Thème : Sécurité
Le Larousse universel de 1923 définit la sécurité comme la « confiance, tranquillité d’esprit résultant de la pensée qu’il n’y a pas de péril à craindre ». Aujourd'hui, un fléau menace cette tranquillité et plus globalement les intérêts fondamentaux de la Nation : le narcotrafic.
1. LE NARCOTRAFIC EST UNE EMPRISE
Emprise sur des territoires, où les trafiquants ont remplacé l’espace laissé libre par les services publics qui se sont retirés. Des quartiers où la loi des trafiquants impose des checkpoints et des couvre-feu, réglant la vie des habitants et contraignant leur liberté d’aller et venir.
Emprise économique, substituant à l’économie légale une économie criminelle alternative, construite sur l’échec de l’insertion, sur l’appât du gain et les codes clinquants d’une richesse matérielle factice : les codes des influenceurs rejoignent à Dubaï ceux des narcotrafiquants qui y trouvent refuge. La réalité est moins chatoyante, c’est celle d’une économie de la dette qui promet beaucoup, n’offre que très peu, et ne réserve pas d’issue favorable à ceux qui y entrent, souvent sous la contrainte.
Emprise criminelle, dont les codes de plus en plus violents se diffusent partout sur le territoire de la république, accompagnés de néologismes sordides qui disent une brutalité dénuée de conscience : « jambisation », « barbecues », narchomicides…
Emprise démocratique, que la corruption croissante illustre, dans tous les corps de la société, corrodant à bas bruit les maillons de la chaîne institutionnelle, altérant la confiance dans la réponse administrative, policière, judiciaire, pénitentiaire. Tout le monde a un prix, celui d’une corruption qui mêle presque toujours la menace aux sommes versées en liquide.
Cette emprise globale, tue davantage que le terrorisme et menace notre modèle démocratique. Face à ce fléau, les socialistes ont une légitimité à agir et des initiatives à faire valoir, grâce notamment à l’action des élus locaux.
Notre engagement historique pour la justice sociale et la sécurité nous place en première ligne pour proposer à nos concitoyens des solutions efficaces et durables. Malgré les nuances qui peuvent parfois apparaître entre camarades sur cette question, les socialistes doivent rester unis sur les questions de sécurité parce que nos concitoyennes et concitoyens ont besoin d'une voix de gauche forte sur le sujet. Nous sommes la gauche de responsabilité qui protège nos concitoyens. Celle qui ne doit pas laisser à la droite le privilège de la parole sur les questions de sécurité, pas davantage qu’elle ne doit laisser croire que toute la gauche est dans le déni du besoin de sécurité. Le narcotrafic affecte prioritairement les plus fragiles, notre responsabilité de femmes et d’hommes de gauche est d’entraver cette criminalité.
2. UN FLÉAU OMNIPRÉSENT
Il ne se passe pas un jour sans que la presse quotidienne régionale ne fasse état d'un nouveau drame lié au narcotrafic. De Dijon à Cayenne, de Saint-Ouen jusqu'à Fort-de-France comme de Nantes jusqu'à Avignon, la drogue ne connaît ni frontières géographiques ni frontières sociales sociales : un député interpellé pour achat de drogue, un sénateur accusé d'avoir administré de l'ecstasy, des victimes collatérales qui voient des balles d'armes de guerre se loger dans leur appartement, partout des saisies record et des cas de corruption… Ces exemples montrent que la drogue est un fait de société, une gangrène qui s'étend et se développe à tous les niveaux.
3. UNE RÉPONSE GLOBALE ET SYSTÉMIQUE
Face au narcotrafic, notre réponse ne peut rester hémiplégique. Là où la droite n’apportera qu’une réponse sécuritaire, criminalisant la consommation et sanctionnant indistinctement le consommateur occasionnel, la petite main victime de délinquance contrainte ou le narco-trafiquant à la tête d’un réseau criminel, les socialistes doivent, eux, faire preuve de discernement.
