Thème : Culture
Si nous prônons une culture accessible au plus grand nombre, nous devons ouvrir nos horizons et nous engager à plus de parité et de diversité dans le but concret de progresser, d’agir contre les discriminations d’améliorer nos coexistences en somme.
Par ailleurs il faut, pour constituer une vision, des mesures applicables et des moyens budgétaires adéquates, adossés à une matière législative et réglementaire ajustée.
Refonder une politique culturelle, sans négliger de redonner vigueur à ce qui a fait ses preuves dans le passé, pourrait se développer autour de 3 grands axes.
1) DÉVELOPPER LES DROITS CULTURELS
Malraux nous proposait de « rendre accessible les œuvres capitales de l’humanité ». Aujourd’hui seulement 10% de la population vient régulièrement à la rencontre de ces œuvres. Ce pourcentage n’a presque pas bougé en 30 ans, malgré le fort déploiement d’actions culturelles. Nous devons donc nous poser la question de ce qui fait frein aux fréquentations des établissements culturels. Le manque de diversité des références culturelles proposées, est peut-être une réponse. Changeons d’approche pour mieux considérer ce qui fait culture.
Propositions :
Ratifier la convention de Faro
Ratifiée par le Conseil Européen en 2005, ce texte ouvre de nouveaux droits. La France ne l’a pas signé et ne s’en est pas encore totalement saisie.
Il propose de permettre à tous et toutes de s’impliquer et d’entrer dans le processus de décision de ce qui fait patrimoine, de reconnaitre ce que des personnes considèrent comme un reflet de leurs vécus, valeurs, croyances, savoirs et traditions auxquelles elles s’identifient. Nous acceptons alors de mettre en lumière des mémoires dissonantes, reflets de notre diversité culturelle. Il n’existe pas forcément seulement une analyse sur une œuvre, un bâtiment un lieu mais bien plusieurs. La réception de ces dernières dépend du point de vue d’où l’on se place.
Se servir des ressources culturelles pour éviter l’isolement, développer la socialisation, et permettre la progression et l’inclusion des personnes handicapées et polyhandicapées.
Prendre en considération le processus d’identification
Nous nous engageons à tout mettre en œuvre pour que la culture soit un reflet plus juste de la composition ethnique et culturelle de notre population, historiquement et sociologiquement diversifiée. Proposer une culture qui offre aux publics des représentations valorisées et des modèles positifs de la diversité de la population française. Dans la diversité de ses couleurs de peau, de classes sociales, de physiques, de genres et de cultures.
- Nous nous engageons à respecter la représentativité des 30% de notre population issue de l’immigration dans les diverses programmations culturelles.
L’égalité hommes-femmes comme horizon
Inciter, par des quotas, les responsables de programmations à atteindre une parité entre les femmes et les hommes. Parité qui sera également l’objectif des responsables de constitutions de jury, de débats publics et autres assemblées représentatives. Cet engagement paritaire appelle un juste partage des subventions et des moyens de productions alloués aux artistes.
2) UNE POLITIQUE CULTURELLE AMBITIEUSE ; UN CHOIX BUDGÉTAIRE
Remettre au cœur l’artiste-auteur, dans le cadre d’une politique livre et cinéma d’ampleur.
La question des artistes auteurs reste une question inaboutie. Dans la lignée du rapport Racine, travailler prioritairement, à la mise en place d’un statut de l’artiste-auteur, complet, clair, intégrant la prise en compte et la reconnaissance légitime, des revenus de création, de représentation, d’action culturelle et éducative, du statut fiscal et social, de la formation et de sa possibilité de représentativité professionnelle... Mettre en place un large plan de développement de résidences de création multi sectorielle et esthétique favorisant l’émergence de l’acte créatif et sa rémunération, entre autres, sur le livre et la lecture en renforçant les moyens des établissements publics nationaux comme le Centre National du Cinéma et de l’image animée, et le Centre National du livre leur permettant de renforcer les dispositifs existants et contractualiser plus fortement avec les collectivités afin de créer des effets levier sur tous les dispositifs d’aide à la création pour les artistes auteurs.
Dans cet esprit identifier deux secteurs comme prioritaire, Le livre, la lecture publique, facteur d’éducation et d’émancipation, Le cinéma un bien commun français, un avenir européen. Augmenter substantiellement les moyens et les compétences du Centre National du Livre en vue de développer une ambitieuse politique du livre et la lecture, sur les domaines des bibliothèques-médiathèques, librairies, tous lieux possibles de lecture en envisageant une politique contractuelle avec les collectivités, à l’instar de celles mise en œuvre avec le CNC et les Régions lors des premières lois de décentralisation, impliquant une approche modifiée, par une nouvelle avancée en matière de décentralisation, des compétences actuelles sur le livre et la lecture des différentes collectivités. Redonner une pleine et complète autonomie au Centre National du Cinéma et de l’image animée, garantir l’autonomie financière du CNC sur le moyen terme, redonner une place plus déterminante à l’action sur le cinéma et sur sa filière. Réhausser le volume de l’engagement financier du CNC dans les conventions territoriales entre le CNC et les collectivités notamment sur les aides économiques au cinéma, les dispositifs d’éducation à l’image et de médiation. Soutenir à l’investissement des salles de cinéma dans une perspective de modernisation écologique des salles, mettre en œuvre un plan ambitieux de soutien renforcé à l’écriture scénaristique. Renforcer les coopérations européennes visant à construire une politique européenne du cinéma, entre autres sur l’écriture scénaristique.
