Faire vivre la mémoire de Zyed et Bouna, pour que vive la République dans les quartiers populaires

- Mercredi 27 octobre 2021

Camille Vielhescaze, secrétaire national adjoint à la politique de la ville

C’était il y a 16 ans. Le 27 octobre 2005. Zyed Benna - 17 ans et Bouna Traoré - 15 ans mourraient électrocutés dans un transformateur d’un site EDF à Clichy-sous-Bois, fuyant un contrôle de police. 

Zyed et Bouna sont avant tout les 2 jeunes visages d’1 tragédie humaine qui aura endeuillé des familles, des proches, une ville toute entière, celle de Clichy-sous-Bois. Nos pensées vont vers celles et ceux qui ont été irrémédiablement meurtris dans leur existence.

Zyed et Bouna sont les 2 jeunes visages d’une révolte populaire qui aura embrasé les banlieues françaises en 2005 pendant 21 jours et 21 nuits, entraînant des morts, des milliers d’interpellations, d’importantes dégradations d’équipements publics et de nombreuses voitures brûlées. 

Une révolte qui aura exprimé avec violence la colère et la désespérance de millions de Françaises et de Français, et d’une partie de la jeunesse de notre pays, de se sentir constamment relégués au ban de notre société. 

Une révolte qui aura dénoncé avec force le fossé entre les habitants des quartiers populaires et notre République. Une République qui doit partout et tout le temps les considérer comme des citoyens à part entière, et non pas comme des citoyens entièrement à part, ainsi que le disaient Claude Dilain, alors maire socialiste de Clichy-sous-Bois, et Mohammed Mechmache, qui fondera avec d’autres le collectif AC Le feu au lendemain de ce drame. Une République qui se retirant, désertant certains quartiers, aura progressivement laissé la place à d’autres qui, sur la réalité d’une ségrégation subie, construisent le projet politique d’un séparatisme choisi.

La mort de Zyed et Bouna ne doit ni être oubliée, ni être réduite à la seule expression de ce malaise profond. Depuis 2005, la situation des quartiers a parfois connu des avancées et souvent des reculs. La mort de Zyed et Bouna doit chaque jour nous rappeler à notre responsabilité politique et collective de faire vivre les idéaux de justice sociale et d’égalité territoriale pour chacun des enfants de notre pays.

Cela passe par une République de la proximité et du quotidien, avec le retour des services publics dans ces quartiers, notamment d’une véritable police de proximité dotée de moyens humains et suffisamment expérimentée, et le moratoire sur toute fermeture envisagée.

Cela passe par une République du dialogue et de la considération, qui écoute et entend, quand sont pointés du doigt les institutions, les médias et l’inégalité de traitement dont sont victimes les habitants de ces quartiers.

Cela passe par une République offensive, irréprochable et intransigeante avec toutes les discriminations que subissent quotidiennement les habitants de ces quartiers, niant leur réalité de citoyens libres et égaux dans notre pays : à l’accès à l’emploi, au logement, quand les contrôles de police répétés masquent des contrôles au faciès,...Nous proposons notamment pour ce faire de créer un observatoire et un parquet national de lutte contre les discriminations.

C’est à ce prix que la douleur toujours vive de ce drame et des journées de révolte qui ont suivies, trouvera un peu d’apaisement et que les valeurs de liberté, d’égalité et de fraternité retrouveront du sens dans ces quartiers.

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