- Vendredi 22 juillet 2022 -
Comme les années précédentes, de nombreux étudiants titulaires d’une licence se retrouvent sans affectation en master. Ils ont validé leur diplôme mais, à quelques semaines de la rentrée, ils ne savent toujours pas où et dans quelle filière ils vont être accueillis afin d’achever leur cursus universitaire, au cours de deux années professionnalisantes qui sont censées leur ouvrir la voie à une intégration rapide sur le marché du travail. Alors que la précarité et le mal être des étudiantes et des étudiants s’aggravent, cette situation provoque un stress supplémentaire.
L’instauration de la sélection à l’entrée du master n’a pas été accompagnée de places supplémentaires dans ces formations alors même que le nombre d’étudiants entrant en licence augmente d’année en année, laissant ainsi nombre d’entre eux sur le carreau. Pourtant, un droit à la poursuite d’études avait été mis en place en même temps que cette sélection à l’entrée du master. Faute de place, les rectorats chargés de faire des propositions dans l’exercice de ce droit sont souvent démunis face à la demande croissante de ces étudiants. Sans master, leur insertion professionnelle se fait alors par défaut. L’absence d’inscription les expose aussi rapidement à un risque de précarisation financière après la perte de leur bourse de l’enseignement supérieur.
En juillet 2021, Frédérique Vidal, l’ancienne ministre de l’Enseignement supérieur avait annoncé la création de 14 000 places dans les universités ou autres filières en tension comme le droit, les STAPS, l’économie-gestion ou la psychologie. Un an plus tard, le ministère ne donne aucun détail sur les places effectivement financées. Dans les faits, cette annonce est restée au stade d’une simple promesse puisque les moyens pour les universités n’ont pas suivi. Or l’augmentation du nombre de places en master nécessite des moyens matériels et surtout humains pour encadrer ces étudiants toujours plus nombreux. Cette question des étudiants sans master renvoie à la situation plus générale des universités qui n’est pas tenable sur le long terme face à la pénurie de personnel.
En refusant d’abonder financièrement les universités, notamment les fins de cursus, le gouvernement d’Emmanuel Macron est resté aveugle au désarroi et à l’incompréhension de ces étudiants. Après la sélection brutale de Parcoursup, les portes ouvertes en licence se referment violemment en master, ce qui est inadmissible pour les étudiants qui ont suivi pendant trois ans une formation qu’ils ont réussie. De plus, dans de nombreuses filières, notamment en droit, l’obtention d’un niveau minimum bac plus 4 est essentiel pour pouvoir passer un certain nombre de concours ou examens. Sans possibilité d’intégrer un master, ces étudiants ne sont pas titulaires du niveau requis, les privant ainsi de toute chance de tenter ces concours ou examens.
En définitive, ce système de sélection sans moyens supplémentaires pour les universités fait reposer sur les étudiants l’intégralité de la responsabilité de l’échec de leurs candidatures, alors qu’il s’agit de la conséquence d’une absence de choix politique et de fausses promesses du gouvernement.
Le Parti socialiste demande à ce que la situation des étudiants sans master soit rapidement prise en compte en augmentant la capacité d’accueil de ces formations. Cet engagement doit s’accompagner d’un investissement massif dans l’enseignement supérieur, non pas par appel à projets ou par expérimentation comme le propose la loi de programmation de la recherche, mais bien par la création de postes pérennes nécessaires à l’accompagnement de tous les étudiants et notamment ceux admis en master.