Santé

Thème : Prévention


Télécharger la contribution

PROTOCOLE DE SOINS HOSPITALIERS EN DIABETOLOGIE, ACCIDENTOLOGIE HOSPITALIERE ET MALADIES NOSOCOMIALES

Propositions :  - respect du protocole de soins dans les hôpitaux pour la prévention des amputations liées à des diabètes mal soignés : il y aurait plusieurs milliers voire plusieurs dizaines de milliers de cas par an (peut-être même davantage) : voir plus loin, les propositions ; - promotion de la formation continue des médecins sur les traitements préventifs qui doivent être appliqués sur le court, moyen ou long terme, en complément de certains traitements lourds avec effets secondaires. Par exemple, certains traitements du cancer du sein provoquent des risques d’insuffisance cardiaque. Un traitement préventif de ces insuffisances doit donc être donné sur le long terme et si possible avant les traitements chimiothérapiques et radiologiques du cancer. Faute d’avoir reçu ce traitement à l’hôpital de Cannes ou de Nice où elle était soignée pour un cancer, la mère d’un ami est décédée.

C’est pourquoi certains protocoles de soins dans les hôpitaux doivent être revus, l’information les concernant devant être améliorée auprès des médecins, des internes et des infirmier/ères en cas de risque vital ou de séquelles graves.  Un collège d’experts en accidentologie hospitalière pourrait être mandaté pour évaluer les principales causes de décès ou de complications graves accidentels dans les hôpitaux, afin d’améliorer les modalités des prises en charge des pathologies concernées, autrement dit améliorer les protocoles de soins en améliorant l’information et la formation continue des médecins et des autres personnels soignants. Par exemple, des affichettes obligatoires dans les services hospitaliers énumérant les principaux risques et principales consignes à suivre pour les éviter constitueraient un principe de précaution sans doute efficace, parmi d’autres mesures d’information, comme des brochures, lettres d’information, stages de formation d’une demi-journée...

Une des causes possibles de nombreux accidents est déjà connue et réside dans la surcharge de travail des personnels soignants. Ainsi, j’ai calculé, de façon approximative, que la création de 20 000 postes d’infirmiers-ères supplémentaires à l’hôpital et de 10 000 postes d’aides soignant(e)s, compte tenu que le salaire moyen net des infirmier/ères en hôpital est d’environ 2 531,00 euros et celui des aides soignant(e)s, qui varie de 1300,00 à 1 900,00 euros net selon l’expérience et l’ancienneté (et ne sachant qui peut être embauché, en prenant une moyenne de 1 600,00 euros), coûterait en ce qui concerne les infirmier(e)s 835,23 millions d’euros charges comprises et en ce qui concerne les aides soignant(e)s 264,00 millions d’euros charges comprises, ce qui nous fait un total de 1,100 milliard d’euros (sans inclure les pensions de retraite supplémentaires à terme, qui ne devraient toutefois pas poser de problème particulier du fait de la hausse continue du PIB). Compte-tenu que les exonérations de cotisations sociales pour les entreprises se sont montées en 2010 à 66 milliards d’euros, il est alors évident et de bon sens que nous avons là une importante marge de manœuvre à utiliser dès lors qu’il s’agit de lutter contre l’épuisement des personnels, et qui permettra aussi de réduire les arrêts maladies. D’après l’ouvrage d’Olivier Toma - « Hippocrate au secours ! Comment bâtir un système de Santé Durable », Président du Comité pour le Développement Durable en Santé et qui a dirigé plusieurs établissements de santé, le taux d’absentéisme des personnels de santé à l’hôpital se situerait entre 9 et 14% selon la taille de la structure avec une durée moyenne des arrêts maladie de 24,1 jours –chiffre de 2010 toujours d’actualité- et le coût économique serait de 7 milliards d’euros par an.

