UNIR - Changer le Parti pour changer le pays


Thème : Parti et socialisme


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L’écart est devenu trop grand entre ce que vivent nos concitoyens et ce dont parle la politique. Ils ont l’impression que leurs représentants ne savent rien de leur vie et que la politique est plus occupée à parler d’elle-même que d’eux. Dans un contexte de désaffiliation politique, de brouillage des identités partisanes, et de progression de l’extrême-droite sur le terreau du désespoir envers l’action publique, le Parti socialiste doit changer s’il veut pouvoir à nouveau changer le pays.

La vocation de notre parti a longtemps été de faire “mûrir” la société, de l’investir concrètement afin de la préparer au socialisme. La SFIO avait entrepris ce travail de construction de “contre-sociétés”. Depuis les années 1990, force est de constater que cette tâche ne fait plus partie des priorités du Parti. Les travaux de Rémi Lefebvre ont, par exemple, montré les dynamiques de désinvestissement des pratiques militantes collectives et conviviales, d’externalisation de nombreuses tâches (programmatiques notamment) à des tiers, ou de focalisation exclusive sur les échéances électorales. À notre corps défendant, nous sommes aussi devenus un parti d’élu-es et de cadres, de plus en plus professionnalisés et socialement homogènes, dans lequel nombre de nos concitoyens ne se reconnaissent plus. Ce jugement peut nous paraître injuste, mais c’est à nous qu’il revient de le corriger, en redevenant un parti “en permanence”.

Un parti en permanence, c’est un parti qui revient aux choses humaines, aux vies vécues, aux initiatives de proximité (aide au devoir, aide à l’accès aux droits, aide alimentaire, etc.). Nous voulons un parti qui se plonge dans la vie des gens et qui se mobilise aux côtés des forces vives du pays, un parti de service qui est avant tout un parti “au service de” : au service de celles et ceux qui souffrent, de celles et ceux que l’on n’entend pas, de celles et ceux qui n’y croient plus, de celles et ceux que nous défendons. Le Parti socialiste ne doit pas simplement bâtir un projet de société, il doit le rendre vivant et concret.

Dans cette entreprise, notre implantation locale, nos fédérations et nos sections sont une force. Elles sont indispensables dans notre capacité à mobiliser et à diffuser nos idées. Elles le seront aussi pour faire la preuve concrète de notre utilité. Le Parti doit être capable d’exister en dehors des campagnes électorales. Il doit se montrer utile, être un lieu de sociabilité, de formation, de solidarité concrète. Il doit être un lieu de fraternité, un avant-goût de la société que nous voulons : démocratique, solidaire et émancipatrice.

Le Parti socialiste doit avoir l’organisation de son programme et de son ambition retrouvée. Nous voulons mettre à niveau notre organisation pour pouvoir affronter efficacement le prochain cycle électoral et nous préparer à changer le pays.

 

1. Création de l’Académie Léon Blum

Le Parti socialiste, héritier d’une tradition politique où la pensée critique et le débat doctrinal constituaient les fondements de l’action, peine aujourd’hui à retrouver une orientation intellectuelle cohérente, capable de structurer ses combats et d’éclairer ses choix.

Notre réflexion idéologique est en partie sous-traitée à des structures externes (fondations, think tanks, etc.) dont le travail remarquable nous est précieux. Mais cela témoigne d’une difficulté réelle à produire en interne une réflexion doctrinale forte et cohérente. Malgré le travail suivi de certaines commissions et des conventions nationales, notre parti n’est pas en position de proposer un récit structurant qui réponde aux grandes interrogations de notre temps.

En conséquence, les militant-es ne connaissent pas et n’ont pas été formés à la défense de notre projet. Celui-ci n’occupe pas une place centrale dans notre vie collective. Il ne fait pas l’objet de débats ou de révisions régulières dans nos instances délibératives.

En parallèle, nous ne comptons pas de véritable organe de formation. La FNESR est officiellement chargée de la formation des élu-es socialistes et pilote un réseau d’unions départementales, fortement orienté vers le volet technique de la gestion des collectivités. Mais les militants doivent se contenter de leurs secrétariats fédéraux dédiés à la formation et d’un réseau de formateurs qui a peu de moyens à sa disposition. Des ouvriers et des employés militent au Parti socialiste mais trop peu deviennent nos candidat-es ou nos représentant-es, faute de détection et d’accompagnement dans leur engagement.