Si la répression est indispensable, elle ne suffit pas à endiguer le problème. La France est à la croisée des chemins : soit nous renforçons notre arsenal répressif tout en développant une approche globale, soit nous risquons de devenir un narco-État, vulnérable face à la puissance des réseaux criminels. L'impréparation de l'État, la sous-estimation de la menace et le manque de moyens ont créé un déséquilibre du rapport de force avec les délinquants. Il est urgent de réagir. La loi sur le narcotrafic, à laquelle les parlementaires socialistes ont contribué de manière responsable, permettra déjà d'apporter de l'oxygène à celles et ceux (magistrats, policiers, gendarmes, douaniers) qui sont en première ligne pour lutter contre la drogue.
4. LA LÉGITIMITÉ DES SOCIALISTES
Les socialistes, et en particulier les élus locaux, ont une légitimité historique sur les questions de sécurité. Nous savons mobiliser l'ensemble des acteurs, de la répression à la prévention, pour lutter contre le narcotrafic. Les policiers, gendarmes, travailleurs sociaux et élus locaux sont au cœur des stratégies locales. Ils connaissent le terrain et les enjeux mieux que quiconque. Les socialistes doivent porter ce message avec force et détermination là où d'autres forces de gauche rechignent parfois à assumer ce rôle de protection qui est le nôtre.
5. L'ÉCHEC DES DERNIERS GOUVERNEMENTS
Les faiblesses de la police judiciaire, l'absence de stratégie unifiée, le rapport de force justice/délinquants, l'état désastreux des prisons, l'échec du tout-répressif et l'absence de vraies stratégies de prévention sont autant de signes alarmants. Derrière les déclarations martiales de Gérald Darmanin, Bruno Retailleau et Emmanuel Macron, la réalité des moyens est souvent moins florissante que proclamée.
6. RÉARMER LA POLICE JUDICIAIRE
La première mesure urgente est de réarmer la police judiciaire en termes de moyens et d'organisation administrative. La PJ a prouvé son efficacité, notamment dans la lutte contre le haut du spectre de la délinquance. La réforme de Gérald Darmanin, qui a restreint son champ d'action au département, est une erreur. Il faut revenir à un maillage territorial plus large pour être réactif face à la criminalité organisée.
7. UN CHEF DE FILE POUR LA LUTTE CONTRE LE NARCOTRAFIC
Il est nécessaire d'imposer un chef de file au sein de la police nationale pour concentrer et harmoniser le traitement des informations concernant le narcotrafic. L'état-major envisagé récemment au Parlement peut jouer ce rôle essentiel. Parallèlement, la création d'un Parquet national anti-stupéfiants (Pnast), sur le modèle du Parquet national anti-terroriste ou du Parquet national financier, est urgente. Mais il faudra bien sûr accompagner cette réorganisation de moyens financiers et humains à la hauteur.
8. SOUTENIR LA PROTECTION JUDICIAIRE DE LA JEUNESSE
La présence de mineurs dans les griffes des réseaux organisés est un problème majeur. Il est impératif de soutenir la Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) à la hauteur des immenses besoins. Les jeunes sont les premières victimes du narcotrafic, et leur protection doit être une priorité.
9. SORTIR DE L’HYPOCRISIE SUR LES CONSOMMATIONS
La France doit aborder la question de la consommation de manière constructive et adulte. Il ne s'agit pas d'encourager la consommation de stupéfiants, mais de reconnaître que certains usages existent et qu’ils doivent être encadrés. La culpabilisation outrancière n'est pas une solution. Dans une Europe où la légalisation et la dépénalisation de certaines drogues se propagent, il serait vain de nier la réalité des consommation : aux usages récréatifs et aux addictionqs bien connues, s’ajoutent aujourd’hui des usages dopants dans le monde professionnel, facilités par la facilité d’accès et la baisse des prix d’une cocaïne partout disponible.
