Pour un réveil de la jeunesse

Contribution thématique du Congrès de Villeurbanne 2021

Lors de son interview du 14 octobre dernier, le Président de la République a concédé, d’un ton contrit, qu’il « est dur d’avoir 20 ans en 2020 ».

Pour une fois, on ne peut lui donner tort. C’était déjà dur avant, mais cela l’est encore davantage en cette période de crise sanitaire.

Notre génération est celle des attentats terroristes, des crises économiques, du chômage de masse, du réchauffement climatique et maintenant d’une crise sanitaire sans précédent. Cette réalité nous change, elle bouleverse nos existences. Nous ne pourrons pas être les mêmes femmes et les mêmes hommes que les générations passées. Ce que nous vivons est une rupture.

Notre génération est habituée, éduquée presque, aux reculs constants, à la résignation.

Habituée aux reculs libéraux, quand on nous promet de travailler toujours plus longtemps pour des salaires toujours plus faibles et incertains. Habituée aux baisses successives d’aides sociales qui permettaient à certaines et à certains non pas de vivre mais de survivre. Habituée aux reculs liberticides, quand loi après loi, état d’urgence après état d’urgence, on nous somme de rentrer toujours plus dans le rang, alors même que nos décideurs semblent naviguer à vue.

Plus inquiétant encore depuis ces derniers mois : on stigmatise les jeunes qui véhiculent le virus parce qu’ils partent en vacances, parce qu’ils font la fête, mais on oublie de dire l’angoisse de la jeunesse. Cette crise a fait exploser le sentiment de déclassement, privant certaines et certains de jobs étudiants ou saisonniers, privant les nouvelles diplômées et les nouveaux diplômés de s’insérer sur le marché du travail. Il n’y a pas d’horizons.

Cette contribution au congrès du Parti Socialiste appelle à un réveil de la jeunesse socialiste, tant sur les combats à mener que sur l’importance de l’existence d’une organisation de jeunesse socialiste puissante, efficace, saine et porteuse d’idéal pour un futur meilleur pour toutes et tous. Ce moment de rupture doit permettre notre sursaut.

I) Une politique anti-jeunes à combattre

Le climat anxiogène que nous connaissons nous conduit à accepter plus facilement les restrictions de nos libertés et de nos droits fondamentaux, sous le prétexte — légitime ou non — de notre protection. En plus d’être une génération sacrifiée, nous devenons une génération gouvernée par la peur.

Le monde d’aujourd’hui nous laisse face à une alternative : subir ou choisir.

Jeunes militants socialistes, nous sommes de ceux qui voulons choisir.

Choisir pour des jeunes socialistes, c’est regarder le monde et vouloir en corriger les inégalités. Réduire les inégalités est au cœur de notre pensée socialiste et son caractère essentiel n’a été que renforcé durant les derniers mois.

La crise sanitaire a eu en effet pour conséquence notable de paupériser davantage les jeunes françaises et français et, même si le chômage partiel a permis de limiter la casse, elles et ils s’apprêtent à vivre des mois et des années difficiles.

Suppression d’emplois étudiants et saisonniers. Des secteurs entiers à l’arrêt, comme l’événementiel, la restauration et l’hôtellerie, et une impossibilité structurelle et maintenant conjoncturelle à trouver sa place sur le marché du travail, sans parler de la détresse des étudiantes et étudiants en fin d’études, pour qui l’accumulation de stages payés au lance-pierre sera la seule perspective dans les années à venir.

A cause d’Emmanuel Macron et de sa majorité, nous devenons une génération sacrifiée.

Il est dur d’avoir 20 ans en 2020 quand le taux de chômage des jeunes de moins de 25 ans s’élève à 19,3% (contre 9,5% pour la population globale). Pour le gouvernement, le pouvoir de vivre des jeunes n’est pas une priorité.
Nous demandons l’ouverture du RSA aux moins de 25 ans et la fin des stages non-rémunérés.

Il est dur d’avoir 20 ans en 2020 quand on supprime pour un tiers des jeunes l’accès aux APL ou quand on réduit pour tous les autres le montant des aides.
Nous demandons une revalorisation des APL et une augmentation du nombre de bénéficiaires.

Il est dur d’avoir 20 ans en 2020 quand le gouvernement ne tient pas sa promesse de créer 60 000 logements étudiants.
Nous demandons une création massive de logements à destination des étudiantes et des étudiants dans les grandes villes de France et un échelonnage plus juste des bourses étudiantes, pour permettre à toutes et à tous d’étudier dans les meilleures conditions.