Par ailleurs, j’ai pu constater lors du séjour de mon conjoint pendant 2 semaines à l’Hôpital de Cannes en 2022 puis lors d’une journée passée aux urgences à l’Hôpital Georges Pompidou de Paris en février 2023, que les toilettes ouvertes aux visiteurs étaient dans un état de saleté et pour tout dire d’insalubrité inadmissible, et il est tout à fait vraisemblable que cela puisse être une source de maladies nosocomiales. Les germes déposés sur le sol souillé de ces toilettes peuvent se propager ensuite dans les couloirs et les autres salles de l’hôpital avec les pas des visiteurs qui les arpentent après s’être rendus dans les toilettes. Il existait au sein du ministère de la Santé un groupe de travail sur les maladies nosocomiales il y a une quinzaine d’années, et il serait intéressant de savoir si ce groupe de travail existe toujours, et sinon de le relancer.

 

TEMPS D’ATTENTE AUX URGENCES :

En ce qui concerne le problème des attentes interminables aux urgences, outre les mesures que souhaite prendre le gouvernement pour désengorger les services d’urgences (création de maisons de santé de proximité..), une autre mesure très peu couteuse et complémentaire consiste à embaucher 3 personnels administratifs supplémentaires dans chaque service des urgences, soit pour les 1030 établissements publics la création de 3090 postes, afin de soulager le médecin de la partie administrative de la fiche de consultation, qu’il doit remplir actuellement lui-même, ce qui lui prend entre 10 et 15 minutes de son temps pour chaque patient, en plus de l’examen de santé, de l’établissement du diagnostic et de la prescription de soins proprement dits. Le coût financier s’établirait à priori aux alentours de 90,85 millions d’euros, avec un salaire mensuel net moyen aux environs de 1 400 euros. 

           

EXPERIENCES PILOTES DE REMBOURSEMENTS DES SOINS EN OSTEOPATHIE, CHIROPRACTIE ET DE PSYCHOTHERAPIE :

Proposition :  expériences pilotes dans cinq départements de remboursement de soins d’ostéopathie, chiropractie et psychothérapie, avec évaluations des gains réalisés en matière de médicaments antidouleur ou psychotropes, de soins de kiné et d’hospitalisations psychiatriques (certains ostéopathes ou la plupart soignant aussi les viscères, quelques gains pourraient être attendus et évalués en matière de soins et de médications classiques également en gastro-entérologie et proctologie). En Allemagne où les consultations de psychothérapie sont remboursées, on consomme 9 fois moins d’antidépresseurs qu’en France. Par ailleurs, les psychiatres savent qu’en psychiatrie, une prise en charge précoce permet d’éviter la chronicisation et les rechutes répétées des patients, souvent pendant de longues années, au prix de longues et interminables souffrances. Une prise en charge psychothérapique précoce favorisée par la gratuité des soins ou leurs remboursements avec un reste à charge très faible, inférieur ou équivalent à 10,00 euros, permettrait donc d’éviter chronicisation et hospitalisations ultérieures, coûteuses à la fois en terme humain pour les malades et financiers pour la Sécurité Sociale. Une expérimentation de remboursement des soins psychothérapeutiques est à l’oeuvre aujourd’hui dans certains territoires…

 

INTERACTIONS MEDICAMENTEUSES ET RISQUES DE SURDOSAGES :

Proposition : introduction d’un logiciel chez les médecins et dans les pharmacies pour prévenir les interactions médicamenteuses et les risques de surdosage. Rappelons que dans le rapport déposé par la Commission des Affaires sociales de l’Assemblée en 2011 en conclusion des travaux de la mission sur le Médiator et la pharmacovigilance, le député des Hauts de Seine Roland Muzeau indiquait qu’on estimait à 150 000 le nombre des hospitalisations annuelles liées à des accidents médicamenteux. Il s’agirait de repérer les accidents les plus graves et de programmer un logiciel en conséquence. On doit aussi obliger les Laboratoires, avec un délai maximum de deux ans, à encadrer dans les notices des médicaments les quelques lignes consacrées aux interactions négatives afin de les rendre plus visibles et de les insérer en début de notice pour prévenir les risques en cas d’automédication.

