UNE EUROPE SOCIALISTE AU SERVICE D’UN MONDE PROGRESSISTE

Thème : Europe


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UNE EUROPE SOCIALISTE AU SERVICE D’UN MONDE PROGRESSISTE

« Le temps d’une Europe unie, progressiste et sociale est venu » Nikos Pappas

Face aux tumultes d'une époque tourmentée, l'Europe se trouve au seuil d'une responsabilité historique : celle d'ouvrir la voie à une régulation internationale fondée sur la solidarité humaine, la justice sociale et l'harmonie écologique. Alors que plus de 345 millions d'individus souffrent d'une insécurité alimentaire dramatique en 2023, que des milliards de personnes sont fragilisées par les effets dévastateurs d'un climat en dérèglement, le silence ou l'indifférence coupable des décideurs ressemble à un crime contre l'avenir même de notre humanité. Face aux crises mondiales, trop souvent, les réponses restent cloisonnées dans des frontières nationales impuissantes ; le moment est venu pour l’Europe d’assumer pleinement son rôle de guide, en structurant une politique globale, capable de rétablir l'équilibre nécessaire entre les forces économiques, sociales et écologiques à l'échelle planétaire.

VERS UNE GOUVERNANCE MONDIALE HUMANISTE

Les crises que nous traversons révèlent avec brutalité l'impasse d'un monde privé de régulation véritable. Aux abus des géants financiers, aux dérives incontrôlées des multinationales et à la démesure de la finance spéculative, l’Europe doit répondre en imposant une régulation exemplaire. Si l'Union Européenne constitue l'un des marchés les plus vastes et puissants, alors il lui revient le devoir moral d'utiliser cette force pour exiger de ses partenaires le respect de normes sociales, fiscales et environnementales rigoureuses. Tel est le sens profond des « clauses miroirs », reflet fidèle d'une réciprocité où équité et responsabilité guident les échanges économiques et commerciaux.

UN PARTENARIAT ÉQUITABLE AU SERVICE DE L'HUMAIN

Notre politique extérieure doit être bâtie sur les valeurs universelles des droits humains et sociaux. La réciprocité, traduite par les « clauses miroirs », est impérative : aucun accord commercial ne doit être signé sans garanties claires du respect des conventions de l'OIT, des libertés syndicales, et sans engagements fermes contre le dumping social et fiscal. L'Europe, terre de paix et de démocratie, ne doit plus permettre que ses investissements alimentent les injustices ; elle doit au contraire les surveiller étroitement, au nom de la dignité humaine.

LA LUTTE POUR LE CLIMAT, UN IMPÉRATIF MORAL

L'Europe doit affirmer avec audace sa vocation à défendre le climat et la biodiversité. Inspirée par le succès des Accords de Paris, elle doit imposer une taxe carbone étendue à toutes les frontières de l'Union, afin d'éviter les concurrences déloyales et préserver l'intégrité environnementale de ses importations. Il est essentiel qu'elle renforce sa diplomatie verte, en développant une stratégie d'adaptation au changement climatique juridiquement contraignante et en mobilisant d'importantes ressources pour une justice climatique effective.

UNE DIPLOMATIE HUMANISTE ET SOLIDAIREpage1image18088144 

L'Europe doit cesser d'être prisonnière de son passé colonial. Il lui appartient désormais de transformer radicalement ses relations avec les pays du Sud et les économies émergentes. Une réforme audacieuse du Fonds Monétaire International, de la Banque mondiale et des banques de développement multilatérales est indispensable, pour gérer la dette, renforcer les services publics, et instaurer une gouvernance véritablement démocratique. L'aide au développement ne doit plus servir les intérêts égoïstes des multinationales, mais être dirigée exclusivement vers l'amélioration des conditions de vie, la réduction des inégalités et la promotion de l'égalité de genre.

UNE EUROPE FÉMINISTE POUR UNE JUSTICE ÉQUITABLE

L'égalité entre les femmes et les hommes doit imprégner chaque action de l'Union. Un fonds féministe européen sur le modèle français doit être créé, pour soutenir activement les organisations locales militant pour les droits des femmes et des filles. Aucun euro européen ne doit plus servir à creuser les inégalités de genre ; au contraire, 85 % de l'aide publique au développement doit œuvrer à leur réduction.

