Résolution relative à la réforme des retraites

– Conseil national du 11 mars 2023 –

Après plus de 6 semaines de mobilisation et une journée de manifestation historique le mardi 7 mars, le Parti socialiste appelle solennellement le Gouvernement à retirer sa réforme des retraites.

Alors que le front unitaire de l’ensemble des forces syndicales a su impulser une dynamique historique, que nombre de Françaises et de Français ont entamé une grève reconductible et manifestent dans le calme, l’obstination dans l’erreur du Gouvernement adresse un profond message de mépris à nos concitoyennes et concitoyens. Ce mépris du corps social pervertit notre démocratie. Le Président de la République doit accéder à la demande de l’intersyndicale en recevant ses représentants.

Le Parti socialiste tient également à rappeler que cette réforme des retraites est d’une brutalité qui n’a d’équivalent que son injustice.

Brutale et injuste car le report de l’âge légal fait reposer 60 % de l’effort financier sur les femmes, qui ont déjà une pension de retraite 40 % inférieure à celle des hommes.

Brutale et injuste car c’est la première réforme qui fait reposer l’intégralité de l’effort sur les travailleuses et les travailleurs. Le Parti socialiste, et en première ligne ses député·e·s et ses sénatrices·teurs, ont proposé avec l’ensemble de la gauche et des écologistes de nombreuses voies alternatives de financement du déficit conjoncturel lié à la pyramide des âges : hausse ciblée des cotisations sociales sur les hauts salaires, abrogation des exonérations de cotisations les plus inefficaces, taxation des revenus du capital comme les dividendes qui ont explosé, l’intéressement, la participation, taxation temporaire des super-profits, etc.

Brutale et injuste car les soi-disant “mesures d’accompagnement” tant vantées par le Gouvernement sont des leurres. Ainsi, ce sont les socialistes qui, en utilisant leurs pouvoirs de contrôle, ont démontré que la pension revalorisée à 1 200 euros par mois ne bénéficiera qu’à 20 000 personnes maximum par an quand le Gouvernement promettait en janvier que cela serait 10 fois plus.

Brutale et injuste car le Gouvernement a muselé le Parlement en utilisant l’article 47-1 de la Constitution qui prévoit des délais extrêmement serrés d’examen d’une réforme d’une telle ampleur (20 jours à l’Assemblée nationale, 15 jours au Sénat) et qu’il n’a pas renoncé à l’utilisation de l’article 49-3 de la Constitution pour passer en force. De la même manière, la coalition de la droite sénatoriale avec le gouvernement a permis de déclencher hier matin au Sénat la procédure de vote bloqué de l’article 44-3 de la Constitution. C’est lui qui a méthodiquement préparé l’obstruction des débats !

Brutale et injuste sont aussi les caractéristiques du débat au Sénat où la droite a acté son soutien au texte gouvernemental, en le durcissant encore plus : capitalisation, politique nataliste, suppression de la « clause du grand-père »… Elle a utilisé tous les outils de procédure pour museler l’opposition de gauche et notamment le travail robuste des sénateurs socialistes.

Le Parti socialiste note également que le Rassemblement national s’inscrit pleinement dans la brutalité et l’injustice du Gouvernement : ses députés ont défendu des amendements à l’Assemblée nationale visant à retirer des prestations sociales aux étrangers, ils ont voté contre des amendements de la gauche proposant un autre partage des richesses, ils n’ont pas voté contre la fin des régimes spéciaux en commission. Dans un tel moment de mobilisation populaire, le Rassemblement national est donc fidèle à son histoire : dans la protection des intérêts acquis des plus riches, avançant avec un cynique faux-nez de protection des catégories populaires et surtout une absence totale des débats de fond.

Face à une telle brutalité et à une telle injustice, le Parti socialiste continuera de se battre au parlement en proposant des mesures pour une retraite plus juste pour les femmes, les carrières longues et hachées, pour la prise en compte de la pénibilité… Il appelle les Françaises et les Français à faire front, à s’unir dans la bataille contre cette réforme en participant aux manifestations, en sollicitant leurs député.e.s sur leur vote futur, et en aidant – si elles et ils le peuvent – les caisses de grève, jusqu’à son retrait.

 

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