 

ERGONOMIE DES BATIMENTS DE TRAVAIL ET DES LOGEMENTS HLM :

Proposition :  mises en place de recherches en ergonomie des bâtiments de travail et des logements HLM pour améliorer l’aération des espaces de travail notamment et l’isolation phonique et thermique, en rassemblant les données déjà existantes en ces domaines et mises en place de formations en école d’architecture et d’ingénieur ainsi que de réglementations, et des moyens de faire respecter ces dernières (formation des inspecteurs du travail et multiplication par 2 puis 3 de leurs effectifs). Une équipe de chercheurs de l’université de San Diego a publié en 2009 une étude selon laquelle un employé serait plus productif dans un bâtiment « vert » montrant que les salariés des entreprises installées dans des bâtiments performants sur le plan environnemental et énergétique sont plus productifs que les autres et moins souvent absents en arrêts maladie. L’étude révèle encore que les deux principaux facteurs d’amélioration de la productivité sont une lumière naturelle plus importante et une meilleure qualité de l’air obtenue grâce à la ventilation. Ces deux améliorations agissent directement sur la santé et le moral des salariés.  (Source : Olivier Toma : « Hippocrate au secours ! Comment bâtir un système de santé durable. » Editions Pearson.)

Parallèlement, le ministère de la Santé demanderait au ministère de l’écologie de faire évoluer les systèmes de climatisation dans les entreprises, qui sont mal réglés et peu réglables, et constituent une source de gaspillage énergétique et d’émission de gaz à effet de serre excessive et de désagrément pour les salariés, la température sur laquelle ils sont réglés l’été étant trop basse. Je pense qu’il conviendrait de brider les systèmes l’été à une température de 25 degrés par exemple et l’hiver à 20 degrés. 

Par ailleurs, en plus de la démarche HQE -Haute Qualité Environnemental-, il existe maintenant une démarche THQSE –Très Haute Qualité Sanitaire et Environnemental- qui garantit la qualité sanitaire et environnemental d’un bâtiment de santé, tant dans sa conception que dans son management global : par exemple les déchets à traiter sont pris en considération. On peut enfin parler de « cycle de vie » d’un bâtiment de santé, tout en y associant la qualité de vie qu’il doit favoriser en son sein, et penser cet aspect des choses au-delà du simple bâti. On peut contacter Olivier Toma, Président du Comité pour le développement durable en santé (C2DS) et fondateur de l’agence de conseil Primum Non Nocere qui accompagne les établissements de soin dans la mise en place de solutions liées au développement durable. Il a été notamment chargé de la conception de la première clinique respectant le label HQE, et a aussi créé le diplôme universitaire « Droit et gestion du développement durable en santé », à l’université de Montpellier

 

PREVENTION NUTRITIONNELLE :

Propositions : renforcement de la réglementation concernant les teneurs en sels des conserves et plats cuisinés industriels fabriqués en France, dans le sens d’une diminution de la teneur maximum autorisé, et après une concertation au préalable des pouvoirs publics avec les entreprises salines, création d’un observatoire de la consommation et des prix du sel  afin que les prix puissent évoluer en fonction de l’évolution de la consommation et que les salines augmentent leurs prix de façon raisonnable pour compenser la diminution de leurs ventes en volume. On peut apposer sur les produits concernés la mention : « produit français respectant la législation en vigueur sur la teneur maximale en sel ».

Lancement d’une sorte de « plan Reach » pour l’industrie agro-alimentaire visant à règlementer et à réduire les teneurs en sel, sucre, graisses trans et certains additifs pour lesquels le principe de précaution pourrait s’appliquer ou en tirant les conclusions d’études indépendantes démontrant leur nocivité.

