermés dans leur identité, assignés à résidence dans leur communauté. Nous sommes si nombreux à être la preuve du contraire. 

Ce langage des années trente qui honnissait l’étranger, qui exhalait sa haine des Juifs, ils l’appliquent aujourd’hui aux musulmans, dans une vision séparatiste, essentialiste, communautariste. En diabolisant l’islam, ils ne font que se répéter.

Ils se réclament du général de Gaulle. 

Quelle usurpation ! L’homme de Londres voulait un grand pays qui fasse retentir partout son idéal. 

*

Mes amis, 

La mémoire doit nous réunir, nous rassembler, unifier un peuple aux origines multiples. Pour y parvenir, cette mémoire, appuyée sur l’œuvre des historiens, cette mémoire, doit être juste et lucide. 

Unir la France, c’est dire que tous les enfants de France, d’ici et d’ailleurs, et qui deviendront des citoyennes et des citoyens, à égalité de droits et de dignité, doivent s’y reconnaître. 

Mes amis,

L’histoire nous l’a enseigné : la démocratie, l’État de droit, la tolérance, la laïcité, la paix, la liberté, sont des conquêtes fragiles, des institutions frêles, des acquis toujours menacés par les puissances obscures de la peur et de la haine. 

Nous avons un devoir de vigilance, un impératif de mobilisation. 

Je veux réunifier la République qu’on a changée en archipel des méfiances et des ressentiments.

Je suis la candidate de l’unité dans la justice. Je suis la candidate de la concorde, je suis la candidate de la réconciliation de la France avec elle-même et de l’apaisement d’une France divisée.

Pour toutes ces raisons, je viens à Perpignan lancer un appel à l’unité de la France

Je ne peux pas laisser les menteurs de la régression se pavaner, sans réagir. 

Non, cette France qui recule n’est pas la nôtre !

Non, cette nation confite dans une nostalgie agressive n’est pas la nôtre !

Non, cette France au passé falsifié n’est pas la nôtre ! 

Je ne laisserai pas désigner nos compatriotes musulmans comme les boucs émissaires de la crise française !

Je ne laisserai pas s’imposer cette soi-disant « préférence nationale » qui est une autre définition du racisme.

Je ne laisserai pas détruire le droit du sol, qui est un puissant moyen d’intégration.

Je ne laisserai pas ces forces obscures abîmer notre Constitution qui garantit nos libertés. 

Je ne laisserai pas faire de la France la honte de l’Europe !

Et sur cette terre qui chante au vent d’Espagne, avec cet accent qui est celui de la liberté, je vous le dis avec toute mon âme : 

No pasaran !

*

Mes amis,

Dans ce combat décisif, nous ne pouvons compter que sur nous-mêmes. La droite représentée par Valérie Pécresse a déjà baissé pavillon. 

Quant à Emmanuel Macron, il restera celui qui a profondément fracturé le pays quand on jugera son bilan.

Mes amis,

L’extrême droite prolifère sur le terreau des découragements et de la crise de confiance profonde envers la politique.

Pour lutter, encore faut-il écouter le pays qui souffre, le pays qui exprime sa colère, le pays qui se cabre devant l’injustice. Encore faut-il que la gauche, qui reste l’espoir de la nation, retrouve son lien historique avec les oubliés, les invisibles, les classes moyennes et les catégories populaires.

Il faut que la République redevienne le bien commun et la source de l’idéal pour le peuple. 

C’est le sens de ma candidature. 

Je veux renouer nos liens historiques avec les catégories populaires et les classes moyennes, avec celles et ceux qui assurent l’essentiel, avec le monde du travail, avec les ouvriers, les employés, les ingénieurs, les professeurs, les créateurs, les soignants, les policiers, les fonctionnaires. Et en fait, ce sont souvent des femmes et ça, je ne l’oublie pas.

Je veux la France du respect !

Car la France est grande lorsqu’elle est juste. 

Le génie de la France est là dans la force de notre collectif.

