La crise sanitaire que nous vivons depuis maintenant plus d’un mois révèle l’urgente nécessité qu’il y a, dans le domaine éducatif télévisuel, à non seulement préserver mais bien plus encore, à développer une programmation éducative qui depuis trop longtemps fait cruellement défaut dans le paysage audiovisuel français.
C’est en ce sens que nous devons absolument œuvrer au maintien, sur le réseau France Télévisions, de la chaîne France 4 normalement appelée à disparaître le 9 août prochain.
En effet, depuis le début du confinement sanitaire, France 4 a totalement modifié sa grille en proposant – en lien avec l’Education nationale – des programmes éducatifs de grande qualité, à savoir plus de cinq heures quotidiennes de programmes dédiés à tous les niveaux scolaires, du CP à la classe de terminale, dans les grands domaines d’enseignement : mathématiques, français, langues vivantes …
À celles et ceux qui n’envisagent l’avenir qu’au travers du numérique et de l’informatique, force est de constater que le succès de France 4 rétablit une évidence souvent oubliée : oui, il y a encore de la place pour une chaîne éducative hertzienne dans le paysage audiovisuel français !
Le succès de France 4 en atteste : lors des deux premières semaines de diffusion, l’émission « La Maison Lumni », plate-forme éducative de France Télévisions présentée par Alex Goude, a attiré plus de 2 millions d’enfants de 4 à 14 ans.
L’utilité et l’urgence d’une chaîne hertzienne dédiée à la jeunesse ne sont plus à démontrer. En complément du numérique, ce type de programmation permet de répondre à une mission essentielle, pierre angulaire du service public : la démocratisation de l’accès du jeune public à la connaissance face aux inégalités croissantes et tellement d’actualité en matière d’accès au numérique – connexion internet, acquisition de tablette, d’ordinateur … –.
C’est pourquoi cette programmation doit non seulement se poursuivre pendant toute la période de confinement mais aussi au-delà, au sortir d’une année scolaire tronquée, facteur évident d’aggravation des inégalités malgré l’engagement des enseignants et des parents.
Réaffirmons donc qu’une fois sortis de cette crise sanitaire, nous aurons besoin, sur le service public de France Télévisions, d’une chaîne gratuite avec des contenus éducatifs.
Regardons autour de nous, par exemple chez nos voisins d’outre-manche où, après avoir basculé les programmes éducatifs de BBC 3 sur le numérique, l’heure est à la réflexion quant à la nécessité de remettre ces programmes à la disposition de tous.
Sachons tirer les enseignements de la période que nous traversons pour combler nos lacunes et par la même, mettre fin aux errements qui prévalent depuis trop longtemps dans le paysage éducatif hertzien de notre pays : à côté du numérique, c’est bel et bien la mission du service public France Télévisions que d’assumer de façon pérenne une chaîne éducative gratuite.
Éminemment politique, cette décision qui doit être prise au plus haut niveau de l’État, permettra de mesurer la volonté , la conviction et l’engagement en faveur d’une démocratisation de l’accès à l’éducation pour tous nos enfants et tous nos jeunes, partout sur le territoire de la République.
Que vive France 4 !
Yannick Trigance, conseiller régional Île-de-France, secrétaire national du PS à l'Éducation et à l'Enseignement supérieur
Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand, secrétaire national du PS à la Culture