Thème : Engagement
Le retour de Donald Trump au pouvoir galvanise le camp réactionnaire qui compte tirer parti des positions radicales du locataire de la Maison Blanche. Ce dernier ayant fait campagne, notamment sur base de fake news à l’endroit des personnes transgenres, trouve des relais sur le Vieux Continent. “Zones anti-LGBT” en Pologne, attaques des droits des femmes lesbiennes en Italie, interdiction de la soi-disant “promotion” de l’homosexualité et de la transidentité auprès des jeunes en Hongrie, ou encore proposition de loi visant à restreindre l’accès aux soins aux mineurs transgenres en France… Partout en Europe, le camp réactionnaire se structure pour faire des questions de genre et d’orientation sexuelle une porte d’entrée des discours les plus nauséabonds. Danger pour nos enfants, danger pour notre société, lubies et modes : les mêmes arguments étaient déjà utilisés hier dans les mêmes termes contre l’ouverture du mariage et de l’adoption aux couples de même sexe… et avant-hier contre le Pacs ou la dépénalisation de l’homosexualité.
« N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne seront jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant » nous disait Simone de Beauvoir. Aujourd’hui, cette mise en garde résonne dramatiquement aussi pour les droits des personnes LGBT+. Peu importe le visage qu’elle prend, l'extrême-droite, désormais décomplexée, ne cache plus sa volonté de prendre pour cible les personnes LGBT+ sous prétexte de lutter contre le “wokisme”, “l’idéologie trans” et “protéger les enfants”. Cette percée réactionnaire a des conséquences très directes sur les personnes concernées, et en particulier sur notre jeunesse.
En France, les actes anti-LGBT+ sont en hausse de 13 %[] en 2023 par rapport à l’année précédente et plus d’un jeune LGBT+ sur deux (57 %) déclare avoir déjà subi une agression verbale ou physique en raison de son orientation sexuelle ou identité de genre.[] Au-delà des personnes LGB, les personnes transgenres sont particulièrement prises pour cible. Les attaques incessantes à leur encontre, tant dans la sphère privée que publique, la négation de leur vécu et identité, les poussent à commettre l’irréparable : une personne transgenre a jusqu’à 8 fois plus de chance de faire une tentative de suicide[]. Enfin, la violence ne s'arrête pas à la porte du foyer où les jeunes LGBT+ sont particulièrement exposés aux violences intrafamiliales et doivent souvent faire face à la rue : près d’un quart (20%) des jeunes LGBT+ en France se sont déjà retrouvées sans domicile.[]
Cette réalité, cette précarité et cette insécurité existent dans tous les territoires : des grandes villes aux banlieues, des villages et campagnes jusqu’aux territoires ultra-marins. La République doit être au rendez-vous partout pour protéger de toutes ses forces le droit de chacun de vivre en sécurité et de s’émanciper en étant soi-même. Là où l’isolement social des personnes LGBT+ est fort, la réalité peut par ailleurs devenir alarmante. Par exemple, faute de structures d’accueil et de soutien, qui sont majoritairement concentrées dans les grandes villes, les jeunes LGBT+ en milieu rural se retrouvent souvent confrontés non seulement au rejet familial, mais aussi à l’exclusion au sein de leur propre communauté. Cette fracture territoriale en matière de droits et de protection doit nous alerter car bien souvent, être une personne LGBT+ en zone rurale ou périurbaine, c’est à la fois être invisible et en danger.
De la dépénalisation de l’homosexualité, en passant par le mariage pour tous, jusqu’à la liberté du changement de genre à l’état civil, nous socialistes, avons le devoir de défendre nos acquis et d’en conquérir de nouveaux. Défendre les droits des personnes LGBT+, c’est défendre les droits de toutes et tous et n’en retirer à personne. Demeurer aux côtés de notre jeunesse, c’est défendre notre avenir et permettre à chacune et à chacun de trouver sa place dans une société réconciliée. Éduquer, protéger, et lutter : c’est le sens de cette contribution.
1. Éduquer
Les socialistes sont le parti de l’école. Sans l’éducation, les valeurs de la République ne sont pas défendues. Face aux dangers qui menacent les jeunes LGBT+, l’école doit être non seulement un rempart mais aussi un lieu de développement et d’émancipation pour toutes et tous. Au-delà de la nécessaire mobilisation générale du système scolaire contre le harcèlement, quel qu’il soit, nous proposons de :
- Inclure un module de formation obligatoire aux orientations sexuelles et identités de genre à destination des professeur.e.s en formation à l’Institut national supérieur du professorat et de l'éducation (INSPE) afin de garantir un environnement inclusif et respectueux à l’école.
- Autoriser le changement des prénoms et pronoms sur déclaration et garantir le respect de leur usage de ces derniers à l’école.
- Doter les inspecteurs de l’Éducation Nationale d’un pouvoir de contrôle de la bonne application des modules EVARS (Éducation à la vie affective, relationnelle et sexuelle) dès le premier degré. Évoquer la notion d’identité de genre dans les programmes scolaires et dans les modules EVARS dès la 5ème.
