Et demain, changer l'école !


Thème : Éducation


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L’école de demain est une école qui a un projet. Celui de l’égalité. C’est pour l’égalité que nous devons changer l’école. L’égalité, c’est ce qui a permis à Albert Camus – orphelin de père et élevé par une mère pauvre, sourde et illettrée – de devenir Prix Nobel de Littérature en 1957. L’égalité, c’est aussi l’accès à ce bien commun le plus précieux qu’est la culture. La culture qui favorise, qui permet, de s’enrichir, de s’émanciper. Il ne faut pas que l’école soit simplement synonyme d’égalité, il faut que l’école soit l’égalité.

Plusieurs changements sont à entreprendre rapidement afin de créer cette école de demain. D’abord, la mixité sociale. Nous sommes témoins aujourd’hui, aujourd’hui, d’une véritable ségrégation de l’Éducation Nationale. D’un côté, les établissements élitistes et, de l’autre, les établissements délaissés. L’égalité n’existe plus ! C’est pour la lutte contre les inégalités, que nous nous engageons ensemble, afin de montrer que la République Française n’oublie aucun de ses enfants. C’est la promesse républicaine dans la mesure où l’esprit républicain est tout, cet appel profond à la liberté, qui passe ipso facto par l’égalité.

Nous devons redonner espoir à ces lycées, ces écoles, ces collèges oubliés, à ces professeurs, à ces élèves, à toutes celles et tous ceux qui travaillent pour tenter d’espérer d’un Monde meilleur, en donnant des moyens. Loin du crépuscule actuel, portant les litanies de l’école toute entière. C’est pourquoi il faut changer la vie dans les écoles, il faut changer l’école.

  • Toujours à travers le prisme de cet objectif nécessaire de volonté d’égalité, il apparaît évident d’amorcer la disparition des classes « à profil » comme européennes ou plus élitistes afin de former des classes hétérogènes, avec différents profils qui se complètent. La solidarité prendrait enfin tout son sens au sein de l’école de la République.

  • La création d’internats pour permettre à toutes et tous un enseignement égalitaire, sans distinction selon le secteur où l’élève habite, selon son niveau de vie.

  • L’arrêt du système actuel basé sur les notes. L’élève humain n’existe plus, il est retranché derrière une note, une moyenne. L’humain devient un nombre. C’est pourquoi, il sera essentiel de supprimer Parcoursup, dans la mesure où un seul algorithme décide, sur les notes, l’accès ou non à l’enseignement supérieur. Un système égalitaire doit le remplacer parce qu’il fait manquer à la République, à la France, certains de ses possibles serviteurs. Remplaçons ce sinistre système par l’Humain, avec un nouveau dispositif de conseillers d’orientation déployé dans l’ensemble des lycées.

  • Pourquoi ne pas affecter à des établissements scolaires qui en ont absolument besoin des professeurs expérimentés ? Cela permettrait de récréer ce sentiment d’aspiration chez les élèves, cette espérance qui fait tant défaut lorsque certains élèves voient leur lycée abandonné.

  • C’est pour l’égalité, que nous avons la responsabilité d’appeler à supprimer les établissements hors-contrat qui sont le symbole même de cet inégalité entre l’ensemble des élèves, entraînant de facto une dichotomie entre un enseignement qui doit être commun à toutes et à tous.

  • Parallèlement, s’interroger sur la création d’un grand service public de l’éducation, regroupant à la fois les établissements publics et privés sous-contrat afin de perpétuer ces lois Ferry, au fondement de notre République, semble également important. Le projet de loi Savary de 1984 doit devenir cette loi qui, aujourd’hui, est une nécessité pour marquer notre engagement qui est profond et sincère, un accès égal à l’éducation pour tous les élèves.

C’est la définition même de l’égalité, qui passe – sans aucun doute –par la mixité sociale. Cet idéal de mixité sociale ne doit plus être une utopie mais une nouvelle page à écrire dans l’Histoire de notre école. La laïcité doit être au cœur de ce projet pour que chacune et chacun ne se retrouve plus au centre de débats communautaires mais que tous se retrouvent autour de l’universalisme républicain. Parce que l’universalisme républicain, c’est ce qui nous rapproche, ce qui nous unit. Parce que sans l’universalisme républicain, il n’y a pas d’école, il n’y a pas d’égalité, il n’y a pas de liberté. L’école de demain est donc l’école de l’égalité, de la laïcité et de la mixité ouvrant entièrement le chemin vers la chance républicaine et universaliste.

  • Portant un regard éthique, actuel et apaisé sur la société, nous devons recréer l’Observatoire de la Laïcité parce qu’il était un de ces symboles importants de la République dans certains quartiers populaires et dans les écoles, les collèges, les lycées qui s’y trouvaient. Sa suppression a entrainé avec elle, dans son sillon obscur, la disparition de l’idéal républicain à certains endroits en France, laissant apparaître un ciel lugubre accompagné de kyrielles innommables.

La culture est une chance. En effet, nous avons cet atout, ce bonheur, d’accueillir une multitude de cultures, de tous les continents, dont certains côtés s’ajoutent au fil de l’Histoire à la culture. Cette culture plurielle, vivante, nous élève et nous transmet notre héritage culturel, le reflet de cette magnificence qui fait la France. Elle ravit nos sens. Écouter, voir, entendre, sentir... C’est ce qui fait vivre, ce qui fait nous fait sentir vivre.

