Stratégie de reconquête électorale pour lutter contre l'abstention et l'extrême droite


Thème : Stratégie de requête électorale


Reconquérir les territoires, regagner la confiance

 

Un pays fracturé

Vingt ans après le choc du 21 avril 2002, l’extrême-droite ne cesse de progresser lors des scrutins nationaux. Pire encore, elle trouve désormais des ancrages territoriaux forts, les menant à la tête d’exécutifs locaux. Dans notre région, 21 députés d’extrême-droite viennent d’être élus sur les 42 circonscriptions, soit une circonscription sur deux…

Parallèlement, l’abstention se renforce d’élection en élection, n'épargnant aucun scrutin, du local au national. Aux dernières élections législatives, les Bouches-du-Rhône ont d’ailleurs eu le triste record du plus haut taux national d’abstention. Lors de ces mêmes scrutins, moins de 30% des jeunes se sont déplacés aux urnes.

Entre la tentation d’un vote en faveur de l’extrême-droite et l'abstention, symptôme d’une résignation ancrée, nous vivons une montée des populismes en tout genre remettant en cause une grande partie de notre modèle de société.

Pourtant, les Françaises et les Français restent particulièrement intéressés par la chose publique, les enjeux économiques, environnementaux, sociétaux. Ils s’engagent sur des combats, pour des causes mais se désintéressent de la politique, considérant pour une part que nous n’avons plus la capacité de changer les choses en profondeur, de changer leur quotidien en positif. Cette défiance est d’ailleurs plus large que les simples partis politiques, elle touche la démocratie sociale dans son ensemble, les corps intermédiaires ou encore les espaces d’engagement collectif.

D’un point de vue territorial, la géographie du vote montre un écart qui se creuse entre le vote des centres villes et celui des espaces péri-urbains. Loin des solutions de transport, des loisirs, de la vie culturelle et sociale, des services publics, ces Françaises et ces Français se sentent moins concernés par les politiques publiques, alors que dans le même temps, ils subissent de plein fouet l’inflation. La plupart du temps, ils sont contraints d’utiliser leur voiture individuelle pour se déplacer et bien souvent sont en première ligne des crises que nous traversons. Il est bien plus simple de convaincre un électeur qui a, en bas de chez lui, un arrêt de métro et un cinéma, qui va travailler en vélo, etc. Il sera, dans son quotidien, directement touché par les décisions politiques.

L’opposition entre la ruralité et les banlieues est une erreur. Il y a un lien entre les habitantes et habitants des quartiers nord de Marseille et ceux de Gréasque dans les Bouches du Rhône ou de ces villages qui sont éloignés des grands centres-villes. L’éloignement de l’action publique, des services, des lieux de vie et de culture sont autant d’éléments communs qui favorisent le sentiment d’abandon et font le sillon de l’abstention.

Au sentiment d’abandon s’ajoute aussi celui du déclassement, notamment chez une génération en passe d’être la première à vivre moins bien que celle de ses parents. Une génération profondément inquiète des bouleversements climatiques en cours. Le travail, les études, ne suffisent plus à garantir un niveau de vie acceptable et les gouvernements successifs réforment sans qu’un changement profond ne soit ressenti.

Nous devons apporter des réponses et redonner l’utilité première à l’action politique : celle de répondre aux aspirations individuelles et collectives à vivre mieux.

 

Retrouver le pouvoir d’agir 

L’impression, renforcée par un discours populiste du “tous pourris”, d’un pouvoir politique qui se contente d’être gestionnaire et “pragmatique” sans remettre en question les inégalités, les injustices, ne fait que creuser le sillon de l’extrême droite et accréditer les thèses menant à l’abstention. Le “en même temps” du président n’est, nous le voyons bien, pas de droite ET de gauche, mais, en s’en revendiquant, a participé à rajouter de la confusion sur les oppositions politiques qui existent depuis des décennies.

Nous devons retrouver le pouvoir d’agir pour montrer que la politique impacte les quotidiens et est en mesure de changer nos vies.

Nous devons montrer que la politique peut changer les choses, renverser l’ordre établi, remettre les priorités sur l’essentiel. C’est ce que nous faisons dans les exécutifs locaux avec nos armes et nos possibilités, souvent contraintes. Il faut le mettre davantage en avant et en faire le point de départ de la reconquête. Sachons nommer les choses que nous vivons quotidiennement sur nos territoires, et n’ayons aucun tabou sur des sujets que nous avons trop longtemps abandonnés à la droite et à son extrême qui, en imposant leurs marqueurs culturels, les ont dévoyés.