UNIR propose de créer l’Académie Léon Blum afin de doter le Parti socialiste d’un véritable centre intellectuel et d’une école de formation. Décentralisée dans les fédérations, cette Académie aura pour mission la construction du projet auquel elle formera les militant-es. Il lui incombera aussi d’assurer la continuité de la production idéologique et de proposer un éventail de formations aux militant-es, aux candidat-es et aux cadres issus de l’ensemble des territoires et des milieux sociaux.

Pour être efficace, elle doit répondre à deux défis principaux :

  • Être un pôle de production idéologique, de formation des cadres et des militant-es, de soutien aux fédérations, et d’ouverture du socialisme aux contributions des intellectuels, artistes et militant-es associatifs, ainsi qu'aux mouvements sociaux et écologistes dont nous nous sommes trop longtemps tenus à l'écart.
  • Mieux armer le PS dans la bataille culturelle contre l'offensive réactionnaire et populiste, en détectant et formant de nouvelles générations de militant-es, de candidat-es aux élections et de cadres pour ancrer la nouvelle doctrine socialiste dans le temps long, sur tout le territoire et dans l’ensemble des milieux sociaux.

 

2. Création du média “Le Nouveau Populaire”

En France, onze milliardaires détiennent 80 % de la presse quotidienne généraliste, 60 % de la part d'audience en télévision et la moitié des audiences de la radio. Nous vivons un moment où l’argent et la haine fusionnent pour saturer les ondes. Pour ré-émerger sur la scène médiatique et dans l’opinion, pour participer à la bataille culturelle, le Parti socialiste doit se doter d’un canal médiatique qui puisse porter sa vision du monde, à l’instar du journal papier L’Humanité pour le PCF ou plus encore de L’Insoumission en ligne de LFI.

Le journal Le Populaire, quotidien créé en 1916 et publié jusqu’en 1970 joua ce rôle en son temps. Jusque dans les années 1950, il fut dirigé par Léon Blum, qui y signait chaque jour un éditorial, proposant une analyse de l’actualité sous un prisme socialiste. Nous voulons renouer avec cette histoire et retrouver un organe de diffusion de nos idées.

UNIR propose de créer un “média socialiste” qui soit l’équivalent du journal Le Populaire pour le XXIe siècle. Ce média nous permettra de toucher un plus grand nombre de Françaises et de Français et de relayer les travaux et les évènements du Parti. Il proposera une analyse socialiste de l’actualité, mettra en valeur des sujets qui sont peu ou mal traités ailleurs, donnera la parole aux intellectuels, experts, acteurs de la société civile et militants dont les éclairages nous semblent pertinents. Ce média permettra également de valoriser nos actions et nos personnalités dans tous les territoires à travers des éditions locales.

 

3. Des outils pour le XXIème siècle

La création du Nouveau populaire s’inscrit dans une stratégie plus globale d’adaptation de nos outils à de nouveaux modes d’engagement, notamment ceux des jeunes.

L’engagement des jeunes s’est progressivement déplacé des partis vers le milieu associatif, notamment en faveur des droits des femmes, des luttes antiracistes et du climat. Leur engagement a tendance à être plus distancié et intermittent ; ils boudent les structures trop verticales et hiérarchiques et privilégient l’action directe et créative, notamment sur les réseaux sociaux. Compte tenu de la sociologie du Parti, les camarades sont peu nombreux à s’être investis dans les outils numériques.

Le problème réside à la fois dans l’offre numérique incomplète que le Parti propose en termes d’outils mais aussi dans le manque de formation en la matière. Par ailleurs, l’héritage statutaire du Parti l’empêche parfois d’être pleinement tourné vers l’action et la prise d’initiative. Les militants consacrent un temps excessif à la vie interne du Parti, et par conséquent, en moyenne bien moins aux actions sur le terrain.

UNIR propose de doter le Parti d’un site internet mieux adapté et interactif afin de dynamiser la participation militante. A l’instar de plateformes comme le Labour Hub du Parti travailliste britannique, le site du PS offrira toutes les informations nécessaires à la vie militante, des liens vers les plateformes de vote, des guides électoraux et des contacts pour assistance. Disponible sur une application mobile, ces fonctionnalités permettront aussi aux militant-es de suivre l'activité des fédérations, d'accéder à une carte interactive des actions militantes ou de partager des informations avec d’autres camarades.