  • La culture doit entrer toujours plus dans les salles de classes. Avec un temps dédié à la lecture chaque jour, pour toutes et tous les élèves. Avec la mise en place – au-delà d’un simple programme – d’un projet artistique dans les établissements scolaires, ouvert sur les cultures, sur notre culture plurielle commune.

  • La nécessité de réorganiser du rythme scolaire est un véritable besoin afin de permettre l’enseignement de disciplines sportives et culturelles, comme le théâtre, le cinéma, la peinture ou l’écriture. La culture aura, dès lors, toute sa place dans les écoles.

Mais il ne faut pas oublier une réalité, celle des professeurs. Ces professeures et professeurs qui ont un seul et unique objectif, celui d’aider leurs élèves à s’ouvrir pleinement sur le monde qui les entourent. Et il ne faut donc pas oublier que ce métier, bien plus qu’utile à toute société, est malmené depuis plusieurs années. Concertations inexistantes et réformes dignes de la brutalité des hussards d’hier, sont à l’origine d’une grande inquiétude au sein de l’Éducation Nationale.

  • Le doublement du salaire des enseignants semblait être une chimère parmi d’autres, siégeant sur le trône des désillusions, mais c’est une nécessité. Les professeurs français sont mal payés. C’est un fait. Partout en Europe, les « faiseurs de citoyens » le sont bien mieux. Comment est-il encore possible, aujourd’hui, de si peu payer celles et ceux qui forment les citoyens de demain ?

  • Il est important, aussi, de revoir le calendrier des épreuves du baccalauréat, pour qu’il n’y ait plus d’épreuves de spécialités, en Terminale, au mois de mars, soit six mois après le début des cours. Terminer les programmes demande un effort thaumaturge à la fois chez les professeurs et les élèves.

L’école doit alors retrouver son rôle premier, celui d’instruire et d’éduquer. Aujourd’hui, à l’ère de la construction d’un projet européen important pour l’avenir de notre société, les langues vivantes trouvent une place considérable dans notre école.

  • Il sera alors nécessaire, demain de réformer considérablement les programmes d’apprentissage des langues vivantes. Une langue, l’anglais, sera enseignée dès la maternelle, reprenant le système éducatif allemand.

Enfin, l’école doit réaffirmer – toujours – ce principe qui nous unit tous, l’universalisme républicain, qui repose sur ces trois mots écrits sur les frontons de tous les établissements scolaires en France, « Liberté, Égalité, Fraternité » et peut-être bientôt s’ajoutera « Laïcité ».

« Laïcité de l’enseignement, progrès social, ce sont deux formules indivisibles. Nous lutterons pour les deux. » nous disait Jaurès. Cette idée est la source de notre engagement à nous toutes et tous, au Parti Socialiste, parce que l’école est l’origine de toute société, combattant ce « monstre ignorance » qui agite avec lui la présence de l’obscurantisme.

En même temps, le monde de la finance reste cet adversaire, cet antagoniste, qui entend réduire en banquier les meilleurs élèves, les citoyens de demain ne serviront plus l’État mais les banques. L’essence du capitalisme n’est-elle cette recherche fatidique du profit ? Il en va de soi de dire, et de le redire : l’argent n’a pas sa place dans l’école. Les valeurs de l’enseignement, de l’école, ne sont pas celle du capitalisme. Il y a l’élévation de la personne face à la subordination des personnes à l’économie. Le savoir et la culture sont au-dessus des discussions économiques, à l’apogée du trivial.

Parce que l’école est au centre de la question démocratique, républicaine et française, il n’y a pas à reculer devant cette envie, ce désir, de recréer l’école, avec ce qu’elle a de plus grand, de plus beau, de supérieur. C’est pourquoi toutes les écoles ont un devoir, celui de la gratuité. Ce trésor qu’est l’’enseignement, en passant par l’art et la culture, doit être accessible à toutes et tous pour que cette « démocratisation » soit véritablement atteinte, c’est l’universalité de l’école, car ce désir de volonté de s’élever est primordial, il est au sommet des desseins de chacune et chacun. C’est grâce à la laïcité, cette foi immense pour l’Humanité, qu’il y a égalité, il ne faut guère l’oublier. La laïcité est la condition sine qua non pour que la France, la République française, existe. La laïcité est notre point de rencontre commune, elle fait société. La laïcité est notre boussole dans ce monde incertain, où les défis contemporains alliés aux digues impensables tentent de nous faire trébucher, parce que c’est elle qui est la clé de notre union. La paix et l’entente sont associées au bénéfice du progrès social qui nous oblige à changer, à transformer, à créer.

Alors notre avenir se dessinera sur le progrès, ce progrès qui n’est rendu possible que par cette force tranquille qui caractérise la paix des débats pour la victoire des idées. En tant que militants socialistes, nous nous devons de garder cet objectif magnifique : changer l’école pour « Changer la vie ».


Signataires :

Romain Benetollo, Militant 91, Lycéen.

David Ros, Maire d’Orsay, Premier Secrétaire Fédéral 91.

Yannick Trigance, Secrétaire National à l’École, l’Éducation et l’Accès aux savoirs.


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