Pour un socialisme municipal du 21 ème siècle : reconquérir et transformer les territoires


Thème : Municipale


Qu'allons-nous faire du socialisme municipal ?

Le Parti socialiste a longtemps été la colonne vertébrale de la gauche municipale. Son implantation locale a fait sa force, tant par la densité de ses élus que par la richesse de son engagement au service du quotidien de nos concitoyens et concitoyennes. Le socialisme municipale a longtemps été vu comme un moyen de reconquérir le pouvoir pour la gauche mais aussi un outil de transformation réelle. Théorisé depuis le 19ème siècle, éprouvé au 20ème siècle, qu’allons-nous faire du socialisme municipale au 21 ème siècle ?
Il nous faut réinterroger cette histoire, ses réussites, ses limites, et surtout pour tracer le chemin d'une reconquête.

Nous devons travailler à la reconquête des territoires , non comme une fin en soi, mais comme un moyen de transformer la société. L'action municipale est politique : elle doit être au service des plus défavorisés, tendre à réduire les inégalités sociales, territoriales, écologiques, et garantir à toutes et tous un accès à des services publics de qualité. Elle doit incarner une démocratie du quotidien , concrète, inclusive et émancipatrice.
Nos victoires de demain reposeront sur la clarté de notre projet et la sincérité de notre engagement . Dans plusieurs territoires, nous avons donné l'image d'une gauche gestionnaire plus que d'une gauche transformatrice, technique plus que politique. Nous avons parfois négligé l'écoute, la co-construction, la nécessaire transformation sociale..

Le socialisme municipal s'est construit historiquement sur la proximité, la capacité d'agir au plus près des besoins. Il a su transformer les villes en laboratoires d'innovation sociale, d'éducation populaire, de politiques culturelles ambitieuses, de développement des services publics locaux. Mais cet héritage est à réinterroger à l'aune des défis contemporains : urgence climatique, crise démocratique, montée des inégalités, fracture territoriale.

Nous avons trop souvent confondu bonne gestion et vision politique . Être de gauche, ce n'est pas seulement bien gérer. Nous devons adopter une forme de radicalité dans nos réponses et dans les innovations que nous portons. C'est avoir le courage de poser des choix clairs : réinvestir dans les quartiers, promouvoir la mixité sociale, s'opposer à la marchandisation de la ville, affirmer le droit à la ville pour tous. Le réformisme municipal ne peut être qu'un réformisme exigeant, radical et populaire .
Enfin, notre enracinement territorial repose aussi sur notre capacité à animer la vie démocratique locale , à faire vivre un tissu associatif, culturel, solidaire. Or, nous assistons à un affaiblissement de cette dynamique, à une perte d'identification du Parti socialiste comme acteur de référence. Il est urgent de recréer des espaces militants vivants , porteurs de débat et d'initiatives, notamment dans les quartiers populaires, les communes rurales, les territoires délaissés.

1. En 2026, à la conquête des territoires, de tous les territoires ?

Aujourd’hui nous faisons le constat d’un vote dans différents dans les bourgs et les tours, dans les centres villes et les villages, nous devons être porteur de solution pour tous avec une réponse adaptée en adéquation avec le territoire.

1a. Socialistes des villes, socialistes des champs

Les dernières élections municipales ont été marquées par une forme de soulagement : peu de défaites symboliques, quelques belles conquêtes (Nancy, Saint-Denis…) ou reconquêtes (Montpellier). Mais ce bilan est en trompe-l'œil. Le Parti Socialiste recule, concentré désormais dans les grands pôles urbains.
Dans le même temps, EELV a pris le leadership à gauche dans plusieurs métropoles (Tours, Bordeaux, Lyon…), parfois même sans appui du PS (Poitiers, Strasbourg). En 2020 c’est la force politique qui a permis des bascules de la droite vers la gauche majoritairement.
En parallèle, l’analyse des différents scrutins démontrent un recul important.
En 2008, le PS et ses alliés géraient près de 60 % des communes de plus de 30 000 habitants, y compris Paris, Lyon, Lille, Nantes, Rennes ou Montpellier.
En 2014, nous perdons plus de 150 villes de plus de 9 000 habitants, dont Toulouse, Reims, Angers, Quimper, Saint-Étienne. En 2020, la tendance ne s'inverse pas.