 

4. Lancement des “Services socialistes”

Si aujourd’hui la défiance des Françaises et des Français vis-à-vis de la politique et de ses représentants est si grande c’est notamment parce que l’écart est devenu beaucoup trop important entre ce qu’ils vivent et ce dont parle la politique.

Pour désenclaver les partis politiques, il faut renouer des liens concrets, par l’action, avec les acteurs associatifs, syndicaux, et plus largement avec tous les citoyens. Pour donner du crédit et de la force à nos propositions il faut d’abord les faire exister. Appliquons notre programme chaque fois qu’il sera possible.

UNIR propose de créer une permanence socialiste mensuelle dans chacune des 577 circonscriptions, pour écouter les Françaises et les Français, les accompagner concrètement dans la résolution de leurs problèmes du quotidien et s’assurer de l’effectivité de leurs droits (remplir un formulaire administratif, rédiger un courrier, trouver à qui s’adresser, etc.).

Le Parti socialiste doit devenir un parti au service des citoyens en multipliant les collectes alimentaires, l’aide aux devoirs ou à l’orientation, en s’appuyant sur l’expérience bénévole, associative et syndicale de nos militant-es. Il doit aussi les outiller pour refaire du porte-à-porte l’instrument de notre connexion permanente à la société en dehors des campagnes électorales (formation à l’entretien, création de questionnaires, etc.)

 

5. Lancement du “grand combat socialiste”

Le Parti socialiste n’est pas assez audible et ses combats trop cantonnés à l’enceinte du Parlement. Il doit redevenir le fer de lance de grands combats,

grandes luttes en lançant de grandes campagnes de mobilisation, d’affichage et de pression populaire, comme il l’a fait dans son histoire pour la journée de 8 heures, les congés payés, le droit à l’avortement, etc.

Il y a nécessité de lancer des travaux prospectifs sur les grands enjeux de demain (l’eau, l’espace…) comme sur les sujets de société qui traversent la vie quotidienne des Françaises et des Français (la santé mentale, les familles monoparentales, le rapport au téléphone, etc.).

UNIR propose de lancer périodiquement un “grand combat” pour mobiliser la société française en faveur d’une cause, autour de laquelle nous initierons un travail doctrinal avec la société civile, des actions de terrain, des opérations en ligne, des initiatives législatives, etc. Ce “grand combat socialiste” doit être aussi l’occasion de grandes campagnes d’adhésion autour des causes que nous avons identifiées.

 

6. Un droit d’intervention pour les militantes et les militants

Enfin, les militant-es doivent être au cœur de la rénovation du Parti socialiste que nous appelons de nos vœux. Ainsi, nous proposons un nouveau droit d’intervention dans la vie du Parti pour les militant-es. Concrètement, il sera possible de mettre à l’ordre du jour du bureau national ou du conseil national un certain nombre de points et de convoquer un référendum d’initiative militante.

Des nouveaux outils de mobilisation numérique pour faciliter l’engagement et les actions militantes locales et nationales seront également mis à disposition et construits avec les militant-es. À côté du vote classique en section, une modalité de vote dématérialisée sera également ouverte aux militant-es.

 

7. La fraternité retrouvée

Les militant-es qui franchissent la porte du Parti socialiste cherchent à défendre leurs convictions, mais ils doivent pouvoir le faire dans un cadre accueillant, bienveillant, voire festif. Nous voulons remettre la fraternité au cœur de la vie du Parti comme nous la voulons au cœur de la vie du pays.

Nous proposons de faire de l’accueil des nouveaux militant-es un moment fraternel et personnalisé. Tout nouveau militant doit être accueilli par un email du Premier secrétaire, accompagné d’un livret d’accueil évolutif, d’une carte d’adhérent, d’un lien vers les Commissions nationales et vers les publications du Parti qui l’intéressent. De même, l’arrivée en section des nouveaux militants peut être facilitée, en notifiant directement le ou la secrétaire de section et en mettant à sa disposition un outil de pilotage des prises de contact.

Tout au long de sa vie au Parti, nous voulons proposer à chaque militant-e de nouveaux modes d’engagement. Sur le nouveau site Internet du Parti et sur une application dédiée, chaque militant pourra consulter des argumentaires sur l’actualité, se former sur nos propositions grâce à des modules, mais aussi s’inscrire à des événements, des actions ou des moments conviviaux organisés à proximité.