Par exemple, dans le domaine de la biscuiterie-pâtisserie et des produits sucrés, les biscuits industriels atteignent couramment des teneurs en sucre supérieurs à  30 g pour 100 g alors qu’une teneur maximum de 20 g serait requise, tandis que la teneur en sucre des confitures varie généralement entre 40 et 45 g et que l’on trouve aussi des confitures avec des teneurs allant jusqu’à 50 voire 55 g, alors qu’à l’inverse on trouve aussi dans le commerce, mais très rarement, des confitures dosées à 30 g de sucre  (parfois même un peu mois, mais très rarement) pour 100 g de produit, 30 g constituant un maximum acceptable.  

Dans le domaine des sodas, le problème est bien connu également : ils sont généralement dosés à 10 g de sucre pour 100 ml, et plus rarement à 6,6 g, et il conviendrait de descendre systématiquement à 5 g.

En ce qui concerne les boulangeries-pâtisseries et la restauration artisanale, les teneurs en sucre des gâteaux et desserts y avoisinent souvent voire généralement les 30 ou 35 g pour 100 g, plutôt que les 20 g qui seraient souhaitables. Dans ce secteur, je propose que de grandes campagnes de sensibilisation et de prévention soit lancées auprès des artisans.

Au niveau de la consommation de sucre plus directe des Français sous forme de sucre en poudre ou en morceaux dans les boissons chaudes, yaourts, pâtisseries faites à la maison… , les risques induits de diabète, d’obésité, d’augmentation peut-être du cholestérol via les triglycérides, de maladies cardio-vasculaires et de cancer (risque suspecté par certains médecins et chercheurs, notamment dans les cas des cancers colorectal, du pancréas et du sein, mais aussi possiblement pour d’autres types de cancers) devraient être exposés au grand public afin d’inciter à la prudence et à la modération.

L’AFFSSAS a d’ailleurs fixé un objectif de réduction de la consommation des Français, estimée à 70 g /jour actuellement, de 20 g par jour. Le corps médical recommande en effet une consommation maximum de sucre rapide de 50 g par jour.

De même que pour le sel, un baromètre des prix et de la consommation serait mis en place, et les prix évolueraient en fonction de la consommation.

Par ailleurs, de même que pour le sel, on peut apposer sur les produits concernés la mention : « produit français respectant la législation en vigueur sur la teneur maximale en sucre ».

 

PREVENTION EN TABACOLOGIE :

En ce qui concerne les messages de prévention contre le tabac, je note que l’information suivante n’est jamais délivrée, à ma connaissance, par les journalistes de France Télévisions ni n’apparaît dans des spots de campagnes : un fumeur sur deux meurt avant l’âge de 70 ans. Il conviendrait d’y remédier en demandant la coopération des journalistes et animateurs des Rédactions de France 2, France 3, France Infos ainsi que des Magazine de France 5 et de LCP qui diffusent des magazines de Santé et lors de la mise en place des campagnes de lutte anti-tabac. Par ailleurs, il faut poursuivre la politique de hausse substantielle des prix du tabac qui fonctionne en termes d’addiction, de pathologies et de décès.

 


Contributeur : CORINNE HARLAND, ANCIENNE MEMBRE DE LA COMMISSION NATIONALE SANTE (VERS 2001-2004) SUR LES THEMES DE L’ACCIDENTOLOGIE HOSPITALIERE, DU TEMPS D’ATTENTE AUX URGENCES, DES REMBOURSEMENTS EXPERIMENTAUX DES SOINS EN OSTEOPATHIE, CHROPRACTIE ET PSYCHOTHERAPIE, DES INTERACTIONS MEDICAMENTEUSES, DE L’ERGONOMIE DES BATIMENTS DE TRAVAIL ET DES LOGEMENTS HLM, DE LA PREVENTION NUTRITIONNELLE ET EN TABACOLOGIE


Télécharger la contribution

Veuillez vérifier votre e-mail pour activer votre compte.