Je propose un chemin, réunir la France dans la justice, c’est d’abord rendre justice aux travailleuses et aux travailleurs. C’est pourquoi j’ai mis, en tête de mes missions, la revalorisation du travail. 

Parce que c’est le travail qui crée la dignité du travailleur, qui lui donne sa perspective, sa chance, sa possibilité de choisir, sa vie. C’est le travail, qui relie à la société, qui donne sa fierté, qui donne l’estime de soi et des siens.

Pour rendre au travail sa valeur, il doit être soumis à des règles, à des lois qui protègent, qui lui donnent un sens comme il doit donner droit à une juste rémunération. Il ne doit abîmer ni les âmes ni les corps.

La gauche, il faut l'affirmer fort, c’est le parti du travail, de sa juste rémunération, de la conquête des droits et libertés pour les salariés. 

Réunir la France dans la justice, c’est protéger les acquis sociaux et les porter plus loin, c’est faire vivre le service public, qui est le ciment de la nation. Je serai la présidente qui rendra aux Français les protections sociales et les services publics qui ont été tant affaiblis.

L’école de la République, laïque et gratuite, que nous pensions la meilleure du monde et qui n’a pas été soutenue. Je la relèverai !

L’hôpital public, un bien commun qui souffre tant. Je le soutiendrai !

Les retraites, pour la gauche ce droit fondamental au repos après une vie de travail : je les garantirai !

Je sais que 25 % des plus pauvres meurent avant 62 ans. Je ne me résignerai jamais à ce que les plus pauvres soient condamnés à mourir avant d’accéder à ce droit.

C’est à partir de ces situations indignes de notre pays : les retraites des agriculteurs, des travailleurs pauvres, des femmes, de toutes celles et ceux qui ont travaillé dur dans des conditions difficiles, que je porterai avec les partenaires sociaux la future réforme des retraites.

L'avenir des retraites est un des grands enjeux de l’élection. En face, c’est le concours affligeant de qui fixera la barre la plus haute. 64, non 65, 67 ans, rien ne les arrête quand il s’agit de faire trinquer ceux qui triment déjà toute leur vie. Valérie Pécresse a inventé un comité pour cette destruction brutale : le comité de la hache.

Repousser l‘âge de départ est la plus injuste des décisions. C’est faire payer le prix fort à ceux qui ont commencé le plus tôt et à ceux qui ont eu les parcours professionnels les plus hachés par les crises. C’est imposer une double peine aux femmes qui subissent déjà un salaire amputé d’un quart.

Eh bien, je vous le dis, présidente, je sanctuariserai à 62 ans l’âge de départ à la retraite. C'est le serment de Perpignan. 

Je confierai aux partenaires sociaux la responsabilité d’une négociation pour garantir les régimes de retraite, avec un mandat clair : maintien de l'âge de départ à 62 ans, garantie d’un bon niveau de vie en retraite, droit à un départ anticipé pour ceux qui ont l’espérance de vie la plus courte, prise en compte de la pénibilité.

Et pour conforter financièrement nos régimes de retraite, je les inviterai à trouver les ressources ailleurs, dans le droit à l'emploi des seniors dont un tiers des 55-62 sont privés, dans l'augmentation généralisée des salaires, et dans une lutte implacable contre la fraude et l’optimisation fiscale dont sont aussi victimes nos régimes sociaux.

La loi qui fixe le cap, la négociation qui construit les solutions qui unissent, c'est comme cela que la social-démocratie a construit les fondements sociaux de la France et c’est ainsi que nous continuerons ensemble à faire avancer le progrès social.

*

Mes amis,

Mon quinquennat s’ouvrira par des mesures claires et nettes de pouvoir d’achat, par la hausse des salaires, en commençant par une augmentation de 15 % du SMIC, comme vient de l’engager l’Espagne avec Pedro Sanchez et comme l’engagera demain Olaf Scholz, le nouveau chancelier allemand.

Mon quinquennat engagera simultanément la négociation salariale dans toutes les branches.

Un objectif particulier nous mobilisera : la fin des écarts de salaires entre les femmes et les hommes.

