Combats socialistes : Organisation du travail et participation des salariés


Thème : Économie et travail


Télécharger la contribution

Débat

Nous, socialistes, nous nous battons pour les travailleur·euse·s ! 

Un gouvernement n’a jamais été aussi violent à l’égard des travailleur·euse·s. Que ce soit avec les ordonnances de 2017 ou les différentes réformes de l’assurance chômage, leur précarisation n’a cessé de croître. “Nous voulons que notre travail paie !” réclamaient les gilets jaunes. Et pourtant, Emmanuel Macron n’a pas souhaité entendre ce message. 

Président ni de gauche, ni de droite, et de gauche et de droite disait-il. Pourtant, les faits démontrent qu’il est surtout un Président de droite et de droite, car en effet, la Gauche socialiste s’est construite pour porter la voix du Travail face au Capital au sein des institutions, et plus particulièrement, pour celles et ceux qui n’ont que leur force de travail pour vivre. 

Et en cela, le Parti socialiste peut-être fier de son bilan !

Notre héritage

Le combat pour les travailleur·euse·s, nous l’avons assumé depuis notre arrivée au pouvoir avec le Front Populaire en 1936 : 

    • Nous avons baissé le temps de travail : les 40h en 1936, 39h en 1982 et 35h en 1998 ;
    • Nous avons instauré les congés payés : 2 semaines en 1936, 3ème semaine en 1956 et 5ème semaine en 1982 ;
    • Nous avons baissé l’âge légal de départ à la retraite : 60 ans en 1982 ;
    • Nous avons participé à la création de la sécurité sociale.

 

 

Propositions

Désormais, il nous faut aller plus loin. Jaurès disait : “Il n’y a pas d’idéal plus noble que celui d’une société où le travail sera souverain, où il n’y aura ni exploitation, ni oppression, où les efforts de tous seront librement harmonisés, où la propriété sociale sera la base et la garantie des développements individuels.”

Se rapprocher de cet idéal demande de passer par deux voies

Réduire à nouveau le temps de travail 

Pourquoi le faire ? 

Premièrement, parce que la baisse du temps de travail permet de créer des emplois. À l’image des 35 heures, qui ont permis de créer au moins 350 000 emplois, le passage à la semaine de 4 jours couplée d’une réduction du temps hebdomadaire de travail à 32h pourrait créer entre 1,5 à 2 millions d’emplois

Deuxièmement, parce que la baisse du temps de travail permet d’augmenter les salaires. Dans une période où les salaires augmentent peu (13 % en 20 ans), contrairement aux dividendes, les travailleur.euse.s exigent un meilleur partage de la richesse, rappelons-le créée par le travail, dans les entreprises. Emmanuel Macron dit qu’il ne peut pas forcer la main du patronat pour augmenter les salaires… C’est faux! Au-delà de la possibilité d’augmenter le SMIC, la baisse du temps de travail sans réduction du salaire permet d’augmenter le revenu horaire puisqu’il faudra moins d’heures de travail pour arriver au même salaire mensuel. C’est un combat que les socialistes doivent mener. 

Troisièmement, parce que les travailleur.euse.s veulent décentrer le travail de leur vie. Que ce soit pour avoir plus de temps pour les loisirs, s’occuper de leur famille, etc. beaucoup de travailleur.euse.s sont même prêt.e.s à sacrifier leur salaire pour passer moins de temps au travail. Les socialistes ne peuvent se résoudre à demander aux travailleur.euse.s de choisir entre le salaire et le temps de travail, alors que les dividendes n’arrêtent pas d’augmenter. Ils doivent porter un message d’espérance en s’engageant fermement pour la baisse du temps de travail sans perte de salaire. 

Renforcer le pouvoir des travailleur.euse.s dans les entreprises 


Les socialistes, en tant que porte-parole des travailleur·euse·s au sein des institutions, doivent également s’engager vers un renforcement de leur pouvoir au sein des entreprises. 

Karl Marx expliquait que le capitalisme était avant tout un rapport social, confrontant le Capital et le Travail. De ce fait, au sein des entreprises, comme lieux de production, le pouvoir de direction est réservé aux capitalistes, c’est à dire celles et ceux qui ont réalisé un apport en société en échange de quoi, ils/elles bénéficient d’un pouvoir de décision, que ce soit pour la conduite de l’entreprise, le partage de la valeur, etc. 

Pourtant, la valeur de l’entreprise est créée par les travailleur.euse.s. C’est grâce à leur travail que l’entreprise produit, croît et s’enrichit. Dans le système capitaliste, les travailleur·euse·s subissent le poids du Capital. Ils et elles sont dans un rapport de subordination. 

A partir de ce constat, les socialistes ont mené des réformes pour limiter le pouvoir de l’employeur, renforcer la démocratie et le dialogue social dans l’entreprise. Nous devons poursuivre ce combat. Et pour cela, nous proposons : 

  • D’approfondir les mécanismes aboutissant à une propriété sociale : Il ne s’agit pas de mettre fin à l’entreprise sous forme capitaliste, mais de renforcer en parallèle la possibilité pour des travailleur.euse.s de s’associer au sein de structures égalitaires et démocratiques. Un premier pas a été franchi avec les SCOP (les Société coopérative et participative) dans lesquelles les salarié·e·s sont obligatoirement associé.e.s majoritaires. Il faut désormais les renforcer en créant de nouvelles formes sociales permettant aux salarié·e·s d’être entièrement souverain·e·s sur leur lieu de production, avec des mécanismes facilitant le prêt bancaire à ces structures pour répondre aux besoins de financement. 
  • D’accroître la présence des salarié.e.s dans les conseils d’administration et de surveillance et autres instances dirigeantes des entreprises. Au sein des sociétés capitalistiques, les socialistes doivent mener un combat pour renforcer la présence des salariés dans les instances dirigeantes des entreprises. Un système progressif peut être mis en place fonctionnant sur la base de seuils d’effectifs pour aboutir à des instances dirigeantes composées à 50% de salarié.e.s pour les plus grandes entreprises. 
  • Renforcement des possibilités de rachat d’entreprise par les salarié·e·s. Bien qu’il existe un mécanisme permettant aux salarié.e.s de racheter leur entreprise, il est extrêmement limité puisqu’il ne concerne que les TPE ou PME. Ainsi, nous proposons d’étendre cette possibilité à toutes les entreprises pour renforcer le pouvoir de tous les salarié·e·s.

Agir

  • Réduire le temps de travail
  • Approfondir les mécanismes aboutissant à une propriété sociale
  • Accroître la présence des salarié·e·s dans les conseils d’administration et de surveillance et autres instances dirigeantes des entreprises. 
  • Renforcer des possibilités de rachat d’entreprise par les salarié·e·s

Contributeurs : Augustin Lechat-Blin, Jean-Noël Vieille, Théo Iberrakene, Alexandra Jardin, Alizée Ostrowski, Quentin Pak


Télécharger la contribution

Veuillez vérifier votre e-mail pour activer votre compte.