Par Nathalie Sarrabezolles, Secrétaire Nationale à l'environnement et aux bien communs.
Alors que l’heure tourne et que les Françaises et les Français commencent à ressentir les effets du dérèglement climatique dans leur vie quotidienne, alors que les décisions nécessaires pour faire face à ces enjeux humains sont de plus en plus urgentes, Michel Barnier choisit de reléguer la question environnementale au second plan. Le Premier ministre ne cherche même plus ni le faux-semblant des annonces ni l’effet cosmétique de ses prédécesseurs. Un retour en arrière dans l’esprit comme dans la lettre, mais pas surprenant pour un gouvernement inscrit très à droite, dans le courant politique qui, partout en Europe, tire un trait sur les ambitions écologiques. Même constat au Parlement européen où, faisant fi de ses accords, le PPE a en effet fait de choix de suivre la très active Georgia Meloni dans la casse de la juste transition proposée par le Green Deal.
Quelles marges de manœuvre aura donc Mme Pannier-Runacher, l’auto-proclamée figure de la chimérique aile gauche macroniste, arrivant dans le gouvernement le plus à droite en France depuis des décennies, constitué sous l’œil bienveillant de l’extrême-droite ? Peu si l’on en croit le périmètre de son ministère, dans lequel ne figurent ni le logement, ni les transports, ni la mer, ni la forêt, ni, bien sûr, l’industrie, et les positions climatosceptiques voir climatodénialistes de nombre de ses collègues, au premier rang desquels la ministre de l’agriculture, pro-pesticides et pro-agriculture intensive avérée. Il est illusoire d’imaginer une seconde que la nouvelle Ministre pourra agir efficacement alors qu’elle avait déjà échoué, sous de précédents gouvernements, à faire atterrir au Parlement une loi de programmation énergie-climat et n’avait pu concrétiser des textes-clés tels que la programmation pluriannuelle de l’énergie. Sans parler d’inverser la tendance d’un budget annoncé par Bercy, dans lequel de nouvelles coupes sont prévues, qui touchent tout à la fois le fonds vert, la protection de la biodiversité, l’électrification des transports… Comme toujours, beaucoup d’annonces, peu de résultats.
Ainsi, malgré des effets connus, recensés même sur le site du Ministère : « Le changement climatique a déjà impacté l'accès à l'eau et à l'alimentation (réduction de la croissance de la productivité agricole sur les 50 dernières années), la santé (augmentation des maladies vectorielles transmises par les moustiques, hausse de la mortalité liée aux vagues de chaleur) et l'activité économique », le choix du nouveau gouvernement est de renoncer à l’action de protection des populations pour préserver les intérêts de quelques acteurs d’un modèle dépassé, injuste et dangereux.
Si nous voulons que nos concitoyennes et concitoyens, ainsi que leurs enfants, vivent dans de bonnes conditions, en bonne santé, aient accès à une nourriture saine et à de l’eau de qualité en suffisance, il faut agir et agir vite. De nombreuses parties prenantes s’y engagent : citoyennes et citoyens, corps intermédiaires, chef.fe.s d’entreprises, responsables d’exploitations agricoles, partenaires associatifs… Au Parti socialiste, nous sommes de ces parties prenantes, dans nos principes et dans nos actes. Nous portons le projet politique clair, ambitieux et réaliste, d’une bifurcation écologique qui préserve l’intérêt général et nos biens communs, qui ouvre des perspectives pour l’ensemble des Françaises et des Français.