2. Protéger
Nous le savons : les violences ne sont ni un simple fait divers ni ne relèvent de la vie privée ou familiale. Les violences sont un sujet politique qui concerne toute la société. Parce que les violences à l’égard des personnes LGBT+ ne s'arrêtent pas sur le pas de la porte, il est primordial de les protéger dans l’espace public d’une part et dans la sphère familiale d’autre part. Ainsi, au delà de la poursuite du combat contre toute forme de “thérapie de conversion”, nous proposons de :
- Lancer un grand plan national de lutte contre les violences intrafamiliales, comportant un volet spécifique permettant de protéger les jeunes LGBT+. Augmenter le budget des DRIHL afin de financer davantage les dispositifs d’hébergement d’urgence et adapter le principe juridique de l’accueil inconditionnel en hébergement pour favoriser le développement des structures spécialisées.
- Protéger la santé mentale des jeunes LGBT+ en garantissant un accès à des professionnels formés et des thérapies spécialisées, en développant des espaces de soutien sécurisés, en proposant des programmes de bien-être adaptés et en renforçant l’éducation et la sensibilisation aux enjeux psychologiques spécifiques.
- Afin de protéger les droits actuels et futurs des personnes LGBT+ en cas d’arrivée au pouvoir de forces réactionnaires, nous proposons de doter le Défenseur de droits d’un pouvoir de contrôle et de sanction des administrations.
3. Lutter
Le socialisme n’est ni une nostalgie ni une seule résistance face aux remises en cause des droits et libertés individuelles. La conquête de nouveaux droits ne peut être entravée par les forces réactionnaires. Socialistes donc humanistes, nous devons retrouver l’audace de nos combats d’hier et porter à nouveau demain notre combat pour l’égalité, la liberté et la dignité même lorsque le camp réactionnaire se galvanise.
- Simplifier le changement de genre à l’état civil en le rendant libre et gratuit en mairie. Supprimer la mention du genre sur tous les documents d’état civil.
- Introduire la diversité des parcours de transition des personnes transgenres et leur dépsychiatrisation effective, en améliorant l’accompagnement par les professionnels de santé et l'accès aux soins, notamment pour les mineurs.
- Dépathologiser l’intersexuation et interdire les actes médicaux d’assignation de sexe précoces, par définition non consentis par la personne concernée.
Ces propositions sont à croiser avec celles figurant dans les contributions thématiques déposées par Homosexualités et Socialisme (HES)
Contributeurs : Killian MONTESQUIEU (75), Thomas ROSSET (75), Sophie ROQUES (13), Boris VALLAUD (40), Eric SARGIACOMO (40), Audrey GATIAN (13), Malika BONNOT (69), Caroline RACINE (57), Aline MAURICE (34), Agathe BOURRETERE (40), Rozenn BONNET (40), Aline MAURICE (34), Emma PINÇON (31), Philippe QUÉRÉ (95), Alex CHARBONNEL (32), Jean Claude MAURIN (26), Gautier PEZY (16), Antoine DALLET (17), Nicolas LE VIAVANT (40), Titouan MARY (51), Dominique RAT (40), Damien THOMAS (75), Paul-Marie GRANGEON (75), Christian HUGUIES (40), Bruno PÉRAN (31), Thierry JACQUET (69), Jerome GUILLEM (33), Marina PARODI (40), Benjamin ALLAIX (49), Nicolas BIGHETTI DE FLOGNY (60), Stéphane GUTHINGER (24), Thomas GODARD (94), Marie-Pierre DUHA PERRIAT (40), Yoann GARCIA (33), Lionel OLLIVIER (60), Jennifer BOHRER BARREAU (53), Johanne HADZLIK (59), Elouan LAHET (40), Jean-Michel EON (44), Karine GARRALON (40), Abel GAGO (69), Timothé LUCIUS (45), Denis BREVET (40), Nicolas DELAUTRETTE (87), Benedicte LECACHEUX (14), Florence SABARD (75), Johel GREVET (62), Gauthier DETROUSSEL (27), Lucas BERGÉ (58), Elias BENDAOUADJI (57), Didier KAHN (40), Dominique BOLLIET (69), Anne-Marie KAHN (40), Yann AUZIAS (69), Alex CHARBONNEL (32), Roger GONNET (63), Hans TORVIC LECLERC (18), Robert CABÉ (40), Bernard BETNA (40), Vincent VAN ACKER (75), Mehdi KEMOUNE (91), Emmanuelle RAMOND (44), Paul COUTARD (75), Victor LE MONIER (21), Jean Marc BILLAC (40), Romain MIDA (60), Antoine TERRIER (40), Grégoire GOURDON (49), Noé COLLOMB (69), Justine CHASSEUR (40), Jeanne DALLOT (75), Nicolas DZIEZUK (57), Manon AUDAP (40), Lucas HAMIDI (62), Olivier DUCOURTIEUX (87), Matthias EVANO (75), Rolande CASSAGNEAU (40), Todor GAMISHEV (75), Zoé BOURLON (40), Yann AUZIAS (69), Abel GAGO (69), Pierre HADZLIK (59), Stéphane GEMMANI (38), Noé GUIGONET (13), Hélène HOMMERY (22), Quentin LE MENÉ (45), Quentin LATOUR (31), Jean WOHRER (75), Matthis MONTEIL (75), Cédric MARÉCHAL (45)