– Lundi 15 mai 2023

Maxime Sauvage, secrétaire national aux Sports et aux Grands événements sportifs

Chaynesse Khirouni, secrétaire nationale à la Lutte contre les discriminations

Adrien Gérard, secrétaire national adjoint aux Droits LGBTQI+

Ce week-end, pour la 35^ème journée des championnats de Ligue 1 et Ligue 2 de football masculin, la Ligue de Football Professionnel (LFP) a mis en place une campagne de lutte contre l’homophobie, avec notamment le port de maillots dédiés par les joueurs. Conduite en partenariat avec les quarante clubs de football concernés, c’est la cinquième année consécutive que la LFP mène ce type de campagne.

Comme l’année dernière, cette campagne a malheureusement été émaillée de propos et de comportements extrêmement graves et préoccupants. Plusieurs joueurs ont ainsi refusé de porter un maillot floqué de numéros colorés en arc-en-ciel. Un entraîneur, en conférence de presse, a expliqué pendant plusieurs minutes que l’homophobie était une opinion et que la campagne de la LFP posait d’abord un problème d’équité entre les clubs. Ces agissements nécessitent des excuses claires et des sanctions fortes, qui ne peuvent se limiter à une non-convocation pour un match. Une suspension combinée à un stage auprès d’associations agissant contre l’homophobie seraient le minimum. Rappelons également que l’homophobie est pénalement répréhensible.

Ces propos et comportements inadmissibles sont doublement symptomatiques.

Ils sont la preuve qu’il reste beaucoup à faire pour lutter contre l’homophobie dans le sport en général comme dans le football professionnel en particulier. Le livre de Ouissem Belgacem « Adieu ma honte », coécrit avec Éléonore Gurrey, est un témoignage particulièrement éclairant sur le sujet.

Ils sont également la preuve que la campagne de la LFP, si elle a le mérite d’exister, reste très insuffisante et devrait s’accompagner de mesures de long terme.

Ces mesures doivent s’inscrire dans un plan d’actions d’ampleur pluriannuel en partenariat avec la Fédération française de football, car l’homophobie se combat à tous les niveaux, amateur comme professionnel, et à tous les âges. Ce plan pourrait se décliner :

• En actions de sensibilisation et de formation renforcées à la lutte contre les discriminations fondées sur l’orientation sexuelle au sein des clubs à destination des joueurs, entraîneurs, éducateurs et dirigeants ;

• En une meilleure prise en compte des actes, propos et comportements homophobes dans les procédures disciplinaires ;

• En offrant un accompagnement aux footballeurs et footballeuses souhaitant faire leur coming-out.

Les LGBTIphobies sont incompatibles avec les valeurs du sport. L’homophobie n’est pas une opinion, ne relève pas du folklore et ne peut être justifiée par une croyance ou une religion. Elle est pénalement répréhensible et doit être combattue sans relâche, comme le racisme et l’antisémitisme.

Gageons que cette journée de championnat serve enfin de déclic au sein du football français.