Si les socialistes doivent prendre toute leur part dans la lutte contre la criminalité organisée, ils doivent tout autant expliciter les racines de la consommation et du trafic : relégation de certains quartiers, recul de la présence des services publics, discrimination dans l’accès à l’emploi, dureté croissante du monde du travail, réponse insuffisante aux questions de santé mentale. La bataille contre le narcotrafic se mènera avec des policiers et des juges, elle aura aussi besoin d’éducateurs spécialisés, d’inspecteurs du travail et de professionnels du soin.
CONCLUSION
La lutte contre le narcotrafic exige une approche globale et systémique. Les socialistes, forts de leur légitimité historique et de leur engagement sur le terrain, doivent porter ce combat avec détermination. Ils l'assument sur la répression, ils l'assument aussi sur la prévention. Malgré nos nuances, nous ne pouvons pas être désunis sur les questions de sécurité. C'est avec cette conviction que nous devons agir pour protéger nos concitoyens et construire une société plus juste et plus sûre. La gauche a besoin de penser la sécurité pour parler aux Françaises et aux Français ; nos concitoyennes et concitoyens ont besoin d'être entendus sur les questions de sécurité, d'être libérés des périls pour pouvoir être réceptifs à notre vision globale de la société.
Contributeurs : Jérôme DURAIN (71) , Boris VALLAUD (40), Audrey GATIAN (13), Pierre PRIBETICH (21), Thomas GODARD (94), Yann CROMBECQUE (69), Malika BONNOT (69), François COMET (75), Caroline RACINE (57), Aline MAURICE (34), Agathe BOURRETERE (40), Rozenn BONNET (40), Emma PINÇON (31), Philippe QUÉRÉ (95), Alex CHARBONNEL (32), Michel MOUREAU (63), Cédric MARÉCHAL (45), Jean Claude MAURIN (26), Gautier PEZY (16), Antoine DALLET (17), Philippe BLET (62), Nicolas LE VIAVANT (40), Àhmed MIRAOUÎ (62), Titouan MARY (51), Dominique RAT (40), Eden MATIONGO (77), Killian MONTESQUIEU (75), Damien THOMAS (75), Christian HUGUIES (40), Thierry JACQUET (69), Jerome GUILLEM (33), Marina PARODI (40), Benjamin ALLAIX (49), Marie-Pierre DUHA PERRIAT (40), Yoann GARCIA (33), Lionel OLLIVIER (60), Jennifer BOHRER BARREAU (53), Johanne HADZLIK (59), Jean-Marie DARRICAU (40), Elouan LAHET (40), Jean-Michel EON (44), Karine GARRALON (40), Abel GAGO (69), Denis BREVET (40), Nicolas DELAUTRETTE (87), Benedicte LECACHEUX (14), Florence SABARD (75), Johel GREVET (62), Lucas BERGÉ (58), Elias BENDAOUADJI (57), Didier KAHN (40), Dominique BOLLIET (69), Yann AUZIAS (69), Alex CHARBONNEL (32), Hans TORVIC LECLERC (18), Robert CABÉ (40), Bernard BETNA (40), Vincent VAN ACKER (75), Eric QUENARD (51), Emmanuelle RAMOND (44), Paul COUTARD (75), Victor LE MONIER (21), Jean Marc BILLAC (40), Romain MIDA (60), Antoine TERRIER (40), Grégoire GOURDON (49), Noé COLLOMB (69), Justine CHASSEUR (40), Jeanne DALLOT (75), Nicolas DZIEZUK (57), Manon AUDAP (40), Lucas HAMIDI (62), Olivier DUCOURTIEUX (87), Matthias EVANO (75), Rolande CASSAGNEAU (40), Zoé BOURLON (40), Yann AUZIAS (69), Abel GAGO (69), Pierre HADZLIK (59), Stéphane GEMMANI (38), Stéphane GEMMANI (38), Noé GUIGONET (13), Helene HOMMERY (22), Quentin LE MENÉ (45), Quentin LATOUR (31), Xavier DEMANGEON (40), Arnaud BATTEFORT (23)