Thème : Socialisme de rupture
« Je vous en supplie, effrayez plutôt que de duper. Ne dissimulez pas le véritable visage du socialisme. Exagérez-le encore, plutôt que de le masquer. » — Léon Blum, 37ème congrès de la SFIO (1945)
Les Jeunes socialistes ont repris le chemin de leurs combats historiques. Nous portons cette grande idée pluricentenaire qu’est le socialisme, synonyme de la transformation radicale de la société pour y faire advenir l’égalité par la démocratie.
Les défis que traversent la France et plus largement l’Europe, sont nombreux et nous demandent d’être audacieux. Ces dernières années, une menace s’est faite de plus en plus forte : l’extrême-droite. Nous le constatons dans les anciens territoires miniers du Nord, dans les anciennes terres industrielles de l’Est et de la côte atlantique, dans les territoires ruraux d’Occitanie ou de la Provence. Partout en France, en Europe et dans le monde, cette menace grandit et nous concerne toutes et tous. Cette ombre sur le vivre-ensemble et la démocratie s’est propagée au fil des années où la gauche a abandonné la défense d’une rupture avec l’ordre des choses, ou d’une droite en perte de repères prête à se jeter dans les bras des identitaires pour perdurer.
La désespérance, la peur du déclassement, l’inexistence de perspectives d’avenir : voici les ferments nourrissant la montée des idées d'exclusion, de détestation de l’autre, de repli sur soi. Réussir à refaire vivre l’espoir, à réaliser la promesse républicaine, à vivre mieux : c’est le projet qui permettra de convaincre, de reforger une majorité sociale en faveur de la rupture pour le progrès, et non pour le retour en arrière. C’est la mission que se fixent les Jeunes socialistes, historiquement et philosophiquement.
Parce que nous voulons gagner, nous sommes unitaires. L’union de la gauche que nous défendons doit être crédible et porter notre idéal socialiste. Nous nous assurerons que nous ne reviendrons jamais en arrière, alors que nous nous relevons juste de nos errements passés. Nous assumerons toutes les ruptures nécessaires pour gagner et changer la vie. Nous n’accepterons aucune compromission avec ce que nous sommes, ni avec les ennemis de la démocratie et les identitaires, ni avec les libéraux et ses complices.
Nous, Jeunes socialistes, portons un socialisme écologique de rupture. Le libéralisme économique, le capitalisme financier, montrent aujourd’hui plus que jamais les déséquilibres qu’ils produisent dans nos sociétés, les souffrances et les injustices. Renversons ces équilibres. Assumons de défendre un projet de transformation de notre modèle économique et social qui garantit et consacre des droits avec des mesures concrètes qui ensemble donnent de la cohérence à un projet socialiste que l’on pourra porter auprès des françaises et des français.
Tirons enfin les conclusions du libéralisme et du patriarcat destructeur et proposons un nouveau modèle économique et social.
Dans ce congrès du Parti socialistes, les Jeunes socialistes apportent avec cette contribution, d’une part une vision du positionnement stratégique qui doit être celui du socialisme écologique au sein du débat politique, d’autre part que des propositions de réforme de rupture qui nous semblent nécessaires pour crédibiliser ce discours. Nous défendrons cette vision et ces propositions avec l’objectif qu’elles puissent irriguer les initiatives qui naîtront de ce congrès.
I. LA RUPTURE AVEC LE LIBÉRALISME ET LE PRODUCTIVISME : POUR UNE ÉCONOMIE DU BIEN-ÊTRE AU SERVICE DE L’HUMAIN
Face aux inégalités sociales sans cesse en augmentation, aux actionnaires toujours plus riches, à nos services publics chaque jour plus abîmés, à la crise écologique, il est urgent de repenser notre système économique et social. Les évidences économiques qui ont fondé la parenthèse issue de 1945 s'effondrent aujourd’hui : le libre-échange n’est plus compatible avec un modèle de développement durable et ne cesse de creuser les inégalités entre travailleurs ; la priorité donnée à la croissance obère les progrès à réaliser dans la sécurité et la santé au travail ; la délocalisation des productions industrielles nuit à l’environnement et à la cohésion de nos territoires.