Pour préparer les conquêtes de 2026, nous devons agir dès maintenant. Un travail de cartographie politique et de mobilisation des fédérations est indispensable, les outils numériques en cours de déploiement seront un levier essentiel. Fédération par fédération, nous devons définir une stratégie de reconquête. La FNSER et les UDESR doivent être nos partenaires de premier plan dans cette démarche.
Pour permettre la reconquête le Parti Socialiste doit réconcilier son image de bon gestionnaire avec une ambition politique plus radicale.

Nous devons repolitiser nos exécutifs et offrir aux sympathisants un espace accueillant et formateur, pour leur permettre de franchir le pas de l'engagement.

Les listes citoyennes ont parfois permis une ouverture salutaire, mais c’est aussi le risque :
- d’une hyperpersonnalisation de la vie politique locale, rendant difficile la transmission des responsabilités et affaiblissant les ancrages militants.
- Une perte de repères quant aux enjeux politiques des exécutifs. (ex : une liste se dit apolitique en ruralité mais que vote l’exécutif aux sénatoriales, est-ce vraiment apolitique ?)
Notre stratégie de conquête doit s'appuyer :
- Un recensement précis des situations locales , fédération par fédération.
- Une stratégie différenciée selon les territoires : ne pas plaquer les mêmes modèles partout, mais adapter notre offre politique.
- S’appuyer sur une structure de formation généralisée des militants, permettant de faire émerger une diversité de profils.
- une formation spécifique des têtes de liste socialistes, la constitution d’un réseau

Dès avril , nous connaissons les chefs de file socialistes dans les villes où nous sommes dans l'opposition ou où les maires sortants ne se représentent pas. Ce collectif doit être immédiatement animé.
En octobre , nous aurons identifié les situations de dérogation (maires sortants qui se représentent ou se retraitent tardivement). Dès à présent, nous devons programmer des temps collectifs pour anticiper ces échéances, favoriser les rencontres, créer une dynamique et enrichir notre collectif.

1b. Permettre des victoires pour agir contre les inégalités

Les situations ou les socialistes sont en majorité, la campagne sera souvent liée à une histoire à une dynamique de l’équipe actuelle et les socialistes anticipent majoritairement les situations de passation. L’exemple récent de Lille est significatif quant à l’élégance de l’équipe en place, ,particulièrement de la Maire sortante et la détermination à garantir une victoire socialiste.
Deux situations attirent particulièrement notre attention et nécessite un appui privilégié, celle des oppositions et celle des primo candidatures.
En soutien des oppositions socialistes
Considérons qu’ être dans l'opposition ne doit pas être une fatalité, et que notre collectif doit être au service de tous.

Dans de nombreuses villes moyennes ou grandes, nous disposons d'oppositions structurées, incarnées par des personnalités identifiées. Ces oppositions ont les moyens de s'ancrer durablement à travers les cycles électoraux (municipales, départementales, législatives…).
Mais elles souffrent parfois d'un procès en illégitimité, d'un traitement médiatique défavorable dans la presse locale. Il faut nous travailler à leur légitimité, pour qu'elles incarnent une alternative crédible et audible.
Le Parti socialiste peut s'appuyer sur un réseau d'élus expérimentés. Nous devrions mettre en place un système de parrainage/ marrainage entre anciens et nouveaux/futurs élus, entre actuels élus et élus en conquête.
En parallèle nous devons travailler à leur accompagnement :
- Formés à la prise de parole publique , à la stratégie de communication locale
- Animer un réseau
- Identifier des élus référence en capacité de s’investir sur le territoire.
Cela permet d’assurer une transmission d'expérience et renforcer notre maillage territorial. Ce travail, en lien avec les UDESR, est une priorité.

Faire émerger de nouvelles candidatures et soutenir
Notre perte de militants se fait particulièrement ressentir dans les territoires ruraux et périurbains. À quelques exceptions près, nous constatons un déficit de cadres politiques locaux.

Nous devons :
- Mobiliser nos élus locaux pour repérer, former et soutenir les nouveaux visages.
- Offrir un cadre clair, bienveillant et structurant à celles et ceux qui souhaitent s'engager.
- Être des facilitateurs, le parti doit permettre un appui en soutenant les campagnes, fournissant des outils, mutualisant les ressources
- construire un "pack d'accompagnement" pour les campagnes : graphisme, budget, conseils juridiques, plan de communication, trames de réunions publiques
- Proposition un appui financier au commune sous le seuil de remboursement.

