- Vendredi 28 mars 2025
Le Parti socialiste est engagé depuis des années auprès des acteurs de la solidarité internationale, notamment ceux qui agissent contre la faim, arme de guerre. Cette semaine, s’ouvre à Paris un sommet sur la nutrition (1), dans un contexte de crise mondiale des financements pour le développement humain et l’action humanitaire.
Cette réunion est cruciale car la malnutrition tue : près de la moitié des décès d’enfants de moins de 5 ans y sont liés. Elle tue massivement : en 2023, près de 10% de la population mondiale était sous-alimentée et 2,33 milliards de personnes dans le monde ont souffert d’insécurité alimentaire, une situation exacerbée par les inégalités socio-économiques, la crise climatique et les conflits, dans la région du Moyen-Orient, de l’Afrique du Nord et de l’Europe de l’Est, où les conflits provoquent également l’insécurité alimentaire à Gaza, en Syrie, en Ukraine et au Yémen où plus de 17 millions de personnes sont en situation d’insécurité alimentaire aiguë.
Dès lors, la France et l’Europe portent une responsabilité historique : celle de la solidarité mondiale pour empêcher ces millions de morts en 2025.
Face à ces défis, les réponses budgétaires française et européenne ne sont pas à la hauteur. Pour cela, nous appelons à prendre de toute urgence les mesures financières suivantes pour 2025 :
- Respecter et mettre en œuvre de toute urgence les engagements pris dans la loi d’orientation et de programmation de la solidarité internationale et assurer un financement de 1 Milliard pour l’aide humanitaire dès 2025. Un soutien immédiat aux organisations humanitaires confrontées à l’impact des coupes budgétaires doit être proposé notamment dans la loi de finances rectificative en France et au niveau européen.
- Le Sud Global ne peut pas faire face aux défis humanitaires s’il continue de s’endetter. Il faut réorienter l’Aide pour le développement française qui est majoritairement sous forme de prêts et d’investissements, vers les dons et subventions, afin de pouvoir financer la lutte contre la faim et pour la santé. Au niveau européen, il faut limiter les fonds dédiés à l’initiative de la Commission européenne “Global Gateway”, pour libérer de la marge budgétaire pour les subventions, en particulier vers les pays les plus fragiles, pour la santé et la lutte contre la faim.
- La lutte contre la faim dans le monde, en particulier la nutrition, doit devenir une priorité de la politique de développement française, en augmentant le budget dédié à la sous-nutrition d’au moins 1,5 milliard d’euros d’ici 2030, soit 300 millions d’euros par an à partir de 2025, pour intensifier la lutte contre la malnutrition. La majorité des pays du G7 ont consacré plus de 3% de leur Aide pour le développement (APD) à la nutrition ces 5 dernières années, tandis que la France y a consacré moins d’1% de son APD. Il est urgent de s'aligner sur les actions menées par les autres États.
- Nous voulons faire de la lutte contre la faim dans le monde une priorité diplomatique : Le droit humanitaire est bafoué, et l’impunité pour les crimes contre les populations civiles ou les acteurs humanitaires est totale. Pour combattre la malnutrition la plus sévère, il est impératif de développer une réelle diplomatie humanitaire ainsi que de garantir l’accès des organisations et de soutenir le passage des biens essentiels à la réponse humanitaire.
Au sommet pour la nutrition, la France doit donner l’exemple :
- Renforcer la redevabilité et la transparence des financements et programmes français pour la nutrition. Assurer un suivi fiable et transparent chaque année, en allouant des ressources humaines et financière dédiées, afin de renseigner l’outil de l’OCDE, Development Assistance Committee, Creditor Reporting System (OECD DAC CRS), comme le fait le ministère des affaires étrangères du Royaume-Uni.
- Intégrer la lutte contre la nutrition à l’échelle des systèmes alimentaires et de la crise climatique : renforcer l’engagement vis-à-vis des processus multilatéraux tels que le Comité de la Sécurité Alimentaire Mondiale (CSA) et le Mécanisme de la Société Civile et des Peuples Autochtones (MSCPA).
- Reconnaître l’agroécologie paysanne comme solution clé. Le parti reconnaît et soutient l’importance de l’agroécologie comme un moyen de lutter contre la crise climatique, de renforcer la résilience des systèmes alimentaires et d’améliorer la nutrition.
- Défendre un régime de protection sociale universel et féministe, sensible aux enjeux nutritionnels pour garantir une couverture égale pour toutes et tous.
- Soutenir la couverture sanitaire universelle pour inclure les interventions nutritionnelles essentielles dans les plans nationaux de santé, et permettre un accès aux services de santé à toutes et tous.
Dylan Boutiflat, Secrétaire national aux relations internationales
Cécilia Gondard, Secrétaire nationale adjointe au nouveau modèle développement
Dieynaba Diop, députée membre de la commission des affaires étrangères
Rachid Temal, sénateur, Vice-président de la Commission des Affaires Étrangères et de La Défense
Murielle Laurent, députée européenne, membre de la commission Développement
(1) Sommet International Nutrition for Growth (N4G), qui se tiendra les 27 et 28 mars 2025. Organisée depuis 2013 tous les 4 ans généralement par le pays hôte des Jeux olympiques et paralympiques, cette conférence internationale vise à mobiliser financièrement et politiquement plusieurs parties prenantes pour lutter contre toutes les formes de malnutrition.