Combats socialistes : Non à l’économie de la flemme


Thème : Économie et travail


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Débat

Dans les villes se sont développées depuis la crise sanitaire d’étranges activités : dans des locaux commerciaux transformés illégalement en dark stores et en dark kitchens, des travailleurs et travailleuses employé.e.s selon des statuts précaires préparent des colis de livraison et des repas à livrer pour d’autres travailleurs et travailleuses en open space dans des espaces de coworking ou en télétravail. Cette dystopie n’en est pas une, c’est bien la réalité vécue actuellement par bon nombre de nos concitoyen.nes !

La version ripolinée et sexy de cette économie de la flemme où on se fait livrer, selon les cas, le repas de midi, l’apéro avec les copains, les bouteilles de lait et les couches des bambins, les courses de la dame âgée qui ne peut plus monter les escaliers, ça ne marche pas quand on la regarde à la loupe. 

Car la crise sanitaire et ses confinements ont fait exploser nos cadres de consommation, même si elle progresse ces dernières années au profit de la digitalisation toujours plus grande de toutes nos intermédiations. La livraison à domicile de colis et maintenant de repas et de courses est devenue une habitude pour une part toujours plus grande de la population urbaine ; souvent dans l’indifférence la plus totale quant aux conséquences de cette nouvelle donne.

Proposer

Pour les travailleurs et les travailleuses d’abord. Des tâcherons sous la coupe d’un nouveau contremaître 2.0 qu’est l’algorithme, contraints pour l’immense majorité d’être micro-entrepreneurs, donc privés des protections les plus élémentaires face à la maladie, à la perte d’activité et pire, aux accidents du travail. Combien de travailleurs ont dû exercer dans l’illégalité la plus totale pendant les confinements pour pouvoir subsister ?

Pour les droits humains ensuite alors que des études universitaires, comme celle du Laboratoire Villes Mobilité Transport de l’Université Gustave Eiffel, montrent qu’une immense majorité des livreurs sont des sans-papier, abandonnés aux pires conditions de travail qui existent puisque contraints de sous-louer des comptes et donc d’être eux-mêmes prisonniers des pires trafics et du stress de ne pas être payés, voire d’être déconnectés sans préavis.

Pour nos villes enfin avec le développement anarchique d’entrepôts qui ne respectent aucune règle d’urbanisme, s’inscrivent en opposition la plus totale aux politiques volontaristes de sauvegarde des commerces de proximité et des ateliers d’artisans, animateurs de nos quartiers. Ces entrepôts, en plus de contribuer à l’économie de la flemme, sont de grandes sources de nuisances notamment sonores ; dont se plaignent souvent les mêmes usagers !

Alors que les métropoles françaises – dont la ville de Paris - ainsi que France Urbaine, ont alerté le gouvernement et réussi à le faire reculer sur une définition laxiste des commerces de centre-ville dans le code de l’urbanisme qui aurait ouvert un boulevard aux startups lancées dans la course à l’implantation de ces entrepôts et de ces cuisines clandestines, le combat est loin d’être terminé.

Face à ces constats, les socialistes français et européens, qui ont toujours été les fers de lance de l’émancipation des droits humains, doivent continuer de lutter contre la plateformisation anarchique de l’économie et de l’emploi. C’est le sens des combats menés par nos sénateurs et députés contre les lois des gouvernements Macron qui cherchent à toujours davantage protéger les plateformes plutôt que les travailleurs des plateformes, par nos camarades espagnols à travers la loi riders mais également notre camarade Nicolas Schmit commissaire européen dont la directive est en cours d’examen au Parlement Européen.

Nous alertons sur le fait que l’ensemble des services à la personne et même du tertiaire sont susceptibles d’« ubérisation » ! 

Agir

Face à cette situation, nous appelons à :

  • La régularisation de tous les sans-papiers travailleurs de plateformes actuellement en activité sur le territoire, et à soutenir leurs mobilisations.
  • L’adoption et la transposition sans délai de la directive Schmit pour instaurer une présomption de salariat, renverser la charge de la preuve en matière de requalification et commencer à contrôler les algorithmes.
  • Contraindre les plateformes à rendre public leurs algorithmes et les faire contrôler par la CNIL ou une autre autorité indépendante pour s’assurer du respect des droits humains, des libertés informatiques et du code du travail.
  • Revoir d’urgence le statut d'auto-entrepreneur qui doit rester un statut tremplin, et supprimer le statut de micro-entrepreneur.
  • Revoir la loi pour mieux définir les darkstores et darkitchens et donner aux mairies davantage de pouvoir pour réguler leurs implantations. 

Nous souhaitons que notre parti lance une grande campagne d’éducation sur les conséquences de ces nouveaux modes de consommation car il y a des humains derrière nos écrans. Nous sommes convaincus que les citoyens-consommateurs ont un pouvoir et que leur sensibilisation à des réalités qu’ils méconnaissent permettra de contribuer à réguler et contraindre les changements profonds auxquels nos sociétés sont soumises.

Loin d’être défavorables à l’économie numérique, nous n’acceptons pas et n’accepterons jamais qu’elle devienne une prédatrice de nos acquis sociaux et qu’elle transforme toujours plus notre société et nos concitoyen.ne.s en machines à consommer.

Nous appelons à une économie du partage pour un meilleur usage de nos ressources limitées afin qu’elles bénéficient au plus grand nombre. De nombreuses entreprises créées dans l’économie sociale et solidaire telles que les coopératives alimentaires, les repair cafés, les tiers lieux, l’agriculture urbaine en sont les exemples à poursuivre et à développer. 


Premiers signataires : Gaston Laval

Combats Socialistes - Paris : Lyes Bouhdida-Lasserre, Yvain Bourgeat-Lami, Dorine Bregman, Pierre-Eugène Burghardt, Louis Daumal, Mathieu Delmestre, Yasmine El Jaï, Michel Gelly-Perbellini, Franck Guillory, Céline Henquinet, Alexandra Jardin, Joséphine Lanfranchi, Luc Lebon, Hugo Longeas, Mirina Mammeri, Estelle Naud, Marie-Laure Perrouault, Emma Rafowicz, Maxime Sauvage, Joachim Taieb, Eloi Venumière, Vincent Verbavatz, Jean-Noël Vieille, Karim Ziady.


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