Il ne s’agira pas seulement d’argent, mais aussi de démocratie sociale : nous élargirons le pouvoir des salariés dans l’entreprise. 

Nous leur donnerons la place que méritent ceux qui font tourner la boutique, ceux qui assurent la production, ceux qui créent la prospérité commune. Je veux une gauche du peuple, et donc une gauche du peuple travailleur.

 *

Mes amis, 

Réunir la France dans la justice, c’est répondre au peuple, à ses attentes et à ses inquiétudes. 

C’est donc, aussi, assurer la sécurité. Les Françaises et les Français s’inquiètent de la sécurité dans notre pays, c’est un fait. 

La raison en est simple : les principales victimes de la délinquance sont les plus défavorisés ; ils sont toujours les premiers menacés. 

La gauche républicaine qui est la nôtre fera donc de la sécurité de tous une priorité nationale.

Nous ne pouvons tolérer la montée continue des agressions contre les personnes, ni la mise en coupe réglée de quartiers entiers par les mafias de la drogue. 

Réunir la France dans la justice, c’est s’assurer que la loi républicaine s’applique à tous, sur tout le territoire. 

C’est garantir la sécurité du quotidien, assurer l’exemplarité des forces de police et de gendarmerie autant que leur propre sécurité et le respect de leur autorité. 

C’est garantir la qualité des relations police-justice grâce à un engagement constant et déterminé, loin des fièvres médiatiques, loin des solutions expéditives formulées par une droite qui court après l’extrême droite au mépris des libertés garanties par notre Constitution. 

Nous préférerons toujours une sécurité républicaine à une République sécuritaire. 

Il faut renforcer les effectifs et les moyens policiers, il faut accroître le nombre de juges et de greffiers pour que la justice puisse enfin passer dans des délais acceptables et mettre en rapport le délit et la sanction. 

Mais il faut accompagner cette politique policière et judiciaire de l’action sociale, sans laquelle on ne traiterait pas le mal à la racine. 

Dans chaque quartier, dans chaque commune, le monde associatif doit travailler étroitement avec les représentants du service public, les élus et les maires pour mettre en œuvre une politique de prévention digne de ce nom. 

*

Réunir la France dans la justice, c’est aussi proposer une politique d’immigration humaine, cohérente et ferme. Pour obtenir la meilleure intégration, nous devons améliorer l’accueil des étrangers, tout en maîtrisant les flux migratoires en offrant toutes les garanties de droit et de dignité.

Mieux accueillir, mieux intégrer, mieux reconduire, tels sont nos trois objectifs. 

Je le dis tout net : la France respectera ses propres principes en admettant sur son sol les étudiants, les candidats légitimes au regroupement familial, les réfugiés persécutés dans leur propre pays ou encore les travailleurs indispensables à notre économie. 

Qu’on ne compte pas sur nous pour renier les principes de la France, qui datent de la Révolution. 

Nous ne pouvons tolérer que la Méditerranée et la Manche se transforment en cimetières pour des centaines de réfugiés venus en Europe pour trouver un refuge, un avenir et la paix. Cet espoir, nous la gauche républicaine et humaniste, nous y répondrons ! 

Dès mon élection, j’engagerai une discussion dans le cadre de la présidence française de l’Union européenne, une discussion en vue d’une répartition équilibrée des migrants entre les différents pays, et notamment avec le groupe des pays volontaires.

En France, la délivrance des titres de séjour doit être humanisée, améliorée, simplifiée, accélérée, y compris s’agissant des recours devant la justice administrative, de manière à réduire l’attente de ces femmes, de ces hommes sans statut. 

À cet égard, et je vous le dis ce soir à Perpignan, les personnes sans-papiers établies en France depuis un long délai, disposant d’un travail et d’un logement seront régularisées. 

Une fois la décision prononcée, ceux qui n’ont pas vocation à rester doivent être reconduits chez eux. Nous renégocierons avec les pays d’origine les conditions de leur rapatriement.

