Le mouvement d'opposition contre le président contesté Loukachenko est dirigé par des femmes, notamment Svetlana Tikhanovskaïa et Veronika Tsepkalo, qui ont dû fuir le pays par crainte pour leur propre sécurité, mais également Maria Kolesnikova, qui a été enlevée, emprisonnée et accusée « d'atteinte à la sécurité nationale », risquant jusqu'à 5 ans de prison.
Avec elles, ce sont des milliers de femmes, qui ont défilé pacifiquement vêtues de blanc, portant des fleurs et formant des chaînes de solidarité, en première ligne de la campagne pour la démocratie. Après plus d'un mois à crier justice, elles ne reculent devant rien, malgré la violence de leur détention et de leurs attaques. Ces femmes biélorusses - qui n’avaient traditionnellement que peu de visibilité politique dans leur pays - sont aujourd'hui en première ligne. Parallèlement à la marche générale, 10 000 femmes ont participé à des marches dédiées aux droits des femmes avec leurs familles. Le régime les prend maintenant pour cible, menaçant de les emprisonner ou de leur enlever leurs enfants. Et pourtant, samedi dernier, elles étaient à nouveau des milliers à manifester dans les rues de Minsk contre le président Loukachenko. Plusieurs centaines se sont faites arrêter par des forces anti-émeutes biélorusses.
En tant que socialistes françai·e·s et européen·ne·s, nous nous sentons solidaires de toutes ces femmes qui luttent pacifiquement pour la démocratie. Nous condamnons l'oppression, la violence et la misogynie auxquelles elles sont confrontées. Il est grand temps que des enquêtes indépendantes soient menées et que des sanctions internationales soient prises à l'encontre des responsables politiques concernés.
Leur histoire témoigne à nouveau que la démocratie et la liberté vont de pair avec l'égalité entre les femmes et les hommes et que les mêmes dynamiques d’oppression sont à l’œuvre pour les empêcher. Si le rôle des femmes dans ces combats pour la démocratie n'est plus à démontrer, celui qu’elles joueront dans la transition démocratique sera également essentiel à la reconstruction politique du pays. Le soutien de l'Union européenne et de la France doivent en tenir compte et s’assurer qu’elles demeurent au premier plan.
Au niveau européen, le prochain plan d'action sur l'égalité des sexes et l'autonomisation des femmes dans les relations extérieures (GAP III 2021- 2025) devra donc reconnaître, encourager et impliquer le rôle central des femmes dans la prévention des conflits et la consolidation de la paix. Si le Parlement européen, en particulier les députés socialistes, ont pris clairement position en faveur de la démocratie, en exigeant des sanctions, les missions de l'Union européenne en matière de paix et de sécurité doivent maintenant s'intensifier et impliquer davantage de femmes, car celles-ci y sont actuellement fortement sous-représentées.
- Vendredi 25 septembre 2020