Les défis qui se posent à nous, citoyens, militants et dirigeants politiques, sont nombreux. Nous constatons une crise démocratique marquée par une augmentation de l'abstention, de la défiance envers les hommes et les femmes politiques comme l’action qu’ils mènent et la montée du populisme.
Nous sommes confrontés à une crise environnementale qui nécessite une rapidité d’action et surtout d’être capable d’impulser une transformation de nos modèles économiques et sociaux.
Nous affrontons aujourd’hui une crise sanitaire, qui bouscule nos habitudes, notre regard sur le monde, réveille de nombreuses craintes et mets en exergue les inégalités qui minent notre société.
Notre société est de plus en plus divisée, segmentée, par des écarts qui se creusent entre les citoyens, selon leurs conditions de vie, leur origine sociale... et des fossés construits artificiellement pour nous détourner des véritables crises qui sont devant nous.
Face à ces défis, à ces changements parfois difficiles à appréhender, les citoyens doivent pouvoir agir, sur leur vie comme sur le monde et pour cela devenir plus conscients et plus libres. Le mouvement qui porte ce projet, c’est l’éducation populaire, qui accompagne la gauche depuis maintenant plus d’un siècle et demi.
L’éducation populaire constitue un levier de transformation de notre société et d’émancipation de chacun. Son action vise plusieurs objectifs : favoriser l’émergence de citoyens capables de participer à la vie du pays, aider l’Homme à développer sa sensibilité et son intelligence et enfin lui fournir des moyens de culture, nécessaires à son épanouissement. En ce sens, l'éducation populaire participe à la cohésion sociale et la construction collective d’un destin commun.
L’éducation populaire se caractérise par des valeurs, celles de l’Humanisme ; des principes comme la reconnaissance de toutes les cultures et enfin des pratiques, qui placent l’individu comme acteur de sa vie et celle de la cité. Elle se matérialise sous de nombreuses formes, organisées à dessein ou nées des interactions du groupe qui agit ensemble.
Quand des enfants apprennent à vivre ensemble en colonie de vacances, quand des lycéens s’organisent pour manifester le vendredi afin de dénoncer l’état de notre planète, quand des habitants autour d’un jardin partagé se questionnent sur leur alimentation et la façon dont elle est produite... l’éducation populaire est à l’oeuvre. Elle permet de passer de l’individuel au collectif et d’appréhender la complexité du monde.... pour pouvoir mieux le changer.
Notre histoire récente est émaillée de crises et de modifications profondes du fonctionnement de notre société. Création de l’Ecole publique, mouvement ouvrier, émergence du temps libre et des loisirs, prise de conscience des causes et conséquences des totalitarismes au 20ème siècle, démocratisation culturelle... l’éducation populaire était présente et a évolué avec ces moments marquants. Aujourd’hui encore, elle est une réponse à la période que nous vivons. Elle est pourtant insuffisamment reconnue comme telle.
Sur ce point, nous avons un rôle à jouer en tants que militants socialistes.
L’éducation populaire a autant de définitions que de personnes qui la définissent. Car par nature, elle est une éducation critique qui vise à rendre l’individu autonome tout en étant apte à agir avec d’autre. Apprendre à débattre, à comprendre et analyser une situation (proche ou loin de soi), à en faire une lecture politique, à construire collectivement des réponses et les mettre en oeuvre puis les re-questionner..... C’est donc aussi une éducation à faire de la politique.
Afin de répondre aux défis actuels, nous devons être le parti de l’éducation populaire. Cela signifie en défendre les valeurs et les principes mais aussi et surtout les appliquer dans notre fonctionnement. L’éducation populaire, par essence, transformatrice, permet d’accompagner les mutations nécessaires tout en conservant la colonne vertébrale du socialisme.
Parce qu’il est un espace de formation et d’apprentissage, notre parti doit permettre à chacun, d’où qu’il vienne, quel que soit son métier, son parcours de vie ou ses origines, de prendre des responsabilités et de devenir un véritable acteur politique.
L’accueil des nouveaux militants, notre façon de faire des réunions, d’impliquer les militants à la vie du Parti et la formation sont autant de leviers possibles pour faire du Parti Socialiste la maison commune de toutes celles et ceux qui souhaitent s’engager pour un avenir plus solidaire, plus juste et plus écologique.
