Pour un parti vraiment féministe


Thème : Parité dans le Parti socialiste


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La population française c’est 51,6% de femmes ; 2,2 millions de femmes de plus que d’hommes.

Notre parti se dit féministe, dans le concret, c’est quoi ? Quelle est la place des femmes au parti socialiste ? Quelles propositions pour l’améliorer ?

 

-  Notre parti se déclare féministe, et veut œuvrer pour défendre les droits des femmes et la parité. Il se doit donc d’être exemplaire dans son fonctionnement interne. Ce qu’on affiche, il faut l’appliquer.

Une suggestion pour commencer : remettre les choses au clair en posant la question « qu’est-ce que le féminisme pour les militantes et militants du parti socialiste ? » Réaliser une série d’interviews de femmes et d’hommes de notre parti.

1 - Un constat qui est souvent revenu : la difficulté de prise de parole pour les femmes lors de réunions un peu importantes, mais d’une façon générale en AG de section ou en conseil fédéral. Les femmes, (mais aussi de plus jeunes adhérents), se sentent un peu écrasées par ceux qui s’expriment de façon régulière, parce qu’ils ont les clés, parce qu’ils ont l’habitude, parce qu’ils connaissent les fonctionnements. Ce sont des hommes qui le plus souvent s’expriment en premier. Certaines femmes auraient envie de s’exprimer,mais pensent que ce sera sûrement beaucoup moins intéressant que ce qui vient d’être dit, ou pensent qu’elles seront peut-être ridicules n’osant pas demander des explications sur le sujet débattu. Lorsqu’elles s’expriment, leur parole est souvent « volée ». Ce qu’elles viennent de dire est repris par un homme, et c’est cette dernière parole qui est retenue. C’est décourageant….

Quelles propositions pour que la parole soit équilibrée ?

Sur le dernier point, nous avons appris lors d’une formation prise de parole, qu’on peut appliquer le systèmeObama. Pour empêcher la spoliation par un homme de l’idée émise par une femme, faisons preuve de sororité. Lorsqu’une femme s’exprime et qu’un homme prenant la parole à son tour s’approprie son expression, une deuxième femme soulignera et reprendra « comme une telle l’a dit tout à l’heure, … ».

Sur la distribution de la prise de parole, il ne suffit pas de décider de respecter la parité. Le respect du temps de parole est certes important. Mais il faut avant tout faire en sorte qu’en amont les choses évoluent.On ne peut obliger une femme à prendre la parole. Il faut faire en sorte que de plus en plus le fassent naturellement.

  • Il faut offrir d’abord le plus de formation possible à l’instar de celles que certaines d’entre nous ont suivi.
  • Il faut pour chaque réunion une animatrice ou un animateur, qui peut tourner éventuellement.

Nous devons retrouver nos fondamentaux. Militer au parti socialiste, c’est aussi apprendre. En particulier lesconseils fédéraux doivent aussi être des instances de formation. Ce n’est pas le lieu d’affirmation des postures. Ceci est valable pour toute réunion nationale importante. Il faut ménager un temps formel de questions réponses sur ce qui vient d’être abordé, ou ce qui va être abordé, pour que tout le monde sesente initié. Alors il peut y avoir des réflexions constructives.

L’animatrice ou l’animateur doit veiller au temps de parole, à la distribution paritaire et que la parole des uns et surtout des unes et des autres soit prise en compte. Il ou elle devra à chaque fois rappeler les règles pour le déroulé de la réunion.

 

2 - Les candidatures femmes aux différents scrutins

Les prochaines élections seront probablement les municipales, sauf législatives anticipées. Si c’est le cas, ne pas trouver de faux prétextes pour désigner un homme plutôt qu’une femme comme candidat. En juin-juillet dernier, dans de nombreuses circonscriptions, des femmes de valeur ont été écartées, … parce qu’il fallait faire vite, le sortant était mieux placé, on n’avait pas le temps de se faire connaître, … ou sansvraiment de raison. Ceci a été très mal ressenti, et laisse des traces dans les différentes fédérations.Conséquence (et semble-t-il on ne fait pas grand-chose pour y remédier), les représentations et délégationsde notre parti dans diverses discussions sont très masculines. Cela ne donne pas une très belle image, et c’est contre-productif.

Nous respectons évidemment beaucoup mieux que certains partis de droite la parité des candidatures. Mais reconnaissons que trop souvent encore ce sont les circonscriptions les plus difficilement gagnables qui sont confiées à des femmes.

D’une part cela ne donne pas vraiment envie à des femmes de se présenter, de travailler dur pour construire des projets, si c’est pour rester indéfiniment dans l’ombre.

D’autre part, cela va à l’encontre de la diversité des regards et des expériences, nécessaire pour construire une société qui répond aux besoins et aux aspirations de toutes et de tous.

