Thème : Réindustrialisation et droit à la reconversion
La contribution thématique « Une gauche qui met en œuvre les progrès scientifiques et technologiques pour modérer le dérèglement climatique, s’y adapter et réindustrialiser notre économie » expose nos stratégies pour la sortie des énergies fossiles et la production d’électricité décarbonée ; nous abordons ici d’autres aspects de la réindustrialisation et l’indispensable droit à la reconversion.
1. Transition énergétique et réindustrialisation
La réindustrialisation est indispensable au développement de la production d’électricité décarbonée.
La construction de centrales nucléaires nécessite de nombreux savoir-faire dont nous avons perdu plusieurs, il est par exemple frappant de constater que nous avons dû faire venir des soudeurs spécialisés des Etats-Unis ... Les panneaux solaires et les batteries sont importés de Chine ; la reconstruction de filières européennes dans le solaire passe par un soutien volontariste à cette filière, y compris des mesures protectionnistes.
Plus largement, la réindustrialisation est indispensable pour lutter contre le chômage, rétablir notre balance commerciale et garantir notre modèle social. Parmi les politiques évoquées ci- dessus nous pensons que l’industrie française sera particulièrement compétitive sur les marchés européen comme à l’international dans :
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L’exportation d’électricité non carbonée et la création d’une industrie électrochimique pour la production de combustibles synthétiques ou e-fuels.
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Le rééquilibrage de notre balance commerciale par la réduction drastique de nos importation de combustible fossiles.
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La construction à l’étranger de centrales électronucléaires, non seulement de grande puissance du type EPR, mais également de petite puissance du type Nuward et l’exportation de leur composants. A cet égard, l’Alliance pour le nucléaire entre une quinzaine d’états membres de l’UE facilitera la concertation des autorités nationales de sureté nucléaire pour l’approbation des nouveaux projets dont EDF sauré assurer la maitrise industrielle.
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Le carnet de commandes de notre industrie aéronautique (Airbus) sera conforté par la décarbonation du transport aérien.
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La décarbonation de nos industries comme des matériaux de construction des bâtiments nous fera gagner en compétitivité.
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Mais cette réindustrialisation doit s’accompagner de mesures pour protéger notre planète dans d’autres domaines :
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La protection de la biodiversité
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La réduction drastique des déchets de plastiques
Ce sera sans doute avec nos partenaires de l’UE que celles-ci devront être préparées et menées.
En amont de ces mesures, la puissance publique doit favoriser la réindustrialisation par :
- Formation initiale : remettre à l’honneur les formations scientifiques et techniques dans le secondaire et le supérieur, ceci est indispensable alors que le niveau scolaire s’effondre et que les « réformes » de Macron ont fait reculer l’enseignement des mathématiques au lycée ;
- Stimuler la formation professionnelle ;
- Elever à 3% du PIB les dépenses de Recherche ; la R&D française décroche, les pays puissants consacrent davantage de ressources à la Recherche mais avec Macron les budgets de la Recherche se sont réduits ;
- Orienter vers les PME une partie de l’épargne ;
- La commande publique : sans sortir ni des textes français ni des traités européens ou internationaux, la puissance publique peut augmenter la part de ses commandes vers les entreprises françaises. Cela peut permettre de soutenir PME et ETI françaises performantes, par exemple dans le domaine des télécommunications où l’état a des besoins spécifiques.
- La mise en place d’une taxe charbon aux frontières de l’UE devrait avoir pour objectif d’inciter nos fournisseurs internationaux tels que la Chine, l’Inde, le Vietnam qui utilisent massivement le charbon pour leurs productions industrielles de décarboner à leur tour leurs industries en adoptant un dispositif de paiement de leurs émissions de CO2 équivalant à celui de l’UE.
- Inciter nos partenaires européens à mettre en place une politique industrielle européenne :
- Ne plus faire obstacle aux fusions entre acteurs européens au nom d’une vision réduite au marché européenne
- La Chine, les Etats-Unis (plan IRA) soutiennent massivement leurs industries. L’Europe devrait prendre des mesures similaire
- Négocier la sortie d’un absurde marché européen de l’électricité réduit au court terme, alors que les choix d’investissement se font sur des perspectives économiques et des contrats de long terme.(1)
La créativité, les talents (chercheurs, ingénieurs ...) existent en France comme le montre l’existence de startups et d’ETI innovantes et qui marchent, par exemple dans le domaine des télécommunications et dans celui de l’IA. Les politiques publiques peuvent et doivent les aider à grandir.(2)
Aujourd’hui la droite au pouvoir poursuit une politique à courte vue : réduire les déficits sans vision de l’avenir de l’économie française ne peut mener qu’à davantage de déficits et d’austérité.
2. Droit à la reconversion
Il est nécessaire d’assurer la reconversion collective sécurisée des travailleurs impactés par les transitions énergétiques et numériques.
Aujourd’hui des milliers de travailleurs de l’industrie automobile intervenant sur des véhicules thermiques (fabrication de moteurs, pièces venant en composition des véhicules, tels que refroidisseurs, fonderies...) sont impactés directement dans leur emploi par les transitions énergétiques.
Les pouvoirs publics et les entreprises doivent assurer, sur leur territoire, des reconversions collectives anticipées et sécurisées.
Pour ce faire, il faut mobiliser des moyens d’ingénierie de compétences et de formation sur le territoire concerné et assurer la prise en charge des rémunérations, des couts pédagogiques et éventuellement de mobilité géographique (les moyens de formation sont souvent localisés dans les grandes métropoles).
C’est la seule condition pour que les travailleurs, notamment seniors, ne voient pas les transitions énergétiques et numériques comme des catastrophes individuelles.
En conséquence, seul un droit européen à la reconversion collective et sécurisée peut permettre ces transformations rapides.
Toute l’Europe est impactée.
Par ailleurs il faut organiser les reconversions, notamment de l’industrie chimique vers les activités décarbonées ou de santé pour assurer la souveraineté industrielle.
D’une manière générale, la réindustrialisation (énergétique souveraineté industrielle de défense ou de santé) doit être une opportunité pour les territoires enfants doivent être respectés et garantis.
Les enfants relevant de la protection de l’enfant et placés dans les institutions de l'État ou des départements doivent bénéficier des mêmes droits que les autres enfants.
1 Ces mesures concernant les politiques publiques pour la réindustrialisation sont inspirées du Séminaire de la Commission Nationale Entreprises (CNE) du Parti Socialiste, 9 mars 2024.
2 Cf. les notes publiées par les « Progressistes pour la social-démocratie » : https://progressistes- socialdemocratie.eu/
Contributeurs : Jean CHOUKROUN, Paris 14, Jacques ROGER-MACHART, Ancien député 1981-1993, Paris 17 Marc BENADON, Paris 14, Rémi THOMAS, Paris 10, Jean-Pierre FAVENNEC, Rueil Malmaison 92 / Soutenue par Debout les Socialistes