Remettre la jeunesse au cœur du projet républicain : pour une allocation universelle et individualisée d’autonomie


Thème : Autonomie des jeunes


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Remettre la jeunesse au cœur du projet républicain : pour une allocation universelle et individualisée d’autonomie

Il est des angles morts dans nos politiques nationales qui, à eux seuls, révèlent la société que nous sommes en train de construire. Celui de la jeunesse en est un.
Une jeunesse à laquelle on demande toujours davantage — d’être patiente, résiliente, engagée — mais à laquelle on offre trop peu : ni stabilité, ni reconnaissance, ni droits pleins et entiers.


Cette génération vit, pour beaucoup, sans filet. Soit dépendante de ses parents, quand cette solidarité familiale existe ; soit contrainte de jongler entre études et emplois précaires, au détriment de sa santé, de sa réussite, parfois de sa dignité. Soit reléguée dans une précarité silencieuse, qui s’installe, s’enracine, s’aggrave.

Depuis la crise du Covid-19, cette réalité s’est amplifiée. Une insécurité chronique s’est installée. Avec elle, une vague de détresse psychique que nous ne pouvons plus ignorer. Car au-delà des chiffres, ce sont des parcours heurtés, des horizons qui se ferment, des vies mises en suspens.

Et que leur répond-on ? Trop souvent, rien. Trop souvent, le silence ou la complexité administrative. Trop souvent, une logique conditionnelle qui enferme au lieu d’émanciper.

Le système social français persiste à considérer les jeunes comme des « enfants à charge » – dépendants de leurs parents, soumis à des critères de mérite, évalués selon leur conformité à des parcours normés. Ce modèle est à bout de souffle. Il est à la fois injuste dans ses principes et inefficace dans ses effets.

Les chiffres sont implacables :

  • Près d’un jeune sur quatre vit sous le seuil de pauvreté. Le taux de pauvreté des 18-24 ans atteint 23 %, contre 13 % pour l’ensemble de la population adulte.
  • Près de 18 % des étudiants ont recours à l'aide alimentaire selon le baromètre annuel de l'association Cop1 publié en octobre 2024. Parmi eux, 66 % utilisent cette aide de manière régulière, et 36 % sautent des repas par manque d'argent. ​
  • En 2023, 36 % des étudiants présentaient des signes de détresse psychologique, une proportion particulièrement élevée chez les femmes et les étudiants issus de milieux défavorisés.
  • 61 % des jeunes de 14 à 29 ans ne perçoivent pas l’ensemble des droits sociaux auxquels ils pourraient prétendre.

Pourquoi ? Parce que notre système refuse de reconnaître leur majorité sociale.

À 18 ans, on peut voter. On peut s’engager. On peut être responsable pénalement. Mais on n’a pas encore droit à une pleine autonomie. Les aides sont soumises au statut, à l’âge, aux ressources parentales, à des justificatifs multiples. C’est une logique paternaliste que nous devons renverser.

Nous affirmons une position claire : les jeunes ont droit, dès leur majorité, à une citoyenneté sociale pleine et entière.

Cela suppose une réforme structurelle : la mise en place d’une allocation universelle d’autonomie. Une allocation individuelle, inconditionnelle, universelle, versée à partir de 18 ans.

Ce revenu n’est pas un privilège. Il n’est pas une faveur. Il est un droit, un socle de dignité, un levier d’émancipation.


Il permettrait à chaque jeune de se loger, de se nourrir, de se soigner, de se former, de chercher un emploi, de s’insérer socialement, d’expérimenter des engagements, de construire son autonomie sans être à la merci de la condition familiale ou sociale. Il incarne une autre vision de la société : celle qui croit en sa jeunesse, et non celle qui la suspecte.

Ce choix est un choix de société. Et il est réalisable. L’État dépense aujourd’hui :

  • 2,3 milliards d’euros pour les bourses étudiantes, attribuées selon des critères complexes, souvent concentrées sur les premières années post-bac.
  • 4,3 milliards d’euros pour les APL jeunes, avec des règles inéquitables selon les statuts.
  • Plus de 5 milliards pour les demi-parts fiscales pour enfants majeurs — dont 60 % bénéficient aux 30 % les plus riches, selon France Stratégie.

Autrement dit, nous dépensons mais sans réponse à l’aspiration d’autonomie des jeunes. Des aides qui profitent plus à ceux qui en ont le moins besoin. Et les classes moyennes, elles, se retrouvent abandonnées, trop souvent piégées entre les deux systèmes. Nous proposons de réorienter ces dépenses vers une véritable politique d’émancipation.