Redevenir un espace attractif pour toutes celles et ceux qui souhaitent s’engager dans la chose publique :
Redevenir la maison commune de celles et ceux qui veulent changer la société et construire un nouveau projet social et écologique est un objectif prioritaire pour notre parti. Pour cela, nous devons être aux côtés du monde associatif, des syndicats, des militant.e.s mutualistes et de tous les acteurs de la société civile qui s’engagent au quotidien pour le collectif. Cela signifie les associer autant que possible à nos réflexions et à nos travaux mais aussi inciter fortement, comme cela est prévu dans nos statuts, pour que les adhérents du parti socialiste soient membres d’une organisation syndicale et au moins d’une association.
Nous devons nous nourrir des combats portés par tout le tissus associatif, syndical et mutualiste et être le débouché politique de l’engagement citoyen de milliers de femmes et hommes.
Ouvrons nos réunions, allons dans les espaces culturels, sportifs, soyons dans les cafés, dans les manifestations, partout où l’on débat, pas seulement dans des salles de réunion. Faisons de nos combats des combats communs à toute la gauche, à tou.te.s les citoyen.ne.s, soyons la plateforme des idées de demain, redevenons une ruche militante, ayant à coeur de porter un projet de transformation de la société.
Pour ne pas tomber dans l’entre soi qui serait mortifère, nous devons notamment réfléchir à l’accueil des nouveaux adhérents. Pousser la porte du Parti Socialiste ne doit pas être un parcours du combattant. Nous devons être des facilitateurs, des passeurs, qui donnent les codes nécessaires aux citoyennes et citoyens pour prendre la parole dans le débat public et s’engager durablement à nos côtés.
Pour cela, nous avons aujourd’hui des outils, notamment avec le statut de sympathisant, pour faciliter l’entrée dans notre parti, de façon progressive et accompagnée. Il est nécessaire de continuer en ce sens en créant un parcours du nouveau militant, comprenant par exemple un kit de bienvenue, un accueil individualisée par un des responsables de la section et des formations tant sur le fond que sur le fonctionnement interne.
Les secrétaires de section ont un rôle primordial à jouer sur l’accueil de nouvelles et nouveaux militant.e.s, ils sont la vitrine de notre parti, ceux qui sont en contact direct avec toutes celles et ceux qui font le choix de s’engager à nos côtés. Ils doivent donc être accompagnés et formés à l’accueil des nouveaux camarades.
Accompagner nos camarades dans tout leur parcours militant :
Etre un parti d’éducation populaire c’est permettre à tou.te.s nos militant.e.s d’évoluer et de se construire dans le parti avec un objectif d’épanouissement individuel et collectif. Afin de lutter contre l’entre soi et le déterminisme, nous devons accompagner nos camarades tout au long de leur parcours militants.
Nous avons la force d’avoir un réseau bénévole de formateurs dans le parti qui propose une offre de formations riche sur de nombreuses thématiques aux fédérations et aux sections. Il faut s’appuyer sur cette offre et la développer pour la rendre accessible au plus grand nombre. Cependant, il est toujours compliqué de toucher tout le monde et il pourrait être intéressant de se servir des outils numériques pour rendre accessible certaines formations dans un parcours dématérialisé au plus grand nombre.
Afin de concrétiser la prise en compte de l’accompagnement de chacun, chaque fédération doit penser ces parcours et il serait intéressant d’avoir un référent, garant de l’accompagnement et à la formation des militant.e.s, qui peut être le secrétaire fédéral à la formation, et qui soit soucieux de permettre à chacun d’évoluer et de se former dans le parti.
Prendre part au renouveau du Parti Socialiste à tous les échelons :
Nous avons dans nos rangs de nombreux talents, des compétences multiples et des parcours riches qui sont parfois invisibles dans nos sections. Nous devons aider à révéler les compétences et capacités de chacun et cela passe par une réflexion sur nos pratiques pour faciliter l’émergence du plus grand nombre.
Il est parfois compliqué de prendre la parole, d’oser intervenir par peur de ne pas être un orateur suffisamment expérimenté pour se lancer dans l’arène. Nous devons donc avoir une réflexion quant à l’organisation de nos réunions : en finir avec les réunions frontales pour aller vers du participatif, essayer de nouvelles méthodes issues de l’éducation populaire où la parole de chacun est prise en compte sans se préoccuper des artifices techniques. Par son expérience, sa réflexion, son parcours, chacun a un point de vue à apporter.