UNE ÉCONOMIE SOCIALE ET SOLIDAIRE

La cupidité actionnariale ne peut plus dicter la marche du monde économique européen. Nous devons favoriser une économie sociale et solidaire, promouvoir l'innovation axée sur le bienêtre et la durabilité, et renforcer la démocratie au sein des entreprises. L'Europe doit généraliser la participation des salariés aux conseils d'administration, instaurer un cadre clair pour les entreprises à mission et sociales, et soutenir vigoureusement les modèles coopératifs et mutualistes.

POUR UNE GOUVERNANCE EUROPÉENNE RÉINVENTÉE

L'Union doit enfin se doter d'une « boussole du progrès », substituant au dogme stérile du PIB des indicateurs de développement véritablement humains et écologiques. Les États membres devront établir des plans nationaux pluriannuels pour atteindre des objectifs précis dans ces domaines, soumis à une surveillance démocratique transparente. Cette refondation économique doit être accompagnée d'investissements publics européens conséquents, échappant à la logique destructrice de l'austérité.

UNE DIPLOMATIE DÉMOCRATIQUE ET HUMANITAIRE

L'Europe doit affirmer avec vigueur son attachement à l'espace humanitaire, en soutenant les initiatives de la société civile pour protéger les personnels humanitaires et médicaux. L'aide humanitaire ne peut être soumise à aucune conditionnalité autre que les besoins réels des populations concernées.

UN AVENIR SEREIN ET ÉQUITABLE POUR LES JEUNES

La jeunesse européenne doit être au cœur de cette nouvelle Europe. L'Union doit investir massivement dans l'éducation, la recherche et la mobilité, renforcer les garanties jeunesse, et interdire catégoriquement les stages non rémunérés. La jeunesse ne doit jamais être sacrifiée sur l'autel de la précarité, mais au contraire soutenue activement pour construire un avenir juste et durable.

LE TEMPS DE LA RESPONSABILITÉ HISTORIQUE

Pour financer nos coopérations et projets, de nouvelles approches s'imposent. Nous exhortons à une réforme profonde du Fonds monétaire international, de la Banque mondiale et des institutions financières multilatérales. L'objectif est de gérer la dette colossale et de renforcer les services publics essentiels, notamment l'éducation et les systèmes de santé dans les pays du Sud. Ces

réformes devraient engendrer une gouvernance élargie, basée sur un multilatéralisme rénové où le principe « une voix équivaut à un État » prévaut. De plus, nous devons résolument combattre la dette excessive et l'évasion fiscale qui étouffent le développement.

Pour garantir l'égalité des genres, l'Europe doit se doter des moyens adéquats. Les questions de genre doivent être intrinsèquement intégrées dans toutes nos politiques extérieures. Aucun euro ne doit contribuer à creuser les fossés entre les genres. Pour cela, nous nous engageons à mettre en place un fonds féministe, modelé sur le Fonds de Soutien aux Organisations Féministes (FSOF) français. Ce fonds soutiendra les organisations locales qui œuvrent pour les droits des femmes et des filles. Nous visons à allouer 85% de l'aide publique au développement à l'égalité des genres, et à faire de l'égalité des genres une priorité dans 20% de nos financements, conformément aux recommandations de l'OCDE, en rupture avec le maigre 5% actuel.

Dans notre diplomatie, le respect de l'espace humanitaire doit être au cœur de nos actions. Nous devons soutenir les initiatives portées par la société civile pour renforcer la protection de l'espace humanitaire et de ceux qui y opèrent, tels que les personnels humanitaires et de santé. Le Parlement jouera un rôle crucial dans le contrôle démocratique des dépenses humanitaires, en se basant sur l'expertise des organisations de la société civile. Notre aide humanitaire sera déployée en toute indépendance des conditions politiques ou sécuritaires, en réponse aux besoins réels des populations et en respectant les principes fondamentaux de l'humanité

