- Mardi 16 novembre 2021
Tristan Foveau, secrétaire national à l’Écologie, au Dérèglement climatique et à la Biodiversité
Alain Delmestre, secrétaire national à la Transition énergétique
La déclaration finale adoptée samedi 13 novembre à Glasgow sauve in extremis le processus de négociation internationale lui-même mais n’est pas à la hauteur de l’enjeu qui devrait mobiliser tous les États : la survie de l’humanité.
Les deux semaines de négociation entre les 196 pays réunis pour la COP26 à Glasgow (Écosse) ont d’abord été marquées par des accords thématiques autour de coalitions d’acteurs à géométrie variable : agriculture plus résiliente (45 gouvernements et 95 entreprises de l’agro-alimentaire), fin des voitures thermiques en 2040 (une trentaine d’États, de collectivités locales, de constructeurs), arrêt de la déforestation en 2030 (plus de 100 pays représentant au total 85 % des forêts du monde), réduction de 30 % des émissions de méthane d’ici à 2030 (105 États), sortie du charbon (23 États), initiative « beyond oil and gas » (BOGA) de sortie progressive du pétrole et du gaz (12 États).
Si ces ambitions sont louables, cette méthode non-contraignante devra encore faire la preuve de son efficacité.
La mention de la question des énergies fossiles dans le texte final constitue quant à elle une avancée qui doit être saluée, mais la formule retenue dans l’accord est en net retrait par rapport à l’ambition initiale.
Le dernier rapport du GIEC a par ailleurs été entendu : l’objectif fixé est désormais de contenir le réchauffement à +1,5° à l’horizon 2100 par rapport à l’ère préindustrielle et se traduit dans l’appel à réduire de 45 % les émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici à 2030. Toutefois, comme pour les accords thématiques, l’absence d’échéancier, de calendrier précis, d’objectifs chiffrés et, a fortiori, de toute contrainte pour les États ne permet pas à ce stade d’affirmer que cet objectif vital pourra être tenu.
A cet égard, il est malheureux de constater que chaque COP participe au creusement d’un fossé toujours plus incompréhensible entre les décisions finales et la réalité : au rythme actuel, les émissions de GES devraient continuer d’augmenter. Affirmer que la COP26 préserve la possibilité d’une trajectoire à +1,5° relève donc de la communication politique.
De surcroît, l’adoption, après les échecs de la COP24 et de la COP25, de l’article 6 de l’accord de Paris relatif au fonctionnement des marchés carbone, s’il corrige certaines failles du système de comptage du carbone, n’est pas suffisant pour empêcher les entreprises et les États de mauvaise foi de contourner les règles de l’accord.
Enfin, le Parti socialiste regrette amèrement qu’aucune solution n'ait pu être trouvée afin de financer spécifiquement les « pertes et préjudices » que les pays du Sud subissent déjà en raison du réchauffement climatique. Dans le même sens, la promesse formulée il y a 12 ans de mobiliser un fonds de 100 milliards de dollars pour aider les pays en développement n’a toujours pas été tenue par les États. Aucune ambition climatique réelle ne saurait faire l’impasse sur la solidarité internationale.
Le rôle du gouvernement français dans ces négociations devra également être interrogé, se bornant à rejoindre des coalitions thématiques non contraignantes et n’affichant aucun objectif ambitieux et réel de réduction des émissions de GES. La France n’a ainsi décidé de rejoindre l'accord mettant fin au financement international des projets d'exploitation d'énergies fossiles fin 2022 qu’à reculons et sous la pression internationale et des ONG !
Les bonnes volontés ne manquent pourtant pas face au réchauffement climatique : ONG, collectivités, associations, collectifs citoyens se sont mobilisés pendant cette négociations afin d’obtenir des avancées concrètes. De ce point de vue, le Prix de l'Action climatique mondiale de l’ONU remis à Anne Hidalgo pendant cette COP 26 démontre que des solutions existent dans la lutte contre le changement climatique et peuvent être défendues avec volontarisme.