Thème : Enseignement supérieur
Les stages représentent aujourd'hui une composante essentielle du parcours des étudiants dans l’enseignement supérieur. Toutefois, leur impact et leur organisation doivent être repensés dans le cadre d’une politique plus juste et équitable. Il est crucial que ces stages ne soient pas considérés uniquement comme des passages obligés dans un parcours académique, mais qu'ils deviennent des leviers concrets pour favoriser l’égalité des chances et le développement personnel des étudiants, tout en respectant les principes de justice sociale et d’inclusivité.
1. La fin des obligations pour les diplômes non-professionnalisants
L’une des premières réformes nécessaires concerne les diplômes qui ne débouchent pas sur des professions spécifiques. Il est important de souligner qu’imposer un stage dans ces cursus peut se révéler inadapté, et qu’une approche plus souple est envisageable. Plutôt que de contraindre les étudiants à des expériences professionnelles, une option alternative pourrait être l'élaboration d’un mémoire scientifique ou d'un projet. Cette option permettrait de valoriser la réflexion académique, la créativité et la capacité à mener des projets intellectuels, tout en réduisant la pression économique liée aux stages non rémunérés.
2. L’importance du bassin économique local
Il est essentiel que l'organisation des stages prenne en compte le bassin économique local de chaque établissement. Chaque région a ses spécificités, ses forces et ses faiblesses. Ainsi, les universités et les grandes écoles doivent être en mesure d’orienter les étudiants vers des stages adaptés aux secteurs économiques locaux. Cela permettrait non seulement de renforcer l'ancrage régional des formations, mais aussi de garantir que les étudiants puissent bénéficier d’opportunités concrètes, tout en soutenant l’économie locale.
3. Un contrôle effectif des stages
Afin de garantir une expérience de stage réellement bénéfique, il est indispensable de mettre en place un contrôle rigoureux de leur qualité. Les établissements doivent veiller à ce que les stages proposés ne soient pas des "emplois déguisés", où les étudiants se retrouvent à effectuer des tâches répétitives, non formatrices ou non encadrées. Un suivi
régulier par les établissements d’enseignement supérieur doit être institué, afin de s’assurer que les missions confiées aux stagiaires soient bien en adéquation avec les objectifs pédagogiques du cursus.
4. La rémunération systématique des stages
Il est impératif que tous les stages soient rémunérés, sans exception. La rémunération des stagiaires doit être une obligation légale, et non une simple incitation. Aucune entreprise, quelle que soit sa taille, ne doit pouvoir exploiter la main-d'œuvre étudiante sans rétribution. Cette mesure est un impératif social qui permet de lutter contre la précarité des jeunes, notamment ceux issus de milieux modestes.
5. L’inclusion des étudiants en situation de handicap
Les établissements doivent dégager des ressources spécifiques pour garantir l’intégration des étudiants en situation de handicap dans des stages adaptés à leurs besoins au sein de leurs services. Cela inclut l’aménagement de postes de travail, l’accompagnement par des tuteurs spécialisés, et la mise en place d’alternatives comme des mémoires de recherche ou des projets lorsque l’établissement ne peut pas prendre l’étudiant dans ses services .
Contributeur : Andreas MULARD, Section de Chinon (37), Ancien-vice président d'Université et responsable sydical étudiant