Délestage dans les écoles : concerter et non imposer

Yannick TRIGANCE, Secrétaire national Ecole, éducation, accès aux savoirs, Conseiller régional Ile-de-France

- 6 décembre 2022- 

 

Nous pouvions penser – et espérer – que la méthode injonctive « à la Blanquer » était bel et bien révolue...mais l’actualité se rappelle cruellement à nous : sans aucune concertation, le ministre Ndiaye a annoncé des coupures de courant inopinées dans les écoles en cas de délestages liés à la crise énergétique.

C’est ainsi qu’un peu partout sur le territoire, en cas de délestage, le courant sera coupé pendant deux heures de 8h à 10h sur le temps scolaire et le soir de 18h à 20h, les écoles n’étant « pas considérées comme prioritaires ». Mais ne nous plaignons pas, une même école ne pourra subir plus de trois délestages, une bien maigre consolation ! 

Prévenue seulement la veille à 17h, c’est l’ensemble de la communauté éducative qui devra s’organiser au dernier moment ! Les parents devront trouver des solutions de garde, les enseignants auront à gérer des ruptures de classe, de surcroît sans enseignement en distanciel si le courant est coupé chez les parents.

Quant aux élu·e·s, ils sont une fois de plus placés devant le fait accompli et vont se trouver en première ligne sur plusieurs fronts :

  • la restauration scolaire : le ministre de l’Éducation ayant annoncé tout de go « qu’un repas sera prévu pour les élèves à la cantine », la pression sera maximum pour organiser ce service sans que ni la question de la préparation, ni celle du service ou de l’acheminement des repas ne soient réglée.
  • le chauffage des écoles : les ruptures de courant nécessiteront le redémarrage des systèmes de chauffage qui prend du temps et nécessite souvent une intervention de prestataires extérieurs.
  • les transports : les dispositifs de ramassages scolaires organisés en aller-retour pour le matin et le soir devront être totalement changés pour emmener les élèves en début d’après-midi, avec les conséquences organisationnelles sur les horaires de travail des chauffeurs…

Sans aucune anticipation – alors même que les organisations syndicales avaient alerté le ministre dès le mois d’août -, sans aucune concertation ni consultation, le gouvernement place une fois de plus la communauté éducative devant le fait accompli : « je décide, vous faites ! »

L’énergie déployée pour maintenir l’ouverture des écoles pendant la Covid ne devrait-elle pas être employée de la même manière pour garder les écoles ouvertes pendant les délestages ?

Les injonctions ministérielles – confirmées dans la circulaire de la Première ministre aux préfets – doivent laisser place à une véritable concertation ainsi qu’au respect et à l’écoute des acteurs de terrain que sont les élu·e·s, les équipes éducatives et les parents d’élèves.

À l’instar des hôpitaux, l’École de la République doit être considérée comme prioritaire : nos élèves ne peuvent subir une nouvelle rupture éducative dont on mesure aujourd’hui encore l’impact négatif sur les apprentissages.

Et la gouvernance doit changer de méthode.

 

 

Veuillez vérifier votre e-mail pour activer votre compte.