Clarifiée, cette politique doit être doublée d’une lutte active contre les réseaux de passeurs, ces profiteurs de misère, et bien sûr d’une aide au développement accrue en faveur des pays d’émigration.

Réunir la France dans la justice, c’est une politique volontariste d’intégration, par l’école, par la formation, par l’action sociale et associative, par la culture et par le travail, par le droit de vote aux élections locales.

La France est riche de ses différences, à une condition : tous doivent être formés au respect des valeurs républicaines.

La France restera ainsi le creuset qu’elle a toujours été, au sein d’un peuple divers mais uni par une culture et une langue commune. 

Réunir la France dans la justice, c’est défendre sans concessions la laïcité. Plus que jamais, nous souscrivons aux principes universels qui fondent notre République. 

Plus que jamais, je tiens la laïcité́ pour la base de la concorde nationale. La liberté de conscience et de culte a pour corollaire la neutralité́ d’un État laïque et d’une école qui bannit le prosélytisme religieux ou partisan.

La laïcité garantit la liberté de croire ou ne pas croire et de combattre les intégrismes. La laïcité protège nos libertés.

Les atteintes à la laïcité́ qui se multiplient seront sanctionnées sévèrement, et dans les écoles, les professeurs seront véritablement protégés par les lois de la République de toute pression extérieure sur la pédagogie ou les programmes.

*

Mes chers compatriotes, 

Réunir la France dans la justice, c’est de relever un immense défi.

Pour réussir la transformation sociale et écologique qui fera de la France un exemple parmi les nations. 

Nous le savons, le dérèglement climatique fait peser une menace mortelle sur l’humanité. 

La transition écologique doit figurer en tête des priorités pour un gouvernement de gauche. 

L’écologie est un humanisme, elle suppose une politique de progrès pour tous. 

Il s’agit pour nous de transformer nos modes de production en conjuguant le mouvement civique vers une plus grande sobriété avec une action publique fondée sur la raison, la science et la technologie.

Nous voulons maîtriser ensemble le redressement économique et la transition écologique en instaurant une planification, passant par une forte intervention publique.

Nous devons aussi intégrer au PIB un indicateur de bien-être qui permettra d’évaluer les politiques publiques à l’aune de critères humains et écologiques. 

Il faudra des investissements publics massifs dans la transformation de nos modes de production. Nous ferons le choix des énergies renouvelables.

Il faudra déployer des outils puissants pour accompagner les travailleurs, les classes moyennes et les catégories populaires qui ne peuvent payer le prix fort de cette grande transformation.

En un mot, nous ne voulons pas juste l’écologie. Nous voulons une écologie juste ! 

Celle qui engagera pour les classes moyennes et les catégories populaires la transition sociale vers un monde soutenable et décarboné : l’accompagnement financier vers des véhicules propres et l’équipement de tous les territoires de France de solutions de recharge et bien d’autres mesures. Celle qui sortira 12 millions de Français de la précarité énergétique par un tiers payant sur la rénovation thermique des logements.

*

Nous nous situons ici dans la continuité du mouvement social-démocrate : il s’agit de maîtriser l’économie de marché pour la mettre au service des femmes et des hommes.

Oui, mon projet s’inscrit dans le mouvement de la social-démocratie européenne qui, partout où elle gouverne, relève ce défi comme aucune autre famille politique sur le continent.

Et c’est main dans la main avec mes amis sociaux-démocrates que je porterai un nouvel élan, notre union européenne. Nous avons une force égale à nulle autre famille politique, nous avons des alliés partout, et qui gouvernent désormais dans les plus grands pays.

Mes amis,

Un vent mauvais souffle sur le débat européen. Le souverainisme diffuse son poison chaque jour plus largement. À la veille de la présidence française de l’Union, Emmanuel Macron tente de convaincre le pays qu’il serait le seul Européen sincère, et que l’avenir de l’Union européenne ce serait lui ou le chaos souverainiste.

La présidence française ne peut se contenter d’assurer la continuité de la gestion des dossiers en cours ; elle doit donner une nouvelle impulsion à la construction européenne, et ne dispose que de 3 mois utiles pour agir avant la campagne présidentielle.

