Soutenir notre École, soutenir nos enseignants !

- Le 22 octobre

L’horreur. L’effroi. La sidération. L’impensable, l’inimaginable, l’inconcevable se sont produits : un enseignant, Samuel PATY, assassiné, décapité par un terroriste de 18 ans. Assassiné pour avoir fait son métier. Assassiné pour avoir enseigné la liberté d’expression, l’éveil à la pensée critique, la liberté de conscience, fondements de notre République, héritage  des Lumières.

S’attaquer à l’école, s’attaquer à nos enseignants, c’est s’attaquer au cœur même du pacte républicain, c’est s’attaquer une fois de plus au principe de laïcité qui fait de notre école le creuset du  vivre-ensemble, le lieu par excellence où les enfants, les jeunes, se construisent pour devenir des citoyens éclairés, critiques, ouverts sur notre monde, capables de débattre dans le respect de tous et de chacun.

Répétons-le avec force : nous sommes à un tournant. Ce qui est en jeu, c’est la transmission des valeurs face un terrorisme islamiste qui n’a qu’un seul objectif : la mise à mort de notre République dont notre école est le maillon central.

Des champs d’actions sont possibles. Il faut les mettre en œuvre sans ignorer les mesures prises ces dernières années pour endiguer des comportements remettant progressivement en cause les contenus d’enseignements, mesures qui malgré tout restent à ce jour insuffisantes, laissant les enseignants trop souvent démunis.

Les remontées obligatoires de signalements des incidents, les équipes et les outils d’inspection dédiés, la Charte de la laïcité signée par les parents, la journée consacrée à la laïcité le 9 décembre dans tous les établissements, des référents « laïcité » dans les académies et plus récemment un vade-mecum de la laïcité ont permis une première prise en compte des difficultés et des besoins d’accompagnement et de soutien aux enseignants.

Mais ces mesures restent largement insuffisantes : selon une enquête menée par le Comité Nationale d’Action Laïque en 2018, 74 % des enseignants du public regrettaient de ne pas avoir été formés aux principes de laïcité en formation initiale et 93 % pour la formation continue !

Et pour cause, le principe de laïcité, ses fondements, son Histoire son application ne font pas partie des modules de formation obligatoires dans les Institut National Supérieur du Professorat et de l’Éducation (INSPE) !

Il y a donc urgence à mettre en place une formation initiale et continue pour tous les enseignants afin de leur permettre une mise en œuvre de leurs cours sur des bases solides et étayées face à des élèves qui, soumis à des influences, parfois à des pressions extérieures, peuvent remettre en cause la liberté d’expression et la liberté de conscience.

Comment accepter par ailleurs que des enseignants soient amenés de nos jours à ne plus traiter certaines parties des programmes face aux comportements de contestations, de dénigrements, voire d’intolérance de certains élèves face à telle ou telle thématique abordée ? Comment ne pas mesurer la grande solitude, le manque d’accompagnement, de conseils, voire de protection alors ressentis par ces enseignants ? Une véritable politique d’accompagnement des personnels s’impose pour replacer l’enseignant au centre de l’institution Education nationale.

Accompagner, former, aider les enseignants mais aussi les protéger, c’est aussi se saisir de la question des réseaux sociaux. Samuel PATY a été jeté en pâture, calomnié, dénoncé, étalé sur les réseaux sociaux, permettant ainsi à des fanatiques de pouvoir le localiser dans sa vie privée et d’en faire une cible jusqu’à l’assassiner.

Combien de temps faudra-t-il pour que les mesures de contrôle et de régularisation des réseaux sociaux soient mises en place pour entre autres protéger les enseignants et les équipes pédagogiques ?

Enfin, convenons qu’un travail est nécessaire en direction d’un acteur essentiel de la communauté éducative : les parents. Certains, encore peu nombreux mais souvent très actifs, refusent les lois de la République, aidés en cela par des associations islamistes. Il convient donc d’accompagner, d’informer, voire de rappeler avec force que notre système d’enseignement républicain et laïc suppose de pouvoir critiquer, débattre, caricaturer dans le respect de la loi.

Le monde que nous voulons laisser à nos enfants se construit aujourd’hui, maintenant. Il passe par l’Ecole de la République et par nos enseignants : aidons-les !

 

 

Yannick TRIGANCE

Secrétaire national à l’Éducation et à l’Enseignement supérieur 

Conseiller régional d’Île-de-France

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