3) LA CULTURE PARTOUT, TOUT LE TEMPS
Trop de disparités territoriales perdurent aujourd’hui. Construire la pensée de nos plus jeunes, développer leur esprit critique afin de leur permettre une émancipation choisie nécessite une découverte du monde culturel. Or ces approches sont encore souvent corrélées à la motivation et à l’engagement personnel des enseignant.e.s
Propositions :
Éducation nationale en progrès
Développer dans le tronc commun de la formation des enseignants (1er degré), un module dédié à l’Éducation artistique et culturelle, inexistant aujourd’hui.
Généraliser le principe dans tous les établissements de professeurs d’Action socio- culturelle. Cette discipline n’existe actuellement que dans les Lycées agricoles. Elle pourrait être généralisée à l’ensemble du second degré. Une approche Mediaş dans cette discipline permet notamment de se pencher sur le travail journalistique et de lutter contre les fakes news.
Culture partout / Partage et transmission
La culture peut être un facteur d'inclusion et il faut développer, notamment en milieu rural où il y a parfois des zones blanches culturelles, les tiers-lieux culturels afin de lutter contre un sentiment d’abandon. Ces lieux hybrides, pluridisciplinaires, collectifs et leur fonctionnement collectif, permettent une adaptation aux spécificités locales.
Replacer le réseau des MJC au cœur des politiques de diffusion des œuvres et d’accompagnement à la création et à l’émergence. Le réseau existe, mais nous avons oublié son potentiel culturel pour le penser trop souvent comme un équipement jeunesse uniquement.
Protéger et assurer la qualité et l'indépendance du service public de l'audiovisuel
L’indépendance des médias publics joue un rôle bien particulier dans notre démocratie : ils sont l’un des rouages de notre émancipation, de notre esprit critique.
Le travail du journaliste doit être protégé, et le service public doit rappeler chaque jour au public le principe fixé à l'article XI de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen : « La libre communication des pensées et des opinions est l'un des droits les plus précieux de l'homme. »
Le pluralisme et l'indépendance des médias doivent s’inscrire parmi les libertés fondamentales garanties par la loi.
Nous voulons notamment garantir par la loi, en dépit des alternances politiques inhérentes à la vie démocratique, l'indépendance de France Télévisions, de Radio France et de France Médias Monde.
- Sanctuariser des ressources pérennes pour l’Audiovisuel
- Cesser la déstabilisation des chaines publiques par la nomination successive et trop rythmée de leurs dirigeants
- Éloigner les instances dirigeantes de l’ARCOM du pouvoir. Changer le mode de nomination du Président de l’ARCOM par le Président de la République par une instance plus collégiale et représentative de notre population, incluant notamment des auditeurs dans ce collège.
La clef de voûte de notre action devient la prise de conscience de notre finitude.
L’urgence écologique est là, le secteur culturel doit résolument entrer en transition et être exemplaire en la matière. Nous nous engageons à réconcilier sobriété énergétique et circulation des artistes et des œuvres et proposons des stratégies culturelles vertueuses (partage et recyclage de matériels, accompagnement de lieux d’accueil du public pour leurs travaux d’économie d’énergie, festivals zéro plastique…). Les préconisations nationales émanant du ministère doivent être claires.
- Mutualiser les tournées : Les tournées des artistes et leur présence sur les territoires doivent désormais être pensées en fonction de la longueur de leur déplacement. Plus le trajet est long, plus leur présence doit être démultipliée.
- La prise de conscience doit être un premier échelon ; nous prônons un large plan de formation à l’égard des acteurs culturels afin qu’ils soient en capacité d’établir le bilan carbone de leurs
- Nous proposons que chaque lieu culturel labelisé par l’État (CDN, TN, Musées nationaux…) ait un référent formé « Energie éthique » par équipe.
- Proposer un plan de rénovation énergétique des bâtiments culturels et imposer une éco-conception architecturale à tout nouveau lieu
Signataires :
Christine de Cintré, Conseillère Métropolitaine Rouen Normandie
Claudy Lebreton, ancien Président du Conseil Général des Côtes d'Armor
Eliane Jarycki, Conseillère Régionale Occitanie
Jean-Claude Arnal, Vice président de la FEDERATION NATIONALE DES COMPAGNIES DE THEATRE AMATEUR
Marie-Andrée Malleville, Adjointe à la Culture Ville de Rouen