Soyons la gauche des territoires, de la vie quotidienne tout en portant un projet socialiste de rupture, capable de dessiner un autre horizon pour demain, qui rassemble et redonne de l’espoir. Remettons du contenu dans notre doctrine. Partons des combats communs avec nos partenaires politiques, associatifs, syndicaux, ceux de l’écologie, du pouvoir de vivre, de la justice sociale pour construire la véritable alternative.

Retrouvons une capacité à anticiper les mutations plutôt que les subir. Concernant la nécessaire transition écologique, soyons à la hauteur de l’Histoire en portant un projet ambitieux et courageux à tous les échelons, en se nourrissant du milieu associatif qui a plus que jamais besoin de trouver un débouché politique à ses combats. Lors d’un débat, un responsable associatif nous faisait justement remarquer que les entreprises privées devenaient des acteurs plus influents que nous sur ces sujets car leur économie pouvait être touchée, que ce soit par les conséquences directes du réchauffement climatique que par les effets néfastes dans l’opinion. La politique en est donc à avoir du retard sur les mondes économiques et financiers là où au contraire, nous devrions être de celles et ceux qui donnent la direction à suivre.

La gauche ne peut plus décevoir et sa responsabilité est grande pour être dans les têtes puis dans les urnes l’alternative naturelle à la droite. Ce n’est qu’en retrouvant le pouvoir d’agir concrètement sur les quotidiens que l’on pourra de nouveau redonner confiance en la politique et lutter efficacement contre l’abstention.

 

Refaire société

L’abstention comme le vote extrême droite trouvent tous deux racine dans l’absence de cadre collectif, de sentiment d’appartenance à la société. L’extrême droite joue sur la division et l’opposition et n’a aucun intérêt à favoriser un vivre ensemble. Dans notre département, quand le FN prenait le pouvoir à Vitrolles ou à Marignane, cela s’est accompagné d’une politique systématiquement clivante et provocatrice, augmentant les divisions et les oppositions dans la population. Quand le FN débaptise la place Nelson Mandela à Vitrolles, qu’il retire certains journaux de ses bibliothèques ou baisse les subventions aux restos du coeur à Marignane pour en même temps favoriser certains agents, une certaine partie de la population, ses électrices et électeurs, on voit bien que le clivage et la division sont leur fond de commerce. Notre meilleure réponse doit être, au contraire, de rassembler et de retrouver ce cadre collectif émancipateur et protecteur qu’est la République.

Le repli sur soi est le réflexe naturel quand faire société n’a plus de sens. Nous sommes arrivés à un stade où l’on ne vit plus ensemble mais côte à côte dans des réalités parfois bien éloignées. Il devient donc particulièrement compliqué, dans ce contexte, de se sentir appartenir à un même collectif, à une même société et donc de s’estimer représenté par notre système politique.

Faire société, c’est se sentir utile au collectif. Il nous faut mettre en avant l’engagement. L’engagement individuel et permanent, de la vie de tous les jours, comme l’engagement collectif, qu’il soit syndical, associatif, mutualiste. Cet investissement dans la vie de la cité est un parallèle presque nécessaire à l’engagement militant au sein du Parti socialiste : il permet de garder en tête pourquoi et pour qui l’on se bat tous les jours sur le terrain.

Il nous faut ré-impliquer les citoyennes et les citoyens dans la vie démocratique et sociale du pays. Mettons de la démocratie partout où cela est possible et face à toutes les gouvernances : de l’entreprise aux services publics, des lycées aux universités.

Chaque strate, chaque étape de vie, dans laquelle tout un chacun pourra ressentir sa citoyenneté permettra de renforcer le sentiment d’appartenance à une communauté de destin. Cela contribuera également à la construction du récit commun qui ne s’écrit plus, et dont l’absence est l’un des terreau du développement des thèses les plus ignobles.

 

Reconquérir

Il n’est plus possible de se contenter de dénoncer l’extrême-droite, nous devons avoir une stratégie de reconquête des électrices et électeurs pour, territoire par territoire, aller regagner les espaces laissés entre les mains du Rassemblement National.

