Thème : Rénovation thermique
Les effets du changement climatique sont incontestables, et les rapports d’experts nous enjoignent à changer nos pratiques. Le logement correspond au premier poste de dépense des ménages, et c’est le secteur le plus consommateur d’énergie avec les transports. Pourtant, les efforts pour adapter nos logements aux nouveaux défis du siècle sont insuffisants.
L’été, les épisodes caniculaires s’enchainent et sont de plus en plus fréquents. Cela induit, pour les foyers les plus chanceux disposant d’une climatisation, une consommation d’énergie accrue pour refroidir les logements. Pour les foyers moins chanceux, faute d’une isolation efficiente, les températures grimpent très vite à l’intérieur des logements.
L’hiver, les 5,2 millions de passoires thermiques du pays ne permettent pas à leurs occupants de vivre dignement. Qui plus est dans un contexte d’envolée des prix de l’énergie, les foyers les plus fragiles sont confrontés à un choix cornélien : s’endetter ou se chauffer ?
L’exemple du Grenelle de l’environnement est parlant : si les objectifs de rénovation énergétique prévus en 2008 avaient été tenus, la France économiserait déjà l'équivalent de ses importations de gaz russe, et des millions de gens seraient sortis de la précarité énergétique.
Malheureusement, sur les 700.000 subventions « MaPrimRénov » débloquées en 2021, le nombre de logements sortis du statut de « passoire thermique », initialement annoncé à 80.000 par le gouvernement a été ramené à 2 500 par un récent rapport de la Cour des comptes. À ce rythme-là, il faudra plus de 1900 ans pour rénover les 4,8 millions de passoires thermiques du pays. Les travaux effectués à ce jour ne nous permettent d’économiser « que » l’équivalent de la consommation de la ville de Lyon.
Cela s’explique notamment par la multiplication des rénovations « petits gestes » au détriment de rénovations globales et performantes, ne nous permettant pas d’avancer significativement.
- Pourquoi la rénovation énergétique des bâtiments n’avance pas ?
Les habitants des passoires thermiques cumulent généralement des difficultés sociales et économiques. On peut notamment relever que :
- La rénovation thermique de leur logement n’est pas une priorité : ils cherchent avant tout à passer l’hiver en se chauffant convenablement avant tout.
- Ils n’ont pas de capacité d’endettement et ne peuvent donc pas envisager de travaux couteux, même avec un reste à charge réduit.
- Le reste à charge est encore aujourd’hui prohibitif pour de nombreux foyers qui, quand ils ont une petite capacité d’endettement, privilégient des « petits gestes » de rénovation comme l’installation de pompes à chaleur, peu efficaces d’un point de vue global.
- Ils ne disposent que d’un faible niveau d’information, ou pas d’informations du tout. Il leur est donc impossible de se retrouver dans la fragmentation des dispositifs, des interlocuteurs et des entreprises.
- Ces constats sont d’autant plus préoccupants qu’ils font peser sur les ménages les plus fragiles un certain nombre de difficultés sur le moyen long-terme
- Ils sont « condamnés » à habiter ces passoires thermiques puisqu’ils n’ont pas les moyens de déménager.
- Ils risquent par ailleurs d’être exclus du parc de logement dès lors que les passoires thermiques seront interdites à la location.
Si la loi Climat et Résilience est venue imposer un calendrier d’interdiction de hausse des loyers, puis de mise en location des passoires thermiques, tout reste à faire. En tant que Socialistes, nous devons nous emparer de ce sujet et proposer des solutions ambitieuses.
- La rénovation thermique des logements répond à des enjeux climatiques, économiques, sociaux et sanitaires.
La rénovation thermique des logements, c’est évidemment une mesure de justice sociale et climatique. Les ménages les plus modestes occupent les logements les plus consommateurs et les moins bien isolés. De fait, de nombreuses personnes s’imposent des restrictions de consommation, ne chauffent que certaines pièces ou maintiennent un niveau de température inférieur au seuil de confort pendant l’hiver.