Jeunes socialistes, nous considérons que la force du socialisme est sa capacité à adapter sa compréhension des sociétés à travers les époques et proposer des réponses politiques aux enjeux actuels. Deux options doivent, dès lors, être évacuées. En premier lieu, nous ne reviendront pas au modèle des Trente Glorieuses fondé sur une croissance forte et prédatrice des ressources et des humains, qui ne correspond plus avec notre société et aux besoins des populations. En second lieu, la libéralisation de l’économie par la dérégulation affaiblit les protections des travailleurs et ne peut être synonyme que de dégradation des conditions de vie. Par conséquent, il est de notre responsabilité de proposer un nouveau modèle de développement économique dont la boussole doit être : produire moins de superflu, produire plus de bien-être.
Le droit à l’emploi
Nous refusons la logique libérale de privation d’emploi, alors même que l’exclusion du travail nourrit le repli sur soi. En parallèle, les attaques contre les droits au chômage s’intensifient, elles mettent en péril les bases de notre système de protection sociale.
- Nous portons l’instauration d’une garantie d’emploi, généralisant les expérimentations « Territoires Zéro Chômeur de Longue Durée » et les adaptant aux particularités de nos territoires.
Garantir le temps libéré
Pour répondre à l’aspiration à « vivre mieux », nous affirmons la nécessité de réduire le temps de travail dans la semaine, dans l’année et dans la vie. Travailler moins, c’est vivre mieux, tout en répartissant le travail. C’est également reconnaître le travail invisible, bénévole et gratuit, qui permet la cohésion de lasociété mais qui demeure méprisé par la logique capitaliste libérale.
- Nous défendons la semaine de 32 heures sans perte de salaire, d’une 6e semaine de congés payés, d’un âge légal de départ à la retraite de 60 ans pour 42 annuités de cotisation.
Le droit au travail digne
L’amélioration des conditions de travail est un pré-requis à l’épanouissement individuel. Le combat socialiste implique de lutter contre les discriminations au travail, d'assurer une rémunération et un temps de repos en adéquation avec la pénibilité et les situations individuelles.
- Nous défendons la rémunération de tous les stagiaires, une meilleure prise en compte de la pénibilité et la généralisation du congé menstruel.
Une fiscalité au service de l’égalité
Le système fiscal français a été dénaturé au fil des réformes, en trois points. Tout d’abord, le taux effectif d’imposition des entreprises a diminué et a induit une progression de la charge fiscale sur les ménages. Ensuite, l’imposition des revenus est devenue de moins en moins progressive par une diminution de l’impôt sur le revenu et un remplacement par la CSG. Enfin, l’imposition du patrimoine est sous-dimensionnée par rapport à celle des revenus, rendant impossible une correction réelle des inégalités.
- Nous proposons la fusion de l’impôt sur le revenu et de la CSG en un impôt progressif et juste sur le revenu, ainsi qu’un rehaussement de la fiscalité sur le patrimoine et l’héritage.
II. LA BIFURCATION ÉCOLOGIQUE EST UNE CONDITION DU PROJET SOCIALISTE MODERNE
La crise climatique n’est pas seulement un défi environnemental, c’est une menace directe contre l’égalité, la justice sociale et la démocratie. En 2024, la température moyenne à la surface du globe a déjà dépassé le seuil symbolique de +1,5°C fixé par l’Accord de Paris, bien avant l’horizon initial de 2050. La disparition accélérée des espèces, la raréfaction des ressources naturelles essentielles, en particulier de l’eau, et l’intensification des catastrophes climatiques sont autant de symptômes d’un modèle épuisant la planète et condamnant les plus modestes.
Lutter contre la crise écologique
Alors qu’en France, les 1% les plus aisés émettent autant de CO2 que la moitié de la population, le dérèglement climatique frappe les plus précaires. Ainsi, la dégradation de l’environnement ne se contente pas de bouleverser les écosystèmes, elle fait peser un risque vital sur les droits fondamentaux : accès à l’eau, à la santé, à l’alimentation ou encore à un logement digne.
Nous défendons une bifurcation écologique juste, portée par la puissance publique, avec un investissement massif dans les infrastructures de transport, la rénovation thermique, le développement des énergies renouvelables et la protection des biens communs. Cela passe par un grand plan de réindustrialisation verte.
- Nous portons l’idée d’un plan de réindustrialisation verte pour permettre de relocaliser, décarboner et produire sobrement tout en créant des emplois utiles socialement et écologiquement.