Nous avons des choses à dire à celles et ceux qui se sont détournés de la politique, qui ne votent plus, ou, pire, font le choix du vote RN. Évidemment, il sera difficile voire impossible de convaincre des personnes qui adhèrent aux thèses racistes et xénophobes. Ce n’est, de toute façon, pas notre objectif. Mais à celles et ceux qui en ont fait un vote de désespoir, de colère profonde, nous avons le devoir de proposer un autre chemin, de les ramener dans le camp de la République.

C’est en retrouvant le pouvoir de faire et d’agir sur le quotidien que de nouveau, la politique retrouvera auprès du plus grand nombre ses lettres de noblesse. C’est en s’engageant pour refaire société, en créant et valorisant des cadres d’engagement collectif, en retrouvant un récit national qui rassemble et crée du sentiment d’appartenance que l’on reconstruira une démocratie sociale stable, éloignant du pouvoir les populismes et l’extrême droite.

Le Parti Socialiste doit prendre toute sa place, de par son Histoire mais aussi de par son projet, dans la reconstruction d’une gauche capable de changer la vie, de redonner de l’espoir, et, dans une période politique de plus en plus sombre, de ramener la lumière.

Nous sommes convaincus que cela passera par l’échelon local, au plus près des citoyennes et citoyens, pour retrouver confiance en la politique, pour agir sur les quotidiens, et reconstruire ensemble un modèle de société vertueux dans laquelle chacun se sent appartenir à un tout : La République.


Signataires :

