Contribution des sections fusionnées de Haguenau et de Wissembourg (Fédé 67) présentée par Taoufik Kasmi et Ambroise Perrin, secrétaires de section.
Cette contribution s’articule autour de trois axes :
- L’Europe, notre identité
- Etre socialiste en Alsace
- Etre socialiste au sein d’une Gauche unie
1) Notre identité européenne se construit grâce à nos convictions socialistes
L’Europe de Strasbourg, ce n’est pas que la défense du siège. C’est une aspiration universelle, partager des valeurs et un avenir commun. A Bruxelles, l’administration, l’économie et les finances, à Strasbourg, l’indéfectible attachement à l’humanisme, la défense des peuples et des citoyens, la vigilance démocratique. Ces valeurs, un argument socialiste. Que les députés européens socialistes français qui siègent au sein du Groupe de l’Alliance progressiste et démocrate exercent leur force de proposition législative sur le fonctionnement des Institutions dans la perspective d’une Europe fédérale ambitieuse ! Que notre Parti socialiste français défende cette idée simple, et bien plus que symbolique, de l’installation du ministre secrétaire d’Etat aux Affaires européennes à Strasbourg, ce ministère non plus à Paris mais au cœur de l’Europe, à Strasbourg !
La crise démocratique que nous vivons, -la résurgence des populismes, la frilosité envers des régimes comme celui de Victor Orban-, s’est révélée par les cafouillages de la gestion par l’Union européenne des débuts de la pandémie. Avons-nous entendu des voix socialistes unies, européennes, de pardessus les frontières, lors de la guerre des masques sur les tarmacs entre l’Italie et la France, lors de la fermeture des frontières entre l’Allemagne et la France, lors du manque d’harmonisation des premiers soins immédiats ? Jacques Delors est sorti de sa réserve pour s’alarmer du danger de mort de l’Europe. Avons-nous compris son message ?
Nos racines socialistes, les droits des femmes, la défense des acquis sociaux, la pérennisation de la notion de service public dans les services de santé, des exemples qui n’ont pas été défendus avec la pertinence qui devrait être celle des socialistes. Quel a été notre poids lorsque le tandem franco-allemand s’est discrètement réveillé pendant la crise ? Les militants socialistes français veulent pouvoir s’informer des efforts réalisés à Strasbourg et à Bruxelles. Nous suggérons que le Parti socialiste français s’engage à faire revivre le Parti socialiste européen en réaffirmant les valeurs communes des socialistes progressistes dans tous les pays de l’Europe. Notre crédibilité passe par la réaffirmation de notre identité originelle, en maîtrisant tant au niveau européen que national nos stratégies d’alliance.
Soyons réalistes, les militants socialistes français sont découragés, mais gardent une volonté d’action «à gauche». Proposons d’adhérer directement à un parti socialiste européen harmonisé, réaliste, comme certains en avait esquissé l’esprit en suggérant le belge Paul Magnette en tête de notre liste européenne.
Affirmer être socialiste européen c’est permettre aux socialistes français de dépasser la tristesse actuelle de notre horizon national.
2) Ni obsolète ni futuriste, le socialisme en Alsace.
Soyons optimistes : le socialisme est toujours vivant dans les convictions alsaciennes. Des manœuvres ont transformé cet idéal en stratégies décalées, en détournant pour ce faire des notions comme l’humanisme rhénan, l’écologie de gauche, le pragmatisme citoyen ou le réalisme du bon sens et en acceptant des compromissions électoralistes.
Quel bilan pouvons-nous tirer aujourd’hui ? Nous avons perdu nos engagements dans des villes moyennes et aussi dans les grandes agglomérations : nos réalisations sont pourtant positives, avec des centres culturels puissants, un riche tissu associatif, des priorités à l’éducation retrouvées, une politique volontariste pour le logement social et l’aide à la propriété, des réseaux renforcés de transport en commun avec l’adhésion citoyenne à la politique de déplacements à vélo, etc.
Avons-nous clairement promu nos idéaux socialistes lorsque nous avons entrepris ces réalisations ? Aurions-nous honte d’être nommés «socialistes» ? Il y a une coutume «réaliste» alsacienne de pouvoir s’identifier au socialisme dans les grandes villes et de s’effacer derrière des notions, certes noble, de listes citoyennes progressistes, ou d’ouverture, ou de diversité, par pragmatisme dans les petites villes.
Notre parti socialiste doit accepter de renouer des liens avec ces petites communes qui ont offert pourtant de grandes personnalités à l’époque des meilleurs jours socialistes. L’esprit de la justice sociale et la lutte pour les droits et les égalités sommeillent au sein de nombreux citoyens et ne demandent qu’à être réactivé. Cela implique une relation sincère, saine, transparente, dénuée de calculs politiciens et de jeux d’appareils de la part de nos Fédérations. La Fédération 67 doit redevenir attractive, arborer ses couleurs, et surtout sortir de Strasbourg. Les ateliers républicains décentralisés avaient été des réussites, mais sont restés sans lendemain.
Les égos strasbourgeois ont désespéré les socialistes alsaciens et ces mêmes égos strasbourgeois ce sont désespérés entre eux. La campagne municipale strasbourgeoise en a été un triste exemple, et seule Catherine Trautmann a redonné un peu de fierté et de baume au cœur aux citoyens ravis de pouvoir s’identifier à un socialisme positif et de valeurs.
Les socialistes Bas-Rhinois doivent renouer avec les valeurs populaires et de partage de proximité, poursuivre l’œuvre de Roland Ries et de Robert Herrmann, et s’engager clairement dans ce qui fait l’essence même du socialisme.
C’est ainsi que nous amorcerons le temps des reconquêtes en Alsace.
3) A la Recherche de l’Unité perdue (du côté de chez ‘Gauche’)
Qui sommes-nous ? Ceux d’entre nous, partis chez les Verts, les macronistes en marche, les communistes, les insoumis, à Génération S, Place publique, considèrent-ils encore que nous sommes de gauche ? Le socialisme n’est-il plus qu’une référence historique? Les pragmatismes de conquête justifient-ils les compromissions et les éloignements ? Sommes nous devenus, les socialistes, une seule force d’appoint, une marche électorale pour les ambitieux ? Nous avons fait preuve de responsabilité –et donc de discipline– pour faire gagner « une gauche » aux sénatoriales dans le Bas-Rhin. Lorsque les socialistes sont aux responsabilités, la réussite de leurs entreprises est indéniable. Mais nous socialistes en 2020, qui avons-nous encore comme interlocuteurs ? Sommes-nous encore entendus au niveau national, et par qui ?
Notre force principale c’est notre ancrage dans les territoires. C’est notre crédibilité qui est ainsi sollicitée par nos éventuels partenaires. Nos grands élus, Lille, Nantes, Rennes, Dijon, Le Mans, Paris marquent la vie nationale par leurs réalisations concrètes : défense de l’environnement, développement de la culture et de l’éducation, structuration des mobilités actives, maîtrise de la gestion budgétaire, LGBTQIA+, égalité femmes-hommes, politique ‘en faveur’ des défavorisés…
Les socialistes des territoires locaux s’engageront pour faire gagner la gauche dans sa diversité à condition que les valeurs mais aussi les militants soient considérés par les structures du Parti avec un sentiment qui se nomme la considération.
Signataires :
Ambroise PERRIN, secrétaire de la section de Wissembourg ;
Taoufik KASMI, secrétaire de la section de Haguenau.