Le droit à une alimentation saine et durable
Alors que l’inflation alimentaire frappe de plein fouet les ménages populaires et que l’accès à une alimentation de qualité est inégalitaire, nous affirmons que bien se nourrir doit être un droit et non un privilège. L’alimentation est au croisement de plusieurs enjeux : santé publique, justice sociale et transition écologique.
- Nous défendons l’instauration d’une sécurité sociale de l’alimentation, qui permette à chaque personne d’acquérir des produits de bonne qualités, locaux, tout en soutenant le pouvoir de vivre des agriculteurs.
En soutenant la transition vers une agriculture biologique et durable, en assurant des débouchés rémunérateurs pour les agriculteurs et en sortant de la dépendance aux accords de libre-échange, nous voulons garantir à chacune et chacun le droit fondamental de se nourrir sainement, sans dépendre de la solidarité familiale ou du hasard des territoires.
III. LES SOCIALISTES POUR DES SERVICES PUBLICS VECTEUR D’ÉGALITÉ
L’évolution récente du capitalisme mondialisé se caractérise par l’extension sans fin du règne de la marchandise. Face à ce défi, les services publics apparaissent comme l’expression concrète d’une résistance à la logique marchande. Ce « patrimoine de ceux qui n’en ont pas » permet à la République de se faire vraiment sociale, d’assurer l’égalité non seulement en droit mais aussi en fait.
Le démantèlement inédit des services publics n’est pas seulement une trahison des idéaux républicains, il est une menace pour la cohésion sociale. Quand l’hôpital devient une entreprise, quand l’école est réduite à un service payant, quand l’eau se privatise, ce sont les fondements mêmes de la communauté qui vacillent. Défendre les services publics, c’est réaffirmer que notre modèle de société repose sur la solidarité, contre la fragmentation et l’individualisme que le marché impose.
Les services publics sont le socle concret de l’égalité, et au cœur du combat socialiste. Pourtant, depuis des décennies, le démantèlement progressif des services publics sous l’effet du libéralisme a fragilisé la cohésion sociale, aggravé les fractures territoriales et sapé l’idéal républicain. Face à cela, nous réaffirmons que l’accès effectif aux services publics doit être garanti partout et pour toutes ettous. Ce droit est d’autant plus urgent pour les territoires délaissés par la République : espaces ruraux, quartiers populaires, petites villes et outre-mer.
Nous portons un rééquilibrage territorial ambitieux, par un plan national de renforcement des services de proximité essentiels.
Refonder l'école
Notre combat a toujours été la lutte contre tout déterminisme social. L’émancipation individuelle et collective : voilà notre idéal républicain. L’école de la République a un rôle central dans ce combat. C’est ce lieu du vivre-ensemble où l’esprit critique et la citoyenneté se forgent. Pourtant, elle est victime d’un abandon de la part des gouvernements successifs, n’étant non plus cet outil nécessaire à la promesse d’émancipation et d’égalité, mais un vulgaire poste de dépense vu comme superflue par la logique néolibérale.
Nous devons porter une réforme ambitieuse pour l’école publique en recrutant massivement des enseignants, mieux rémunérés, mieux formés, en réduisant largement les financements publics aux établissements privés.
La mixité sociale à l’école est la condition de la réussite éducative. Les plus favorisés parviendront toujours à donner à leurs enfants des moyens de succès scolaire. Les autres ont besoin de l’école publique. La présence d’enfants de cadres permet d’augmenter les résultats de l’ensemble des élèves moins favorisés. La mixité scolaire permet aussi la découverte de l’altérité, en l’occurrence sociale, la compréhension de l’Autre. L’école privée s’embourgeoise pendant que l’école publique se paupérise.
- Nous portons la fin de l’évitement scolaire par l’enseignement privé, en intégrant le privé à la carte scolaire.
Un enseignement supérieur ouvert à toutes et à tous
L'enseignement supérieur est un service public, une promesse faite à la Nation et à la jeunesse, pas seulement un outil pour produire des salariés conformes aux attentes des entreprises. L’enseignement supérieur doit être financé en conséquence et la marche de libéralisation et de marchandisation doit cesser. Nous devons lutter contre les inégalités territoriales pour que chaque étudiant bénéficie des mêmes droits.
Nous proposons d’investir massivement dans l’université et créer des places afin de mettre fin à la sélection pour entrer dans nos universités, de supprimer Parcoursup et Mon Master et toute sélection inégalitaire et de mettre fin au dualisme entre universités et grandes écoles, pour construire un réel service public universitaire et investir dans les filières professionnelles.