2. En 2026, un socialisme municipal à la hauteur des défis du siècle

Nous ne pouvons pas penser la reconquête territoriale sans assumer une vision programmatique claire, ambitieuse, populaire . Le socialisme municipal du XXIe siècle doit répondre à trois grandes urgences : l'urgence sociale , l'urgence écologique , l'urgence démocratique .
Il ne s'agit pas de plaquer un catalogue de promesses, mais de bâtir une cohérence d'action. Une politique municipale de gauche ne se limite pas à la redistribution : elle transforme la ville, le rapport aux services publics, l'usage de l'espace, les conditions de vie, les liens entre habitants et habitantes.

2.a. Une écologie populaire, territoriale

L'écologie ne doit pas être le privilège des centres-villes. Elle doit irriguer l'ensemble du territoire, de la métropole aux quartiers populaires, des périphéries aux zones rurales. C'est là que le socialisme municipal peut faire la différence. Notre politique en matière d’écologie doit veiller à ne pas exclure.

Nos engagements :

- Lutter contre les inégalités environnementales (pollution, accès aux espaces verts, alimentation saine).
- Refuser la gentrification verte : une écologie qui ne chasse pas les plus modestes , mais améliore leurs conditions de vie.
- Réinventer les mobilités : transports publics accessibles , mobilités douces, lien entre les centres et les périphéries.
- Accélérer la rénovation énergétique des logements sociaux et du parc public.
- Soutenir les circuits courts, l'agriculture paysanne et l'économie de proximité .
- Protéger le vivant : préserver les terres agricoles, stopper l'artificialisation, végétaliser les villes.

2.b. Un projet solidaire et égalitaire

Le socialisme municipal doit réaffirmer son rôle historique : protéger les plus vulnérables, corriger les inégalités, garantir les droits fondamentaux.
Protéger nos services publics ou les réaffirmer dans les territoires permet de lutter efficacement contre la gentrification et la dérive vers les extrêmes. En effet, dans une étude récente il a été démontré que la où les gares disparaissent le vote RN progresse. C’est la disparition des bureaux de poste, des écoles, de tout ce qui incarne le contrat social qui nourrie le vote RN.

Nos priorités :

- Garantir un égal accès aux droits et services publics (santé, éducation, mobilité, enfance…)
- Renforcer les services publics locaux : crèches, centres sociaux, santé de proximité, cantines, maisons des solidarités.
- Faire de la ville un rempart contre la précarité : accès au logement, lutte contre les expulsions, tarification sociale.
- Soutenir les actions d'éducation populaire , les maisons de quartier, les lieux d'accueil inconditionnel et intergénérationnel.
- Participer à la réappropriation des espaces publics en garantissant l’accès aux différents types de mobilité, en repensant et redynamisant l’implantation des mobiliers urbains.
- Mettre nos territoires à hauteur d’enfants et de nos aînés.
- Garantir une jeunesse accompagnée : accès au sport , à la culture , à l'emploi: accès au sport, à la culture, à l'emploi, à la formation, à la citoyenneté.
- Mettre en place des budgets municipaux sensibles au genre , luttant contre toutes les formes de discriminations.
- Revaloriser les métiers de la ville : agents municipaux, personnels de l'enfance, du soin, de la culture.

Reconquérir les territoires ne peut se limiter à une stratégie électorale. Il s'agit de réaffirmer un ancrage politique : refonder: refonder notre rapport au terrain, notre manière de faire campagne, notre manière de gouverner.

Le socialisme municipal doit redevenir :

- Une porte d'entrée dans l'engagement politique .
- Un outil de transformation concrète du quotidien .
- Un chemin capable de faire le lien entre le local et le global.


Contributeurs :
Premiers Signataires :
Fanny PIDOUX, membre du conseil national, fédération du (45)
David JACQUET, fédération du 45, Maire d'Artenay, Vice Président de la région Centre Val de Loire, Président de l'UDESR, (45)
Thomas GODART, membre du conseil national (94)
Malika BONNOT, élue de la ville de Lyon, (69)
Vincent TISON, militant (37)
Maieul TELLIER, militant (89)
Timothé LUCIUS, conseiller municipal, secrétaire de section (45)
Sébastien BAGUEREY, militant (37)
Baptiste CHAPUIS, conseiller départemental, conseiller municipal (45)
Dylan BOUTIFLAT, secrétaire national du PS, (45)
Cédric Maréchal, millitant (45)


 

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