L’Europe a un destin commun avec l’Afrique et la Méditerranée, qui sont ses voisins les plus proches et les plus divers. Elle doit renforcer sa coopération avec ces régions, dans un esprit de partenariat, de solidarité et de respect mutuel. L’Afrique et la Méditerranée sont confrontées à de nombreux défis, comme la pauvreté, les conflits, le changement climatique, la migration ou le terrorisme. Ces défis ont des répercussions sur l’Europe, qui doit y répondre de manière cohérente et efficace. Or, les relations actuelles entre l’Europe et ces régions sont souvent marquées par le déséquilibre, la dépendance et la méfiance. Les accords commerciaux sont souvent perçus comme inéquitables, l’aide au développement est souvent conditionnée ou détournée, et le dialogue politique est souvent limité ou conflictuel. L’Europe ne doit pas se contenter d’une approche purement économique ou sécuritaire de sa coopération avec l’Afrique et la Méditerranée. Elle doit aussi prendre en compte les dimensions sociales, culturelles et humaines de ces relations. Elle doit aussi reconnaître son passé colonial et ses responsabilités historiques, et s’engager dans une démarche de réconciliation et de réparation. Elle doit enfin respecter la souveraineté et la diversité des pays partenaires, et favoriser leur participation aux affaires du monde. L’UE doit assumer de donner la priorité à sa relation de coopération avec l’Afrique et la Méditerranée. Elle doit proposer un nouveau cadre stratégique pour ces relations, qui soit basé sur les principes suivants :

  •   Le dialogue politique : l’UE doit instaurer un dialogue régulier et constructif avec l’Union africaine (UA) et l’Union pour la Méditerranée (UpM), ainsi qu’avec les organisations régionales et sousrégionales, comme la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) ou le Maghreb arabe uni (MAU). Ce dialogue doit porter sur tous les sujets d’intérêt commun, comme la paix et la sécurité, le développement durable, la démocratie et les droits humains, la migration et la mobilité, ou la culture et l’éducation.

  •   Le commerce équitable : l’UE doit réviser ses accords commerciaux avec l’Afrique et la Méditerranée, pour qu’ils soient plus justes, plus transparents et plus durables. Elle doit veiller à ce que ces accords respectent les droits humains et sociaux, les conventions de l’OIT, et les libertés syndicales. Elle doit aussi combattre le dumping social et fiscal, en imposant des normes minimales en matière de salaire, de fiscalité et d’environnement. Elle doit enfin soutenir le développement des capacités productives locales, en favorisant l’accès aux marchés européens des produits africains à forte valeur ajoutée.

  • L’aide au développement : l’UE doit augmenter son aide publique au développement (APD) à destination de l’Afrique et de la Méditerranée, pour atteindre au moins 0,7 % de son revenu national brut (RNB), conformément aux engagements internationaux. Elle doit aussi veiller à ce que cette aide soit délivrée de manière efficace, transparente et responsable, en respectant les priorités et les besoins des pays partenaires. Elle doit enfin s’assurer que cette aide contribue à la réduction des inégalités, en particulier de genre, et à la réalisation des objectifs du développement durable (ODD) et de l’Agenda 2030.

Nous nous opposons catégoriquement à l'augmentation substantielle des ressources allouées à la combinaison de prêts amalgamant aide publique et financements privés, ainsi qu'aux garanties et subventions destinées à des entités à but lucratif. Cette opposition découle de la constatation des résultats mitigés de ces mécanismes, particulièrement dans les pays à faible revenu. Elle tient également compte de l'essoufflement croissant des politiques de privatisation et des partenariats publicprivé, aussi bien en Europe que dans les nations en développement. Il est indispensable de reconnaître la tension inhérente entre la quête de rendements financiers d'un côté, et la prestation de services publics de l'autre. Les subventions doivent reprendre le devant de la scène : les prêts et investissements suscitent la dette, masquant souvent le manque de véritable aide au développement. En dernier lieu, l'aide européenne au développement doit se focaliser sur les acteurs économiques locaux et les modèles d'entreprise inclusifs, comme les coopératives et les entreprises sociales, les micros, petites et moyennes entreprises (MPME), et le secteur informel. Cette orientation est primordiale pour stimuler les marchés locaux, encourager la demande nationale et soutenir le secteur privé uniquement lorsque ses actions s'alignent sur la réalisation des objectifs du développement durable.

Nous sommes convaincus que le monde a soif d'une Europe résolument socialiste. C'est en alignant nos ambitions avec notre programme progressiste global que nous mobilisons la puissance citoyenne européenne pour édifier une Europe de gauche. Cette Europe saisit fermement les leviers de la politique étrangère européenne, les forgeant en instruments de progrès mondial. Notre voie est tracée vers un avenir plus juste et équitable pour tous les habitants de notre planète.


Contributeur : Mathieu GITTON membre du bureau national des adhésions


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