Conseil national du 27 juin 2023 | Résolution sur l'Iran


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– Mardi 27 juin 2023

Nous socialistes, continuons de soutenir la lutte progressiste des Iranien·n·e·s autour de la devise universelle « femme, vie, liberté ».

L’assassinat par la police des mœurs islamiques, le 16 septembre 2022, de la jeune kurde iranienne Jina Mahsa Amini, a été le point de départ d’un mouvement social et politique inédit de contestation du pouvoir théocratique iranien installé depuis 1979.

Depuis neuf mois, étudiant·e·s, travailleuses et travailleurs, enseignant·e·s, retraité·e·s, militantes des droits humains, féministes, écologistes, LGBTQI+ iraniens, convergent autour de la devise « femme, vie, liberté ».

Leurs revendications, d’une absolue actualité, résonnent avec les luttes séculaires menées par les socialistes. Les iranien·ne·s exigent ainsi :

  • la fin du régime théocratique et la séparation du pouvoir religieux et du pouvoir politique ;

  • l’instauration d’un régime démocratique au gré d’élections libres et la consécration des libertés individuelles et publiques ;

  • la fin des lois patriarcales et discriminatoires à l’encontre des femmes et la consécration de l’égalité des femmes et des hommes dans la loi ;

  • le droit de pouvoir vivre dignement de son travail et la consécration des droits sociaux pour tous les travailleurs : sécurité sociale, retraite, droit du travail protecteur des salariés ;

  • la fin des discriminations à l’encontre des groupes ethniques et confessionnels minoritaires.

Ce mouvement à vocation révolutionnaire a été violemment réprimé par le régime des Mollahs qui a fait exécuter plus de 600 femmes et hommes dont 70 enfants.

Même si la peine de mort a toujours existé en Iran, ces exécutions ont augmenté de 70 % par rapport à l’année précédente. Châtiment inhumain, cruel et dégradant, la peine de mort est utilisée par les autorités pour mater la dissidence. Procès inéquitables au terme de procédures judiciaires injustes et sommaires ; actes de tortures, de viols et de traitements inhumains en détention ; arrestations arbitraires de dizaines de milliers de manifestant·e·s, et notamment des objecteurs de conscience : journalistes, avocats, étudiants, soignants, militants politiques, syndicalistes ; répression des manifestants et tirs sur la population ; minorités ethniques, religieuses et particulièrement ciblées par les condamnations à mort ; espionnage et assassinats de dissidents issus de la diaspora, etc, le régime tente d’écraser la révolution de son peuple en faisant fi des droits humains, des droits des femmes et de toutes les libertés fondamentales. Au climat de terreur et à la répression violente, s’ajoute l’impact des sanctions économiques internationales, inefficaces car elles asphyxient avant tout les Iranien·ne·s et menacent le pays d’un embrasement général : inflation des prix (+170 %), crise alimentaire, pénurie de médicaments, explosion des inégalités, etc.

Depuis leur résolution en conseil national du 4 octobre 2022, les socialistes ont soutenu à l’unisson de nombreuses initiatives pour relayer cette courageuse aspiration à l’émancipation et à la démocratie : participation aux manifestations, appels dans les tribunes, votes des résolutions parlementaires, contact permanent avec notre parti frère, membre de l’Internationale socialiste (IS), le Komala Party of Iranian Kurdistan (KPIK), parrainages et marrainages parlementaire d’une centaine de manifestants condamnés à mort pour avoir exercé leur liberté d’expression. Le 20 juin dernier, une agora citoyenne a été organisée à la Sorbonne par Chirinne Ardakani, son collectif d’avocats français Iran Justice, les collectifs We are Iranian Students, Neda d’Iran, Queers and feminists for Ian liberation, Azadi4Iran, des acteurs de la société civile issus des milieux universitaires, culturels, artistiques, et de militants des droits humains. Le Parti socialiste a ainsi, par la voix de son Premier secrétaire, pu réaffirmer son soutien au peuple iranien, et rappeler l’exigence d’une condamnation internationale, européenne et française forte des crimes perpétrés par le régime islamique.

