Assises des finances publiques : la triple faute du gouvernement

- Mardi 20 juin 2023

Brice Gaillard, secrétaire national au Budget, à la planification écologique et aux nouveaux indicateurs de richesse 

Hier se tenant des assises des finances publiques visant à préparer la séquence budgétaire de l’automne et à ancrer toujours davantage la politique budgétaire du pays dans une perspective de rigueur néolibérale. Sans surprise, les annonces faites ont malheureusement démontré une nouvelle fois l’aveuglement doctrinal d’un gouvernement qui ne cherche même plus à faire semblant de proposer une politique équilibrée. Les annonces du gouvernement témoignent d’une triple faute politique qu’il est nécessaire de dénoncer.

En premier lieu, c'est sur le plan de la méthode que le gouvernement a échoué en procédant à des annonces non concertées visant uniquement à culpabiliser une partie de la population : les Françaises et Français les plus modestes, les médecins, les collectivités territoriales…

Cette stratégie s’applique en l'occurence de manière parfaitement inappropriée, aux collectivités territoriales : comment un gouvernement qui n'arrive pas à gérer convenablement ses finances peut-il se permettre de critiquer la gestion des collectivités locales dont chacun sait qu'elle est saine, encadrée par la loi et porteuses d'investissements fondamentaux pour le développement de nos territoires ? En définitive, une nouvelle fois, le gouvernement demande à d'autres ce qu'il n'est pas capable de faire.

C'est également un échec en terme de crédibilité : en effet, le gouvernement annonce 10 milliards de moindre dépenses à réaliser en quelques années. Dans une sorte de "course à l'échalote" avec la droite libérale, il en est réduit à participer à une sorte de concours mortifère du plus économe, au détriment de la cohésion sociale et du financement des politiques publiques conduites dans notre pays. Pourtant, l'ensemble des économistes considèrent aujourd'hui que c'est l'inverse qu'il conviendrait de faire pour dynamiser notre économie, assurer un renforcement d’un lien social aujourd’hui très dégradé et engager une transition environnementale nécessaire.

De plus, il n'est aujourd'hui plus possible de mettre en oeuvre des économies de bout de chandelles sur des ministères qui voient chaque année leurs marges budgétaires rognées. Il y a une différence entre efficience de gestion et contraction de l'action publique que n'a visiblement pas bien compris le gouvernement. Il nous faut l’affirmer sans ambages : il ne pourra pas s’agir d’une rationalisation du fonctionnement des ministères mais bel et bien d’un renoncement à certaines politiques publiques, pourtant parfois essentielles, sans l’assumer auprès de l’opinion publique. Bien évidemment on ne peut que se satisfaire de certaines annonces visant à remettre en cause des "niches fiscales" dites brunes, ou d'ajustement de certaines taxations, mais cela ne suffira pas à atteindre les objectifs alloués. On assiste en définitive à un nouveau recul de la place de l’Etat et de sa capacité d’intervention et de régulation.

Cela amène donc à évoquer le troisième échec du gouvernement, celui de la justice. Annoncer une nouvelle fois des réductions d'aides sociales et du niveau de couverture médicale de nos concitoyens est irresponsable quand l'on connait le niveau des refus de soins de nos concitoyennes et concitoyens les plus modestes. Il faut en particulier dénoncer les nouvelles menaces sur les aides au logement, tout comme la remise en cause de la couverture médicale et en particulier du remboursement des arrêts maladie, dans un contexte où la souffrance au travail devrait être un enjeu de politique publique majeure au lieu d’une un simple élément de communication culpabilisante.

Depuis plusieurs années, le Parti Socialiste et ses deux groupes parlementaires portent une alternative viable, crédible et forte en la matière : l'ajustement du niveau de taxation des plus riches et des grandes entreprises permettrait de répondre aux besoins de financement de notre pays. Il faut le redire une nouvelle fois : le niveau de prélèvement obligatoire n’est pas le problème. C’est l’iniquité fiscale générée par les décisions prises depuis 2017 qui l’est. Entre 2017 et 2027, ce sont en effet environ 586 milliards d’euros de recettes fiscales qui ont été détruites, au bénéfice des seuls ultra-riches et des grands groupes.

Alors que le Parti Socialiste prône la fin de ce désarmement fiscal et le rééquilibrage, le gouvernement s'y refuse toujours pour des raisons purement idéologique et contre toute logique.

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