La rénovation thermique des logements, c’est une mesure de rééquilibrage des territoires. Les ménages qui s’imposent le plus de restrictions sont ceux situés dans les communes rurales et les bourgs de moins de 20000 habitants.
La rénovation thermique des logements, c’est une mesure de santé publique. Les différentes conséquences d’une mauvaise isolation comme un logement humide ou mal chauffé entraine des risques de pathologies amplifiées chez les personnes âgées ou fragiles.
- En tant que Socialistes, nous devons proposer une couverture rénovation thermique universelle.
Celle-ci constituerait, dans les faits, une avance remboursable de l’Etat pour entreprendre les travaux et couvrirait 100% du montant des travaux de rénovation thermique. Elle s’appuierait sur un guichet unique de la rénovation thermique, sur une assistance à maîtrise d’ouvrage, des entreprises identifiées et labellisées et sur un accompagnement personnalisé avant, pendant et après les travaux.
Elle permettrait d’inscrire l’action dans la durée en sortant de l’éternel réaction aux crises , et des non moins sempiternels chèques et primes.
La notion de couverture rénovation thermique universelle, clin d’oeil à la couverture mutuelle universelle, permettrait par ailleurs d’identifier clairement les dimensions sociales et sanitaires de notre dispositif.
Elle permettrait, enfin, de saper tous les biais mentionnés précédemment, en réduisant le nombre d’interlocuteurs et de déclinaisons des dispositifs.
Cette couverture universelle porte également une ambition industrielle pour le pays, de la formation à la rénovation.
Elle doit mettre en oeuvre un plan audacieux, plaçant la revalorisation des filières professionnelles en son coeur. Il n’est plus possible que nos territoires souffrent autant de difficultés de recrutement parce que nos lycées professionnels doivent constamment composer avec des coupes budgétaires.
Nos entreprises de rénovation doivent être accompagnées financièrement pour pouvoir recruter et offrir un salaire décent, à la hauteur de l’intérêt public des postes proposés. Enfin, nous devons réorganiser les lignes de production dans le pays pour être capable de produire plus et mieux les matériaux essentiels intervenants dans la rénovation thermique des logements.
La rénovation thermique des passoires thermiques continuera d’être une ligne d’horizon tant que la formation, la production et les entreprises souffriront de la défaillance de l’Etat.
Nous avons pris l’habitude de nous fixer des objectifs ambitieux toutes les décennies, sans jamais nous donner les moyens de nos ambitions. Avec cette couverture rénovation thermique universelle, nous pourrions enfin traduire les discours en actes, et atteindre l’objectif d’éradication des logements indécents en France.
Camarades socialistes, la lutte pour le climat est la cause du siècle, pour que les générations futures puissent vivre les suivants. Soyons à la hauteur des enjeux, pour changer la vie.
Premiers signataires :
Rémi CARDON (Premier secrétaire fédéral de la Somme, Sénateur de la Somme), Frédéric FAUVET (Président du groupe La Somme en Commun, Conseiller départemental de la Somme), Zohra DARRAS (Secrétaire fédérale à la politique de la ville, Conseillère départementale de la Somme), Tarek BAÏS (Secrétaire fédéral adjoint à la vie de la fédération PS80, secrétaire de section Amiens Nord), Laurent Accart (Secrétaire fédéral adjoint à la vie politique), Jean-Claude Placiard (Secrétaire fédéral au projet politique à l'échelon local), Romain MAREEN (Secrétaire de la section d'Albert - PS80), Jean-Louis PIOT (Conseiller départemental de la Somme), Gérrd Leroy (Secrétaire de la section Ailly-sur-Noye - P80), Didier CARDON (ancien vice-président chargé de la formation tout au long de la vie et de l’emploi au sein du conseil régional de Picardie, PS80)