Réforme de l’assurance-chômage : stop au virus libéral !

En 2019, le gouvernement – alors dirigé par Édouard Philippe – avait promu une réforme de l’assurance-chômage en deux volets. Le premier, entré en vigueur au 1er novembre 2019, réformait les conditions d’une ouverture de droits pour les demandeurs d’emploi. En durcissant celles-ci, elle a déjà privé de nombreux demandeurs d’emploi d’une indemnisation et d’un accompagnement, les reléguant aux marges de notre système social pour quelques économies de bouts de chandelle et un maquillage des comptes du chômage. 

Le second volet, initialement prévu pour entrer en vigueur au 1er avril 2020, a été maintes fois repoussé en raison de la crise sanitaire et est aujourd’hui reporté au 1er avril 2021. Il concerne cette fois le mode de calcul des indemnités auxquelles les demandeurs d’emploi peuvent prétendre. Dans le système en vigueur, celles-ci sont déterminées par un salaire journalier de référence, calculé sur la base des jours travaillés au cours des 12 derniers mois. Autrement dit, sur le niveau de rémunération du demandeur pendant ses périodes d’emploi. Dans la réforme à venir, le salaire journalier sera calculé à partir de la moyenne des revenus perçus lors des 12 derniers mois, période de non-emploi incluses. Autrement dit, ce sont les chômeurs les plus précaires, ceux qui alternent chômage et petits boulots, qui seront le plus pénalisés.  

Cette réforme, le Parti socialiste ne cesse de la dénoncer depuis l’été 2019. Une pétition, initiée avec de nombreuses autres forces de gauche à l’occasion de la Fête des travailleurs du 1er mai 2020, demandait son abrogation pure et simple. 

Aujourd’hui, l’Unedic – l’organisme paritaire qui gère l’assurance-chômage – vient d’affiner son étude d’impact de la réforme à la lumière de la crise sanitaire que nous traversons. Ses conclusions sont alarmantes et confirment une fois encore nos propres analyses. Ainsi, 1,2 million de personnes verraient leurs allocations diminuer, pour une perte mensuelle moyenne d’environ 40 %. L’allocation mensuelle nette moyenne passerait en effet de 890 € – une somme déjà faible et insuffisante pour vivre dans des conditions décentes – à 535 €. Pour près de 3 000 demandeurs d’emploi, la baisse pourrait atteindre 80 % ! 

La crise aggrave en effet les conséquences d’une réforme déjà désastreuse sur le plan social. La hausse du nombre de demandeurs d’emploi, due aux conséquences économiques de la crise sanitaire (licenciements économiques, CDD non renouvelés), ainsi que l’incertitude liée à l’issue de cette crise, obscurcissent en effet les perspectives de reprise d’activité et plus encore de retour vers un emploi durable pour de nombreux chômeurs. Mécaniquement, les personnes les plus touchées par cette réforme seraient alors celles qui ont été les plus touchées par la crise sanitaire et ses conséquences, démultipliant l’injustice structurelle de cette réforme. 

Face à cette situation, le premier ministre et la ministre du Travail, qui se contentent pour le moment de différer tous les 3 mois l’application de leur réforme, doivent prendre la seule décision responsable qui s’impose. Le Parti socialiste demande, une fois encore, le retrait pur et simple de cette réforme, qu’il s’agisse du second comme du premier volet, et le retour à la négociation avec les partenaires sociaux pour la détermination d’une nouvelle convention qui tienne compte de la crise que nous traversons. 

- Vendredi 6 novembre 2020

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