Je regrette qu’Emmanuel Macron n’ait pas, au nom de l’intérêt de la France et de l’Europe, demandé à décaler la présidence française et de la confier aux nouveaux dirigeants issus des urnes. La présidence française de l’Union européenne pendant une élection présidentielle en France, rien de mieux pour impuissanter l'Europe. 

Mes amis,

J’ai pour l’Europe une autre vision. 

Dans les prochaines semaines, la France devrait avoir comme priorité de donner une nouvelle impulsion à la construction européenne autour de sujets concrets, qui répondent aux inquiétudes des Européens. 

Avec mes partenaires, je commencerai par lancer une « Union européenne de la santé » autour de la sécurité sanitaire et des grandes priorités de santé publique. 

Nous tournerons la page du pacte de stabilité et des politiques d’austérité qui ont fracturé notre continent.

Nous construirons un agenda européen pour vivre mieux, un agenda social et écologique : défense de la dignité humaine, salaire et revenu minimum, lutte contre la pauvreté, droits des femmes et droit à l’avortement ; mise en œuvre encore plus volontariste du Green Deal.

Enfin, nous convoquerons une conférence européenne sur la sécurité de l’Europe et sa place dans le monde pour définir ensemble une doctrine stratégique commune et protéger les Européens.

Cette Europe-là, c’est celle que les sociaux-démocrates bâtiront avec Olaf Scholz, avec Pedro Sanchez, avec Antonio Costa qui m’ont apporté leur soutien.

Ils me l’ont dit et je vais vous faire une confidence. Ils n’attendent qu’une chose ; que je sois la prochaine présidente de la République. L’amitié et le soutien des dirigeants de l’Allemagne, de l’Espagne, du Portugal, ce n’est pas rien, soyez-en fiers.

*

En Europe, comme en France, nous, sociaux-démocrates, nous voulons garantir l’avenir des générations futures. 

Alors oui, réunir la France dans la justice, c’est assurer un avenir à la jeunesse de France. 

En construisant l’Europe social-écologique, en apaisant la société par le dialogue, la négociation, l’engagement et la participation des citoyens

C’est aussi le sens de la priorité que je donnerai à l’éducation. J’ai dit qu’il fallait revaloriser d’emblée le salaire des enseignants.

Je n’ai pas changé d’avis. Sur nos professeurs repose l’avenir de notre jeunesse : cette tâche essentielle doit être rémunérée à sa juste valeur. Là encore, c’est par la négociation que nous le ferons.

Je renforcerai aussi la formation des enseignants, ainsi que les moyens matériels et financiers de l’Éducation nationale. L’école, le collège, le lycée comme l’université, seront à nouveau le creuset de notre République.

La désastreuse politique des dernières années a aggravé les inégalités au sein de l’école. On fuit l’école publique où la mixité sociale a été oubliée. 

On oppose les universités entre elles, créant des pôles d’excellence contre des pôles sous-dotés, le tout arbitré par les algorithmes de Parcoursup que je supprimerai.

Dès sa jeunesse, le peuple de France est divisé. Il faut donner au service public de l’éducation à tous les niveaux les moyens d’une grande ambition démocratique : mieux former une jeunesse appelée à évoluer dans une société de la connaissance.

L’école constitue le socle du beau et grand service public à la française dont nous étions si fiers et qui distinguait notre pays. 

D’Emmanuel Macron à Valérie Pécresse, c’est toujours la même rengaine : moins de services publics, moins de fonctionnaires, moins d’égalité. Toujours les mêmes qui trinquent.

Réunir la France dans la justice, c’est renforcer le service public de l’école, de l’hôpital, c’est lutter contre la désertification des services publics.

Réunir la France dans la justice, c’est assurer aux jeunes de bâtir leur avenir.

J’ouvrirai le droit de vote à 16 ans.

J’élargirai le service civique pour qu’il soit ce nouveau creuset de la nation, valorisant l’engagement des jeunes et qui comptera dans leur formation et leur diplômes.

