Moustiques tigres et maladies vectorielles : plutôt prévenir que guérir

L’accroissement du commerce international et les changements climatiques ont fortement favorisé l’expansion à travers le monde de certains moustiques, transmetteurs de maladies dites vectorielles. C’est le cas des moustiques Aedes – dont font partie les moustiques tigres. Initialement présents dans les régions tropicales, ils se répandent aujourd’hui dans les zones à climats tempérés et continentaux.

Découvert pour la première fois en France en 2004, il a été repéré dans 60 départements en 2019. Sa prolifération sur la quasi-totalité du territoire est, de l’avis même des autorités sanitaires françaises, inéluctable. Des travaux de modélisation prévoient même, selon les scénarios du réchauffement climatique, que le moustique tigre pourrait s’implanter jusqu’à Oslo (Norvège).

Ces vingt dernières années, la France océanique a connu des épidémies de chikungunya, de zika et de dengue. Celle du chikungunya, en 2005-2006 à La Réunion, est la plus importante avec un bilan officiel de 266 000 personnes touchées et de 248 décès pour un département de 757 000 habitants. Cette épidémie devenue hors de contrôle a pris fin par l’envoi de nombreux militaires et l’utilisation abusive de biocides, néfastes tant pour la santé humaine que pour la biodiversité. Celles de la dengue aux Antilles et en Guyane entre 2000 et 2014, ou de Zika sur ces mêmes territoires en 2016 ont entraîné 76 000 cas cliniquement évocateurs. Depuis 2018, La Réunion subit une épidémie de dengue : 75 000 cas cliniquement évocateurs, dont 25 000 cas confirmés, 2 351 passages aux urgences, 783 hospitalisations et 20 décès. L’année 2020 devrait malheureusement alourdir ce bilan.

En raison de la propagation du moustique tigre, l’Hexagone est, et sera, de plus en plus concerné. Les données officielles publiques l’indiquent déjà. Entre le 1er mai et le 30 novembre 2018, Santé Publique France a recensé 203 cas de dengue, zika ou chikungunya sur le sol hexagonal. En 2019, les cas sont au nombre de 731 au 29 novembre. Si comparaison n’est pas raison, une épidémie comme celle de La Réunion en 2005-2006 engendrerait 22 millions de personnes touchées et plus de 20 000 morts.

L’expérience des nombreuses crises sanitaires vécues par les territoires ultramarins doit nous alerter collectivement sur les risques que les Français de l’Hexagone encourent dans les années à venir. Des risques réels face à des insectes et des maladies mortelles qui, pour la plupart des Français, n’existent qu’à des milliers de kilomètres.

C’est pourquoi j’ai déposé, avec l’ensemble des députés socialistes et apparentés, une proposition de résolution en vue de la création d’une commission d’enquête parlementaire sur ces sujets. Celle-ci permettrait d’évaluer et de proposer, autant que nécessaire, les politiques publiques à mener contre la propagation des moustiques Aedes et des maladies vectorielles, après avoir fait l’examen des recherches et techniques françaises et étrangères actuelles (répulsifs, moustiques stériles, etc.) tout en préservant la biodiversité et la santé humaine, et les moyens de prévention tant pour nos concitoyens que pour les autorités publiques.

Cette proposition a été adoptée en commission des affaires sociales le 27 novembre dernier. Espérons, pour la santé de tous les Français, que ce vote sera confirmé dans l’Hémicycle à l’occasion de son examen le jeudi 12 décembre.

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