Le Parti socialiste exprime sa vive inquiétude de voir ces dernières semaines une partie de la communauté internationale aller à rebours du soutien vital au peuple iranien : quand l’ONU nomme le 10 mai dernier la République islamique à la présidence du Forum social du Conseil des droits de l’homme, puis à la vice-présidence de l’Assemblée générale des Nations unies le 1er juin, enfin au comité des Nations unies sur le désarmement à la sécurité internationale ; quand le président français, lors de son entretien avec le président de la République islamique d’Iran le 10 juin dernier, n’a pas un seul mot pour la révolution, pour les droits des manifestants, sur les arrestations, les exécutions, etc. Au mois de mai, ce sont pas moins de 142 personnes qui ont été exécutées par le régime.

Le Parti socialiste demande à ce que la communauté internationale, l’Union européenne et la France en particulier, appellent à la libération inconditionnelle de tous les prisonniers politiques et d’opinion iraniens, y compris des otages européens retenus par le régime de Téhéran, ainsi que le respect des droits fondamentaux, comme condition au maintien de toute relation diplomatique.

Autocratique, le régime iranien déstabilise la région par son financement de groupes terroristes comme le Hezbollah libanais, est engagé dans une course vers l’arme atomique et viole l’accord de non-prolifération sur le nucléaire iranien obtenu à Vienne en 2015 (JCPOA), pratique la prise d’otages d’État (quatre Français sont toujours retenus en Iran) à des fins d’instrumentalisation diplomatique, et livre des drones à la Russie dans la guerre qu’elle a engagée avec l’Ukraine.

Le Parti socialiste en appelle à un sursaut international, des forces politiques et associatives, en France et en Europe, et à prendre des mesures appropriées et sans concession pour mieux cibler le régime et ses responsables. C’est pourquoi nous proposons :

  • l’inscription du corps des gardiens de la révolution islamique, bras armé idéologique du guide suprême, l’ayatollah Khameini, et de ses forces subsidiaires, notamment la milice paramilitaire Basij et la Force Quds, à la liste des entités terroristes de l’Union européenne, comme le Parlement européen l’avait demandé le 19 janvier ;

  • l’initiative d’une résolution similaire de la France à l’Assemblée nationale à l’instar du Sénat français qui a voté cette revendication aux termes d’une résolution ;

  • la poursuite de la diplomatie parlementaire pour visibiliser le sort des prisonniers politiques et d’opinion ;

  • la garantie d’un accès à internet pour tous les iranien·ne·s dont l’accès est délibérément entravé par les autorités iraniennes à des fins de répression à huis clos ;

  • des sanctions économiques mieux ciblées comme l’application stricte du gel des avoirs à l’étranger des dignitaires du pouvoir, de leurs familles et de leurs proches ;

  • la mise en accusation des dirigeants du régime pour la commission de crimes internationaux et de crimes contre l’humanité que sont le meurtre, l’emprisonnement, les disparitions forcées, la torture, le viol et les violences sexuelles, ainsi que la persécution ;

  • la suspension des mandats internationaux confiés par les Nations unies à la République islamique ;

  • la libération immédiate et inconditionnelle, par le régime, de tous les manifestants condamnés à mort.

Nous ne nous résoudrons pas que ce mouvement d’espérance et de justice tombe peu à peu dans l’indifférence internationale, et que les seules considérations géopolitiques l’emportent sur la défense des droits humains et fondamentaux. La communauté internationale doit se réveiller et ne pas éteindre l’espoir. Nous devons toujours être derrière celles et ceux qui défendent leurs droits, qui réclament leur liberté, et particulièrement celles des femmes. Nous devons toujours crier avec elles, avec eux « Femme, vie, liberté ».


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