Revalorisation des enseignants : Monsieur Blanquer, un peu d’honnêteté !

Jeudi 16 septembre 2021

Yannick Trigance, secrétaire national du Parti socialiste à l'École, l'Éducation, l'Enseignement supérieur et la Recherche

Depuis plusieurs semaines, engagé dans une nouvelle campagne médiatique dont lui seul a le secret, le Ministre de l’Éducation nationale Blanquer affirme sans vergogne que « le salaire des enseignants aura bien plus augmenté entre 2017 et 2022 qu’entre 2012 et 2017 quand il y avait un gouvernement que soutenait Madame Hidalgo ». (« Le Parisien » du 13 septembre)

Une fois de plus, M. Blanquer part du principe que ses assertions restent indiscutables et indiscutées : il n’en est rien, bien au contraire.

Car la réalité des faits ramène les propos de M. Blanquer à ce qu’ils sont : des contre-vérités.

La réalité d’abord, c’est qu’entre 2012 et 2017 des mesures de revalorisation ciblées ont été prises pour les enseignants par les gouvernements socialistes : alignement de l’indemnité de suivi et d'accompagnement des élèves du premier degré sur celle du second degré en la portant à 1200 euros par an, augmentation des indemnités éducation prioritaire pour rendre plus attractifs ces territoires en les portant à 1 734 euros en REP et 2312 euros en REP+, attribution de nouvelles décharges aux directeurs d’école, augmentation des indemnités pour l'exercice de missions particulières.

La réalité encore, c’est que les accords PPCR (Parcours professionnels, carrières et rémunérations) conclus avec l’ensemble des forces syndicales – qu’est devenu le dialogue social sous le quinquennat Blanquer ? – , concernaient l’ensemble des enseignants et permettaient d’aller plus loin en revalorisant très sensiblement le salaire moyen des professeurs, au-delà de la moyenne OCDE.

En fin de carrière, ce PPCR portait le salaire des enseignants français au niveau les plus élevés de l’OCDE, comme l’Allemagne. Sur l'ensemble d'une carrière, un enseignant devait percevoir 23 000 € brut de plus qu'aujourd'hui, soit un effort total d'un milliard d'euros, dont près de 500 millions dès 2017 et 300 millions au titre de la hausse du point d'indice.
Et la nouvelle grille plus linéaire mise en place dans le cadre de ces accords permettait à tous les enseignants d’accéder à la « hors classe », ce qui était loin d'être le cas jusqu’alors notamment dans le premier degré.

Enfin, il était prévu que la classe exceptionnelle soit accessible pour 80% à des enseignants ayant exercé des missions particulières, par exemple pour un enseignant ayant travaillé durant 8 ans en éducation prioritaire : une logique nouvelle qui ne reconnaissait plus seulement les enseignants travaillant avec les élèves les plus forts mais aussi ceux qui s'engagent en Rep ou Rep+.

La réalité toujours, c’est que contrairement à ce que font M. Blanquer et l’actuel gouvernement, les grandes augmentations précédentes avaient opté pour une programmation sur plusieurs années. Le PPCR, par exemple, engageait l'exécutif jusqu'en 2020.

La réalité enfin, c’est que cette programmation mise en place jusqu’en 2017 sous l’action de Najat Vallaud-Belkacem, Monsieur Blanquer ne l’a pas poursuivie : il s’est récemment contenté d’une vague promesse de 500 millions chaque année pendant plusieurs années, sans aucune garantie.

Au final, la revalorisation présentée aux syndicats le mercredi 25 août – une modeste enveloppe de 245 millions d’euros pour le budget de 2022 – se traduit par une prime de 29 euros net par mois pour les enseignants en milieu de carrière à 57 euros pour les plus jeunes : on est bien loin des revalorisations réalisées entre 2012 et 2017 !

Et si « la présidentielle ne peut pas être une Foire du Trône de la démagogie » comme le ministre le claironne dans la presse, il lui faudra rendre des comptes sur sa politique éducative de régression face à ceux qui, comme Anne Hidalgo, ont décidé de placer l’éducation, l’école et ses enseignants au cœur de leur projet et de leurs priorités.

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