Publication du rapport IGAS 2023 : la situation du secteur de la petite enfance en France

– Mardi 25 avril 2023

Céline HERVIEU, secrétaire nationale Petite enfance et Famille

Léa PAWELSKI, secrétaire nationale adjointe Accompagnement à la parentalité

Mardi 11 avril dernier, l’IGAS publiait un rapport sur le secteur de la petite enfance en France, faisant état de graves dysfonctionnements au sein de certains établissements, notamment du secteur privé. Cette situation de malaise dans le secteur de la petite enfance était prévisible : les difficultés rencontrées par le secteur sont dénoncées depuis de nombreuses années par les professionnels et le Parti Socialiste ! 

Aujourd’hui, la situation de pénurie de professionnels conduit les équipes à être sous tension permanente, elle augmente la charge de travail et la charge mentale des professionnels présentsl.  La pénurie des professionnels constitue un facteur aggravant autant qu'un symptôme. Les professionnels de la petite enfance, majoritairement des femmes, ne sont pas considérées à la hauteur de leur utilité sociale et de la place qu’elles méritent au sein de notre société. Les critères de pénibilité sont nombreux dans leur métier : l’exigence psychologique d’une attention permanente dans l’éveil et l’accompagnement des enfants, les volumes horaires importants, les niveaux sonores, le port de charges lourdes, les glissements de tâches etc.. 

Les solutions sont en partie connues et attendues depuis de nombreuses années, elles ne le sont que davantage suite à la parution de ce rapport de l’IGAS  : revalorisation des salaires, amélioration des conditions de travail, revalorisation des métiers de la petite enfance dans le discours public, réflexion sur les modes de financement, accent porté sur la qualité de l’accueil etc..

Les faits remontés de maltraitance ou de dysfonctionnement au sein du rapport sont identiques à ceux constatés dans l’accueil de toutes personnes vulnérables et dépendantes. Le risque de maltraitance institutionnelle est pointé du doigt. Si les projets d’établissements ont intégré l’ensemble des processus de qualité, sa mise en œuvre n’est pas garantie : ils sont souvent peu adaptés à la réalité quotidienne des établissements et leur incidence sur les pratiques est limitée. Cela est particulièrement le cas dans les grands réseaux associatifs ou marchands. Nous déplorons le fait qu’aujourd’hui 1 place sur 2 soit créée par le secteur privé, et notamment par les micro-crèches dont les règles d’encadrement diffèrent des conditions d’accueil au sein d’une crèche collective classique. Les logiques de rentabilité à l’œuvre au sein des groupes privés à but lucratif ne sauraient être cohérentes avec le besoin d’un accueil qualitatif, universel, accessible à tous et où les besoins de l’enfant et son bien-être sont au cœur du projet d’établissement. 

Nous tenons à réaffirmer notre soutien à l’ensemble des professionnels de la petite enfance en France, en précisant qu’une grande majorité des professionnels exercent leur métier avec beaucoup d’engagement et de professionnalisme. Les professionnels ne sont pas à mettre en cause dans cette situation, en revanche, le gouvernement a été alerté à de nombreuses reprises et pourtant rien n’a changé ! Un service public de la petite enfance a été annoncé : Mais de quels moyens disposent réellement les collectivités pour faire de ce service public une réalité pour tous les enfants de France ? 

Avant d’annoncer la création d’un nouveau service public de la petite enfance, commençons par soutenir les collectivités qui font vivre au quotidien ce service public, comme c’est le cas à Paris, Nantes ou Rennes par exemple, mais pas seulement. Nous demandons des aides financières exceptionnelles pour permettre aux collectivités de soutenir les structures municipales et les associations gestionnaires pour améliorer les conditions de travail (le matériel des crèches et les salaires). Mais aussi un investissement important dans le champ de la formation professionnelle, aussi bien en formation initiale qu’en formation continue, comme le préconise le rapport. Ce n’est pas en abaissant le niveau de qualification des professionnels que nous parviendrons à revaloriser les métiers du secteur

La réforme de la PSU, qui vise à définir les modalités de financement à l’heure des structures d’accueil, reste un défi et doit être mieux accompagnée pour en limiter les effets négatifs. Le rapport préconise également l’allongement des congés parentaux, que nous demandons depuis de nombreuses années ! 

Face à ce constat alarmant, nous espérons que la publication de ce rapport constituera un lanceur d’alerte suffisant pour que le gouvernement prenne conscience de l’importance de mettre en place un changement complet de modèle et un réel big bang dans les financements. L’accueil de la petite enfance et la qualité de cet accueil sont au cœur du projet de société que nous portons, pour combattre les inégalités dès le plus jeune âge, permettre à chaque enfant de grandir dans un espace sécurisant, contenant, et adapté à ses besoins. Nous connaissons l’importance des 1000 premiers jours dans le développement psycho-affectif et moteur de l’enfant, alors qu’attendons-nous pour agir ?!

Travaillons ensemble pour préserver un secteur public de la petite enfance digne des enjeux pour tous les enfants et les familles de France ! 

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