Il est dur d’avoir 20 ans en 2020 quand le gouvernement cantonne l’écologie à de vagues incantations vides de sens.
Nous demandons un soutien massif de la part du ministère de l’économie en direction des entreprises de l’ESS et à l’agriculture urbaine. Nous demandons un plan d’investissement important en direction des mobilités alternatives, pour construire la ville du quart d’heure et penser la ville après la voiture. Grâce au plan de relance, cela est possible. Devenons le parti de la Génération Climat !

Il est dur d’avoir 20 ans en 2020 quand on supprime les emplois aidés.
Nous demandons le retour des emplois d’avenir, pour revitaliser notre tissu associatif et créer des emplois pour les jeunes.

Il est dur d’avoir 20 ans en 2020 à cause de Parcoursup et de la généralisation de la sélection et de la concurrence à l’université.
Nous voulons un enseignement supérieur accessible à toutes et à tous et donner plus de moyens à la recherche.

Il est dur d’avoir 20 ans en 2020 quand le ministre de l’Education Nationale commente la tenue vestimentaire des filles et des femmes, sous prétexte que cela déconcentre les hommes.
Parce que nous sommes socialistes, donc féministes, nous voulons une société où les femmes sont libres et émancipées, loin des diktats du patriarcat.

Il est dur d’avoir 20 ans en 2020 quand plus de 270 000 étudiantes vivent sous le seuil de pauvreté et sont concernées par la précarité menstruelle.
Nous demandons la gratuité des protections périodiques et de toutes les formes de contraceptions.

Il est dur d’avoir 20 ans en 2020 quand le Président de la République assèche le financement des collectivités territoriales, premier relais de terrain au contact des jeunes.
Nous demandons une revalorisation de la dotation globale de fonctionnement, qui ne cesse de baisser.

Nous voulons que notre Parti mène toutes ces batailles de front, mais nous aimerions aussi pouvoir les mener au sein d’une organisation de jeunesse socialiste digne de ce nom. Malheureusement cet espace n’existe plus, ne reste qu’un semblant d’organisation moribonde, dans laquelle opacité généralisée flirte avec l’inefficacité la plus crasse.

Pour recréer cet espace de militantisme jeune socialiste dynamique et efficace, nous avons aussi besoin que le Parti Socialiste soit à l’écoute.

II) Une bataille pour l’engagement de la jeunesse socialiste

Il serait caricatural, et erroné, de dire que les jeunes ne s’engagent plus.

Les jeunes s’engagent toujours mais ont déserté les partis traditionnels, pour leur préférer des luttes sectorielles et plus ponctuelles.

Nous jeunes socialistes, voulons relever le défi de l’engagement des jeunes, en retrouvant le chemin du militantisme, de la formation et de la convivialité. Nous sommes convaincus que le socialisme est un universalisme et que le Parti Socialiste est l’espace privilégié pour y mener toutes les luttes en faveur d’un projet global de société.

Jeunes militantes et militants, nous avons beaucoup appris au sein du Parti Socialiste, mais nous souhaitons aussi faire vivre les espaces de militantisme, de formation et de convivialité pour les jeunes. La famille socialiste a besoin de nouvelles militantes et de nouveaux militants. Nous devons attirer, à nouveau, la jeunesse dans nos rangs. Une structuration interne à destination de la jeunesse socialiste est donc indispensable. Le MJS a été pour beaucoup d’entre nous un espace de formation et de rencontres inestimables. De l’élaboration de campagnes locales à la participation aux constructions des programmes pour les élections, les fédérations ont accueilli des jeunes motivés et motivants.

Mais force est de constater que cet espace a maintenant disparu depuis plusieurs années.

Nous appelons le Parti Socialiste à aider sa jeunesse à se restructurer. Nous voulons refonder et réimaginer ce qu’est être un ou une “jeune socialiste”. Mais l’urgence est aussi réelle. Nous avons toutes et tous besoin d’un espace de militantisme et de formation structuré pour mener les campagnes des départementales, des régionales et des futures législatives et la campagne présidentielle. Nous voulons prendre toute notre place au sein de la Jeune Gauche et porter haut et fort les valeurs du Parti Socialiste.

La jeunesse socialiste existe toujours mais est en sommeil. Pour la réveiller, nous souhaitons qu’une ou un secrétaire national à la jeunesse soit nommé et qu’il ou elle effectue un audit de la situation statutaire et judiciaire du MJS, afin de prendre les mesures qui s’imposent pour régulariser ou dissoudre l’association.

Nous voulons que la nouvelle ou le nouveau Secrétaire National à la jeunesse et le Premier Secrétaire du Parti Socialiste réunissent les différentes sensibilités du Mouvement des Jeunes Socialistes afin d’associer les jeunes socialistes dans leur diversité aux décisions qui les concernent.

