Un pas décisif et inédit dans la prise en compte du défi du coût de la vie dans les territoires d’outre-mer

La commission d’enquête sur le coût de la vie en outre-mer créée à l'initiative des députés socialistes et apparentés en février dernier vient de conclure ses travaux.

Le rapport de Johnny Hajjar, député de la Martinique, constitue un véritable message d’alerte sur la situation critique des territoires ultramarins.

Grâce aux 49 auditions réalisées sous serment et aux 67 propositions formulées, cette commission d’enquête représente un pas décisif et inédit dans la prise en compte du défi du coût de la vie dans les territoires d’outre-mer.

Les causes structurelles – l’éloignement, l’insularité, l’exigüité des marchés – sont réelles, mais il n’est pas possible de leur attribuer toute la responsabilité du coût de la vie dans les outre-mer. Cette commission d’enquête a permis d’identifier et de confirmer d’autres causes : 

  • Les territoires d’outre-mer sont captifs d’un modèle de consommation largement calqué sur le modèle hexagonal et donc sur l’importation de marchandises, au détriment d’une production locale qui peine à exister, à être rentable et à permettre aux petits producteurs de vivre dignement de leur travail.
  • Quelques grands groupes profitent de la situation, en rachetant notamment les entreprises dans une logique d’intégration horizontale et verticale. Ils sont en situation d’oligopoles de fait, notamment pour l’approvisionnement en gros de certains produits et finissent par pouvoir déterminer les prix du marché dans certains secteurs.

Tout cela sans réaction des autorités chargées de garantir la concurrence et les droits des consommateurs.

Quand la situation est critique, le remède doit être fort. Les propositions formulées dans le rapport d’enquête ne sont pas des "mesurettes" comme celles proposées par le Gouvernement cette semaine, mais s'inscrivent dans le cadre d’un véritable plan de déchoquage économique et social en faveur des Outre mer.

Le premier objectif doit être d’aboutir à une véritable baisse des prix pour les consommateurs de l’ordre de 10 à 20 %, en négociant avec les grands groupes une baisse des marges de l’ensemble des acteurs de la filière, mais aussi en passant d’une logique de maîtrise volontaire des prix – celle actuellement à l’œuvre dans le bouclier qualité-prix – à une logique de blocage des prix des produits de première nécessité.

En matière de revenus, il faut parvenir à l’égalité réelle pour les Françaises et les Français quel que soit leur territoire de vie :

  • En augmentant significativement les salaires ultramarins (de l’ordre de 20 %) à travers l’organisation d’une conférence sociale ;
  • En créant une prime de vie chère, financée par une taxe sur les profits des grandes entreprises opérant outre-mer ;
  • En majorant les prestations sociales légales versées outre-mer d’un complément égal au différentiel de coût de la vie avec l’Hexagone ;
  • En créant une allocation destinée à acheter des produits issus des circuits courts dans les territoires d'outre-mer.

Concernant les petits entrepreneurs, acteurs incontournables du développement économique local, le rapport propose de mettre fin aux concentrations et aux rachats, qui mettent les grands groupes de distribution en situation d’oligopole et en capacité de fixer les prix, notamment de l’alimentaire, pour tout un territoire.

Enfin, le rapport propose d’aller plus loin sur le plan institutionnel, en envisageant le transfert de nouvelles compétences aux collectivités ultramarines qui le souhaitent.

Les députés socialistes et apparentés seront mobilisés pour porter ces propositions contre la vie chère dans les territoires d’outre-mer et cela dès cet automne lors des débats budgétaires.

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