À nous aussi de penser d’autres moyens de prendre en compte l’avis de chacun avec des possibilités pour chaque militant, à l’image de ce qui a été fait dans le cadre de la ruche socialiste, de prendre part, par écrit, aux grandes réflexions de notre parti.
Plus la parole circule, plus les idées se construisent : ne faisons pas de la prise de parole un obstacle à la réflexion collective, au contraire, permettons à tout le monde de s’exprimer au travers de modes de participation différents et inclusifs, de nos réunions de sections à celles du Conseil national.
Le parti socialiste a un lien historique fort avec l’éducation populaire. De nombreux hommes et femmes s’investissent toujours dans ces deux espaces de militantisme. Mais nous ne pouvons pas nous reposer uniquement sur ces liens du passé ou l’action de ces militants aux deux casquettes. Dans ses propositions politiques comme dans ses pratiques, le parti socialiste doit se ré-emparer de l’éducation populaire, comme d’un levier de transformation.
Premiers signataires :
Elise ROINEL, 75, formatrice nationale du PS et militante de l’éducation populaire
Thomas ROLLER, 83, Premier Secrétaire fédéral et militant de l’éducation populaire
Signataires :
Yannick TRIGANCE, 93, Secrétaire National, Conseiller régional
Alizée OSTROWSKI, 94, Secrétaire de section
Nora MEBAREK, 13, Membre du BN, Parlementaire européenne
Dylan BOUTIFLAT, 75, Membre du BN, Administrateur de la fédération Léo Lagrange et du Mouvement associatif d’île de France (MADIF)
Camille CASTANT, 33, Militant.e
Dimitri BICHE, 83, Secrétaire fédéral
Jean-Marie BILIATO, 84, Secrétaire fédéral, militant associatif
Axel BERRIAUX, 06, Militant.e
Laurent BEAUVAIS, 75, Militant.e
Alix SOLER-ALCARAZ, 11, Secrétaire fédéral
Samuel AVENIN, 34, Animateur Fédéral du MJS
Guillaume BONNAMMOUR , 83, Militant.e
Ninuwé DESCAMPS , 83, Secrétaire fédéral, Conseiller.ère municipal
Nicolas ANOTO, 75, Militant.e
Damien LEROUGE, 8, Membre du CN
Christelle CHARRIER, 86, Conseil fédéral, Conseiller.ère municipal
Sébastien COUDRY, 25, Secrétaire de section, Conseiller.ère municipal
Hélène ROUCH, 31, Membre du CN
Christopher DIMEK, 83, Secrétaire fédéral
Xavier PICAUD BERNET, 70, Bureau Fédéral, Conseiller.ère municipal
Joaquim TIMOTEO , 92, Bureau Fédéral, Conseiller départemental
Quentin MEUX, 49, Conseil fédéral
Marie- José ALLEMAND, 5, Premier Secrétaire fédéral
Joris VIVES, 83, Militant.e
Oulematou BA-TALL, 37, Secrétaire fédéral, Adjointe au maire
SCHWARTZ Omri, 31, Militant.e
Yasmine EL JAÏ, 75, Secrétaire fédéral
Loïck MERCIER, 56, Secrétaire de section
Flavien CARTIER, 86, Bureau Fédéral, Conseiller.ère municipal
Baptiste CHAPUIS, 45, Secrétaire de section, Conseiller.ère municipal
Tony COSTO, 66, Membre du CN
Révelyne CHABRUN, 24, Bureau Fédéral
Peter PAUPARDIN, 40, Secrétaire de section, Conseiller.ère municipal
Mireille KERBAOL, 33, Militant.e, Ex conseillère régionale, ex-adjointe ex membre du comité des régions de l’UE
Maxime ZAFIROPOULOS, 83, Militant.e
Paul PUY, 75, Militant.e
Véronique GIGNOUX-ERZATTY, 92, Secrétaire fédéral
Augustin MOREAU, 44, Militant.e
Henry ETCHEVERRY, 4, Militant.e
Jean-Luc LEGER, 27, Conseil fédéral