Pour que le militantisme au Parti socialiste reste un plaisir, nous proposons que les secrétaires de section soient sensibilisés à la gestion de conflits, que chaque adhérent-e signe une Charte du militantisme apaisé et que le Parti se dote d’une cellule d’écoute et de résolution de conflits non-statutaires, distincte donc de la Commission Nationale des Conflits.

Notre vie militante est principalement marquée par des événements de travail réservés aux militant-es. C’est un héritage précieux que nous proposons d’enrichir

d’événements festifs ouverts à toutes et à tous. C’est aussi par la multiplication de moments de convivialité – fêtes de la Rose ou de la Fraternité, apéritifs, galettes républicaines, concerts, jeux et concours de belote ou de pétanque – que nous parviendrons à politiser par d’autres moyens et insuffler la joie de vivre et le bonheur d’être ensemble auxquels nous aspirons par le projet socialiste.


Contributeurs : Boris VALLAUD (40), Alexandre OUIZILLE (60), Thomas GODARD (94), Gautier PÉZY (16), Milan SEN (75), Nina KARAM-LEDER (75), Adrien MADEC (60), Joseph MANUCCI (75), Emilie MOSTEFAI (75), Thierry COULOMBE (62), Philippe QUÉRÉ (95), Antoine FABRY (12), Laura GANDOLFI (69), Pierre HADZLIK (59), Benjamin ALLAIX (49), Manon AUDAP (40), Yann AUZIAS (69), Yann AUZIAS (69), Arnaud BATTEFORT (23), Elias BENDAOUADJI (57), Bernard BETNA (40), Nicolas BIGHETTI DE FLOGNY (60), Jean Marc BILLAC (40), Dominique BOLLIET (69), Dominique BOLLIET (69), Jennifer BOHRER BARREAU (53), Malika BONNOT (69), Rozenn BONNET (40), Agathe BOURRETERE (40), Zoé BOURLON (40), Denis BREVET (40), François-Marie CAILLEAU (29), Robert CABÉ (40), Rolande CASSAGNEAU (40), Alex CHARBONNEL (32), Justine CHASSEUR (40), Noé COLLOMB (69), Paul COUTARD (75), Pierre CROS (40), Yann CROMBECQUE (69), Jeanne DALLOT (75), Antoine DALLET (17), Jean-Marie DARRICAU (40), Nicolas DELAUTRETTE (87), Xavier DEMANGEON (40), Nicolas DZIEZUK (57), Gauthier DUFOSSEZ (69), Marie-Pierre DUHA PERRIAT (40), Jean-Michel EON (44), Matthias EVANO (75), Antoine FABRY (12), Thomas FAGART (92), Maxime FLEURY (24), Abel GAGO (69), Audrey GATIAN (13), Stéphane GEMMANI (38), Stéphane GEMMANI (38), Karine GARRALON (40), Yoann GARCIA (33), Roger GONNET (63), Mario GONZALEZ (75), Grégoire GOURDON (49), Johel GREVET (62), Noé GUIGONET (13), Jerome GUILLEM (33), Lucas HAMIDI (62), Helene HOMMERY (22), Christian HUGUIES (40), Théo IBERRAKENE (59), Thierry JACQUET (69), Didier KAHN (40), Anne-Marie KAHN (40), Mehdi KEMOUNE (91), Quentin LATOUR (31), Elouan LAHET (40), Hans TORVIC LECLERC (18), Benedicte LECACHEUX (14), Quentin LE MENÉ (45), Victor LE MONIER (21), Nicolas LE VIAVANT (40), Clément LUZEAU (75), Richard MARSAN (40), Cédric MARÉCHAL (45), Titouan MARY (51), Aline MAURICE (34), Aline MAURICE (34), Jean Claude MAURIN (26), Gwendal MANSO (40), Romain MIDA (60), Àhmed MIRAOUÎ (62), Killian MONTESQUIEU (75), Michel MOUREAU (63), Lionel OLLIVIER (60), Aurore PAGEAUD (62), Lorenzo PALIOTTA (60), Marina PARODI (40), Bruno PÉRAN (31), Emma PINÇON (31), Eric QUENARD (51), Caroline RACINE (57), Dominique RAT (40), Damien ROUTA (40), Thomas ROSSET (75), Florence SABARD (75), Eric SARGIACOMO (40), Florian SENTIGNAN (94), Maïeul TELLIER (89), Damien THOMAS (75), Vincent TISON (37), Antoine TERRIER (40), Vincent VAN ACKER (75), Jean WOHRER (75)


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