Les membres du Conseil fédéral des Bouches-du-Rhône

Yannick OHANESSIAN, 1er Secrétaire fédéral PS 13

Clément ACAR (CF PS 13), Saliha AKERIM (Secrétaire de section, CF PS 13), Nadia ALI (Adjointe au maire de Miramas, CF PS 13), Jacky ARMANI (Secrétaire de section, CF PS 13), Christian ARNAUD (Secrétarie de section, CF PS 13), Virginie AUTIE (Conseillère municipale de Septemes, CF PS 13), Gérard AZIBI (Adjoint des 2 et 3èmes arrondissements, conseiller métropolitain, Secrétaire de section, CF PS 13), Thierry BATTAGLIA (secrétaire de section, CF PS 13), Marie Reine BEAUSSART (CF PS 13), Aime BERAUD (CF PS 13), Cécile BONNEAU (Adjointe au maire de Sausset les Pins, Secrétaire de section, CF PS 13), Jean Pierre BONNET (secrétaire de section, CF PS 13), Paul BONZI (Conseiller Municipal de Septemes, CF PS 13), Rosine BOUISSE (CF PS 13), Stéphane BOUMENDIL (Secrétaire de section, CF PS 13), Saoussen BOUSSAHEL (Conseillère Municipale de Martigues, Secrétaire de section, CF PS 13), Sabrina BOUZIANE (CF PS 13), Ouria BOUZIANE (CF PS 13), Michael BRUEL (CF PS 13), Christian CABROL (Secrétaire de section, CF PS 13), Christophe CAILLAULT (Conseiller Municipal Miramas, Secrétaire de section, CF PS 13), Nicole CAMILLIERI (Secrétaire de section, CF PS 13), Joël CANICAVE (Adjoint au maire de Marseille, CF PS 13, Comm Contrôle financier), Marie-Arlette CARLOTTI (Sénatrice, ancienne ministre, CF PS 13), Christelle CASO (Secrétaire de section, CF PS 13), Marjolaine CHATONEY (CF PS 13), Lyece CHOULAK (Conseiller d’arrondissement et métropolitain, CF PS 13), Noelle CICCOLINI (CF PS 13), Jean-David CIOT (Maire du Puy Sainte Reparade, CF PS 13, CN, BN), Gino CIRAVOLO (CF PS 13), Genevieve COURAUD (CF PS 13), Antoine CORTES (CF PS 13, CN), Mireille COSTABELLO (CF PS 13), Vincent COULOMB (secrétaire de section, CF PS 13), Abdallah DAOUD (secrétaire de section, CF PS 13), Cyril DI MEO (Conseiller Municipal d’Aix, Secrétaire de section, CF PS 13), Gilbert ESPOTO (CF PS 13), Richard FRAU (CF PS 13), Loic GACHON (Maire de Vitrolles, CF PS 13, CN), Audrey GATIAN (Adjointe au maire de Marseille, CF PS 13, CN, Secrétaire Nationale adjointe), Paul GATIAN (Conseiller Muncicpal de Gréasque, secrétaire de section, CF PS 13), Anthony GIRAUD (secrétaire de section, CF PS 13), Emilien GOGUEL-MAZET (Adjoint au maire de Septemes, CF PS 13, CN), Louisa HAMMOUCHE (Adjointe au maire de Septemes, CF PS 13, CN), Emmanuel HENRY (CF PS 13), Sylvie HERMANT (Conseillère d’arrondissements, CF PS 13), Henri JIBRAYEL (Député honoraire, CF PS 13), Sébastien JIBRAYEL (Adjoint au maire de Marseille, Conseiller départemental, CF PS 13, CN), Anthony KREHMEIER (Maire des 2 et 3èmes arrondissements de Marseille, Conseiller départemental, CF, CN), Christiane LANTERMO (Secrétaire de section, CF PS 13), Yoan LEVY (Pdt BFA, BNA), Laurent LHARDIT (Adjoint au maire de Marseille, Secrétaire de section, CF PS 13), Jean Michel LAURENS (Conseiller d’arrondissements, secrétaire de section, CF PS 13), Arnaud LERMA (CF PS 13), Joël LIOTTIN (CF PS 13), Marc LOPEZ (CF PS 13, Com conflits), Gerard MARCHI (CF PS 13), Stéphane MARI (CF PS 13), Jérémy MARTINEZ (Conseiller Municipal de Septèmes, Secrétaire de section, CF PS 13), Raphael MEGALIZZI (Conseiller Municipal de Saint Martin de Crau, secrétaire de section, CF PS 13), Anthéa MIGLIETTA (Adjointe des 2 et 3èmes arrondissements, CF PS 13, CN), Michel MONIER (CF PS 13), Patrick NEDELEC (CF PS 13), Nabil NEDJAH (CF PS 13), Gérard OREGGIA (Secrétaire de section, CF PS 13, CN), Frederic ORSINI (Secrétaire de section, CF PS 13), Bernard OUGOURLOU OGLOU (Conseiller Municipal de La Ciotat, Secrétaire de section, CF PS 13), Jean-Yves PALETTI (CF PS 13), Frédéric PÂRIS (CF PS 13), Maxime PAROLA (CF PS 13), Patrice PHILIP (Secrétaire de section, CF PS 13), Monique POUPAUD (Secrétaire de section, CF PS 13), Patrice PUCHAUX (secrétaire de section, CF PS 13), François QUEVAL (CF PS 13), Mohamed RAFAI (Conseiller Municipal d’Arles, Secrétaire de section, CF PS 13, CN), Rodolphe RAPHAEL (CF PS 13, Com Conflits), Rodolphe REDON (Conseiller Municipal du Puy Ste Reparade, CF PS 13), Willy REDON (Secrétaire de section, CF PS 13), Thierry RICO (CF PS 13), Serge RIVERA (CF PS 13), Régis RODRIGUES (secrétaire de section, CF PS 13), Sophie ROQUES (Adjointe au maire de Marseille, Secrétaire de section, CF PS 13), Thomas ROLLER (Secrétaire de l’Union Régionale PACA, BNA), Thibaud ROSIQUE (Conseiller d’arrondissements, Secrétaire National des Jeunes Socialistes, Secrétaire de section, CF PS 13), Isabelle ROVARINO (Conseillère Municipale et métropolitaine de Vitrolles, CF PS 13, CN, BN), Arthur SALONE (Conseiller Municipal d’Aubagne, Secrétaire de section, CF PS 13), Anne-Sophie SIDANI (CF PS 13), Samy SIDANI (CF PS 13), Emmanuel SIMONNET, (Conseiller Municipal de Vauvenargues, CF PS 13), Eva TAHLA (CF PS 13), Thierry TALON (secrétaire de section, CF PS 13), Nicole THUET (CF PS 13), Philippe TROUSSIER (Adjoint au maire de Fos/mer, Secrétaire de section, CF PS 13), Jacqueline VESPERINI (CF PS 13), Sabrina ZAMROUNI (CF PS 13)


 

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