Pour une démocratie sociale

Thème : Démocratie


 

Quand le résultat des urnes n’a plus d’impact sur la gouvernance du pays, c’est la République toute entière qui est en danger. Le sursaut républicain des dernières élections législatives a donné le Nouveau Front Populaire en tête pour finalement que le pays se retrouve avec la même politique qu’avant, un gouvernement de droite.

La confiance, déjà fragile, des électrices et électeurs avec la politique, est mise à mal par des apprentis sorciers qui préfèrent les petits arrangements à la voie démocratique.

La gauche doit réagir. Face aux populismes, aux porteurs de fake news, aux diviseurs, nous devons retrouver la voie d’une République apaisée à laquelle chacun se sent appartenir.

Il est urgent de construire une véritable démocratie sociale pour retrouver une République dans laquelle l’engagement qu’il soit politique, syndical, mutualiste ou associatif est reconnu comme un atout essentiel.

Ces dernières années, le mépris systématique des corps intermédiaires a marqué une rupture profonde avec la sociale-démocratie. Les syndicats, les associations sont tenus à l’écart de la décision politique : trop peu consultés et jamais écoutés sur les réformes.

Le discours de la droite macroniste a remis en cause leur légitimité à prendre la parole dans le débat public, renvoyant chacun à son domaine respectif comme n’étant pas partie prenante des affaires de l’Etat. Emmanuel Macron a fait ce que la droite n’avait jamais osé : mépriser de façon systématique et délégitimer les corps intermédiaires. Pourtant le pouvoir politique ne peut pas fonctionner en silo, les élus ne sont pas des spécialistes de tout et n’ont pas vocation à l’être. Une réforme ne se construit pas dans un bureau parisien mais en consultant, en négociant pour obtenir des résultats conformes à l’intérêt général, d’autant plus à un moment où la légitimité du politique est sans cesse remise en cause.

De plus, cette manière de gouverner participe largement à accentuer la défiance des Françaises et des Français envers la politique. Elle se manifeste de manière particulièrement visible d’élection en élection par l’abstention ou le vote d’extrême droite. Cette défiance est notre responsabilité collective mais elle est arrivée à son paroxysme avec Emmanuel Macron : en gouvernant seul, en remettant en cause les frontières de la droite et de la gauche, en voulant être seul en lice face aux extrêmes, en rejetant les corps intermédiaires, il a été le catalyseur de la crise démocratique que nous traversons.

Pourtant, nous pouvons sortir par le haut de la crise démocratique : la société civile organisée doit être un appui central dans la pratique du pouvoir grâce à son expertise, son assise territoriale, sectorielle, son travail de fond et sa représentativité.

Nous sommes un peuple politique dans le sens de l’intérêt porté à la chose publique et la volonté d’engagement au service de l’intérêt général est forte. Les mouvements des gilets jaunes, nuit debout, les manifestations massives de ces dernières années, sur la réforme des retraites, des agriculteurs, montrent l’envie de participer davantage aux prises de décisions. L’engagement se porte bien : ce sont près de 20 millions de personnes qui sont bénévoles dans une association, plus de 2 millions de Françaises et de Français engagés syndicalement, des dizaines de milliers de militantes et militants mutualistes.

Les jeunes s’engagent massivement dans des associations défendant des causes qui leur tiennent à cœur, dans des syndicats , des ONG. C’est une chance pour le pays et il faut encourager ces démarches en les valorisant, en reconnaissant l’apport sociétal.

La société civile organisée est notre atout. Nous proposons de construire une véritable démocratie sociale pour recoudre la République et redonner confiance en la politique. C’est la plus value de la gauche, ils ont les magnats de la finance, les lobbys, nous avons la force citoyenne.

Pour cela, il faut réconcilier l’engagement citoyen et la politique et renouer un lien fort et permanent avec le monde associatif, mutualiste et syndical. Il est nécessaire de considérer l’expertise citoyenne à part entière tant dans la production d’idées que dans la manière de gouverner, pas de se contenter de faire appel à quelques personnalités “issues de la société civile” au moment de constituer des listes.

L’expertise citoyenne doit être prise en compte de manière systématique dans la pratique du pouvoir. La négociation, la consultation, les compromis nécessaires doivent être les étapes indispensables de toute réforme. La société civile organisée doit avoir les espaces d’expression et la capacité de saisir les pouvoirs publics plus directement et plus ouvertement.

La démocratie politique et la démocratie sociale sont les deux faces d’une même pièce et cela fait partie de notre ADN, nous devons être le point de rencontre de la société civile organisée.

