Thème : Lutte contre l'extrême droite
« Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas »
Dans la France des campagnes, des petites villes, dans les quartiers populaires comme dans les territoires dits « périphériques », une angoisse s’installe depuis des années. Elle porte les noms de déclassement, de solitude, d’abandon, de relégation. Une colère silencieuse, une défiance croissante, une tentation de rupture. Ce que le Rassemblement National exploite, scrutin après scrutin, ce n’est pas seulement un rejet : c’est un vide que la gauche n’a pas su combler.
Sur le terrain, dans la 6e circonscription de Loire-Atlantique comme ailleurs, les témoignages convergent : absence de médecins, écoles qui ferment, services publics en retrait, élus jugés impuissants, sentiment que la République adéserté. À cela s’ajoute une double peine : l’impression d’être méprisé par les élites et ignoré par le débat politique national.
Dans ce contexte, il ne suffit plus d’avoir raison sur le fond : il faut parler un langage clair, accessible, qui reconnecte nos convictions avec les préoccupations concrètes des citoyens.
Une gauche qui parle à tous, pas à quelques-uns
La politique ne doit plus être l’affaire d’initiés. Trop longtemps, nous avons laissé s’installer une forme de surplomb, un langage technocratique ou moralisateur, qui éloigne au lieu de rassembler. Une campagne ne se gagne pas uniquement avec des idées, mais avec la capacité à les transmettre, à convaincre, à toucher juste.
Être de gauche, c’est parler de ce qui compte là où vivent les gens : le pouvoir d’achat, la santé, la sécurité, l’avenir de leurs enfants, leur place dans la société. C’est affronter sans détour ces sujets que d’autres instrumentalisent. C’est dire les choses simplement, sans simplisme. C’est construire un récit commun : pourquoi nous faisons de la politique, pour qui, et avec quels moyens.
La gauche doit redevenir utile
Il est temps de remettre en avant ce que nous savons faire : transformer la vie des gens.
Le pouvoir d’achat ne peut rester une question de sondage. Pour des millions de Français, il s’agit de savoir s’il reste quelque chose à la fin du mois. Il faut agir sur les salaires, mais aussi sur les charges incompressibles : logement, énergie, transport. Un grand plan pour le logement social et abordable est une urgence nationale.
La santé est devenue une loterie territoriale. Réguler l’installation des médecins, soutenir les centres et maisons desanté, mutualiser les efforts entre collectivités : c’est ce que font déjà de nombreux élus socialistes. Massifions ces solutions à l’échelle du pays.
La sécurité est un besoin républicain. Laisser ce sujet à la droite ou à l’extrême droite serait une faute politique. Il faut plus de prévention et plus de répression là où c’est nécessaire.
Les socialistes doivent porter une politique cohérente, qui lutte contre les trafics, protège les habitants, et restaure un ordre juste.
L’intégration, ce n’est pas le rejet. C’est l’apprentissage du français, l’accès à la formation, au travail, à la citoyenneté. Ce n’est pas un angélisme : c’est une exigence républicaine.
Pour cela, une politique de maîtrise des flux et d’investissement dans les parcours d’intégration est indispensable.
L’éducation, ce n’est pas optionnel. C’est une obligation républicaine qui renforce chaque citoyen à chaque étape de la vie en renforçant les moyens à l’école, au collège, dans les lycées généraux, technologiques et professionnels, dans l’enseignement supérieur, dans l’enseignement professionnel, dans l’enseignement tout au long de la vie. Voilà lesleviers de l’émancipation par l’éducation, par la culture et par la dignité d’un travail.
Redonner confiance, refaire République
Le malaise démocratique est profond. Les citoyens ne croient plus que la politique peut changer leur vie. Il ne suffit pas de leur dire qu’ils ont tort : il faut leur donner raison d’espérer à nouveau.
Cela suppose :
- De refaire du Parti socialiste un parti de terrain, ancré, visible, proche.
- De travailler avec les syndicats, les associations, les maires, les acteurs du quotidien
- De refuser les leçons données d’en haut, de sortir des cénacles parisiens, d’écouter avant de prescrire.
- De mettre fin au bal des égos, aux polémiques stériles et aux postures creuses.
- De porter un discours de transformation, et non d’assignation ou de dénonciation permanente.
La République ne peut pas survivre sans confiance. Et la confiance ne renaîtra qu’à la condition d’un réengagement massif et humain dans tous les territoires, avec un parti qui parle clair, agit concrètement, et assume de vouloir gouverner pour tous.
Une responsabilité historique
L’extrême droite n’est plus à la porte du pouvoir, elle est en train de l’ouvrir. Si elle y entre, elle fera tout pour ne plusen sortir. C’est notre responsabilité, aujourd’hui, de rebâtir une gauche de gouvernement, populaire, républicaine, écologiste et sociale.
Il ne s’agit pas d’un sursaut moral, mais d’un devoir politique, historique même.
Nous ne devons pas simplement parler aux convaincus. Nous devons parler à tous, y compris à ceux qui doutent de nous, à ceux qui ne votent plus, à ceux qui se tournent ailleurs. C’est à eux que nous devons offrir autre chose qu’un refus : une promesse crédible, portée par des actes, des visages, des présences.
Le Parti socialiste peut encore être ce levier. Mais pour cela, il faut accepter de changer de méthode sans renier nos valeurs.
Il est encore temps. Mais pour combien de temps ?
Contributeurs : BASSEM ASSEH PREMIER ADJOINT NANTES , GÉRARD POISSON SECRÉTAIRE FÉDÉRAL AGRICULTURE 44 , JACQUES CARROGET MEMBRE BUREAU FÉDÉRAL 44 ? LE CONSEIL FÉDÉRAL DE LOIRE ATLANTIQUE