Pour l’émancipation des jeunesses
La jeunesse est la classe d’âge la plus touchée par la pauvreté. Nous récusons l’idée selon laquelle la jeunesse, entre 18 et 25 ans, serait un moment “d’apprentissage de la vie” durant lequel il serait admis que les conditions de vie soient détériorées. D’abord parce cette pensée renforce les inégalités de départ, mais aussi parce qu’elle condamne une génération à la précarité et la prive de toute dignité. Tout comme nous avons mis en place des systèmes d’aides pour les personnes âgées n’étant plus en âge de travailler, nous défendons un système d’aide pour les jeunes ne pouvant pas encore travailler vivre dignement de leur travail, que ce soit du fait d’études supérieures ou de difficultés à s’insérer sur le marché de l’emploi. Permettre à tous les jeunes de vivre correctement, de pouvoir se loger et se nourrir, c’est une question d’humanité. C’est un investissement dans l’avenir.
- Nous défendons la mise en place d’une allocation d’autonomie jeunesse, versée sans prise en compte des revenus des parents ou tuteurs, d’un montant de 70% du revenu médian.
Protéger la santé de toutes et tous
Il est temps de repenser le système de santé pour que la situation sociale et géographique ne soient plus des marqueurs discriminants. Il faut reconstruire un parcours de soins cohérent qui inclut la médecine de ville et ambulatoire. La gestion comptable de l’hôpital public, qui a fragilisé et précarisé l’ensemble des personnels, doit être stoppée. Comment dans la 6ème puissance du monde pouvons nous tolérer de voir des services d’urgence contraints de fermer, des Français ne pouvant plus être soignés, des personnels hospitaliers en extrême souffrance ?
Le recrutement et la revalorisation des métiers et des salaires de tous les personnels soignants est urgent. Il est temps de réfléchir à un autre modèle de financement pour notre hôpital public, débarrassé de la tarification à l’activité.
- Nous portons le projet d’une Grande Sécurité Sociale, fusionnant sécurité sociale et complémentaires santé.
Nous voulons également une réforme du statut des médecins : formés par nos universités publiques, ils doivent être intégrés à la fonction publique : financement de leurs études et rémunération juste durant celles-ci, en contrepartie de dix années dûes à l’Etat, selon une affectation territoriale, sur le même modèle que celui de la majorité des fonctionnaires.
IV. RÉAFFIRMER L’ÉGALITÉ DES LIBERTÉS POUR FAIRE SOCIÉTÉ
La liberté est une valeur fondatrice du socialisme. Cependant, elle ne peut être réelle que si elle est égale entre tous les individus de la société. Nous ne concevons pas la liberté comme un dû personnel mais comme une capacité qui doit être ouverte à tous et garantie par la puissance publique.
Réhabiliter la conception collective et positive de la liberté, c’est oeuvrer pour l’égalité, mais c’est aussi le meilleur moyen de la distinguer de l’individualisme. Alors qu’outre-Atlantique et même en France, certains tentent de faire croire que la liberté s’acquiert par la disparition de l’État, réaffirmons que c’est à la condition d’une puissance publique forte que la liberté est possible.
Pour une culture émancipatrice et accessible
La culture est un pilier de la République qui permet l’émancipation et la cohésion sociale. Elle est attaquée, d’une part par les libéraux, d’autre part par les réactionnaires. Et ces deux adversaires s’allient aujourd’hui de plus en plus pour tuer l’exception culturelle. Nous devons la défendre, garantir un accès de toutes et de tous à la culture, mais aussi protéger les auteurs et les artistes, la diversité culturelle et la liberté de création. La culture que nous défendons doit être une culture populaire, faite par tous et pour tous, une culture multiple, variée et accessible partout.
- Nous défendons ainsi la création de nouveaux établissements culturels sur l’ensemble des territoires « sous-dotés » : bibliothèques, cinémas, musées. L’éducation artistique et culturelle prendra pleinement sa part à l’école et le statut des artistes sera protégé et amélioré.
La laïcité comme condition de l’émancipation et de la concorde nationale
Nous sommes les héritiers des républicains de 1793, des concepteurs de la loi de 1905 et de celle de 2004. La laïcité, forgée au gré des tumultes de la République, se révèle plus que jamais un bien précieux. Souvent instrumentalisée par la droite et l’extrême-droite pour viser nos compatriotes de confession musulmane, elle protège chaque Française et chaque Français des pressions communautaires ou familiales. Elle est un outil de concorde nationale, autorisant chacune et chacun à se définir en dehors de toute assignation identitaire.
