- Mardi 11 février 2025
Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste
Dylan Boutiflat, Secrétaire national aux relations internationales
La prise de Goma par les rebelles du Mouvement du 23 mars (M23) sonne comme une alarme : les troupes rwandaises, qui soutiennent activement ces milices, ont décidé d’occuper durablement le Nord-Kivu, une région située dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC).
Depuis 2012, des millions de civils ont été tués et déplacés. Rien qu’en janvier, 400.000 personnes ont fui la guerre. Depuis le 26 janvier, l’offensive sur Goma a causé la mort de 3000 personnes selon l’ONU. Les Congolais n’ont que trop souffert d’un conflit qui dure depuis 30 ans, de l’épuration ethnique, mais aussi de l’utilisation comme armes de guerre de la faim et du corps des femmes - plus de 150 prisonnières ont récemment été violées et brûlées vives lors d'une évasion. Le conseil des droits humains de l’ONU a d’ailleurs adopté le 7 février une résolution pour lancer une enquête internationale sur les crimes commis par les forces occupantes, notamment les faits d’esclavage sexuel à travers les zones de combat et le risque élevé de conscription forcée d’enfants.
Ce qui se passe dans la région des Grands Lacs d’Afrique nous concerne tous. Parce qu’il s’agit d’une des plus graves crises humanitaires de ces 3 dernières décennies dans le monde. Le Parti socialiste renouvelle son soutien au président Tshisekedi pour défendre l’intégrité et la souveraineté de la RDC. Le chef de l’État, Emmanuel Macron, et son chef de la diplomatie doivent non seulement appeler au retrait des forces rebelles mais aussi condamner la responsabilité du président rwandais Paul Kagame dans la violation du cessez-le-feu obtenu en juillet dernier. La France et l’UE doivent désormais prendre des sanctions à l’encontre du Rwanda à commencer par suspendre l’accord de l’UE pour des matières stratégiques.
Les efforts diplomatiques et autres forces d’interposition n’ont jusqu’ici pas freiné une guerre qui sert d’abord les intérêts financiers de Kigali. Le M23 contrôle déjà la majeure partie de l’exploitation minière, notamment celle du coltan nécessaire à la fabrication d’ordinateurs et de smartphones. C’est pourquoi nous demandons à la France de relayer à l’ONU la proposition de Kinshasa d'imposer un embargo total sur les exportations de minerais étiquetés comme rwandais.
Cette pression diplomatique est d’autant plus nécessaire alors que pour la première fois les Communautés des États de l’Est (EAC) et pour le Développement de l’Afrique Australe (SADEC) se sont réunies ce 7 février pour demander un cessez-le-feu, la désescalade militaire et des réponses à la crise humanitaire. Elles ont même convenu de fusionner pour cela leurs processus jusqu’ici parallèles de résolution du conflit (ceux de Nairobi et Luanda).