34 propositions pour un plan d'urgence à destination du secteur du tourisme

L’économie française n’a jamais connu pire récession depuis la seconde Guerre. Dans cette épreuve et de toute son histoire, le tourisme n’a, pour sa part, jamais connu une mise à l’arrêt quasi totale de sa filière.

Au-delà des 8% de PIB que représente l’économie touristique, de ses deux millions d’emplois directs et indirects ainsi que de son poids dans la balance du commerce extérieur, le tourisme est consubstantiel à l’histoire et à la culture de notre nation. Il est tout à la fois l’image de la France dans le monde, la marque d’une excellence reconnue et un secteur d’activité majeur dès lors qu’il irrigue tous nos territoires, en métropole comme dans les Outre-Mer. Du tourisme urbain au tourisme rural, sans oublier la Montagne et les 5853 kilomètres de littoral métropolitain, c’est tout l’espace national français qui est gravement affecté par la mise au pas de son activité touristique.

La première destination mondiale, se trouve ainsi au centre d’un scénario improbable, puisque tout simplement privée de l’ensemble de ses acteurs. Hôteliers, restaurateurs, cafetiers, hébergeurs de toute nature, agences de voyages, offices de tourisme, autocaristes, transporteurs aériens et ferroviaires, sites culturels et patrimoniaux, bases de loisirs, remontées mécaniques, activités thermales, distributeurs grossistes en boisson ; c’est la totalité de la chaîne que le Covid 19 a paralysé depuis le 14 mars, 3 jours avant que ne soit décidé le confinement généralisé.

Pire encore, c’est l’un des seuls secteur d’activité, avec la culture et le sport, qui reste à ce jour sans horizon connu quant à sa reprise. Quelles seront les conditions sanitaires de réouverture du secteur de la restauration ? A quelle échéance ? Le niveau de confiance des consommateurs sera-t-il suffisant pour un retour aux tables que l’on affectionne tant d’ordinaire ?

D’ores et déjà, il ne fait de doute pour personne que l’année 2020 est une année amputée si ce n’est sacrifiée pour de nombreuses entreprises touristiques. Certaines ne se relèveront pas. Des faillites en nombre sont à craindre. D’autres parviendront à surmonter cette épreuve au prix de renoncements inévitables et les stigmates de cette tragédie vont les marquer durablement.

Licenciements, emplois saisonniers revus à la baisse, investissements reportés ou abandonnés, partenaires bancaires à convaincre, mesures sanitaires à adopter, les conditions d’un retour à la normale relèveront de choix douloureux à opérer et qui s’étaleront dans le temps. Rien ne sera possible sans un soutien massif de la puissance publique. Ce soutien ne va pas de soi. En effet, dans le pays le plus visité au monde, qui enregistre fièrement 430 millions de nuitées pour près de 180 milliards de consommation touristique chaque année, cette économie s’est historiquement suffit à elle-même. Le budget d’Atout France, bras armé de l’Etat en matière de Tourisme, n’a jamais décollé et demeure d’une faiblesse inversement proportionnelle à la puissance touristique de la France.

Quant aux fonds propres de la CDC dédiés au financement de projets touristiques et aux dispositifs ad hoc de BPI France (France Investissement Tourisme), ils peinent à exercer un effet de levier, tant leurs moyens paraissent limités en regard des besoins colossaux de ce secteur d’activité.

Restaurer le dynamisme d’un secteur économique en souffrance, tient au secours que l’on peut apporter à l’offre, mais aussi et indissociablement, à la stimulation de la demande que l’on doit prodiguer. Le droit aux vacances a été reconnu en 1998 comme droit fondamental dans la loi de lutte contre les exclusions. Ce droit est en recul en France. Se faisant, il creuse des inégalités et c’est pourquoi il doit être placé au coeur d’une stratégie de relance qui recouvre des enjeux tant économiques que sociaux.

Ainsi avons-nous à connaître d'un défi inédit qui nous oblige. Et parce que nous savons ce que la France doit à ses acteurs touristiques, parce que nous en connaissons l’énergie, le talent et la valeur, nous croyons que la puissance publique doit s’emparer de ce défi, se tenir aux côtés de ses hébergeurs, de ses 210 000 cafetiers et restaurateurs, pour relever le tourisme français qui est l’honneur de la nation.

Nous croyons aussi que les mesures conjoncturelles, celles annoncées par le Gouvernement comme celles prises par le secteur bancaire ou assuranciel, si nécessaires soient-elles, ne suffiront pas à relever ce défi. C'est pourquoi, l'urgence ne doit pas obérer notre capacité commune à produire audacieusement des mesures pour procéder, passé le temps de l'urgence, à un accompagnement vigoureux de la relance.

Enfin, pour ces mêmes raisons, nous avons la conviction que cette épreuve nous exhorte à interroger le modèle de développement touristique qui prévaut depuis des décennies. Le tourisme d'après ne peut se reconstruire sur le modèle perfectible du tourisme d'avant. Le "sauvetage" ne vaut que s'il rend possible des perspectives nouvelles et de nature à poser les bases d'un tourisme durable.

Pour que vive le tourisme, nous formulons 34 propositions fortes, concrètes et à la hauteur d'un enjeu sans précédent dans l'histoire du tourisme français.

Boris VALLAUD

Député des Landes

Hervé SAULIGNAC 

Député de l'Ardèche

 

Lire les 34 propositions

Télécharger les visuels

Partager sur Twitter

 

 

Veuillez vérifier votre e-mail pour activer votre compte.