Le 10 mai 1981, j'avais 9 ans. Ma grande sœur en avait 11. Comme tous les dimanches, après le dîner à 19h30, nous étions prêts à aller au lit juste avant 20h00. Et ce soir là, personne, ni mon père ni ma mère, pour nous rappeler qu'il fallait se dépêcher de se préparer afin d'être en pleine forme à l'école le lendemain. En effet, un peu avant 20h00, mes parents, ennemis de la télé, étaient scotchés devant l'écran ! Sans que nous comprenions pourquoi, ils se sont soudain mis à sautiller sur place et à s'embrasser (alors qu'il n'y avait rien d'exceptionnel à la télé, juste des gens qui parlaient avec un air sérieux...). Mon père est sorti dans notre petit jardin, et il es est revenu avec des roses qu'il venait de cueillir. Puis, sans trop d'explication, on nous a fourré ma sœur et moi dans la voiture, en pyjama, pour aller chez ma tante, à 3 kilomètres de là, dans le même village que nous, à une douzaine de kilomètres de Montpellier. Sur le chemin, mon père klaxonnait, et des gens lui répondaient par des signes amicaux depuis le pas de leur porte. Rendus chez mon oncle et ma tante, même scène un peu bizarre... mes cousins étaient eux aussi en pyjama, assis dans l'escalier, en train de regarder leurs parents qui étaient eux-aussi très agités ! Et ça avait l'air d'être la même chose chez les voisins, dans ce lotissement habité par de jeunes couples avec enfant, tous fraîchement entrés dans la classe moyenne au prix de leur travail. Et pendant que mon oncle débouchait une bouteille de champagne, ma mère et ma tante nous regardaient avec des yeux pétillants qui disaient: "on l'a fait, et c'est pour eux !"