Toutefois, en rester à cette approche de concorde limiterait sa portée. Elle a toujours été pensée comme favorisant l’émancipation, l’affranchissement des dogmes. La laïcité est l’une des incarnations de notre universalisme républicain. Chaque individu doit pouvoir penser par soi-même, avoir un esprit critique. A l’heure où les fondamentalismes religieux et les identitaires prospèrent, en particulier chez les jeunes, la laïcité doit plus que jamais être un principe de liberté.
Briser le patriarcat et les discriminations
La lutte contre les discriminations envers les femmes et les minorités est au cœur du combat socialiste pour l’égalité réelle. Dans le monde du travail, dans la rue, dans la sphère privée, les violences sexistes et sexuelles, ou encore l’invisibilisation des luttes féministes et antiracistes continuent de freiner l’émancipation de millions de personnes. Nous défendons le renforcement des moyens de lutte contre les violences faites aux femmes, la reconnaissance de la charge mentale et la revalorisation des métiers à prédominance féminine.
Alors que l’égalité des droits est remise en question dans le monde, les socialistes doivent être à l’avant-garde des combats pour les droits LGBTI. Les Jeunes socialistes puis le Parti socialiste ont porté des propositions historiques : le PACS,le mariage pour tous. Aujourd’hui, c’est la sécurité des personnes LBGTI qui est remise en cause, avec une hausse de la violence inédite. La mission des pouvoirs publics est de les protéger, comme tout autre citoyen, mais avec une attention particulière face aux menaces auxquelles ils font face. Les forces de l’ordre devront faire l’objet de formations dédiées. Plus généralement, un plan national de tolérance devra voir le jour au sein de l’Éducation nationale pour lutter contre les préjugés qui nourrissent les discriminations et la violence du quotidien.
- Nous défendons le renforcement du Défenseur des droits comme vigie de l’égalité et de la lutte contre toutes les discriminations. Sa saisine doit être simplifiée, ses pouvoirs élargir pour qu’il puisse émettre des injonctions à l’égard des pouvoirs publics.
Selon la Commission consultative des Droits de l’Homme, 1 million de personnes estiment avoir subi au cours de l’année au moins un acte raciste. 96% ne portent pas plainte. Cette situation témoigne de l’ampleur de cette problématique systémique et de son ancrage dans notre société. Nous faisons de la lutte contre le racisme et toutes ses formes un combat pour l’égalité. Nous ne pouvons supporter que des citoyens de notre République subissent des violences et soient discriminés pour des caractéristiques réelles ou supposées. Cette lutte contre le racisme devra se construire comme une politique d’acceptation de la tolérance et de condamnation des discriminations.
- Nous défendons l’instauration d’un récépissé de contrôle d’identité, pour lutter contre le racisme du quotidien et contre les contrôles d’identités discriminatoires.
Les actes antisémites sont en hausse constante depuis plusieurs années, et en particulier depuis le 7 octobre 2023. Les socialistes doivent affirmer sans ambiguité et avec clarté une lutte intransigente contre tout antisémitisme.
Retrouver le goût du sport populaire
Les JOP ont rassemblé le pays autour des valeurs du sport. Pourtant, les subventions aux structures sportives subissent des réductions fragilisant les petits clubs. Pour une société plus équitable, nous devons garantir l’égalité des sexes dans le sport, par une stricte égalité des revenus. L’Éducation physique et sportive doit devenir une priorité éducative, avec 4 heures hebdomadaires durant la scolarité, un accent sur la natation et la création d’associations sportives dans les écoles.
Un plan ambitieux de 10 000 équipements sportifs supplémentaires est nécessaire. En augmentant le budget du ministère des Sports à 1% du budget, nous pouvons redynamiser le secteur.
V. ABOLIR L’EXCLUSION ET GARANTIR UNE VIE DIGNE
L’exclusion matérielle et sociale nourrit le ressentiment et rend impossible toute cohésion nationale. Elle est l’illustration d’une société qui ne donne plus la priorité au bien-être des individus, mais qui les fait se plier aux contraintes du marché. Abolir l’exclusion n’est pas une utopie, mais un objectif politique que les socialistes doivent s’assigner. Elle doit être une boussole dans toutes les propositions que nous portons et se constituer comme un facteur de cohésion nationale. Nous sortirons de la société du “tous contre tous” pour une société de la socialisation effective du risque.
