Dans moins de deux mois sera donné le coup d’envoi de la Coupe du monde féminine de football. Nous connaissons désormais le nom de celles qui porteront le maillot bleu en Australie et en Nouvelle-Zélande. Les joueuses s’entraînent depuis des années pour ce moment et, nous l’espérons, ramener la coupe à la maison.
Lors de la Coupe du monde 2019, 11,8 millions de téléspectateurs et téléspectatrices avaient regardé le quart de finale des Bleues face aux Etats-Unis. En 2023 pourtant, les fans de foot risquent de rater les prouesses de Wendie Renard, Kadidiatou Dani ou de leurs collègues Megan Rapinoe et Alexia Putellas. En effet, les droits de retransmission de la compétition n’ont toujours pas été attribués en France, en Italie, Espagne, Angleterre et Allemagne.
Cette situation, c’est le résultat de la captation de ce qui devrait être un sport populaire par des intérêts capitalistes, combiné aux stéréotypes patriarcaux qui dévalorisent le sport féminin.
Pour les filles et les femmes, le milieu sportif reste encore synonyme d’inégalités. Le travail et les capacités des athlètes féminines se heurte à un manque de considération, menant tout d’abord à des écarts de rémunérations abyssaux entre femmes et hommes. En France, sur 119 fédérations sportives, seules 19 étaient présidées par des femmes. Le milieu sportif expose aussi particulièrement aux violences sexistes et sexuelles, et les filles et femmes sont affectées de manière disproportionnée, comme l’a démontré le combat de la patineuse Sarah Abitbol pour rompre le silence et l’impunité.
La passe d’armes entre la Fifa et les diffuseurs sur les droits de diffusion montre que le football, au lieu d’être un sport populaire, se retrouve au centre de jeux de pouvoirs d’agents capitalistes, motivés uniquement par leur volonté d’engranger un maximum de profits. A l’inverse de nombreux évènements marquants du football masculin, la Coupe du monde féminine de football n’est pas inscrite dans la liste des évènements sportifs d’importance majeure, dont la diffusion en clair est protégée. Ainsi, il existe un risque que les téléspectateurs et téléspectatrices ne bénéficient pas de la diffusion de la Coupe du monde féminine de football en clair. De manière générale, les évènements qui ne sont pas inclus dans la liste des évènements sportifs d’importance majeure courent le risque d’être accaparés par une diffusion payante, comme c’est déjà le cas certains matchs de Roland Garros. Le service public audiovisuel, exsangue et toujours plus privé de moyens, n’est pas en capacité de payer ces droits de diffusion.
Jusqu’ici, le gouvernement est resté inaudible sur le sujet. Les député-es NUPES membres de la Délégation aux droits des femmes dénoncent cette situation, résultat de l’action combinée du capitalisme et du patriarcat. Alors que le groupe M6 et France Télévisions sont en passe de trouver un accord sur la diffusion de la compétition, nous demandons au gouvernement, et notamment à Mme la ministre des Sports et des Jeux olympiques et paralympiques, de prendre toutes les dispositions utiles pour que cet accord soit conclu au plus vite. Sur le long terme, nous réclamons des actions fortes : l’inscription de la Coupe du monde féminine de football sur la liste des évènements sportifs d’importance majeure, des moyens adéquats pour le service public audiovisuel, et de réelles mesures pour faire du sport féminin un vecteur d’émancipation populaire.
Face à l'invisibilisation des sportives féminines, nous opposons une pratique émancipatrice, libérée du joug du capitalisme et du patriarcat.