Soutien à l’Ukraine : Tout repose désormais sur les Européens

- Lundi 17 février 2025

Olivier Faure, Premier secrétaire du Parti socialiste
Dylan Boutiflat, Secrétaire national aux relations internationales

 

Nous avons pris connaissance avec consternation de la conférence de presse donnée par le président Trump le 12 février qui invite Vladimir Poutine à négocier « la fin des combats » en Ukraine.

A la consternation d’une négociation entre le locataire de la Maison Blanche avec un individu accusé de crimes de guerre par la Cour pénale internationale vient s’ajouter la teneur de celle-ci. Ainsi, le Président Trump, écartant l’Ukraine et l’Europe, avalise les buts de guerre du Kremlin, acceptant l’annexion de pans entiers du territoire ukrainien au profit de l’agresseur russe, au mépris des bases élémentaires du droit et des traités, tout en excluant la perspective d’une adhésion future à l’OTAN.

Une telle entrée en négociation est un encouragement à l’usage de la force comme règlement des conflits futurs et avalise la stratégie de grignotage des frontières de la Russie depuis l’invasion de la Géorgie en 2008.

En échange de ces mauvais procédés, Trump va jusqu’à exiger d’exploiter ses richesses du sous-sol ukrainien pour se “rembourser” de l’aide américaine et au final imposer à l’Union Européenne de se porter garante des conditions de la paix sur le sol ukrainien. Cette situation est inimaginable, l’accepter serait un grave précédent. Nous devons imposer la présence de l’Ukraine, de l’UE et du Royaume-Uni dans des négociations qui ne peuvent s’ouvrir qu’avec la volonté des ukrainiens eux-mêmes.

Tout repose désormais sur les Européens. Nous sommes lucides : si l’Ukraine tombe, en tout ou partie, ce sont les pays de l'Union Européenne qui seront demain la cible des visées du Kremlin. Les accords de Munich en 1938 doivent servir de mémoire aux Européens.

Le temps presse, nous n’avons que trop tardé à réaliser la gravité de la situation. Alors que l’invasion à grande échelle de l’Ukraine va bientôt entrer dans sa quatrième année. L’Union européenne doit prendre en main son destin face à l'expansionnisme russe ou au néo-impérialisme de l’administration Trump visible au Canada, Groenland ou au Panama. Trump et Poutine partagent certains axes idéologiques et montrent une connivence dangereuse. Écartant le droit, ils sont revenus à des logiques de puissance et d’intérêt. Les pays européens doivent assurer leur sécurité par eux-mêmes, et cesser de déléguer leur défense à un partenaire dont la fiabilité n’est plus assurée.

Le président de la République doit aller plus loin qu’une réunion de crise à l’Élysée. Nous devons avoir un investissement militaire et industriel à la hauteur des enjeux qui passe par une mutualisation des coûts et la mise en place d’une force militaire qui ne soit plus mobilisable uniquement en réponse à une agression (comme prévu dans les traités) mais qui soit aussi capable de se projeter pour défendre nos intérêts stratégiques face aux nouveaux impérialismes.  Alors que l’allié américain tourne le dos au continent européen, nous devons revoir la répartition UE/OTAN sur laquelle nous, européens, avons fondé notre sécurité.

L’Europe doit désormais affirmer, sans honte ni hésitation, sa puissance. C’est indispensable si elle veut peser sur la marche du monde. Tout recul ou attentisme entraînera une aggravation de la situation à brève échéance en Moldavie, Géorgie, Arménie et dans l’Union Européenne elle-même.

Veuillez vérifier votre e-mail pour activer votre compte.