Lutter contre le mal-logement
Le logement est un droit consacré par le Préambule de la Constitution de 1946. Or, son accès est de plus en plus difficile, du fait d’un marché aux règles capitalistes en essoufflement. Il est nécessaire d’augmenter le nombre de biens en interdisant la mise en ligne de nouveaux AirBnb dans les zones tendues et en limitant le nombre d’années de location. Le nombre de logements sociaux et de logements étudiants se doit d’augmenter urgemment. Nous devons être mobilisés pour lutter contre l’habitat indigne, pour donner à toutes et tous des conditions de vie décentes et pour que n’arrive plus des drames comme celui du 5 novembre 2018 à Marseille.
- Ainsi, il faut permettre de nouveaux logements sociaux, par la réhabilitation ou la construction, et généraliser l’encadrement des loyers.
Accueillir dignement
La France doit renouer avec son héritage d’accueil, en alliant humanisme et justice. Nous ne pouvons nous résoudre à voir mourir des femmes, des hommes et des enfants en Méditerranée. Nous ne pouvons tolérer que l’AME soit menacé, les étudiants étrangers discriminés, les français binationaux stigmatisés.
- Nous défendons une réforme totale du droit des étrangers et de l’asile, la création d’un organisme public indépendant chargé du sauvetage en mer et la réforme profonde des centres de rétentions administratives (CRA).
Mettre fin à la pauvreté
14% de la population vit sous le seuil de pauvreté. Cette situation résulte de choix politiques visant à incriminer l’individu. La responsabilité de lutter contre la pauvreté est pourtant collective. Nous devons protéger le système de redistribution français, qui permet de faire passer les écarts de revenu de 13 à 3 et de diminuer largement le nombre de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Les aides apportées aux publics précaires sont insuffisantes et le non-recours diminue leur portée.
- Nous proposons ainsi l’instauration d’un revenu minimum de base versé automatiquement, fusionnant le RSA et les aides au logement, avec une condition de faveur qui ne fera aucun perdant parmi les plus précaires.
Lutter contre la marginalisation géographique et agir pour les outre-mer
Depuis plus d’une trentaine d’années, la France s’est développée autour de grandes métropoles concentrant les universités, les emplois, les lieux de pouvoirs. Par effet miroir, de nombreux territoires ont connu désindustrialisation, disparition des services publics et des commerces du quotidien. Nous prônons à long terme un rééquilibrage territorial.
Les territoires d’outre-mer sont oubliés par la République. Ils subissent un sous-investissement massif de la puissance publique, la catastrophe à Mayotte a mis en lumière ce désengagement de l’Etat. Les problématiques locales de ces territoires doivent légitimer une différenciation des solutions, adaptées. Les citoyens des outre-mer doivent pouvoir profiter des mêmes services publics.
Le droit à la mobilité pour l’émancipation
Il est également nécessaire de faire de la mobilité un droit universel. La mobilité rythme nos vies, de l’école à la retraite, en passant par le travail et les vacances. Nous refusons l’idée que les mobilités devraient perdre de vue les notions d’égalité et de service public. Nous portons ainsi la mise en place de la gratuité des transports en commun et la gratuité du permis de conduire pour toutes et tous, sans conditions de revenus ou de lieux de vie.
VI. FAIRE DE LA RÉPUBLIQUE LE CIMENT DE LA SOCIÉTÉ
Une République parlementaire, sociale et écologique
La Ve République démontre aujourd’hui son incapacité à répondre à l’attente démocratique des citoyens. Le peuple français désire participer au débat politique et à la prise de décision. Les institutions actuelles ne le permettent pas. Elles favorisent le débat de personnes à la place du débat d’idées. Elles ne permettent plus à la politique de répondre à sa promesse philosophique qu’est de provoquer la transformation de la société. Dès lors, tout comme les socialistes du XIXe siècle ont participé à la définition d’un régime parlementaire élargissant la sphère démocratique, les socialistes du XXIe siècle ont la responsabilité de concevoir l’élargissement de la participation politique.