C’est une redistribution des richesses. Une confiance dans la jeunesse. Dans l’avenir. Dans la cohésion de notre société.

Et cette ambition n’est pas un rêve : elle est déjà à l’œuvre, dans les territoires.
En Meurthe-et-Moselle, en Loire-Atlantique, des Départements dirigés par la gauche ont ouvert la voie avec des expérimentations de revenu jeunes limitées à ce stade aux jeunes disposant de faibles ressources. Les résultats sont éclairants : moins de décrochage, accès aux formations, un regain de confiance, de lien social, d’engagement.


Ces initiatives montrent que l’innovation sociale naît du terrain, là où l’on fait le pari de la confiance. Les Départements sont les lieux de la solidarité vécue avec les communes. Ils sont les premiers témoins des urgences humaines. Ils sont aussi les laboratoires du progrès social.

Il est temps que l’État s’engage.

Nous ne voulons plus d’un modèle fondé sur la suspicion ou la dépendance familiale. Nous voulons un modèle fondé sur la solidarité, la redistribution, l’autonomie, la confiance.

Nous portons une vision politique claire : l’émancipation ne se mérite pas, elle se garantit.
Elle ne s’octroie pas comme une récompense : elle s’organise comme un droit.
Nous croyons en cette jeunesse. Nous croyons qu’elle mérite autre chose qu’un discours sur le mérite. Elle mérite une véritable politique nationale favorisant son émancipation.

Oui, cela suppose un choix politique. Et toute avancée sociale suppose un choix de société. Et notre choix est clair : nous croyons qu’aucune et qu’aucun jeune ne devrait avoir à justifier sa survie.


Nous croyons qu’il est temps de faire de l’autonomie un droit universel, pas un privilège.
Et de cette ambition, faire un pilier d’une République sociale renouvelée.

Les territoires ont ouvert la voie. À l’État désormais d’être à la hauteur. Au Parti Socialiste de porter cette mesure de justice sociale.

 


Contributeurs :

  • Chaynesse Khirouni, Présidente du conseil départemental de Meurthe-et-Moselle
  • Michel Menard, Président du conseil départemental de Loire-Atlantique

Chaynesse Khirouni pdt CD (54), ROUX Louis-Mathieu (54) , Marc VALO (54), Maxime VERIN (54), Jean-Pierre DENEFLE Trésorier de section (54), Jacques VELLUCCI (54), Marie-Christine INIAL élu et secrétaire de section (54) ,Anxhelo BICI Secrétaire Général JS 54 (54) ,Thibaut VALOIS (54), Paul Camiat (54) – Véronique Ernest adjte (54) ,Christine Schnatter (54) , Denis REMY (54) , Geneviève WILLER (54) , Anne HEIDEIGER SF (54) ,Silverio Pascual (54) , Dominique DEVITERNE secrétaire de section et CM (54) –,Benjamin Claudon secrétaire de section et SF (54) , Evelyne BEADEUX adjte (54) Claude LOMBARD secrétaire de section (54) ,Jennifer BOHRER BARREAU secrétaire de section et cm et CD) 54 ,Chloé CORNUBERT (54) , GONCALVES Philippe (54) , Eva FONYO (54) ,Patrick Faliguerho (54) , GUCKERT élu , PICARD élue , DIOP , MEYNET , Corinne FOURNERY adjte et secrétaire de section(54) ,Marie-José Amah 1ere SF – CD (54) , Etienne DELOULE (54) , Jean-Luc MEJEAN (54) , Aurélien GUTH (54) , Kamel BOUZAD (54) , Lia Taghianosyan (54) , Christian Lombard maire (54) , Didier Bastien adjt (54) ,Nicolas Moura (54) , Marie-Odile Crosnier (54) ,Hervé Tillard Maire maire et CR (54) , Boisseau , Alban Cayon (54) ,Laurent Pierron (54) ,Françoise Mathevet Pierron (54) , Vincini , Bernard Steveler (54) ,Mary Maire (54) ,Isabelle Masson (54) , Delphine Gilain adjte (54) , Mélanie Andrade (54) , Christine Minery CM (54) ,Alexandre Bussutil (54) , François Charoy (54) ,Jacques Vellucci (54) , Christophe Rackay adjt (54) , Catherine Aubry (54) ,Laurent Olivier (54) , Vincent FERRY (54) , Bilal Chergui (54) ,Christophe Bailly (54) ,Daniel Matergia VP CC (54) ,Timotéo


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