Nous voulons que le Parti Socialiste coorganise avec les militantes et les militants du MJS un congrès de refondation de l’organisation de jeunesse du Parti Socialiste, pour veiller à sa bonne organisation et partir sur de nouvelles bases, saines, transparentes et autonomes.
Nous souhaitons que l’ensemble de ces procédures soient réalisées dans le délai le plus bref, afin d’avoir une organisation de jeunesse opérationnelle en vue des prochaines échéances électorales.

Enfin, nous souhaitons qu’en attendant un renouvellement des instances du MJS, le Parti Socialiste et ses instances se perçoivent compétents à traiter des sujets relatifs aux jeunes socialistes, pour refaire de cette organisation de jeunesse à laquelle nous sommes attachés, un espace de confiance et de sécurité pour toutes et tous.

Signataires : 

Emma Rafowicz (75, Adjointe au Maire du 11e arrondissement de Paris, Secrétaire Fédérale), Lyes Bouhdida-Lasserre (75, Adjoint au Maire du 20e arrondissement de Paris, Secrétaire Fédéral), Pierre Monquet (75), Yvain Bourgeat-Lami (75), Guillaume De Almeida Chaves (31 Conseiller Municipal de Saint-Loup-Cammas, Secrétaire Fédéral), Gabriel Derais (67, Président d’HES 67, Membre du Conseil Fédéral), Rayane Guerboub (69), Basile Imbert (30), Nadia Kharfallah (31), Louis L’Haridon (95, Conseiller municipal à Cergy), Floria Labat (75), Tanguy Lars (56), Antoine Monteiro (91), Paul Murat-Craïs (82), Guillaume Seris (76), Angélique Susini (94, Conseillère municipale de Cachan), David Assouline (75, Sénateur), Laure Aourir (75), Alpha Barry (67), Cheriffa Boudhar (75), Dorine Bregman (75, Secrétaire de section, Adjointe au maire de Paris Centre), Patrick Bloche (75, Adjoint à la Maire de Paris), Guillaume Boissonnat (75, Secrétaire de section), François Comet (75, Conseiller du 6e arrondissement de Paris), Florian Couasnon (95, Conseiller municipal de Cergy), Luka De Silva (75), Jérôme Decrock (56), Nathalie Deriano (67), Jacqueline Devier (06, Secrétaire Fédérale, Membre du Conseil National), Frédérique Dutreuil (75, Conseillère du 9e arrondissement de Paris), Yasmine El Jaï (75, Secrétaire Fédérale), Rémi Féraud (75, Premier Secrétaire Fédéral du PS Paris, Sénateur), Théo Fortin (76), Martin Gaignard (75), Marie-Anne Geoffroy (75), Alex Gerbaud (87, Conseiller municipal délégué au développement durable à Saint-Julien), Gilles Gony (75), Emmanuel Grégoire (75, Premier Adjoint à la Maire de Paris), Antoine Greiner (75), Léo Henriot (75), Céline Hervieu (75, Conseillère de Paris, Secrétaire de section), Linda Ibiem (67), Anne Jaffeux (75), Boris Jamet-Fournier (75, Conseiller de Paris, Secrétaire de Section), Alexandra Jardin (75, Adjointe au maire du 20e arrondissement, Secrétaire de section), Dylan Laplace-Mermoud (75, Secrétaire Fédéral), Aliénor Laurent (75), Titouan Le Bouard (75), Damien Lerouge (08), Nicolas Litaudon (75), Brigitte Marciniak (56, Membre du Bureau National), Laurie Marsoni-Bornstein (31), Stéphane Martinet (75), João Martins Pereira (94, Conseiller municipal de Charenton-le-Pont), Loick Mercier (56, Membre du Conseil Fédéral, Secrétaire de section), Jérôme Meyer (75, Adjoint au Maire du 11e arrondissement de Paris, Secrétaire de section), Estelle Naud (75), Gabriel Nudant (75), Eric Nicollet (95, Adjoint au maire de Cergy, Secrétaire de section), Nawel Oumer (75, Membre du Conseil National), Sandrine Piaskowski (75), Estelle Picard (79, Membre du Conseil National), Axel Pillaud (75), Dominique Ramuscello (81, Président du BFA, Référent national contre les violences sexistes et sexuelles, Conseiller Municipal de Lautrec), Guillaume Rouvière (75), Lionel Ruiz (75), Dalila Samadi (75), Maxime Sauvage (75, Premier adjoint au maire du 20e arrondissement de Paris), Hugo Savary-Lys (75), Marie Odile Van de Weghe (67), François Vauglin (75, Maire du 11e arrondissement de Paris), Romain Vigneron (76), Karim Ziady (75, Conseiller de Paris, Secrétaire de section), Section du 11e arrondissement de Paris, Léon Blum (75), Section du 20e arrondissement de Paris, Commune de Paris (75)

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