Un constat s’impose : la démocratie semble capturée, lointaine, bloquée. La République n’est plus perçue comme un régime permettant de réformer positivement le pays pour améliorer la vie. Nous devons donc réhabiliter la place de l’État, émanation de la République. Le système politique n’est plus le réel reflet des courants d’idées dans la société, du fait d’un mode de scrutin favorisant la stratégie électorale au choix sincère et éclairé. Nous devons donc repenser nos modes de scrutin, favoriser la proportionnelle mais aussi expérimenter les nouvelles méthodes de scrutin. La présidentialisation du régime empêche tout débat serein et verticalise l’action des gouvernements et des partis politiques. Nous devrons aller vers une VIe République qui mette fin au président-monarque.
Parce que les jeunesses se sentent exclues du débat national, nourrissant uneabstention grandissante, il est de notre responsabilité de lui permettre de s’exprimer largement. Poser des actes de confiance envers la jeunesse, à un moment où la droite et l’extrême-droite cherchent à la caporaliser, doit être une priorité des socialistes. Nous défendons l’ouverture du droit de vote à 16 ans aux élections locales et aux élections européennes, comme cela est le cas dans d’autres pays, à l’instar de l’Allemagne. Le droit de vote aux élections locales devra également être — enfin — ouvert aux personnes étrangères résident en France.
Une République dont l’action internationale est tournée vers la paix, fidèle et en défense de ses valeurs pluricentenaires
Nous croyons que la construction d'un monde plus juste et plus solidaire repose sur une action diplomatique orientée vers la prévention des conflits et la promotion d'un ordre international fondé sur le droit. Nous devons redéfinir la doctrine diplomatique de la France en la fondant sur des principes d'éthique et de solidarité.
Cela implique de mettre fin aux logiques de domination et de compétition effrénée. Face à l'invasion de l'Ukraine par la Russie, il est essentiel de soutenir fermement le peuple ukrainien dans sa quête de souveraineté et de liberté. Cela passe par une aide humanitaire, économique et militaire, ainsi que par un soutien diplomatique sans faille aux initiatives visant à restaurer son intégrité territoriale.
Au Moyen-Orient, nous réaffirmons notre soutien à une solution à deux États, fondée sur les frontières de 1967 et avec Jérusalem comme capitale partagée. La paix entre Israël et la Palestine nécessite des efforts concertés pour mettre fin à l'occupation, garantir la sécurité des deux peuples et promouvoir le dialogue.
Contributeurs :
Premiers signataires :
- Emma Rafowicz - députée européenne et Présidente des Jeunes socialistes
- Rémi Boussemart - SG des JS et candidat du printemps à la présidence des Jeunes socialistes
- Maylis Quivy - SN des JS et Présidente du printemps des JS
Signataires : Adrien Pourrat ; Alexis Bouchard ; Andreas Mulard ; Anzil Tajammal ; Arnaud CHABOUD ; Arthur Balossier Merchan ; Arthur Job ; Arthur Latourte ; Aurélie Ortiz ; Aurore Pageaud ; Axel Berriaux ; Camille LEPRIEUR ; Camille Leroy ; Cédric Parisi ; Clément Deixonne ; Cyprien Asseh ; Elias H'limi ; Eliott Boulais-Rivière; Emma Richard ; Estelle Picard ; Evan Delattre ; Ezékiel Lucas ; Flavien Cartier ; Florent Gautier ; Franck CHARLIER ; Gaëtan Canevet ; Garance Litha ; Hugo Couratin ; João Martins Pereira ; Jules Marquaille ; Julien Ancousture ; Karl LEGERON ; Killian MONTESQUIEU ; Léon FLACHAT-BERNE ; Louis Bichebois-Delhief ; Louis DAUMAL; Louis L'Haridon ; Louise Foutrel ; Louise Meigneux ; Maël Le Pillouër ; Margot VANDECANDELAERE ; Marguerite LE PAGE ; Marilou Guiguet ; Martin Cousin ; Mathys Leblanc ; Maxime Ayrault-Barjou ; Maxime DUBOUCHAUD ; Medhi Renard; Nadia Kharfallah Nicolas Délerin ; Olivier BERTHELOT ; Pauline Gavrilov ; Pierre Breton ; Raki Ba ; Robin Aubry ; Ronan Farnos ; Sarah Metennani ; Simon Blin ; Sofiène Sadallah ; Tanguy Bardot ; Théophile Bernard ; Timy Antigny ; Victor Géraux ; Rémi Pierre-Emmanuel Vidal ; Thibaud Rosique ; Hugo Longeas ; Yvain Bourgeat-Lami ; Charline Meyer.