Rentrée scolaire : le grand bazar organisé

Lundi 3 janvier 2022

Yannick Trigance, secrétaire national à l'École, à l'Éducation et à l'Accès aux savoirs

Le ministre Blanquer fait honneur à sa méthode. Il a dévoilé au dernier moment, un dimanche soir, dans un article réservé aux abonné·e·s d’un quotidien, les termes du nouveau protocole applicable dans les écoles et établissements scolaires dès le lendemain matin.

« Décider seul toujours, ne prévenir personne ni les enseignants, ni les parents, ni les maires, une méthode d’un autre temps, une méthode inefficace » comme l’indique justement Anne Hidalgo.

Si nous défendons depuis le premier confinement le maintien des écoles ouvertes afin de ne pas multiplier ni aggraver le décrochage scolaire des élèves, nous considérons que les représentants des acteurs de la communauté éducative doivent être associés aux décisions qui les concernent directement. Or, ils ne le sont jamais. Nous considérons également que leurs doléances doivent être entendues. Or, elles ne le sont pas. Ce manque de considération est insupportable. Il l’est d’autant plus quand on demande aux enseignant·e·s d’assurer une présence quotidienne devant les élèves alors que d’autres professions vont bénéficier de trois jours de télétravail pour limiter les risques de contamination.

Une fois de plus, le corps enseignant, les élu·e·s et les parents doivent agir et assumer dans l’urgence. Ce défaut d’anticipation de la part du ministre Blanquer est particulièrement anxiogène et ne permet pas une rentrée sereine.

La continuité des apprentissages en sécurité est-elle garantie avec ce nouveau protocole ? Nous en doutons. Les écoles sont des lieux de forte circulation du virus : fin décembre, au niveau national, près de 3 000 classes étaient fermées et plus de 50 000 élèves étaient déclarés positifs. Dès lors, pourquoi des masques chirurgicaux, ou mieux FFP2, ne sont-ils pas distribués aux enseignant·e·s plutôt que des masques en tissu ? Pourquoi le déploiement de capteurs de CO2, promis en août 2021 par le ministère, n’a-t-il pas progressé dans les établissements scolaires quand on sait que c’est un point essentiel de la lutte contre la circulation du virus ? Pourquoi ne pas mettre en place en direction des élèves une politique massive de tests PCR ou antigéniques plutôt que de recourir aux autotests, moins fiables ?

Avec ce nouveau protocole, le gouvernement transfère dans la précipitation la responsabilité du filtrage des élèves autorisés à rester en classe aux parents – qui devront réaliser trois tests en une semaine pour les cas contacts – et aux enseignants qui devront vérifier les attestations sur l’honneur et accueillir au compte-goutte les élèves. Ce n’est pas sérieux.

Dans le secondaire ou le supérieur, les recommandations n’envisagent jamais le passage au niveau 3 du protocole – qui prévoit une hybridation des enseignements et qui nécessiterait là encore une véritable anticipation qui fait défaut – alors que la propagation du variant Omicron est très élevée.

Il ne suffit pas de proclamer que l’école est un sanctuaire, encore faut-il s’en donner les moyens. Il ne suffit pas de pavoiser sur le maintien de nos écoles ouvertes, il faut garantir aux enseignant·e·s et aux élèves de bonnes conditions d’apprentissage.

Quand les considérations politiciennes l’emportent sur le travail de dialogue et de co-construction des réponses à apporter pour garantir la sécurité sanitaire des établissements scolaires, le résultat est celui que nous vivons depuis des mois et ce matin encore : l’improvisation et l’injonction.

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