Demander la parité, y compris et surtout dans les instances de pouvoir, ce n’est pas juste pour nous faire plaisir, mais c’est un impératif démocratique.

D’une façon générale, les femmes représentent 16,7% des présidences régionales 22,2% des présidences départementales, 19,9% des maires

Donc, même lorsque la parité dans les listes est obligatoire, le plafond de verre est terrible. La parité en soi ne suffit pas.

  • Il serait nécessaire de faire un état des lieux pour nos élu×es socialistes. Les chiffres font souventréfléchir. La majorité des militants socialistes, et des militantes espérons- le, approuvent le fait qu’il faudrait plus de parité, et que les femmes sont aussi capables que les hommes de prendre des responsabilités, mais les stéréotypes inconscients sont toujours là. D’autant que plus de femmes, par exemple au niveau des législatives, implique que des hommes laissent leur Et s’il estcompétent, s’il a bien travaillé, etc… le syndrome de l’imposture pointe son nez. Il faudrait peut-être instituer dans nos rangs une limitation des mandats dans le temps.
  • En politique, dans notre parti, comme dans beaucoup d’autres domaines, les codes masculins sont dominants et sont les critères de la réussite. C’est l’héritage de l’histoire. Les femmes doivent pouvoir aussi imposer leurs propres La diversité est créatrice de valeurs. Il s’agit de forger une culture partagée qui s’inscrive dans tous nos programmes.
  • Outre cet état des lieux, installer systématiquement par exemple un mentorat avec la personne sortante, faciliterait le renouvellement, et permettrait aux femmes en particulier d’aborder en confiance un mandat. Les réseaux de femmes, à l’instar de celui que nous mettons en place en Loire-Atlantique, doivent être généralisés à toutes les fédérations, afin de prendre mieux en compte laparole des femmes et soutenir les candidatures féminines.

 

3 - La mise en œuvre des « bonnes » idées, le changement des mentalités, passent beaucoup par la formation et un retour aux fondamentaux de notre parti qui sont parfois (souvent ?) oubliés.

Il est d’abord impératif de faire en sorte que les femmes de notre parti aient la possibilité de s’investir en politique à égalité avec les hommes. Il est toujours difficile de concilier vie politique, vie professionnelle et vie privée, de concilier vie de famille et temps militant. Ce sont souvent les femmes qui sacrifient le temps militant, en particulier lorsqu’elles ont des enfants, car la société les y poussent. Coupées de la vie militante pendant un certain temps, ce sera d’autant plus difficile pour elles de reprendre des responsabilités et éventuellement d’être candidates à différents scrutins. Nous voulons que la société change, cela implique d’imaginer les moyens du changement, en faisant évoluer par exemple certaines de nos habitudes.

  • Essayer d’alterner les jours et horaires de réunions, penser éventuellement à aménager un espace enfants, serait sans doute facilitateur, y compris pour beaucoup d’hommes.
  • Les réunions en hybride sont aussi un facteur très positif de participation, pour toutes ET POUR TOUS, en particulier pour celles et ceux qui sont éloigné×es des centres urbains où presque tout se passe.
  • Il faut aussi que toutes les militantes et tous les militants suivent des formations sur ce que signifie exactement la parité, sur les VSS. Même lorsque l’on est convaincu×e le naturel revient souvent au galop, car nous baignons dans les stéréotypes sexistes depuis notre naissance.
  • La formation sur les VSS est en principe obligatoire pour les futur×es candidat×es à une quelconqueélection. C’est encore loin d’être réalisé car les formateurs et formatrices sont en nombre limité, et que bien sûr les agendas de toutes et tous sont souvent chargés. Là encore des formations en visio devraient permettre de pallier une partie de ces difficultés, même si, nous le savons, le présentiel est inégalable.
  • Il nous semble impératif de mettre en place un grand plan de communication interne, à destination de tout le monde, sur ces questions. Et nous suggérons de faire signer à chaque nouvel adhérent et nouvelle adhérente une charte de respect de l’égalité femmes/hommes, comme marque de l’engagement de notre parti.
  • Et bien sûr il est important de mettre l’accent sur les Nos jeunes militantes et militants ont exprimé leur grande satisfaction sur les formations réalisées par l’équipe   pédagogique    nationale.    Cela    doit    faire   partie   de    l’accueil et de l’accompagnement des militantes et militants dans leur parcours.

 

La question de l’égalité femmes/hommes au sein de notre parti, est un incontournable, qui doit traverser tous les textes d’orientation. Nos propositions devraient donc être prises en compte quelle que soit l’issue de notre congrès. Cette question mérite une mobilisation collective, dans chaque fédération, et dans toutes les instances de notre parti.


Contributeurs : Conseil fédéral de la fédération du parti socialiste de Loire-Atlantique


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