Nous devons faire vivre la démocratie partout, à chaque espace de pouvoir son contrôle démocratique. Les associations représentatives d’usagers, de locataires, d’intérêts collectifs, les mouvements mutualistes, sont autant d’espaces de dialogues et de débats qu’il faut mettre en valeur et qu’il faut entendre. Il faut remettre les syndicats à leur juste place, celle de corps intermédiaires indispensables à la bonne vie démocratique où leur parole, parce qu’elle est représentative, parce que les représentants du personnel sont des élus, doit avoir un poids certain dans la prise de décision.

Retrouver la démocratie sociale, c’est enfin oser faire le pari de l’engagement pour la société ! Donner toute sa place à la société civile organisée c’est encourager toutes ses formes d’engagement et les reconnaître pour ce qu’ils sont, une participation citoyenne, volontaire, essentielle au bon fonctionnement de la République.

Il n’y a rien de plus beau que l’engagement, qu’il soit associatif, syndical, mutualiste, politique. C’est décider de se mettre au service d’un collectif et donc de prendre sa part dans la vie en société. C’est donner de son temps, mettre de côté parfois son temps personnel, sacrifier des loisirs, des soirées, des week-ends pour faire vivre le lien social et apporter ainsi sa pierre à l’édifice commun. Il doit être reconnu à sa juste valeur, celle d’actrices et d’acteurs du mieux vivre ensemble. Les parcours des bénévoles doivent être accompagnés et valorisés.

Nous avons toujours été le parti de la démocratie sociale. Le projet des socialistes doit être à l’avant garde pour qu’à chaque échelon nous redonnions une place centrale au dialogue social, à l’expertise citoyenne. Parce que la manière dont on conquiert le pouvoir conditionne le pouvoir en lui-même, nous devons prendre notre part.

Il faudra commencer dès la préparation des élections municipales de 2026 en mobilisant l’expertise citoyenne par des échanges, des auditions dans le cadre de la construction des programmes. Face à une extrême droite qui cherche à fracturer davantage nos territoires, portons l’ambition de mobiliser toutes celles et ceux qui s’engagent au quotidien pour rassembler, pour créer du lien social, pour faire vivre nos villes et nos quartiers.

Aussi, dès à présent, faisons de notre parti le laboratoire d’un dialogue social, citoyen riche et effervescent. Ayons pour objectif que chacun de nos débats, de nos chantiers puisse convoquer de manière systématique l’expertise citoyenne.

Renforçons les liens avec les associations dans les territoires en permettant partout où cela est possible d’utiliser les locaux des socialistes pour des réunions, des permanences d’associations.

Pour promouvoir l’importance de l’engagement, en lien avec les fédérations, les secrétaires de section, rendons effectif l’obligation pour tout adhérent du Parti Socialiste d’être aussi militant syndical, mutualiste ou associatif.


Contributeur : Thomas ROLLER - Secrétaire national à la vie associative (13), Jean-Louis ARAIGNON (95), Daniel BOISSEAU (16), Sami BOUZID (13), Flavien CARTIER - 1er Fédéral (86), Arthur DELAPORTE Député (14), Maxime DES GAYETS - Conseiller Régional IdF - BN (75), Ninuwé DESCAMPS - SN (83), Frédéric DZIURLA - Co-Président association d'éducation populaire (62), José GARCIA - 1er Fédéral (06), Audrey GATIAN - SN - Adjointe au maire de Marseille (13), Thomas GODARD - CN (94), Emilie LAURY (62), Christophe LAVIALLE - 1er Fédéral (45), Yoan LEVY - CN (13), Laurent LHARDIT - Député (13), Timothé LUCIUS - Secrétaire de section (45), Brigitte MARCINIAK - Secrétaire de section (56), Léa MARTINOVIC - SF (13), Frédérique MEYNET - 1ère Fédérale (74), Caroline MEYNET (74), Anthéa MIGLIETTA - CN (13), Prosper MOUAK (45), Lotfi MOUSSA - SN (92), Marième NDIAYE (95), Yannick OHANESSIAN - 1er Fédéral (13), Enzo PHILIP - AF MJS (13), Estelle PICARD - CN (79), Fanny PIDOUX - CN (45), Maylis QUIVY - SN JS (13), Emma Rafowicz - Présidente des Jeunes socialistes - Députée européenne (75), Marielle RENGOT - Adjointe au maire de Lille (59), Anne-Sophie SIDANI - SF (13), Mélanie THOMIN - Députée (29), Yannick TRIGANCE - Conseiller Régional SN (93)


 

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