Je généraliserai les cursus en alternance dans l’enseignement supérieur.

Et mes amis, je vous l’annonce aussi ici à Perpignan, je porterai un « minimum jeunesse » fondé sur trois principes simples : un droit ouvert à 18 ans, un droit inconditionnel, un droit automatique.

Ce droit sera ouvert sous conditions de ressources à 18 ans comme dans vingt-trois des vingt-sept pays de l’Union européenne.

Je veux mettre fin à une frontière inique inefficace et qui exclut une tranche d’âge de la solidarité nationale quand toutes les autres en bénéficient.

18 ans au nom de la justice sociale et de l’égalité républicaine

18 ans au nom de l’émancipation comme filet et comme tremplin pour que convergent désir d’autonomie et aspiration à l’indépendance

18 ans au nom de la lutte contre la grande précarité.

18 ans au nom de la confiance que nous faisons à nos enfants, au nom d’un rapport renouvelé de la nation à sa jeunesse.

Pour la jeunesse de France, je demanderai également à mon gouvernement de mettre à l’ordre du jour, dès juillet 2022, la belle proposition portée par nos députés et sénateurs.

Oui, nous créerons une dotation visant à apporter à chaque jeune de France, dès 18 ans, un capital pour financer ses projets et ainsi de s’insérer plus facilement dans la vie. Ce capital minimum, nouveau droit qui vient compléter le salaire minimum, sera parmi les premiers textes de la nouvelle législature. Au départ de 5 000 euros, il aura vocation à prendre de l’ampleur.

Mes amis,

Voilà la grande mission de redressement, de justice et de réconciliation nationale que je me fixe. 

Présidente, je ne serai pas seule. Je crois à la responsabilité et au dialogue social. 

J’attacherai une importance essentielle à la discussion avec les élus locaux, les syndicats, les associations et tous les corps intermédiaires. Je mènerai à bien un nouvel acte ambitieux de décentralisation.

Je tisserai avec le Parlement des liens étroits de consultation, de discussion, et de critique. Il faudra aussi retisser le lien entre le Parlement et les Français. 

J’organiserai, pour lutter contre le populisme, l’intervention permanente du peuple dans les décisions qui le concernent, par le biais du référendum, du tirage au sort, d’assemblées et de conventions citoyennes prévues dans la Constitution. 

Je ne crois pas à la monarchie républicaine, je crois à la République démocratique. 

*

Françaises, Français,

Mes chers compatriotes de métropole et des outremers,

Voilà notre projet, voilà notre mission, voilà la tâche historique qui nous attend. Elle est immense, elle est belle, elle est difficile, elle est enthousiasmante. 

Rien ne sera facile, rien ne sera offert, rien ne sera acquis sans épreuves.

Cette élection est un combat ! Un combat pour la justice, un combat pour l’unité, un combat pour la liberté. 

Nous affrontons des forces redoutables, mais au bout de la route, il y a le redressement, la justice et la réconciliation de notre pays avec lui-même. 

Je veux une France juste et réunie pour que les Français croient de nouveau à l’avenir, qu’ils retrouvent la confiance dans leur pays, dans leurs dirigeants, dans leur République. Qu’ils retrouvent la confiance les uns dans les autres. 

Je veux que, dans 5 ans, nous puissions dire : nous avons changé le pays, nous l’avons remis sur les rails, nous l’avons réconcilié.

Oui, je veux une France juste et réunie.

La France par tous, la France pour tous. 

Je vous appelle au travail et à l’espérance.

Je vous appelle à l’engagement et au combat démocratique, pour rendre à notre pays son unité et son espoir. 

Je vous appelle à vous tenir debout la tête haute.

Et parce que nous sommes la gauche républicaine qui agit, nous serons fiers d’avoir fait le choix du courage pour offrir un avenir à nos enfants.

Oui, nous serons fiers d’avoir fait le choix du combat, du courage et de l’espérance pour la France. 

Vive la République ! 

Vive la France !

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