Après les événements du 6 février 1934, les communistes changent de tactique. À la base, les militants poussent à l’unité, les cortèges fraternisent. Maurice Thorez, secrétaire général du Parti communiste, rompt avec la stratégie d’hostilité qui prévalait entre socialistes et communistes – y compris en Allemagne malgré la menace du nazisme – et lance un appel au rassemblement de la gauche dans L’Humanité pour former un « Front Populaire » pour contrer la montée du fascisme en France, comme le feront aussi les Espagnols. Thorez invite tous les partis de gauche – dont la SFIO et les Radicaux, plus au centre mais majoritaires au Parlement – à rejoindre ce Front Populaire en vue des prochaines élections législatives prévues pour mai 1936.
Cette union est une véritable victoire pour la gauche : le Front Populaire, alors composé de la SFIO, du Parti communiste, des Radicaux et de divers gauche, remporte haut la main les élections avec plus de 57 % des voix. Blum devient ainsi le premier socialiste à diriger un gouvernement en France. On y compte des personnalités comme Léo Lagrange, Jean Zay ou encore Roger Salengro. Ce gouvernement est aussi le premier à compter parmi ses membres des femmes, qui n’ont pourtant à l’époque même pas encore le droit de vote : Irène Joliot-Curie, la fille de Pierre et Marie Curie, en tant que sous-secrétaire d’État à la Recherche Scientifique, Suzanne Lacore, militante reconnue de la SFIO en tant que sous-secrétaire d’État chargée de la Protection de l’Enfance, et Cécile Brunschvicg, militante radicale, en tant que sous-secrétaire d’État à l’Éducation Nationale.
Le gouvernement Blum avait au départ un programme modéré et il fut de courte durée, mais il lança d’importantes réformes sociales qui changèrent à jamais le quotidien des Français. Après les élections un vent d’espoir se répand chez les ouvriers qui lancent une grève générale afin de réclamer davantage de droits : c’est ainsi que le gouvernement Blum signe avec le patronat les « accords de Matignon ».
Les ouvriers et les employés ont réussi, avec l’aide du Front Populaire, à faire plier la toute-puissance du patronat. Ils obtiennent de nombreuses avancées sociales et en matière de démocratie d’entreprise, mais aussi une augmentation immédiate du salaire des ouvriers à la fin de cette grève.
Ces accords prévoient des « contrats collectifs de travail», qui donneront plus tard les conventions collectives. La liberté d’opinion et le droit de se syndiquer librement sont reconnu par la loi pour tous les salariés, limitant ainsi les discriminations envers les salariés syndiqués. Ils prévoient aussi la création du mandat de « délégué du personnel » pour représenter l’ensemble des salariés face à l’employeur.
L’application de ces accords emboîte le pas à l’adoption des lois sur le temps de travail hebdomadaire qui passe de 48 à 40 heures par semaine, et l’octroi à tous les travailleurs pour la première fois de deux semaines de congés payés par an. C’est ainsi tout le rapport au travail qui change : le temps libéré permet de partir en vacances, privilège dont seules les classes les plus aisées pouvaient alors profiter. C’est d'ailleurs ce qui permettra à l’économie du tourisme de se développer en France.
On doit aussi au Front populaire la création du CNRS, le développement du sport et des loisirs … Les conditions de vie des travailleurs connaissent ainsi grâce au Front Populaire une nette amélioration, particulièrement pour les les plus précaires d’entre eux.